Sarkozyx chez les Grecs
On ne dira jamais assez le pathétique de ce Président allégé chaque fois qu’il ouvre la bouche pour parler Urbi et Orbi du poids de la France dans l’Europe, dans le monde et dans la galaxie. Et quelle pitié de voir des journalistes déguisés en laquais, atteints de la tremblante du mouton éjectable, contaminés par cette gravité d’opérette dans leur costume taillé bien chic, rehaussé d’une triste bavette ! La peur se lit sur leur visage quand ils doivent affronter le delirium minceur et rigueur de ce petit homme aux aguets, pédagogue pour les nuls.
Nicolas Sarkozy, c’est le moteur enrayé du capitalisme imbécile, la machine à découdre les vérités, à faire le point sur des tissus de mensonges, à broder sa propre légende dans ses palais malades, où il ne sait qu’inspirer la terreur par devant, et les rires par derrière. Cet homme-là ne sait faire qu’une chose : singer ! Sans doute une réminiscence de l’œuvre de son père, lorsque ce dernier, après la Légion Étrangère, vantait les machines « Singer »…
Singer la grandeur de la France, de l’Europe, singer le paternalisme, le protectionniste, singer la compassion pour les pauvres banquiers dont dépendent nos richesses de papier, pour le répugnant système des nantis et des cupides foulant au pied toute dignité et toute démocratie, singer le devoir, la peur pour nos finances, singer avec laideur l’exercice du pouvoir alors que le sien a ruiné la France en moins d’un quinquennat, alors qu’il désespère des millions de citoyens écrasés par l’austérité et la misère, singer l’écoute et la présence alors qu’il n’entend rien, ne voit rien, ne dit rien, comme les trois petits singes en un, trônant sur les télés.
Il n’y a rien en face des Français, la chaise est vide. C’est l’hologramme de l’Allemagne et des Capitalistes qui fait du sur mesure pour les ignorants. Même en cassant l’éducation, Sarkozy n’a pas compris que son manège de propagande tournait à présent dans le vide, que plus personne, hormis ses toupies et ses cancres, n’était dupe de ses grosses coutures au fil blanc cherchant à embobiner le bon télé-consommateur apeuré pour sa modeste épargne.
Rien n’a été sauvé, et surtout pas la France ! Sarkozy l’a humiliée pour préserver un pouvoir de façade, il s’est vautré comme Daladier au pied d’une Allemagne toute puissante, la seule vraie force économique de cette Europe de Monopoly trafiqué. On aurait dit un chiot jappant dans les cuisses de son maître, de sa maîtresse Angela en l’occurrence, la suppliant de lui laisser un os électoraliste à ronger.
Après l’avoir pris en marche, le voici, ce bonimenteur, qui descend du train de Bruxelles pour haranguer la foule sur les ondes, pour la rassurer avec des airs de sauveur providentiel, de vainqueur historique. Sa cour des miracles applaudit – les autres affligeants : Fillon, Copé, Baroin, Guéant et Morano, la pucelle d’Halloween –, les marchés font la fête pendant un jour ou deux, remuent la queue et les euros, histoire de spéculer encore avant l’effondrement, inévitable désormais, grâce au choix d’un Papandréou dépassé et soudain lucide de rendre le pouvoir à son Peuple !
Pathétique spectacle, oui, que celui de ce petit homme insensé, plein de tics, ministre de l’Intérieur à jamais comme Lang fut celui de la Culture, qui s’est pris pendant quelques heures pour le grand héros qu’il n’est pas, qu’il n’a jamais été et ne sera jamais.
Rien n’a été sauvé, nous le verrons aujourd’hui, demain et les jours qui viennent. La Troïka (UE, BCE, FMI) avait mis en place un plan technocratique à l’image des précédents – elle ne sait faire que ça –, mais en plus grand encore, en plus catastrophique, un plan qui ne servait qu’à gagner du temps, à préserver les façades qui lui rapportent tandis que les maisons des familles s’écroulent les unes après les autres.
Nicolas Sarkozy, dans son one-man show télévisuel en apesanteur, a rappelé à son bon peuple tout ce que la France avait réussi à sauvegarder jusqu’ici, oui jusqu’ici : les salaires, les retraites, l’emploi, la sécurité – ah, la sacro-sainte sécurité qui lui colle à la peau comme une vieille sueur ! –, et autres farandoles des desserts sociaux qui bientôt lui passeront sous le nez. Il a rappelé à quel point nous avions tenu bon, jusqu’ici, par rapport aux autres, afin de mieux préparer le terrain à l’austérité salvatrice qu’il rêve universelle, et qui fera le bonheur des banques, des clans et des spéculateurs, vivant et prospérant de la misère des gens.
Rien n’a été sauvé ! Les Grecs nous le rappellent avec une évidence sublime, celle du Peuple ! Ce plan nocturne factice, qui sera oublié très vite – référendum grec en février 2012 où le NON l’emportera, forcément – mais dont les stigmates resteront profonds, demain, dans quelques semaines, dans quelques mois au mieux, ce plan avorté va plonger la France, elle aussi, dans une crise fatale : d’abord gel des salaires, puis leur diminution drastique, allongement de la durée du travail sans contrepartie, augmentation des taxes, diminution des soins, services publics passés au kärscher, accès à l’Éducation et à la Culture réservé aux élites, hausse massive du chômage, envolée spectaculaire de la pauvreté, de la précarité, du surendettement et de l’insolvabilité des citoyens ordinaires, multiplication des actes désespérés. On va encourager les gens qui le peuvent encore à s’endetter, comme les états l’ont fait, pour sauver leurs apparences, un train de vie artificiel et irresponsable, ce qui est la meilleure façon de les censurer, de les tenir en laisse courte – comme les marchés tiennent la politique des états –, et de les forcer à accepter tous les compromis, toutes les rigueurs, tous les viols de l’identité, de la pensée critique, toutes les sodomies patronales, pour garder un minimum de salaire et de sécurité. Quelle imposture !
Grâce au Peuple grec, les choses sérieuses vont enfin pouvoir commencer, et le vraie Europe se construire dans le respect des Droits humains, et non dans l’infamie !
Il faut changer de société en toute intelligence, c’est notre dernière chance !
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