Socialistes réveillez-vous : il faut scinder le parti en deux !
Mon précédent article a diagnostiqué la mort de la social-démocratie à laquelle nombre de dirigants socialistes veulent aujourd’hui nous convertir, alors même qu’ils ont déjà franchi un cap idéologique supplémentaire : ils sont devenus démocrates à l’américaine. Il est temps d’en tirer les conclusions.
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L’actualité de ces derniers jours m’a fait définitivement prendre conscience de la maladie incurable dont souffre le Parti socialiste actuellement : figé, incapable de trancher entre une aile gauche qui se refuse à abandonner son objectif de toujours, le progrès social, et une aile droite résolument démocrate qui soutient la majorité des réformes du gouvernement, le PS n’assume pas son rôle de premier parti de l’opposition et est absent sur les questions d’actualité comme la grève des cheminots.
Cet exemple est bien caractéristique du gouffre idéologique séparant les deux ailes du PS, gouffre dont on avait déjà pris conscience au moment du référendum européen (soit dit en passant les discussions sur son fils spirituel, aussi appelé "mini-traité", ont quand même entraîné la démission Benoît Hamon) : d’un côté l’aile gauche (Mélenchon et autres) réclame l’abrogation totale du projet de réforme des régimes spéciaux des cheminots qui a pour objectif de les faire passer dans le régime général et d’un autre l’aile droite du parti (Valls, Hollande, Lang et autres) est et a toujours été favorable à cette réforme. Tout cela conduit à une absence désolante du PS dans les médias sur cette question primordiale dont le principal parti d’opposition devrait se saisir.
Que faire pour sauver le PS ? Il faut le faire exploser !
En effet, le congrès de l’été prochain me paraît être le moment idéal pour faire ce qui aurait dû être fait depuis le référendum européen : créer deux partis distincts (ce qui n’exclut pas d’éventuelles alliances électorales) pour les deux grandes orientations du PS actuel.
La désorganisation de l’extrême gauche, qui n’a pas su profiter de son nouveau statut post-CPE/Référendum lors de la présidentielle offrirait une place de choix et un électorat potentiel considérable à un nouveau parti formé à partir de l’aile gauche du PS. Ce parti pourrait alors enfin affirmer clairement ses opinions, notamment sur l’Europe (protectionnisme) ou encore sur les régimes de retraite (alignement à 57,5 ans de l’ensemble de la population) afin de créer une dynamique qui servirait la gauche dans son ensemble.
De plus, le score du MoDem (18 %) aux présidentielles, qui se définit lui-même comme un parti démocrate, a montré qu’il existe un créneau important au centre-gauche pour un éventuel parti basé sur l’aile droite du PS, parti qui pourrait siphonner un nombre important de voix des déçus du sarkozysme lors des prochaines échéances électorales. Ce nouveau parti doit être créé sous peu afin de profiter des difficultés qu’éprouve François Bayrou à organiser son nouveau parti et à retrouver une dynamique stoppée par les élections législatives.
On peut d’ailleurs noter que ce genre d’expérience fonctionne à l’étranger notamment en Allemagne avec le parti Die Linke ("la gauche"), dont la création à l’initiative d’Oskar Lafontaine (ancien du SPD qui a démissionné en 2005 pour protester contre l’alignement de Gerhard Schröder sur les politiques libérales) est un réel succès.
En effet, après la perte par le SPD de onze élections locales dans les Lander, l’élection nationale anticipée donne un résultat inédit : la droite obtient un meilleur score que le SPD, mais n’est pas majoritaire ! L’addition des scores du SPD et de Die Linke donne une majorité à la gauche : c’est l’existence de Die Linke qui a redonné à la gauche la possibilité d’être majoritaire.
Malheureusement le SPD n’ayant pas voulu céder aux quatre conditions que réclamait Die Linke pour qu’il y ait une alliance (instauration d’un salaire minimum à 8 euros de l’heure, revalorisation des petites retraites, reconstruction de la Sécurité sociale et retrait des troupes allemandes d’Afghanistan), on a finalement assisté à une alliance entre la CDU et le SPD.
Les derniers sondages donnent à Die Linke environ 12 %, et même jusqu’à 24 % d’intentions de vote, alors même que le SPD est en chute libre, mis en difficulté par son alliance avec la CDU de la chancelière Angela Merkel. Cela nous montre bien qu’il est possible de scinder le PS en deux, et que cette action aura pour effet non pas une mise en péril de la gauche dans son ensemble, mais la création d’une dynamique nouvelle grâce à l’arrêt des synthèses grotesques et la reconquête d’une crédibilité auprès des Français actuellement perdue.
C’est pour cela que j’appelle aujourd’hui tous les socialistes à se réveiller et à se rendre à l’évidence : il faut exploser le parti !
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