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Tournée africaine de Nicolas Sarkozy : un néocolonialisme chasse l’autre

La tournée africaine de Nicolas Sarkozy s’achève, et une question se pose : la politique néocoloniale traditionnelle de la France à l’égard de ce continent va-t-elle perdurer ? Notre nouveau président de la République était très attendu sur cette thématique, d’autant qu’il l’avait présentée comme l’un des axes fondamentaux de sa « rupture » avec le chiraquisme. Codéveloppement, réduction de la dette, lutte contre l’immigration clandestine, concept d’Eurafrique, protection des forêts africaines... les annonces n’ont pas manqué lors de ce voyage. À première vue, on pourrait penser que les choses vont changer, que l’Elysée a enfin compris... en réalité, il n’en est rien. Car à y regarder de plus près, tout laisse à penser que « Sarko l’Africain » est bien le digne successeur de « Chirac l’Africain » !

Par "néocolonialisme", on désigne le processus par lequel une nation contrôle d’autres nations moins puissantes, par le biais de ses politiques commerciales, économiques et financières (à la différence du colonialisme, où les moyens utilisés sont d’ordre politique et militaire). Il s’agit donc de créer une relation de dépendance économique, le plus souvent par l’attribution de concessions et/ou monopoles profitant aux entreprises de la puissance dominante (en contrepartie d’un soutien et d’une consolidation des pouvoirs personnels des chefs d’État en place).

Or, au petit jeu du néocolonialisme, la France a excellé en Afrique depuis la décolonisation. Ainsi, en 2000, un documentaire remarquable, Elf : une Afrique sous influence (réalisé par J. M. Meurice, F. Calvi et L. Dequay, production MK2 TV) retraçait la manière avec laquelle l’État français, par le biais du groupe Elf, a su à la fois préserver ses intérêts économiques dans les économies africaines (l’exploitation des ressources pétrolières et minières abondantes), et construire une machine de domination très influente : renseignements, protection des dictatures en place, circuits financiers occultes, participation discrète (mais déterminante) dans les conflits... Si les guerres, les régimes politiques, la corruption et le pillage des ressources ont effectivement plongé l’Afrique dans la misère (créant de facto les conditions d’une immigration clandestine massive vers l’Europe et les pays occidentaux), il convient de souligner que le néocolonialisme à la française n’est pas étranger au développement de ces fléaux.

Avec la fin annoncée du pétrole, les affaires qui ont éclaboussé Elf et la montée de l’immigration clandestine dans les préoccupations des Français, l’occasion est inespérée de mettre un terme, dès aujourd’hui, à cette politique honteuse. Surtout que, d’après les travaux de la Commission économique pour l’Afrique (ONU), les pays africains sont plus que jamais prêts à sortir de leur condition misérable. Selon le Rapport économique pour l’Afrique 2007, il est possible de mettre un terme à ce système de dépendance économique, et de placer rapidement le continent sur les rails de la croissance et du développement, pour peu que l’on aide les pays concernés à diversifier leurs économies nationales... mais cela implique au préalable pour les pays occidentaux (dont la France), de renoncer à leur politique néocoloniale.

Force est de constater (hélas), que tel n’est pas l’ambition de l’Élysée à l’égard de l’Afrique. Car plutôt que de travailler dans le sens des propositions onusiennes, Nicolas Sarkozy préfère visiblement substituer à l’ancien néocolonialisme français (fondé sur l’exploitation pétrolière et minière), un nouveau néocolonialisme fondé cette fois sur l’industrie nucléaire.

L’étape libyenne du voyage présidentiel semble confirmer ce fait. Sous prétexte « d’aider la Lybie à réintégrer le concert des nations », Nicolas Sarkozy s’est entendu avec le dictateur Kadhafi pour lui livrer un réacteur nucléaire (nous préférons ne pas envisager l’hypothèse soulevée par certains observateurs, dont le réseau Sortir du nucléaire selon laquelle l’État français se serait livré à un «  troc nucléaire » avec Tripoli pour obtenir la libération des infirmières bulgares... si le Parlement a encore un sens dans notre République, une commission d’enquête devrait être constituée pour faire la lumière sur cet étrange accord).

