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Accueil du site > Actualités > Politique > Stéphane Hessel : oui, mais...

Stéphane Hessel : oui, mais...

Le pamphlet "Indignez-vous" est une étincelle. Suffira-t-elle à allumer la flamme ? 

J’ai beaucoup aimé le pamphlet de Stéphane Hessel, ayant combattu moi-même le nazisme dans la clandestinité des FTP (Francs Tireurs et Partisans, proches du Parti communiste) et du BCRA (un des organismes de lutte secrète basé à Londres). Le programme du Conseil National de la Résistance a été un grand progrès de notre histoire, une superbe construction économique et sociale empreinte de générosité et de justice. Ce jaillissement des ténèbres hitlériennes a été suivi par une autre éruption lumineuse : celle de mai 68, un bouleversement culturel enflammé par la jeunesse, qui a propulsé la France dans la modernité. Deux moments essentiels, deux avancées fortes de l’émotion populaire, deux éclairs d’une liberté réclamée avec fièvre. Et l’indignation est plus que nécessaire devant la sinistre érosion de leurs acquis par la régression réactionnaire, le libéralisme capitaliste, le pouvoir de l’argent et l’aplatissement de la pensée.

Il n’y a pas de mouvement réussi sans passion. Hessel a raison de le rappeler. Le programme du CNR n’était pas seulement le froid projet d’un groupe d’études ou de réflexion. Il était une conviction de combattants et une profession de foi. Et surtout il était porté par le formidable emballement des masses émergeant de la nuit totalitaire. J’ai vu cette exaltation, j’en ai même été l’objet à la fin de l’occupation. Collés aux basques de la retraite allemande, quatre d’entre nous avons suivi la colonne de chars qui libérait le nord de la France dans une “jeep” allemande récupérée, que nous avions bariolée d’écarlate, bardée de drapeaux rouges et décorée de slogans révolutionnaires. Tout le long de la route, les foules qui applaudissaient leurs sauveurs militaires sont devenues littéralement folles à la vue de notre brûlot. Le tonnerre d’ovations qui salua notre passage souleva des milliers de gens comme il porta à l’époque les réformes du CNR. Cette expérience est restée gravée dans ma tête. Avec une leçon à ne jamais oublier. C’est l’enthousiasme qui est la sève de la politique. C’est lui qui nous fait défaut aujourd’hui. Et c’est lui, sous sa forme indignée, que Hessel a raison de tenter de ranimer

Un bémol cependant. L’affrontement dans le Proche-Orient est-il vraiment la “principal sujet d’indignation” actuel ? Certes, il suscite écœurement, honte et colère. Sans doute, comme l’écrit Thomas Friedman dans le New York Times, Israël a aujourd’hui “le gouvernement le plus déréalisé, dénué d’imagination et pétri de clichés de son histoire”, et il est évident que son opération “plomb durci”, parmi d’autres, a été un exemple de férocité inutile. Mais l’Etat juif se bat pour son existence dans un entourage hostile, et même si l’on a toujours tendance humainement à favoriser le plus faible face aux excès du plus fort, lui attribuer tous les torts est aussi manichéen – et injuste – que la culpabilisation univoque des Serbes lors de la guerre dans les Balkans. Autre conclusion qui s’impose : les partis pris sont dangereux dans une situation trouble et on ne peut y résoudre les problèmes en ne s’indignant que d’un seul côté.

Surtout que des sujets beaucoup plus clairs ne manquent pas, que Hessel n’a pas assez soulignés. Comment ne pas s’indigner – au moins autant, sinon davantage – du cancer financier qui ronge l’économie mondiale, des scandaleuses rémunérations des grands patrons, du gouffre qui sépare les riches des pauvres, de la ruine de la santé et de l’enseignement publics, de l’inanité de l’Europe des banques et de la grande industrie, des milliards dilapidés dans les guerres impériales de Washington, des manipulations médiatiques aux ordres de la pensée unique, des mensonges d’un président dévoré par l’ambition d’un médiocre parvenu, de la conception ethniquement pure de la géostratégie internationale, de la multiplication d’Etats invalides à la merci de l’argent américain, des élites cloîtrées dans le cocon du pouvoir et de la fortune, de l’illusion démocratique qu’on veut faire avaler à un Tiers monde privé de nourriture, des répressions criminelles des soulèvements de la jeunesse arabe, bref de tout ce qui est à l’opposé du magnifique élan de la Libération ?

