Un libéralisme radical et écologique, c’est possible
Inutile de choisir entre libertés économiques et protection de l’environnement : une même politique incluant réduction des dépenses publiques et remplacement des impôts sur l’activité économique (revenu, TVA, sociétés...) par des taxes vertes, permettrait d’atteindre simultanément ces deux objectifs.
J’ai tenté d’expliquer cela aux membres d’Alternative libérale, mais le dialogue avec eux s’est avéré impossible : pour eux, l’idée même que les concepts et méthodes du laisser-faire économique puissent ne pas fournir la panacée de solution à tous les problèmes y compris à ceux des questions environnementales, était inacceptable, de peur de constituer un obstacle idéologique à la défense de la pensée libérale en tant que solution universelle.
Résultat : ils ratent à la fois les moyens de protéger l’environnement, et ceux de traduire, parmi les principes théoriques essentiels du libéralisme, l’idée que les impôts sur l’activité économique sont fondamentalement illégitimes et économiquement nuisibles, en un programme effectif de libéralisation globale de la société : ce qu’ils proposent dans leur programme conserve les principes bien peu idéalement libéraux de financement du budget de l’État par des impôts traditionnels sur l’activité économique, et le maintien du total des dépenses publiques à un niveau comparable à celui actuellement en vigueur, alors que l’endettement de l’État et ses engagements en matière de retraite rendent une telle réduction plus urgente que jamais : notamment, ils veulent augmenter le budget de la Justice, croyant apparemment indispensable le maintien d’une approche lourdement bureaucratique dans ce domaine, et ne proposent pas les moyens d’une véritable chasse de grande ampleur aux gaspillages de l’argent public, à part de tailler dans les aides aux organisations non étatiques (facile) et de faire des lois contre la corruption qui n’est qu’une partie du problème (encore une approche étatiste).
Dans leur choix de maintenir autant de taxes sur l’activité économique, ils ne semblent pas très conscients de l’importance croissante, avec le développement de l’Internet, des possibilités pour les gens de se contacter et de faire affaire directement entre eux , sans déclaration officielle, possibilités qui brouillent toutes frontières entre l’autoconsommation non taxable, l’entraide entre proches ou amis sous couvert de relations privées, et les activités économiques marchandes proprement dites, de sorte que le problème de la mesure administrative de l’activité économique est un problème fatalement lourd et sclérosant de formalisme et de rigidités, pour un résultat fondamentalement incertain et invérifiable. Notamment, le télétravail depuis le domicile pour n’importe qui dans le monde rend toute notion de temps de travail et de présence au travail extérieurement incontrôlable, surtout dans le cas d’un travail réalisé sans contrat.
Cette situation est en passe de rendre l’objectif du maintien d’une imposition de l’activité économique de plus en plus utopique et liberticide, à l’image de celle du maintien des droits d’auteur des oeuvres numériques, rendant irréaliste l’idée de compter sur un maintien régulier de cette imposition à long terme. Dès lors, la perspective d’une disparition des recettes de l’État étant par ailleurs impossible à court terme, la nécessité ne tardera guère à s’imposer de chercher d’autres sources de rentrées fiscales en remplacement de celles-ci qui ne peuvent plus durer. La bonne occasion est alors de mettre ce problème en face de cet autre problème aux caractéristiques complémentaires : comment protéger l’environnement (sans non plus casser l’économie). La bonne solution pour ce dernier problème est de taxer ces pollutions, consommations de carbone fossile et autres atteintes à l’environnement, fournissant donc les rentrées fiscales nécessaires. Ainsi se trouvent résolus deux problèmes en même temps : la libération des activités économiques par rapport à son traditionnel cadre administratif sclérosant, sujet à tant de travers, et la protection de l’environnement. Et le sens des rôles est inversé par rapport à l’approche mentionnée plus haut : ce n’est plus la libéralisation qui est censée venir au secours de tous les problèmes, ici celui de l’environnement (impossible), mais c’est l’outil de protection de l’environnement qui vient au secours du problème de la libéralisation du reste de l’économie. Ainsi l’État devient d’une certaine manière un acteur libéral, au sens où il cesse de nuire par l’impôt à ceux qui ne nuisent pas à autrui (ne polluent pas l’environnement).
Cette combinaison permet finalement d’atteindre encore mieux en même temps chacun des deux objectifs (libéralisation et protection de l’environnement), qu’on ne pourrait réaliser isolément : la taxe verte est ce qui permet de se débarrasser des impôts sur l’activité économique et donc de libéraliser celle-ci ; cette libéralisation productrice d’innovations et de croissance associée à la taxe verte d’un montant assez élevé, et encore mieux si on y ajoute un mode de financement de la recherche en activités non polluantes, tel que je l’ai décrit ici, permet au système économique encore plus performant d’orienter toute sa force vers la recherche de tous les moyens de réduire ses atteintes à l’environnement, sans faire trop de mécontents parmi les victimes de cet effort, grâce à la croissance économique accomplie par ailleurs.
Bien sûr, cette source de rentrées fiscales que constitueront les taxes vertes n’est pas une source inépuisable, en raison du progrès qu’accomplira le système productif vers la réduction des atteintes à l’environnement. Cette réduction pourra être compensée provisoirement par une augmentation régulière du taux des taxes vertes, lequel accélérera encore le progrès vers la protection de l’environnement, et les rentrées fiscales en seront finalement affaiblies. Comment faire alors, une fois perdus (mi-fatalement, mi-délibérément) les moyens de rentrées fiscales sur l’activité économique, si les taxes vertes ne peuvent plus suffire à alimenter un budget de l’État d’un montant traditionnel ?
Eh bien, une autre priorité est donc de chercher à réduire les dépenses publiques par tous les moyens, et des moyens, il y en a : en dehors des idées bien connues de retraites par capitalisation et de libéralisation de l’assurance-maladie, j’ai énuméré divers moyens et justifications permettant d’exercer en mieux de nombreuses fonctions traditionnelles de l’État à nettement moindre coût, passant notamment par une refonte complète des concepts d’ordre politique et de justice, par lesquels les structures de l’État devront à terme être remplacées par de nouvelles structures beaucoup plus souples, légères, efficaces pour le respect de l’intérêt général... (je vous laisserai apprécier, même si ce n’est pas du tout évident à cause de sa nouveauté, les diverses qualités qu’on peut en attendre) fonctionnant à l’aide de logiciels sur le Web, qu’on peut d’ailleurs commencer à mettre en place par simple travail de programmation sans attendre de victoire politique. Ceci forme donc les idées d’un nouveau courant politique que je souhaite lancer et que je vous invite à rejoindre, un Mouvement vers la dissolution de l’État.
Une question : que diriez-vous d’un candidat aux présidentielles porteur de telles idées ?
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