Si l’intention de départ du président de la République avait été d’aider la Libye à diversifier son économie, il n’aurait pas été question de livrer un réacteur nucléaire. Comme l’a justement rappelé Sortir du nucléaire, pour réaliser un tel objectif, il aurait été plus efficace, moins coûteux et plus écologique de développer l’énergie solaire pour lequel la Libye présente des atouts exceptionnels. Cette technologie ouvre en effet des perspectives extraordinaires en matière de désalinisation de l’eau, et pourrait ainsi permettre à l’agriculture locale de prendre son essor. D’autres secteurs économiques auraient pu également profiter de l’énergie solaire : la recherche, la réfrigération, l’électrification rurale décentralisée...

Plutôt que de permettre à la filière des énergies renouvelables de pénétrer l’économie libyenne, l’Élysée a préféré offrir à Areva ce marché. Or le nucléaire étant une technologie onéreuse, complexe et dangereuse, et de surcroît très encadrée au niveau international (notamment pour empêcher des dictateurs comme Kadhafi de disposer un jour de l’arme nucléaire... !), il est évident que la France accroît ainsi son influence sur l’économie libyenne, et crée avec ce pays une relation de dépendance économique et énergétique à moyen et long termes.

L’étape gabonaise semble également confirmer l’ambition néocolonialiste de l’Élysée... mais sur un plan différent. Car, s’agissant du Gabon ou du Niger, Areva est déjà implanté dans l’économie de cette région. Le groupe y exploite en effet, et depuis longtemps, les nombreuses mines d’uranium de ces pays... et le bilan de cette « coopération économique » est édifiant !

D’après un récent rapport des associations Sherpa, Médecins du monde et Criirad, Areva négligerait dramatiquement les conséquences humaines et environnementales de son activité : des taux d’exposition des employés 40 fois supérieurs aux normes fixées par l’OMS, des travailleurs exposés à des poussières radiotoxiques sans port de masque ni équipement de sécurité, aucune information ou formation délivrée, absence de surveillance médicale, déversement de deux millions de tonnes de résidus radioactifs dans une rivière entre 1961 et 1975, stockage non sécurisé des déchets... Quant aux autorités nigériennes, elles accusent Areva d’avoir financé la rébellion touarègue, et ont déclaré le responsable des activités nigériennes du groupe persona non grata.

Ces affaires ont bien évidemment été évoquées lors de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Omar Bongo (chef d’État du Gabon). La réaction du président de la République est consternante : « Ce n’est pas la première crise que connaît le Niger. Je fais toute confiance aux autorités démocratiques du Niger pour surmonter cette crise et il se peut que, dans les jours qui viennent, nous prenions une initiative pour essayer de renouer les fils du dialogue [...] Je ne voudrais rien dire qui complique une situation qui l’est déjà suffisamment, le Niger étant un pays important pour nous, puisque ce sont les principaux producteurs d’uranium militaire, d’où la présence d’Areva sur place. » Et le Quai d’Orsay d’ajouter : « Nous ne voyons pas de raison légitime qui s’opposerait à la poursuite d’un dialogue confiant, constructif et fécond entre Areva et les autorités du Niger. » Ah bon ! Aucune raison légitime ? Vraiment ?

Ces deux exemples (l’étape libyenne et l’étape gabonaise) laissent donc entrevoir :

  • que l’État français entend profiter de toutes les occasions qui se présenteront pour imposer Areva dans les économies des pays africains, sans considération aucune des régimes politiques en place et de leur dangerosité (à l’égard du monde, mais aussi de leur propres peuples) ;

  • que l’État français mise sur le développement, en Afrique (et ailleurs) d’une technologie coûteuse, complexe et dangereuse, qui ne sera jamais accessible aux pays dans lesquels elle s’implante, et qui assurera à la France le bénéfice d’une situation de dépendance économique ;

  • que l’État français (actionnaire majoritaire d’Areva) porte peu d’intérêt à la manière avec laquelle son groupe nucléaire exerce son activité en Afrique, et met en péril à la fois les populations locales et l’environnement.