Il y a là de quoi enrager, bien plus que dans le seul Proche-Orient.

En fin de compte, le pamphlet de Hessel est éloquent, mais superficiel. Il glisse sur la réalité comme la goutte d’eau sur une vitre. Son ton romantique est le bienvenu : le sentiment est une motivation efficace, il fait fondre la glace de la politique en tisonnant le feu des militants..

Mais Hessel aurait gagné en profondeur en précisant mieux les cibles de son indignation.

Louis DALMAS.

Directeur de B. I. 


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16 réactions à cet article    


  • Hortus 21 février 2011 11:15

    Il y a une bonne raison, c’est que ce conflit est symbolique de la politique coloniale occidentale. On a créé, au mépris des peuples, une entité coloniale au moyen orient et tout est bon pour la maintenir. Israel n’a pas plus de légitimité que les bombardements américains en Irak ou la dévastation du VietNam. Les peuples montrent encore aujourd’hui qu’ils peuvent se libérer seuls sans l’aide des multinationales américaines qui n’ont d’autres buts que de piller.
    Israel a raison de craindre l’évolution actuelle des pays arabes. L’émergence de la démocratie remettra en cause, à terme, la conception de cette entité d’Israel.


    • Louis Dalmas Louis Dalmas 21 février 2011 14:22

      Je n’ai pas été membre du Parti communiste et j’ai toujours été antistalinien. Mais à la différence de de`beaucoup d’autres, je n’ai pas sauté de l’autre côté du cheval en vieillissant. Sans doute le programme du CNR était-il de son époque. Mais d’une part il n’y a pas d’engagement sans passion (en cela Hessel a raison) et d’autre part les « deux derniers paragraphes » sont pour moi la mise à jour nécessaire des idées de la Libération. 


    • Louis Dalmas Louis Dalmas 22 février 2011 09:21

      Merci à Parkway pour son encouragement. Cela me touche beaucoup.


    • La fille du croquant La fille du croquant 21 février 2011 13:35

      Stéphane Hessel, je suis indigné par votre soutien au directeur général du FMI

      Par Alain Vidal

      Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, ne cesse de préconiser des mesures à l’opposé du programme du Conseil National de la Résistance dont vous vous réclamez : démantèlement des services publics en Grèce et ailleurs. Des malades ne sont plus soignés, des jeunes sont privés d’avenir au nom de la préservation des profits des seigneurs du capital.

      Stéphane Hessel, vous vous indignez tout en plaidant pour un Dominique Strauss-Kahn qui a voté, lui et son parti, pour le Traité Constitutionnel Européen. Un Traité dont l’article 127 autorise banquiers et marchés financiers à s’enrichir par l’endettement des États. Un Traité qui a trahi votre idéal de résistant. À la Libération, par la loi du 2 décembre 1945, le gouvernement français eut le courage d’interdire de telles pratiques. La Banque de France eut ordre de faire des prêts, à taux quasiment zéro, à l’État, au nom du développement des services publics. Pendant 28 ans, ni déficit, ni dette publique. Dans l’agriculture et l’industrie, les gens, remplacés par les machines, furent nombreux à devenir fonctionnaires au service de l’intérêt général, il n’y avait pas de chômage… La production des biens matériels étant assurée par un nombre décroissant de gens, le temps libéré par la technologie était massivement déversé dans le secteur des activités immatérielles au service de l’intérêt général (écoles, hôpitaux, dispensaires, médecine préventive, recherche, culture, transports …).

