Un an de présidence : définition du Hollandisme
Chaque président a eu droit à son « isme », certains, avec plus de force et de durée dans le temps que d’autres : le Mitterrandisme et le Gaullisme, Giscard, Chirac et Sarkozy ont été de moindres inspirateurs. Un an après son arrivée surprise à l’Élysée, quel est le bilan de l’action de François Hollande et à travers elle et sa manière de gouverner, peut-on définir le Hollandisme ?

Rarement, un président aura été aussi harcelé médiatiquement, avec une absence totale d’état de grâce. Il savait que ce serait difficile, mais pas à ce point. À peine élu, l’opinion publique l’a lâché, pour le mener à un point jamais atteint dans les sondages d’opinion. En même temps, aucun président n’est arrivé au pouvoir avec une situation économique aussi difficile et surtout des comptes publics aussi dégradés. François Hollande n’a pas choisi la bonne période pour se lancer à l’assaut du pouvoir. Mais avait-il le choix ? Non en 2007, ses hésitations avaient laissé le champ libre à une certaine Ségolène Royal, avec le succès que l’on connaît.
En même temps et, la situation est paradoxale, jamais un parti politique, le parti socialiste en l’occurrence n’a eu autant de pouvoir en France, après avoir gagné successivement la totalité des élections de ce pays, y compris celles réputées inatteignables, à savoir les sénatoriales. Il contrôle les principales grandes villes de France, une large majorité des départements, la quasi-totalité des régions, les deux chambres et le gouvernement. Cela pourrait lui donner de l’allant, et bien non… Si les socialistes réussissent à peu près auprès des collectivités locales, encore faudra-t-il le vérifier l’année prochaine avec les municipales, ils ne donnent pas le sentiment au gouvernement de savoir où ils veulent aller et surtout quel est le projet qu’ils proposent à la France. François Hollande étant de tous les socialistes, le plus attendu par les Français et en même temps le plus incertain.
Le bilan, celui-ci se mesure à l’aune des 60 engagements pris par le candidat Hollande. Car il faut bien dire que cette campagne des élections présidentielles n’a pas pu prendre de hauteur entre le candidat Sarkozy en plein flirt avec l’extrême droite et le candidat Hollande obsédé par la nécessité de prendre le moins d’engagements politiques possible. Mais poussé par son état-major, il s’est résolu à cette carte de route : soixante engagements. Sur ce point malgré les attaques de la droite, et le Hollande Bashing des médias, force est de constater que plus de la moitié sont réalisées (selon les décomptes du journal Libération 31 sur 60) ou en passe de l’être, et ceci, rien qu’au bout d’une année de gouvernement, pas si mal. On ne fera pas, ici, l’inventaire exact, tous les médias s’y affairent à cette même heure.
On retiendra la mesure phare du Mariage pour Tous, dont la gestion a été un peu chaotique et très étalée dans le temps et le renoncement sur le droit de vote des étrangers pour cause d’absence de majorité qualifiée dans les deux chambres.
En même temps, un effort, jamais consenti par aucun gouvernement de la République, a été engagé, dans le collectif budgétaire de 2012, puis sur l’ensemble du budget 2013, qui a la patte de François Hollande. De nombreuses mesures techniques ont été prises pour relancer l’économie et limiter les dégâts du chômage. Le seul problème, étant que ces mesures demandent du temps pour trouver leurs effets et que les Français ne sont pas près à donner du temps à François Hollande, les résultats ils les veulent pour maintenant.
Nous sommes désormais au cœur même du Hollandisme. Il y a quelques années, lorsque François Hollande, sortant de la direction du PS, a fait savoir qu’il allait concourir pour la Présidence de la République, personne à ce moment-là ne l’en a cru capable…, il en fallut du temps pour que les dirigeants du PS s’aperçoivent qu’il était sur le point d’y arriver, et les Français eux-mêmes s’y sont laissés surprendre, par la primaire pour la désignation du candidat socialiste, puis au cours de l’élection elle-même. Il y est arrivé, de justesse pour certains, les sondages avaient curieusement abondé ses chances, mais le résultat valait bien celui de François Mitterrand en 1981.
C’est sans doute cela le Hollandisme, la capacité politique à voir un peu plus loin que les autres, une ténacité hors pair, avec un sens de l’effort qui n’y paraît pas… c’est aussi une manière de faire de la politique, sans grand drame, avec constance et la capacité de surfer sur la vague et même parfois du Tsunami et nous y sommes. Le parcours, pour arriver à l’Élysée a été terrible, plus personne ne s’en souvient, lui si… c’est pourquoi aujourd’hui il sait qu’il lui reste encore quatre courtes années, pour conforter ce qu’il a engagé et réaliser la seule promesse qui vaille à ses yeux : faire baisse sensiblement la courbe du chômage. Il a à l’esprit, ce que Lionel Jospin, premier ministre avait réussi, diminuer d’un million le nombre de chômeurs… c’est aussi son objectif.
On reparlera dans les mois et les années qui viennent de ce que peut être le Hollandisme… avec, j’en suis sûr la même surprise, qu’il mit à se placer au cœur de l’élection présidentielle, lorsque, bien sûr les résultats économiques seront là..
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