Un néocolonialisme chasse l’autre... la seule et unique « rupture » dans la politique africaine de la France est simple : remplacer l’influence d’Elf par l’influence d’Areva.

Il appartient désormais au président de la République d’infirmer, dans les actes et à l’occasion des prochains rendez-vous avec l’Afrique (dès cet automne), ces tendances pour le moins préoccupantes et qui n’honorent en rien notre pays. Mais le voudra-t-il ? Lui qui bataille tellement dur pour offrir à Martin Bouygues (son ami intime), le groupe Areva et ses marchés internationaux.... Dommage qu’à l’Elysée personne n’ait pensé à batailler aussi dur pour offrir à l’Afrique les conditions de son développement durable ainsi que son indépendance économique et énergétique...


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21 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 30 juillet 2007 14:16

    Votre déception est sans doute grande pour François Bayrou mais franchement,il n’avait encore moins de choses à proposer aux français que Ségolène Royal.

    RIEN :

    Il avait d’ailleurs déclaré « avec moi,rien ne changera en France »

    Il était populiste et d’ailleurs,il appartient au passé.

    Quand à l’Afrique,les français ne sont pas responsables de la mauvaise gestion des pays africains,car nous ne sommes plus au temps des colonies et quand nous voyons des pays qui ont connu la misère et le colonialisme (Chine,Vietnam,Cambodge...) devenir des dragons économiques,nous pouvons pensé et avoir le droit de dire que les questions tribales et ethiniques en Afrique sont encore trop importantes pour envisager toutes évolutions modernes (dans le sens occidentale)

    Donc,Nicolas Sarkozy n’est en rien « colonialiste » mais acteur économique comme d’autres pays à travers le monde

    Vous citez dans votre article une association

    « Réseau Sortir du Nucléaire »,

    Franchement,la technologie nucléaire française est l’énergie la moins chère et la plus sécurisée au Monde et nous allons pas écouté les précheurs de cathédrales avec leurs idées obscurantistes avec des « rapports » dignes de la fin du monde ! venir nous dire qu’ils ont raison et tous les autres ont tort

    Quand à vos associations « humanitaires » qui chassent les subventions,elles devraient commencer par publier leur compte et la masse salariale de leur « association » de charity-super-bizness

    Il faut esperer que cette association « sortir du nucléaire » ne touche pas de subvention public


    • MagicBuster 30 juillet 2007 14:42

      Bon billet. dommage que les commentaires ne suivent pas .


      • Benoît PETIT Benoît PETIT 30 juillet 2007 15:23

        @lerma

        Si votre propos vise à nier l’existence d’un néo-colonialisme français en Afrique depuis la décolonisation, notamment pour exempter la France de toute responsabilité dans les situations politique et économique actuelles de ce continent, alors votre commentaire est pour le moins édifiant.

        L’objet de mon article n’était pas de débattre sur la réalité du néo-colonialisme dans notre histoire, mais plutôt de débattre sur l’existence d’un nouveau néo-colonialisme à la française incarné par Nicolas SARKOZY et AREVA... De mon point de vue, le premier relève plutot du négationisme (et je ne souhaite pas alimenter un tel débat), alors que le second relève du débat d’opinion.

        Quant à vos commentaires concernant les observations du tissu associatif, aussi bien « Réseau Sortir du Nucléaire » que « Sherpa », « Médecin du Monde » et « Criigen », vous êtes libres de remettre en cause leur indépendance et leur honneteté intellectuelle... mais vous n’avancez aucun argument de fait qui conteste leurs propos. C’est dommage, car selon moi, là réside le fond du sujet.

        Très franchement, en avancant que le néocolonialisme français n’a jamais existé, que la situation de l’Afrique est avant tout due aux africains eux-même, et que les ONG mentent sur la question pour récupérer des subventions, vous ne rendez pas service à Nicolas SARKOZY... au contraire,vous décrédibilisez à la fois sa pensée et son action.