      Pour la première fois, un gouvernement mettait en pratique la gratuité de l’argent créé par les banques. Une gratuité reconnue de fait par l’abandon de la parité-or au XXème par tous les états de la planète. Grâce aux prêts gratuits accordés par la Banque de France, les services publics pouvaient se développer en intégrant ceux qui dans l’industrie et l’agriculture avaient été remplacés par les machines. Le fonctionnaire ne perçoit pas un salaire mais un traitement. Le fonctionnaire n’est plus un salarié parce que son activité ne sert plus à l’enrichissement d’actionnaires qu’ils soient de la banque ou d’autres secteurs du privé. En ce sens, le service public est un sanctuaire qu’il nous faut défendre.

      Mais, par la loi du 3 janvier 1973, Giscard et Pompidou, interdirent les prêts gratuits de la Banque de France à l’État, ce dernier fut contraint d’emprunter (en payant des intérêts) auprès des banques privées et des marchés. Ainsi commence l’endettement de l’État : démantèlement des services publics avec chômage croissant. Les cliniques privées se développèrent au détriment des hôpitaux… En introduisant cette loi dans le Traité Constitutionnel Européen, le rédacteur de ce traité, Giscard d’Estaing, soutenu par Dominique Strauss-Kahn et son parti, a généralisé l’endettement à toute l’Europe.

      Les banquiers privés règnent en maîtres absolus. Ils font payer le crédit à l’État comme aux particuliers. Un véritable racket, quand on sait que l’argent « prêté », c’est 95% de monnaie électronique pour 5 % de billets et de pièces (papier et métal vulgaire de très faible valeur marchande…). Nous faire payer, pour un prêt à 5% sur quinze ans, deux fois le prix de la maison achetée, sous prétexte que l’argent coûte cher, c’est une escroquerie ! Quand on sait qu’aucune monnaie dans le monde n’est alignée sur l’or. La création monétaire est totalement dissociée de l’obligation pour les banquiers d’acheter des réserves d’or comme autrefois.

      Stéphane Hessel, comment pouvez-vous vous faire l’avocat d’un Dominique Strauss-Kahn qui, décoré par le président Ben Ali, déclare « En Tunisie, la politique économique adoptée ici est une politique saine et constitue le meilleur modèle à suivre pour de nombreux pays émergents. » La Tunisie, un pays avec 45% des jeunes au chômage, où les opposants et les avocats sont jetés en prison et torturés. Un pays avec deux immolations par le feu et vingt morts en quelques jours de manifestations populaires…

      Stéphane Hessel, comment pouvez-vous défendre la candidature à la présidentielle de 2012, d’un directeur général du FMI qui, depuis toujours, subordonne l’intérêt général aux seuls intérêts particuliers des seigneurs du capital, alors que vous vous prononcez pour « le retour à la nation des grands moyens monopolisés, fruit du travail commun, des richesses du sous-sol, des sources d’énergie, des compagnies d’assurance et des grandes banques… Pour une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général ».

      Dans l’espoir que vous comprendrez mon indignation comme une nécessaire contribution au débat, je souhaite discuter avec vous, comme nous l’avions fait à Nantes en 2008, sur la base de ce que vous revendiquez au début de votre livre : « L’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ». Que le temps libéré par la machine ne soit plus gaspillé sur l’autel de la croissance dite « économique » qui n’est qu’un paravent masquant la seule croissance des profits des seigneurs du capital. Que le temps libéré par la machine serve à l’extension des services publics, facteurs premiers de la prospérité des peuples.

      Solidairement vôtre pour résister à tous les exclueurs, responsables, conscients et bien vivants, de la misère du monde.

      Alain Vidal
      Nantes, le 10 janvier 2011

      libéronslamonnaie.blogspot.com

      legrandsoir.info


      • Louis Dalmas Louis Dalmas 21 février 2011 14:25

        Votre texte est publié dans le prochain n° 163 de notre journal B. I., qui sera envoyé aux abonnés vendredi prochain.


