Un système bancaire réformé ou bien le chaos
A quoi cela sert-il d’avoir des centaines de milliers d’économistes de part le Monde si ceux-ci n’arrivent pas à prévoir les crises économiques. Et pour les rares d’entre eux ayant annoncé la catastrophe (tardivement, une ou deux années avant), à quoi cela sert-il d’être économiste si cette annonce n’est pas accompagnée de propositions concrètes pour le législateur ? Ou bien si elle est accompagnée de remèdes au seul profit spéculatif individuel immédiat ? (proposition type Robini, en complète opposition avec l’intérêt supérieur du public et donc en complète opposition avec l’intérêt à long terme… de ces mêmes spéculateurs individuels).

L’économiste américain Nouriel ROUBINI, professeur à la « Stern School of Business » de l'Université de new York, est connu pour avoir prédit en 2006 la grave crise financière générale de 2008 que la nouvelle école économique dite "sociétale" avait annoncée… dès 1992 ! (livre distribué à tous les parlementaires, médias et universités en 1993).
A cette époque nous dénoncions que plus de 50% de la finance était déjà dangereusement orientée vers la spéculation. En vain. Car en 2008, certaines banques avaient un taux d’activités spéculatives dépassant les 90% !
Après le crash de 2008 et l'épuisant refinancement du système par les Etats (donc par nos impôts), les banques (soi-disant "services publics") ont poursuivi dans cette même voie spéculative suicidaire. Pourquoi ? Parce que le maintien de la réglementation et de la législation fiscale actuelle par nos politiques incompétents rend le spéculatif plus rentable que le productif. Le système productif occidental est éreinté, épuisé, par des prélèvements en tous genres (TVA, impôts, taxes, charges sociales, etc.) dont le total dépasse dépasse souvent en Europe 50% du chiffre d’affaires. Des prélèvements en progression rampante continuelle, dont le PS, le centre, les écolos et la droite réclament tous officiellement et à nouveau l’augmentation. Même en pleine campagne électorale ! Une folie croissante et généralisée. Résultat : Les banques ont peu d’intérêt à faire un travail de banque et le font donc de moins en moins. Demeurées libres de "se shooter" aux rapides revenus spéculatifs, sans aucune limite actuellement fixée par le législateur (visiblement dépassé ou corrompu), les banques financent donc très faiblement l’industrie, l’emploi, l'économie réelle (moins rentables et au retour sur investissement beaucoup trop lent).
Parce que grevés de dettes (auprès de ces mêmes banques !), les Etats n’arrivent plus financer la moindre relance significative, sérieuse, de poids (il suffit de voir les montants ridicules proposés par chaque parti, comparé aux seuls intérêts monstrueux de la dette, deuxième poste budgétaire en France et premier poste dans la moitié des Etats d’Europe et de la planète) . Les Etats peuvent encore moins payer le faramineux coût d'une éventuelle seconde crise. D’où l’ambiance actuelle de panique sur le marché des obligations.
Refusant de toucher à l'énorme masse des revenus spéculatifs toxiques (par éternelle peur de voir ces contribuables partir dans d'autres pays), le gouvernement en est réduit pathétiquement à renier ses engagements électoraux précédents pour augmenter les impôts directs ou indirects (taxes sur les retraites, la santé, le travail, etc… et même le soda !). Dans les Ministères comme dans les partis, personne ne veut écouter le vieux signal d'alarme de 1993 et les propositions toujours d'actualité qui y sont rattachées. C’est dans cet autisme et dans l'accumulation de ces erreurs répétitives et économiquement dépressives que se trouvent les raisons de l’échec généralisé. Que les pays soient gérés par la gauche ou par la droite, les « saignées fiscales » successives ne font qu’affaiblir mathématiquement l’ensemble de la consommation, donc les ventes ; donc les bénéfices, donc les recettes fiscales, l’investissement puis l’emploi. De même qu'il ne faut pas confondre le bon et le mauvais cholestérol, il doivent cesser de confondre les dettes de fonctionnement et les dettes d’investissement. Ces dernières sont au contraire à la base de tout protocole d’intervention logique et efficace pour relancer une croissance (une croissance « qualitative et durable » pour les « sociétaux »), pour relancer l’emploi, donc les futures recettes de l’Etat et par conséquent le remboursement de l'ensemble des dettes d’Etat.
Pour couronner cette impuissance générale des politiques, Nouriel ROUBINI nous annonce maintenant un nouveau cataclysme financier dans quelques mois, dès 2012. Il prévoit aussi une explosion de l'Eurozone d'ici à cinq ans. Il suggère d’accumuler du « cash » et si possible en dollars. Il propose comme solution exactement le contraire de ce que les « sociétaux » préconisent, à savoir : investir dans la formation, la recherche, les gros travaux, l’environnement, la production et l’emploi. Si chaque partenaire économique (public et privé) se met à suivre comme un troupeau de mouton apeuré le conseil de ROUBINI et donc à « Liquider » massivement pour accumuler du « cash », alors là, oui, ce sera la chute générale. Loin d’encenser cet économiste (borgne au royaume d'économistes aveugles encore pires que lui), nous préconisons plusieurs mesures et notamment de remettre à plat tout le service public bancaire. Le tout sans que notre programme de réforme et de relance ne coûte un centime de plus à l’Etat. Bien au contraire, puisque les organismes financiers non respectueux des futures lois auront des taxes et pénalités qui financeront une partie de la reconstruction du tissu économique et industriel (souvent victime d’anémie financière générée par une aveugle obésité spéculative).