        Défendez notre Président si vous croyez au bien fondé de son action...cet article a été rédigé pour ouvrir justement un débat sur la question.... mais faites le avec des arguments sérieux. Je ne détiens pas la vérité absolue sur un thème aussi compliqué que celui-ci... mais votre vérité me dérange, tant elle est déconnectée de la réalité.


        • acha.qandisha 30 juillet 2007 15:40

          Je remercie l’auteur de cet article pour son éclairage et pour son appelation d’un chat un chat. Ce néocolonialisme trouve sa plus nette expression dans le refus de respecter le droit de mémoire des Africains, appelé péjorativement, repentance. Si l’Etat français ne s’excuse pas pour ses crimes et pour ses pillages du continent, c’est que tout simplement il s’acharne à vouloir valoriser son passé colonial, à croire en sa mission civilisatrice et à vouloir continuer sur les pas de ses aînés. Seules les méthodes changent mais le résultat est le même. Cette arrogance du discours de Sarkozy aux jeunesses africaines est franchement inssuportabe, indécente et n’a de rupture que le slogan.


          • fouadraiden fouadraiden 30 juillet 2007 16:04

            sans doute.

            mais SARKO n’est pas responsable de ce que pense la majorité des français au sujet de la colonisation ,ou de leur supériorité idéologique sur les autres cultures.

            il aurait même été élu pcqu’ils leur a promis qu’il défendrait leur mémoire devant les pires crimes commis par eux. ce qu’il a fait avec audace et éclat devant le public noir.

            Sarko n’est pas un philosophe méditant sur l’histoire.c’est un homme politique ,représentant pour un instant T la photographie mentale des français.c’est tout.

            l’image valorisante des Noirs ou des Arabes ne se trouve pas dans la reconnaissance des crimes perpetrés par les Occidentaux.ils ne pouvaient que les dévaloriser,ce qu’ils firent avec la colonisation .


          • Benoît PETIT Benoît PETIT 30 juillet 2007 20:37

            Je pense effectivement que l’Etat français devrait (et devra un jour) demander officiellement pardon aux peuples africains, pour son comportement colonial puis néo-colonial à l’égard de ce continent... d’ailleurs, tous les pays néo-colonialistes du monde devraient faire de même...

            D’une manière générale, je fais partie de ceux qui pensent d’une part, qu’on a toujours une raison valable pour demander pardon à un autre pays (quelqu’il soit), et que demander pardon, c’est faire preuve d’intelligence malgré ce que pensent ceux qui considèrent que cela est une faiblesse diplomatique.... je suis peut etre un utopiste, mais je rêve du jour où tous les pays se demanderont mutuellement pardon (et sincèrement)... ce jour là, peut etre que l’humanité s’élèvera enfin.

            Mais en attendant, le premier pas reste évidemment de cesser les politiques néo-coloniales... le plus important, c’est de permettre aux peuples africains de profiter de leurs potentiels humains et économiques.


          • fouadraiden fouadraiden 31 juillet 2007 00:32

            c’est vrai qu ’avec le grand pardon ils seront mieux avancés les ex-colonisé alors que « vous » êtes déjà pas foutus d’intégrer ceux qui vivent prami vous.


          • mike-tango 31 juillet 2007 13:05

            Je propose que la France demande officiellement le pardon de l’Italie. Sous Rome cette grande puissance coloniale nous a privé de nos libertés les plus élémentaires et mis fin à notre culture gauloise traditionnelle ...

            Il est grand temps que les Musulmans demandent pardon pour avoir colonisé et exploité l’Andalousie. Il serait également temps que les mêmes Musulmans demandent pardon au peuple kabyle qu’ils ont colonisé et converti à l’Islam ...

            Demander pardon pour avoir colonisé l’Afrique ? Un non sens historique. D’ailleurs comme toutes les colonisations citées plus haut, la colonisation française n’a pas été uniquement négative.