      • robin 21 février 2011 15:28

        M. HESSEL connait-il le groupe Bilderberg ? si non il manque un chapitre essentiel à son « indignation » si il le connaissait d’ailleurs il verrait sûrement DSK sous un jour peu flatteur.

        Que pense M. HESSEL de ce qu’on nous a raconté de ce qui s’est passé le 11 septembre 2001 ? Cet évènement essentiel a forgé toute la géopolitique mondiale depuis près de 10 ans, donc son avis la dessus est essentiel. De 2 choses l’une soit il valide l’histoire officielle et on saura que son indignation ne vaut pas tripette, soit il en doute et on saura qu’il est sincère, en même temps qu’il sera alors interdit de séjour dans tous les médias.


        • Sébastien Sébastien 21 février 2011 17:32

          Merci, Louis Dalmas, pour votre article. Je pense egalement qu’il y a des combats bien plus importants a mener et des indignations autrement plus graves que le conflt israelo-palestinien.

          Cela sans excuser Israel de certaines erreurs. Cela non plus sans absoudre le Hamas en allant, comme le fait Hessel, pourtant apotre de la non-violence, a comprendre voire excuser les attentats aveugles.

          Hessel se trompe. Il est devenu l’icone des antisionistes radicaux, prets a excuser un regime violent de ses derives tant qu’il partage la gamelle antisioniste.


          • le journal de personne le journal de personne 21 février 2011 17:58

            Dsk contre Dsqui

            Vous n’en reviendrez pas si je vous disais que moi non plus, je n’en reviens pas !
            DSK a eu un entretien mystique avec le Président… je l’ai enregistré quelque part dans mon i-phone :
            Où ça ? Ah… le voici !
            Lors de son passage à Paris, dans les longs couloirs de l’Elysée… DSK a eu une drôle d’impression… l’impression qu’il y avait quelqu’un derrière lui…
            Cela ne lui arrive jamais…Parce qu’il n’est jamais seul…mais toujours en bonne compagnie…
            Il se retourne… et puis constate :
            Qu’il n’y a personne, vraiment personne…
            Il a eu la présence d’esprit d’en faire part au Président qui le rassura comme il a rassuré les mexicains.
            http://www.lejournaldepersonne.com/2011/02/dsk-contre-dsqui/


            • lloreen 21 février 2011 18:22

              Peut-être que l’idée du « Parti blanc » fait du chemin et qu’ avec les quelques Bilderberger et d’autres de la même « sensibilité », Mr Strauss-Kahn est-il en train de se rendre compte qu’il n’ y a plus guère monde qui croît encore un mot de ce qu’il dit, mis à part bien sûr ceux qu’il représente qui n’ ont rien à fiche des élections où que ce soit sur cette planète.

              « Donnez-moi le pouvoir de faire la monnaie et peu m’intéresse qui fait les lois ».

              Rotschild


              • Dolores 21 février 2011 20:13

                L’idéal humaniste à l’origine du CNR a disparu.
                Aujourd’hui, il est remplacé par l’unique recherche du profit.
                 
                Nous avons bien des raisons de nous indigner, mais qu’un monsieur de plus de 90 ans nous le rappelle a de quoi inquiéter et mettre en colère la race des profiteurs qui ont bazardé leur conscience pour l’argent et qui veulent continuer à le faire sans qu’un troublion comme M. Hessel vienne les gêner.


                • Jordi Grau J. GRAU 21 février 2011 21:52

                  Certes, on peut reprocher à Stéphane Hessel une certaine tiédeur politique. Cela dit, s’il parle du programme du Conseil National de la Résistance, c’est bien parce qu’il a compris qu’il y a actuellement tout un mouvement politique réactionner pour saper tout ce qui a été réalisé au nom de ce programme. Comme le disait Denis Kessler il y a quelques années, à l’époque où il était numéro 2 du Medef, il s’agit de s’attaquer systématiquement au programme du CNR.

