Sarkozy revient pour la quête
Le rejet des comptes de la campagne présidentielle à peine officialisé, le bondissant de Neuilly a rapido claqué la porte pour courir enterrer Copé et Fillon, sans fleurs ni couronne.
Pauvre Delphine Batho. Elle qui pensait que sa conférence de presse revancharde et aigrie allait faire l’évènement ce 4 juillet, s’est fait déborder par le Conseil Constitutionnel, repère de cacochymes légalistes, dits « sages », qui s’est fendu d’un communiqué lapidaire pour confirmer ce que l’UMP redoutait : la non validation des comptes de campagne 2012 de Zébulon 1er. Pour quelques centaines de milliers d’euros soi disant douteux, c’est tout le château qui se lézarde, et 11 millions en négatif pour les Copé boys. La cata. La grosse goutte de trop pour un parti qui avait de toute façon bien du mal à exister dignement, entre la baston arrangée pour le califat, les dérives ultra droitières dans la lutte contre le mariage pour tous et l’essor inexorable de la Marine à flamme, qui, contrairement à Delphine Batho, donc, hisse haut ses voiles et assure au large. Pauvre Delphine Batho, pourtant bien vacharde sur Ayrault, bien énervée contre le culbuto, qu’elle ne nommera quand même jamais, verte mais pas trop, Batho finalement passée inaperçue, ou pas loin, le vingt heures venu.
L’UMP ruinée. L’homme de Carla rêvait sans doute meilleur décor pour son retour aux affaires. Lui qui venait d’échapper au piège Bettencourt, pensait sans doute que le come back pourrait se faire dans une sorte d’évidente douceur, qu’il n’était pas exclu que son statut d’homme providentiel résiste aux vagues. Et puis patatras. Les Sages en décidèrent autrement. Son sang dès lors ne fit qu’un tour, la porte claqua au nez de Debré et ses amis, et Nicolas annonçait fièrement qu’il reprenait son droit à la parole. Pour se défendre, officiellement. Officieusement, pour dégager Copé, atomiser Fillon, mais pas tout de suite, non, le temps de les regarder se ringardiser définitivement en faisant l’aumône, lançant souscription et quémander monnaie, tentant vainement de renflouer le bateau UMP, ravalant ce qui leur reste de fierté en balayant derrière celui qui les a mis dedans, jusqu’au cou. Jusqu’à la corde au cou. Il est là, le moment rêvé pour revenir. Le « dernier recours », c’est comme ça qu’on appelait Sarko ces derniers temps, tous ses amis, ou soi disant, prédisaient qu’il serait ce « dernier recours » quand la France partirait à vau l’eau. Ils se sont juste trompés sur la cause. Pas la France, l’UMP. Mais la conséquence est la même, Nicolas va rentrer dans son costume de sauveur, comme d’hab, et faire la leçon à tous ces blancs becs qui rêvaient de prendre sa place.
Etape numéro 1 : s’expliquer et se justifier sur le soi disant débordement de ses comptes. Etape numéro 2 : hurler au complot. En appeler par la même à la nécessité d’une opposition républicaine, crédible et forte dans le pays. Etape numéro 3 : ces menus problèmes réglés, expliquer à coup de bourre pif à JFC qu’il n’est pas à sa place, et à FF qu’il est lui bien à la sienne, c’est-à-dire nulle part. Le plan est là, le chemin tracé, la voie aisée pour Sarkozy, qui a tout appris de Pasqua (beaucoup) et de Tapie (pas mal aussi) dans l’art et la manière de passer de coupable à victime, de victime à héros, de mort à renaissant. Hier, l’UMP a rechangé de chef, Copé ne peut qu’écoper, pas en mesure de demander des comptes à celui qui les a peut-être maquillés, pas tout seul, sans doute, mais maquillés quand même selon l’avis du Conseil Constitutionnel. Dans les jours qui viennent, la température va grimper, très haut, entre copéistes, fillonistes et sarkozystes, tous plus ou moins cocus, mais certains plus que d’autres. C’est Dallas qui recommence, une bouffée d’oxygène pour les ex-amis de Delphine Batho, qui n’en demandaient peut-être pas tant aux Sages.
L’heure des règlements de comptes a de nouveau sonné à l’UMP. On connait celui qui tient le fusil, et ceux qui vont creuser. Aura-t-on sur ce coup là recours à l’arbitrage ?
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