          • Ao 30 juillet 2007 16:12

            Vous dites que cet accord passé avec la Libye est contestable sur deux points : 1-risque que Kadhafi fasse mauvais usage de la technologie nucléaire, 2-mise sous influence de la Libye.

            Pouvez vous détailler ces craintes, parce que pour moi : 1-le nucléaire civil ne conduit pas au nucléaire militaire, et les déchets seront très certainement traités en France. Une gestion rigoureuse de ce qui entre et sort de la centrale peut permettre d’éviter les problèmes.

            2-si cette installation place la Libye dans une position de dépendance, qu’est ce qui pousse Kadhafi à en vouloir ?

            Et si tout ceci n’était qu’un accord commercial mutuellement avantageux, où la France vend une installation industrielle dans un domaine où elle excelle, et où les Libyens profitent d’une production d’eau douce à bon marché ?


            • Benoît PETIT Benoît PETIT 30 juillet 2007 20:10

              N’étant pas physicien, je ne peux vous donner de détails techniques sur le processus de migration du nucléaire civil vers le nucléaire militaire.

              Mais les propos de Georges CHARPAK, Prix Nobel de physique sont clairs :

              « Il existe toujours un lien entre les deux (civil et militaire), car le combustible idéal pour faire des bombes, c’est le plutonium. C’est-à-dire le résidu du fonctionnement d’une centrale. » Georges Charpak

              Ce que je peux vous donner comme éléments est de nature plus juridique :

              1°/ les technologies sont très proches, ce qui a conduit l’Etat français à classer « Secret Défense » tout ce qui concerne de près ou de loin, au nucléaire civil

              2°/ l’Agence Internationale de l’Energie Atomique est particulièrement vigilente sur la manière dont certains pays utilisent leur nucléaire civil, justement en raison des risques de migration vers le nucléaire militaire. C’est également la raison principale pour laquelle la communauté internationale et Israël s’opposent à ce que l’Iran dispose du nucléaire civil.

              Kadhafi a toujours cherché à disposer du nucléaire militaire (officiellement jusqu’en 2003), notamment par le biais du nucléaire civil (l’opposition de la communauté internationale jusqu’à présent l’en a empêché). N’oublions pas que Kadhafi est sans aucun doute l’un des dictateurs les plus dangereux de la planete, dont les actes et les propos ont toujours été violents à l’égard des américains et leurs alliés. Mais il a pour lui d’être un acteur incontournable dans les relations avec le monde arabe, faisant payer très cher ses interventions en matière de prises d’otage ou de relations commerciales. D’ailleurs, c’est sans doute l’une des raisons essentielles pour lesquelles les administrations Reagan, Bush (père et fils) et Clinton ont choisi de ne pas le mettre totalement « hors jeu ».

              Enfin, en ce qui concerne la mise sous influence de la Lybie, il faut signaler que AREVA est incontournable dans la maîtrise et l’exploitation financière et technique de l’exploitation de ses centrales. Dès lors, si la politique énergétique de la Lybie se développe à partir du nucléaire civil, la France et AREVA profiteront d’une forte influence sur elle. La situation économique de la Lybie ne lui permet pas de s’autonomiser dans la gestion de son futur parc nucléaire.


            • stephanemot stephanemot 30 juillet 2007 16:20

              Désalinisation de la Libye, reconstitution de la forêt gabonaise... la rupture tient dans la façon de communiquer la vente d’une centrale nucléaire et la remise d’un chèque de 50M à un monarque finissant.

              On peut faire encore pire : l’aide de Washington à Israël, à l’Arabie Saoudite et à l’Egypte (respectivement 30, 20 et 12 milliards de dollars) constitue en réalité un simple transfert des caisses de l’Etat US vers les caisses des fabricants d’armes US.


              • fouadraiden fouadraiden 30 juillet 2007 16:29

                absolument. et personne ne peut croire que les bédouins d’Arabie(qui s’apprêtent à finaliser un contrat de 20M $ ,étalé sur dix ans )se serviront un jour ou l’autre de leur jouets sophistiqués.