                  Quant à Israël, il y a beaucoup de choses à dire. Certes, le conflit israélo-palestinien n’est pas le seul. Il en est de plus meurtriers et de plus horribles encore. Mais c’est aussi un des plus longs. C’est aussi l’un de ceux qui fait le plus débat. Tout le monde est d’accord pour condamner les exactions de l’armée russe en Tchétchénie. Il n’en va pas de même pour la politique d’Israël, dont les gouvernements successifs ont tout fait pour empêcher la création d’un Etat palestinien indépendant. Même sous Rabine, des colonies ont été construites, contribuant à émietter et réduire toujours plus les territoires palestiniens. Il n’est donc pas mal que quelqu’un comme Hessel enfonce le clou et dénonce la politique israélienne, pour contrebalancer la propagande inverse. Il y a chez les dirigeants européens (je ne parle même pas des Américains) une complaisance coupable à l’égard des gouvernements israéliens, y compris l’actuel, qui est sans doute le pire qu’Israël ait connu depuis longtemps. Si le petit essai de Hessel contribuait à faire changer les choses, ce ne serait pas mal. 


                  • morice morice 22 février 2011 00:42

                    En fin de compte, le pamphlet de Hessel est éloquent, mais superficiel


                    autant que votre texte, alors.... l’éloquence en moins.

                    • morice morice 22 février 2011 00:52

                      Louis Dalmas « Fervent défenseur de la cause serbe, il est aujourd’hui le directeur de la revue mensuelle BI (ex-Balkans Info). »


                      Balkans Info.... lié à quoi ? à TROIS BOUQUINS :

                      La publication de B. I. est complétée par l’association Vérité et Justice qui, en plus de son travail caritatif, édite des livres. Les trois premiers sont :

                      • Ma vérité par Slobodan Milosevic,
                      • Le dossier caché du ‘génocide’ de Srebrenica
                      • Ratko Mladic, criminel ou héros.

                      sur les TROIS, il y a de quoi s’INDIGNER, et largement !

                      une défense de Milosevic ; voilà ce qu’est ce livre.

                      A partir de là, on devrait vous interdire de parler de l’INDIGNATION. Cet ouvrage étant lui-même INDIGNE. Madlic n’est qu’un criminel de la pire espèce que vous DEFENDEZ également.... mettre à côté de ce nom celui de « héros » en dit long sur vos sentiments... d’extrême droite, liés au Bloc Identitaire....


                      Bref, vous tentez d’entrer chez Agoravoc les idées du BI...

                      • Louis Dalmas Louis Dalmas 22 février 2011 10:55

                        Que de réactions intéressantes ! Je vais essayer de préciser quelques points.

                        1) Je ne sais pas qui est Morice, mais j’aimerais que trois choses soient bien claires :
                        a) Je n’ai rien de commun avec le Bloc identitaire, ni avec « l’extrême-droite ». Je pense simplement, qu’au-delà des étiquettes, il y a des idées à défendre et des arguments utiles de toutes provenance, et si le message vaut la peine, peu importe s’il vient de Marine Le Pen ou de Mélenchon. C’était ça l’esprit du CNR. La meilleure preuve est que je publie dans le prochain numéro de B. I. un texte de Morice lui-même sur le marchand d’armes Geoffrey Taylor, que j’ai trouvé intéressant, et que je continuerai à diffuser ses textes, s’ils sont bons, malgré les accusations stupides dont il me gratifie. 
                        b) Mon journal B. I. n’a jamais été un « fervent défenseur de la cause serbe ». Il a simplement cherché à rétablir un équilibre dans l’information sur le drame des Balkans, qui était exclusivement orientée dans le sens de la diabolisation de Belgrade. Vous n’avez aucune idée, Mr Morice, du nombre de falsifications et de manipulations médiatiques que nous avons pu révéler (preuves à l’appui). Depuis, « Balkans-Infos » s’est transformé en B. I., pour traiter de tous les problèmes internationaux, de la même façon indépendante, sans se limiter à l’ex-Yougoslavie.
                        c) Les trois livres qu’a publiés notre association « Vérité et Justice » sont fondés sur des documents officiels et des témoignages vécus, dont le nombre ne cesse de croître tous les jours. Je pense qu’ils ont contribué à démentir beaucoup de préjugés et à rétablir quelques vérités.

