Ultimes résistances à droite
On sent bien qu’ils ont été contraints, les malheureux, de voter la loi sur la parité. Et le cœur n’y est pas. D’autant que ces messieurs les politiques commencent à comprendre qu’il va bien falloir prendre en compte les opinions des femmes ! Et la mésaventure que vient de vivre Elodie Gossuin * au Conseil régional de Picardie en dit long sur leurs difficultés à s’y plier. Ils vont donc devoir changer de stratégie.
Jusque-là, ils ne s’étaient pas mal débrouillés. A chaque élection législative ou cantonale, ils redoublaient d’ingéniosité pour éviter que des femmes soient élues. Car avant chaque élection, la même question lancinante les taraude : comment faire pour qu’elles soient nombreuses au départ et peu à l’arrivée ? Des militantes capables de conquérir un mandat, ils en ont dans leurs fédérations. Mais rien que d’imaginer qu’elles ont des chances de gagner, ils virent au vert et se creusent rapidement la cervelle pour concocter un obstacle infranchissable de plus.
Cette année 2006 est plutôt un bon cru. En janvier, ils avaient envisagé de ne donner l’investiture qu’aux candidats ayant déjà un mandat important : maire, maire-adjoint, conseiller général, conseiller régional, sénateur. Voilà qui éliminait pas mal de femmes. Mais hélas, aussi certains copains. Donc, après réflexion, ils nous ont préparé une trappe à femmes efficace. Ils réservent des circonscriptions pour les « femmes des minorités visibles ». En clair : une femme d’origine maghrébine. C’est imparable avec, en prime pour eux, grandeur d’âme et ouverture d ’esprit !
L’astuce, c’est qu’elles ne vont pas être légion à relever le gant, les femmes des minorités visibles. Pourquoi ? En premier lieu, il faudrait que cela les intéresse. Puis qu’elles aient du temps à consacrer à une campagne. Ensuite qu’elles prennent un risque financier (la limite des dépenses autorisées par la loi est de 50 000 euros). Toutes ces conditions ont de quoi refroidir les ardeurs de plus d’une candidate. Surtout que les circonscriptions réservées sont, et de loin, les plus difficiles à gagner. Bref, trouver une femme des minorités visibles prête à s’en prendre plein la figure pour pas un rond, autant chercher une aiguille dans une botte de foin ! Et après, la main sur le cœur, ces messieurs vous jureront avoir tout fait pour la gente féminine, sans résultat ! Entre-temps ils auront, pour l’élection 2007, évincé les candidates dangereuses (pléonasme).
Pour les scrutins de liste - les municipales et les régionales - le problème se pose en d’autres termes. La parité est obligatoire et en liste chabada, s’il vous plaît ! (un homme-une femme). La question à résoudre est la suivante : comment trouver des femmes connues (qui amènent les électeurs à voter pour la liste), qui n’y connaissent rien (ce qui permet de garder le pouvoir) et dociles ? Comme les proches ont déjà donné aux dernières élections, ça devient difficile. Mais... jusqu’en 2008, ils ont encore un peu de temps pour trouver le moyen de rester les maîtres du jeu !
*Son vote a été confisqué par son groupe Aimer la Picardie.
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