                ça sert à qui de vendre des jouets électroniques aux Saoudiens ?


              • Benoît PETIT Benoît PETIT 30 juillet 2007 20:41

                Tout à fait d’accord... la communication ne change rien à l’affaire...


              • emmanuel 30 juillet 2007 18:42

                Je doute fortement que l’energie solaire suffise de pret ou de loin aux besoins energetiques d’un pays en developpement. Le developpement demande *beaucoup* d’energie.


                • Benoît PETIT Benoît PETIT 30 juillet 2007 20:22

                  Plus que de beaucoup d’énergie, le développement demande beaucoup d’intelligence et de précaution.

                  Je ne suis pas d’accord avec vous en ce qui concerne la minimisation du potentiel de l’énergie solaire, surtout en ce qui concerne des pays comme la Lybie, et plus généralement africains.

                  La demande énergétique de la Lybie n’est pas la même que celle de la France... étant considérablement plus faible (en raison notamment du peu d’instrialisation du pays), le solaire est tout a fait en mesure de répondre à ses besoins et permettre un développement... vu d’ou partirait la Lybie, il est possible pour ce pays de planifier un vrai développement durable (respect de l’environnement, politique énergétique de proximité, etc...) sur son fondement.

                  Enfin, la communauté scientifique a validé l’affirmation (théorique certes... et heureusement) selon laquelle si l’ensemble du Sahara était couverte de panneaux solaires, cela produirait 24 fois la consommation énergétique mondiale et annuelle (toutes sources énergétiques confondues)... cela laisse entrevoir le potentiel du solaire dans un pays comme la Lybie.

                  A force de s’autopersuader que seul le nucléaire est une énergie efficace (énergie non renouvelable, du reste), l’on dessert l’ensemble des énergies renouvelables, notamment en créant des faux-clichés... Beaucoup de pays, y compris européens, ont compris que tout cela était de l’esbrouffe...


                • emmanuel 31 juillet 2007 19:38

                  Meme 1/24e de Sahara c’est tres grand ! Et l’electricite a la particularite de ne pas etre facilement stockable / transportable sur de tres longues distances. En plus on parle de la consommation actuelle et non future. Si tout va bien dans 20 ans quelle sera la consommation des pays emergeants ?

                  Mais revenons a la seule Lybie. L’autre probleme est economique : l’energie solaire aujourd’hui est hors de portee d’un pays emergeant (http://www.energy.ca.gov/electricity/comparative_costs.html).

                  Le developpement durable est un devoir, mais n’oublions pas que c’est aujourd’hui un luxe que seuls les pays developpes peuvent se permettre).


                • moebius 31 juillet 2007 01:11

                  On peut décemment souhaiter que la France puisqu’il s’agit d’elle ici puisse profiter au mieux de cette opportunité et pourquoi vouloir absolument que la Libye soit le dindon d’une farce Elle nous a prouvé a maintes reprises ses capacités à négocier au mieux de ses intérets notamment en détenant le plus légalement possible des otages ou en commanditant des actions terroristes dans le plus respect des droits fondamentaux


                  • moebius 31 juillet 2007 01:30

                    Et oui c’est sur, un néocolonialisme chasse l’autre...c’est tres pratique et ça permet d’éviter de lire les chapitres qui suivent les déclarations d’indépendance...allez on remet ça ça change pas c’est toujours la meme chose et j’ai vraiment pas de me fatiguer a apprendre les autres chapitres. Pour la France je me suis arreté à la monarchie et pour moi toute le suite c’est de la néo monarchie et une néo monarchie en chasse toujours une autre, ça se répete et c’est bien commode.J’aurais pus m’arreter au Néerdanthal et j’aurais était plus malin car un néo néedanthalisme en chasse toujours un autre, cette autre prend souvent d’ailleurs la forme de « mammouth », j’aime le mammouth cet animal qui a son tour en chasse toujours un autre me plait mais pas autant que le dinosaure qui, plus souvent qu’a son tour en chasse toujours un autre


                    • rodrigue 31 juillet 2007 08:16

                      Bonjour,

                      Très bon article mettant à jour les nouveaux enjeux de la politique africaine du nouveau pouvoir.