                        2) J’ai été très touché par la lettre d’Owen. Je me fous complètement de toute forme de célébrité, mais si je pouvais transmettre à des jeunes l’état d’esprit de notre combat antinazi, ce serait formidable. Cet état d’esprit était une combinaison de flamme et de camaraderie, dans une résistance commune à l’incarnation totalitaire et pétainiste de la droite traditionnelle. C’est cet état d’esprit qu’il faut ranimer, sans sectarisme, sans idées toutes faites, et sans faiblesse. Bravo à Owen de l’avoir rappelé.

                        3) Merci aux correspondants qui ont considéré comme moi qu’il y a bien d’autres sujets d’indignation que la situation dans le Proche-Orient. Mais cette situation suscite tant de fureurs qu’il faut en dire quelques mots (des mots qui vont bien sûr me faire traiter de valet sioniste par les uns et de vil antisémite par les autres) :
                        a) Tous les Etats du monde se sont constitués par des guerres, des conquêtes, des exodes, etc. Il me semble à la fois inutile et nuisible de refaire l’Histoire : l’Etat d’Israël existe, son droit d’exister (même si on le considère comme injustement acquis) est un fait, et un fait qu’il faut défendre à tout prix.
                        b) Son gouvernement actuel mène une politique détestable. Rabin et Sadate avaient compris l’intérêt d’une entente entre les descendants d’Abraham, les avantages de la paix entre le pays juif moderne à la technologie précieuse et une nation naissante palestinienne aux besoins multiples. Ils ont été assassinés. Netanyahu a adopté une ligne dure qui est celle de l’impasse militaire.
                        c) Il ne sert à rien de s’insulter réciproquement. Ou l’on se tait, ou l’on cherche à soutenir les juifs non arabophobes et les arabes non antisémites. Il y en a, et c’est plus positif que d’attiser le feu de la haine.

                        4) Enfin, dernier point : je suis bien d’accord avec les correspondants qui s’étonnent de voir Hessel soutenir DSK. Il y a longtemps que je dénonce le monde à l’envers où le candidat « socialiste » serait le directeur du FMI. Ce serait burlesque si ça ne marquait pas de façon dramatique le déclin de la social-démocratie.   


                        • Alexis_Barecq Alexis_Barecq 27 février 2011 12:31


                          Stéphane Hessel indique clairement quelle est la priorité des priorités dans l’indignation : c’est le drame palestinien.

                          Le peuple autochtone subissant le crime d’apartheid, le crime d’épuration ethnique, devenu étranger dans son propre pays ou il n’aurait pas le droit de retourner, droit inaliénable pourtant reconnu internationalement, mais nié par les colons immigrés ultra nationalistes et suprématistes sionistes.

                          Il a raison car la clé de l’avenir est là. Un processus de guérison, qui commence par la dénonciation de l’injustice, qui continue avec la réparation de l’injustice, est possible.

                          Les palestiniens doivent voir reconnu effectivement leur droit à une citoyenneté pleine et entière sur l’ensemble de la Palestine historique. La politique du fait accomplit est nulle et non avenue.


                          • Deneb Deneb 27 février 2011 12:39

                            S’il faut déjà s’indigner sur commande, je suis surtout choqué de voir les jeunes palestiniens pris en tenaille entre l’armée israélienne et leurs aïeuls islamistes radicaux, et c’est ces derniers qu’ils trouvent les plus dangereux.

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