Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des amis communistes...
Le Congrès d’Epinay avait scellé l’union de la gauche autour du PS et du PCF. Concurrencé par l’extrême-gauche, ce dernier perdra des électeurs depuis, jusqu’à l’arrivée au premier secrétariat de Marie-George Buffet. Au point de gêner davantage son allié historique...
Dix ans après la mort de Mitterrand, de nombreux témoignages affluent, tous consentants. Il faut célébrer un mérite de François Mitterrand : celui d’avoir réussi à imposer l’union de la gauche, autour du PS, mais aussi avec le PCF, au congrès fédérateur d’Epinay de 1971.
Le parti de George Marchais, s’il n’atteignait plus ses scores historiques de l’après-guerre, (le printemps de Budapest, puis celui de Prague étant passés par là) arrivait quand même à faire des scores à 2 chiffres lors des grands rendez-vous, de quoi le mettre en bonne position pour négocier avec le PS dans le cadre de l’Union de la gauche. Mais à partir de 1971, le PCF allait lentement décliner... "La faute au contexte international", la chute du mur de Berlin portant un coup terrible au PCF. "La faute à des attaques des deux extrêmes" : une extrême-gauche plus radicale, refusant systématiquement le pouvoir, et une extrême-droite, récupérant le vote des couches populaires habituellement proches du PCF. Aussi, "la faute à certains militants", récupérés par le PS.
Après George Marchais, qui revendiquait un bilan du communisme globalement positif, Robert Hue aura eu la lourde tâche de défendre les idées communistes... après la chute de l’Union soviétique. Aux présidentielles de 1995, ce dernier se défendra plutôt bien, avec 8,64% des suffrages (même si on est loin des 15,35% de Georges Marchais en 1981). Aux législatives de 1997, le Parti communiste obtiendra 9,9% des suffrages (16,1% en 1981), un score honorable permettant la présence de 34 députés communistes, et deux ministres (Marie-George Buffet à la jeunesse et aux sports, et Jean-Claude Gayssot aux transports). Malgré un discours rompant avec le passé (avec la critique ouverte du stalinisme), et un discours plus "jeune" (quelques passages sur Canal Plus), Robert Hue n’arrive pas à enrayer l’érosion de l’électorat communiste et, en 2002, le verdict est terrible : 3,37% des suffrages seulement... Non seulement ce score empêche le Parti communiste d’obtenir le remboursement de ses frais de campagne (à 5%), mais en plus, le parti est distancé par deux candidats d’extrême-gauche : Arlette Laguillier (LO - 5,72% des suffrages) et Olivier Besancenot (LCR - 4,25% des suffrages). Heureusement, la stratégie d’entente avec le PS (désistement au deuxième tour si deux candidats socialistes et communistes se retrouvent, en faveur du mieux placé) permet au PCF de limiter la casse aux législatives, avec 22 députés élus.
Le communisme pouvait-il encore avoir de l’influence au XXIe
siècle ? On pouvait en douter, Robert Hue laissant la place de premier secrétaire dans la
précipitation à Marie-George Buffet. Et pourtant... Aux régionales de 2004, Marie-George Buffet prend un
gros risque en présentant une liste propre au PCF en Ile-de-France, face à l’entente
LCR-LO menée par Olivier Besancenot et Arlette Laguillier, et réussit à
gagner son pari : avec 7,2% des suffrages, elle dépasse la barre des 5%
permettant une fusion avec la liste PS-Verts, et bat les deux ténors de l’extrême-gauche
qui ne rassemblent "que" 3,99% des suffrages. Impression confirmée aux
européennes : le PCF obtient 5,24% des suffrages et 2 sièges, l’extrême-gauche
3,33% et 0 siège... Plus anecdotique, le slogan d’un candidat aux cantonales revendiquant un : "En 2004, je vote communiste et je t’em***"...
Mais c’est vraiment 2005 qui sera la bonne année du PCF. Seul
parti de la gauche du non au traité constitutionnel européen représenté à l’assemblée
nationale, le PCF va utiliser son temps de parole pour faire s’exprimer
les autres opposants de gauche au traité : chevènementistes, membres d’ATTAC,
de
Ce succès ne fait pas que des heureux. Au PS d’abord, où les
tenants du social-libéralisme doivent prendre en compte cette résurrection
du courant communiste. L’exemple de l’Allemagne, où l’alliance Lafontaine-communistes a fait perdre Schröder, est à méditer. Mais à l’extrême-gauche
aussi. Hostile à l’idée de s’associer à tout gouvernement,
Mais, même si le candidat désigné par le PS n’était pas
autant à gauche qu’ils le souhaitent, les dinosaures du PCF vont-ils cracher
sur une alliance qui leur a toujours permis d’avoir des élus, à l’inverse de
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