                      Ici, la rupture sarkosienne pourrait bien en effet consister en l’appui prioritaire sur les (la) entreprise(s) du secteur nucléaire préféré à l’appui sur Elf-Total du secteur pétrolier.

                      Cependant, avant de parler de substitution de l’un à l’autre mieux vaut observer ce qui se passe en réalité et ce n’est pas la visite immédiate de Laurent Bagbo à Sarkosy dans les 48 heures de son élection qui laisse présager un effacement total de l’ancienne politique néocoloniale des dirigeants français à l’égard de l’Afrique !

                      En tout cas au-delà du cirque médiatique on peut relever en guise de rupture un certain nombre de constantes de la Franceafrique : opacité des objectifs et des accords d’état, combinaison appareil d’état / entreprise clé du secteur économique concerné, rôle des services secrets, des officines et des réseaux agissant sans contrôle, affichage médiatique de buts humanitaires etc ... etc...

                      A ceux qui doutent de la réalité criminelle de cette politique je recommande l’ouvrage d’Eva Joly « Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ? » où concernant l’affaire Elf, elle explique avec beaucoup de force les difficultés et les menaces de mort dont elle a été l’objet comme l’obstruction de l’appareil judiciaire à sa volonté de lutter contre la considérable corruption dont ces liens économiques sont l’occasion.


                      • yughurta 1er août 2007 12:30

                        oui le neocolonialisme peut changer de face, il n’y qu’a se referer aux différents discours et prises de position de notre président pour le constater :

                        Déclaration de Sarko, devant les étudiants de l’université Cheikh Aanta Dipo de Dakar :

                        « Le paysan africain ne connait que l’eternel recommencement du temps rythmé par les répétitions sans fin des mêmes paroles. Dans cet imaginaire ou tout recommence toujours, il n’y a pas de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrés ».

                        En écoutant cette partie de la déclaration faite par le Président Sarkozy aux étudiants africains dans un amphitheatre plein à craquer, ces derniers ont du penser a ces missionnaires venus en Afrique quelques siecles plus tôt.

                        Depuis son élection a la téte de la République française,Nicolas Sarkozy tente de mettre en pratique sa politique de rupture avec la politique telle que pratiquée par son predecesseur, Pour ce faire , il s’attaque a donner un certain virage à la diplomatie française.

                        Mais a vouloir trop en faire avec des discours et des gestes qui vont dans tous les sens avec des propositions et des prises de position qui vont tout à fait dans le sens de sa droite natale. Tout cela fait penser plutot à une diplomatie spectacle et renvoie à de tres mauvais signes.

                        Il veut faire croire au monde entier qu’il a avec son épouse, réglé l’affaire des infirmieres bulgares en Libye , alors que la médiation qatarie et européenne est plus surement à l’origine du dénouement de cette crise.

                        Il se mele de même de la crise du Darfour soudanais en tentant de chercher des solutions tout en ignorant le gouvernement de Khartoum.

                        Il se lance dans la quête d’une issue au problême libanais en s’attaquant au Hezbollah qui est une des parties qui seront les artisans justement d’une issue esperée par tout le peuple libanais.

                        Il propose l’idée de créer une union mediterranéenne sans même en preciser les contours.Il n’est pas mauvais de faire des propositions au niveau stratégique mais aussi faut-il que ces propositions soient définies et comporter une assise de faisabilité minimum.

                        Puis , dans la foulée Nicolas Sarkozy décide de visiter l’Afrique pour essayer de rompre avec le passé et mettre à jours une autre politique que celle de la « Françafrique » et du « pré-carré », sans beucoup y parvenir semble-t-il.

