Sécurité scolaire : effets d’annonce sur fond de mauvais bilan
C’est dans les vieux chaudrons qu’on fait les meilleures soupes. Et voilà Nicolas Sarkozy qui enfourche son thème de prédilection : la sécurité. Grands moulinets et claquement de talonnettes. La chienlit à l’école, c’est fini. Jeudi, Nicolas Sarkozy a dévoilé une liste hétéroclite de mesures dans l’objectif de “sanctuariser” les établissements scolaires. Un discours qui, pour la gauche, trahit “l’échec” de la politique de sécurité du Chef de l’Etat. “Une mise en scène” pour “quelques voix de plus sur des thèmes censés mobiliser l’électorat de l’UMP”, dénonce François Bayrou.

Nicolas Sarkozy a finalement partiellement tranché en faveur de la ligne répressive préconisée par son ministre de l’Education. En dépit du scepticisme de la ministre de l’Intérieur et des doutes du corps enseignant. Il est vrai que Xavier Darcos se verrait bien à la place de Rachida Dati , place Vendôme. Toutefois, peut être parce qu’elles n’émanent pas de lui, le chef de l’Etat n’a pas retenu toutes les mesures prônées par Xavier Darcos. Notamment d’attribuer les pouvoirs d’officier de police judiciaire aux responsables d’établissement.
A l’Elysée, devant un parterre composé sur mesure pour l’occasion alliant policiers, gendarmes, magistrats et inspecteurs d’académie, le chef de l’Etat a justifié son tour de vis jouant comme à son habitude, sur le sentiment d’insécurité développé par une série de faits divers.
“Je suis absolument déterminé à tout mettre en oeuvre pour que les résultats des trois derniers mois soient accidentels et ne traduisent pas une amorce de renversement de tendance“, a indiqué Nicolas Sarkozy, reconnaissant implicitement une dégradation des chiffres de la délinquance.
Constater une hausse de l’insécurité amène à s’interroger sur le bilan de l’ancien ministre de l’intérieur. Les statistiques, Nicolas Sarkozy les connaît. Et, elles ne sont pas bonnes d’où une absence de référence à des chiffres lorsqu’il évoque son “tour de vis” pour l’éducation nationale. Ce contexte difficile est difficilement compatible avec son exigence de suppressions de postes de surveillants, d’infirmiers, d’aide éducateurs voire d’enseignants qui influent directement sur la sécurité à l’école.
Nicolas Sarkozy se trouve aujourd’hui pris à son propre piège, allant jusqu’à avouer à demi-mot son impuissance. “J’entends les bonnes consciences qui crient au scandale quand le ministre de l’éducation nationale propose d’installer des portiques de sécurité à l’entrée des établissements. Bien sûr qu’il est regrettable d’en arriver là. Mais comment agir autrement dans un tel contexte. Attendre que l’irréparable se produise“
Comme le décrypte Médiapart , ”Ce n’est qu’en sautant de l’école aux « voyous » que M. Sarkozy a retrouvé ses accents d’antan“. Nicolas Sarkozy n’est pas à l’aise sur le sujet de l’éducation jugé trop complexe et face à un corps enseignant insaisissable et difficilement manipulable. Retour donc à la stratégie du bouc émissaire. Pour l’Elysée, les mauvais quartiers sont les nids d’où partent tous les ennuis. “Aucune rue, aucune cave, aucune cage d’escalier ne doit être abandonnée aux voyous“, a déclaré le Chef de l’Etat, ordonnant la multiplication immédiate d’opérations “coup de poing”.
Elément toutefois encourageant, derrière les coups de menton, Nicolas Sarkozy a reconnu que “La prévention de la délinquance a été beaucoup trop négligée ces dernières années.” François Fillon est invité à plancher avec ses ministres sur un plan gouvernemental de prévention de la délinquance et d’aide aux victimes. Pas de mea culpa pour autant. Le Président a déclaré regretter que « sa » loi de 2007 sur « la prévention de la délinquance » n’ait pas été mise « pleinement en œuvre ». C’est donc la faute aux autres.
La méthode ne séduit pas François Bayrou. “C’est dévalorisant pour les Français qui sont des citoyens de leur servir comme cela des annonces à répétition, jamais suivies d’effets. C’est une mise une mise en scène pour que les élections européennes du 7 juin apportent quelques voix de plus sur des thèmes qui sont censés mobiliser l’électorat de l’UMP. Pour lutter contre la violence”dans les établissements scolaires, il faut mettre des surveillants, des adultes et des enseignants capables de comprendre et d’avoir de l’autorité et non pas les supprimer. Nicolas Sarkozy est responsable de la sécurité des Français depuis sept ans et on ne peut pas dire que les choses s’améliorent.” a dénoncé le leader du Modem jeudi à Bordeaux.
Le discours de Nicolas Sarkozy sur la lutte contre les bandes et les violences scolaires est un “aveu d’échec”, a jugé jeudi Delphine Batho, estimant qu’il s’agit d’annonces “sans lendemain”. “Quel terrible aveu d’échec”, a commenté la parlementaire des Deux-Sèvres sur France-Info. La députée socialiste a souligné que Nicolas Sarkozy était “chargé de la sécurité des Français depuis sept ans”.“Ce qui m’intéresse, c’est qu’il y a une situation de terrain qui effectivement se dégrade, avec des actes de violence extrêmes et face à cela, ce qu’on entend (…) c’est des discours et pas des actes, et ça, cela devient relativement insupportable pour les Français”.”ce discours on l’a entendu des dizaines de fois“.
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