Transition énergétique, une inquiétante indifférence
Alors que la transition énergétique était présentée comme l’un des grands projets du quinquennat de François Hollande, le vote en deuxième lecture à l’Assemblée nationale le 26 mai s’est fait dans la « quasi-indifférence générale ». Ce manque de mobilisation est inquiétant à quelques mois de négociations internationales capitales sur le climat.
Aucun média n’a consacré ses gros titres à ce projet de loi, à peine ont-ils repris une dépêche AFP (parue dans la foulée du vote) pour rappeler les différents sujets abordés (nucléaire, énergie renouvelable, mobilité propre, efficacité et rénovation énergétique…). Paradoxalement, le plus enthousiaste sur ce texte de la majorité est Le Figaro, qui évoque une loi « qui va changer notre quotidien ».
Un texte politique
Il est vrai que le vote des députés ne constituait qu’un point d’étape. Le Sénat, qui avait détricoté le texte en première lecture en mars dernier, doit à nouveau se prononcer dessus, probablement fin juin ou début juillet. Sans surprise, la chambre haute dominée par l’UMP et l’UDI devrait s’opposer à la nouvelle version, obligeant à un ultime (et définitif) vote à l’Assemblée nationale, fin juillet ou à la rentrée.
Au lieu d’être un projet structurant pour la France, la loi de transition énergétique est devenue un enjeu de luttes politiciennes. Les différents partis ont ferraillé sans discontinuer sur la part du nucléaire dans le mix énergétique hexagonal, éclipsant les autres questions, notamment celle des énergies fossiles. Pour la gauche, le texte a surtout permis de rapprocher (un peu) les socialistes et les écologistes, tandis que l’UMP a resserré les rangs en s’opposant massivement à de possibles fermetures de centrales nucléaires.
Paravent nucléaire
Dans ce contexte, la focalisation sur le nucléaire, sujet plus idéologique que technique en France, permet de simplifier le débat entre « pour » et « contre » le projet de loi. Des pans entiers du texte sont laissés de côté. De sorte, des sujets épineux, comme le financement des actions, ne sont pas réellement résolus !
Malheureusement, ce calcul politique nuit à l’adhésion des citoyens à la transition énergétique. Les autres projets en matière de transports propres (bus et voitures électriques, bornes de recharge) ou de logements économes (meilleure isolation, suivi de la consommation, production d’énergie renouvelable) ne sont pas assez valorisés. Et pourtant, il s’agit de projets concrets et à échelle humaine. De sorte, les conséquences (positives ou négatives) ne sont pas évidentes dans le quotidien.
Arnaud Gossement, ancien porte-parole de France Nature Environnement, met en garde : cette « quasi-indifférence générale » est un « avertissement avant la COP 21 ». Si le gouvernement français est incapable de convaincre ses propres concitoyens de l’intérêt de la transition énergétique, il y a peu de chances qu’il parvienne à organiser la lutte internationale contre le changement climatique en décembre prochain.
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