                        Les discours dans ce sens tenus au Sénégal et au Gabon, pays amis de la france ont choqués les africains. Il semble bien que ces discours au franc parler plutot trouble etaient plutôt a l’intention d’une partie des français surtout conservateurs et extremistes de droite, mais ce discours ne passe pas en afrique ou même ailleurs.<< L’Afrique à sa part de responsabilité dans son propre malheur : la colonisation n’est pas résponsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux>> a dit Sarkozy à Dakar.

                        Autrement dit, que les Africains s’entretuent, c’est de leur faute.Cela n’est nullemnt le fait de ceux qui ont présidé à la création de frontieres artificielles, de ceux qui ont pillé leur richesses,de ceux qui ont diaboliquement procedé au coupage de mains à la machette.

                        Au fait Sarkozy, il est jeune, il faudrait peut etre l’excuser, n’a pas parlé de ceux qui ont alimenté les haines entre ethnies en tentant d’effacer les identités et les langues ce fautif porte le nom de <>.

                        Toujours selon Sarkozy le fautif n‘est pas résponsable de la venue de dictateurs et de corrompus, ces memes dictateurs et corrompus que le colonialisme a aidé a mettre place, toujours accueillis en grandes pompes par les capitale européennes a commencer par Paris, dont les comptes sont protegés par les banques du vieux continent. Et toujours armés par ceux qui les ont toujours soutenus même par l’intervention de leur propre force armée dans plusieurs cas.

                        Et sur sa lancée Sarkozy denie aux africains un quelconque heritage civilisationnel. <>, a-t-il dit à Dakar. En terme peu diplomatique cela s’appelle une insulte.

                        La gravité de ces propos soulignent la conviction de Sarkozy quant à la supprématie supposée de la civilisation occidentale et de ce fait il demande aux africains d’assimiler une part de cette civilisation pour sortir de la misére.

                        Il est vrai que cette gymnastique rappelle qu’il n’est pas loin des theses des néoconservateurs américains et des milieux racistes de l’extrême droite européenne. Elle rappelle fortement l’etat d’esprit des missionnaires et colons venus civiliser les autochtones en Algérie et en Afrique de l’Ouest .

                        Enfin, Sarkozy en est arrivé a proposer à l’Afrique un autre projet : <>. Est-il autorisé à parler au nom de l’Union européenne sur ce projet aux traits flous comme celui de l’union méditerranéenne. Et pourquoi cette volonté de chercher a diviser entre l’Afrique du Nord et l’Afrique au-delà du Sahara en proposant deux projets différents.

                        J’aime l’Afrique, a dit Sarkozy, et cet amour donne des craintes et on a tendance à ne pas le croire

                        PS/

                        L’indignation persiste en Allemagne contre l’attitude du président français Nicolas Sarkozy sur la scéne etrangere suite à l’accord nucléaire civil signé avec la Libye, et ceci en dépit des efforts faits par Paris pour rassurer Berlin.


                      • yughurta 1er août 2007 12:47

                        Mon commentaire a connu quelques coupures et je m’en excuse aussi lire :

                        Et sur sa lancée Sarkozy denie aux africains un quelconque heritage civilisationnel. <>, a-t-il dit à Dakar ( il est vrai que l’esclavagisme et la colonisation ont changé cette « immobilisme ». En terme peu diplomatique cela s’appelle une insulte.

                        Enfin, Sarkozy en est arrivé a proposer à l’Afrique un autre projet : <>. Est-il autorisé à parler au nom de l’Union européenne sur ce projet aux traits flous comme celui de l’union méditerranéenne. Et pourquoi cette volonté de chercher a diviser entre l’Afrique du Nord et l’Afrique au-delà du Sahara en proposant deux projets différents.

                        J’aime l’Afrique, a dit Sarkozy, et cet amour donne des craintes et on a tendance à ne pas le croire

                        PS/ L’indignation persiste en Allemagne contre l’attitude du président français Nicolas Sarkozy sur la scéne etrangere suite à l’accord nucléaire civil signé avec la Libye, et ceci en dépit des efforts faits par Paris pour rassurer Berlin.

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