Les vrais ennemis ce ne sont pas les capitalistes ni le capitalisme en général. Car aujourd’hui, la majorité des salariés sont des capitalistes, en le sachant ou non, via leurs divers placements, assurances vie, fonds de retraite, etc. Les ennemis communs sont la mauvaise organisation et la mauvaise fiscalisation de ce capitalisme, ainsi qu’un système bancaire qui n’agit plus dans l’intérêt même de ce capitalisme popularisé, qui n’agit plus dans l’intérêt de la création de richesse, d’entreprises et d’emplois, préférant miser sur le rémunérateur « Bingo spéculatif » dont les bénéfices sont plus rapides. Comment faire comprendre à chaque citoyen l’intérêt et l’urgence de cette réforme du système bancaire ? Car sans « pression active » de la masse des électeurs, le passé a démontré que les politiciens ne bougent pas, ou trop peu et trop tard.
Ce "cœur" bancaire est censé alimenter en finance le "corps" social et économique en fonction des besoins et de sa croissance. Mais mal réglementé, mal stimulé fiscalement, n’étant plus sous contrôle, ce cœur bancaire n’écoute plus les besoins généraux, il n’écoute que lui-même, et ne cesse donc d’alimenter en priorité et en majorité un immense "cancer" spéculatif inutile. Bedonnant d’actifs toxiques accumulés et parfois « titrisés », il ne s’intéresse plus à la vie réelle qu’il laisse s’anémier. Cet "organe" censé vital (mais aux activités devenues majoritairement inutiles, déstabilisatrices et apauvrissantes) grandit, grossit, s’hypertrophie par des "mélanomes" financiers toujours plus inventifs. Au point qu’une partie de ce cœur devenu énorme se met à sortir du corps, à pendouiller, à encombrer, à entraver la marche, puis à faire tomber tout le corps sous le poids des dettes bancaires et des dettes d’Etats qui lui sont rattachées. Le corps devenu invalide, presqu’incapable de bouger, se retrouve progressivement étouffé, comme par d’immenses racines toujours grandissantes, devenues tronc d’arbres, brisant les dernières résistances industrielles, telles des friches d’anciennes civilisations imprévoyantes.
Des lecteurs peuvent estimer cette « prévision imagée » comme un peu trop exagérée. Au bénéfice d’un débat serein, honnête, non politicien, je les invite à donner une approximation de l’énorme masse financière spéculative qui tourne autour de la planète chaque jour comparé au flux financier affecté aux véritables échanges matériels entre les pays qui sont de 10 à 150 fois inférieurs !!! (selon les analystes et les pays étudiés). Cette « fourchette comparative » évoluera en fonction de votre vision optimiste ou pessimiste. Dans tous les cas, elle démontrera la monstruosité et la puissance déstabilisatrice de ce flux financier inutile, toxique, dérégulé, sans âme, sans motivation autre que le profit immédiat.
Depuis 20 ans, l'ensemble des économistes et des partis ont refusé d’écouter le message des "sociétaux", n'ont donc pas vu venir la crise et n'ont ensuite pas proposé les bonnes solutions, n'ont pas su empêcher les saisies immobilières (majoritairement scandaleuses) par les banques, n'ont pas su orienter le flux des capitaux vers la recherche, la production et l'emploi. Aujourd’hui, ils doivent enfin accepter la réflexion et le débat républicain sur la réforme du système bancaire. Y compris
=> en retirant le statut juridique de banque aux organismes finançant en majorité le casino spéculatif et
=> en taxant le revenu strictement spéculatif comme... les jeux d’argent !
L’information sérieuse du public et la participation des citoyens à cette réforme est d’autant plus réclamée par les « sociétaux » que nous avions aussi annoncé qu'en cas d'absence de régulation et donc de chaos économique puis politique, la légitimité républicaine serait un jour menacée par de potentielles violences urbaines successives...
Si ce grave autisme politique et bancaire perdure, à partir de 2012, les 54% d'abstentionnistes ainsi que l'extrême gauche et l'extrême droite vont dangereusement bousculer le bloc des partis parlementaires. Un tremblement de terre aux conséquences imprévisibles, loin des sondages souvent erronés et des analyses médiatiques complaisantes. Le parlement (gauche, écolos, centre et droite réunis) ne représente déjà plus que 28% des citoyens. Une future majorité gouvernementale de droite ou de gauche équivaudra de facto à 15% du pays. Insuffisant en cas de violences urbaines généralisées (voire canalisées). Donc, militants de base et cadres de chaque parti (y compris les Verts encore plus nuls sur le plan économique => copieux argumentaire disponible), réveillez-vous, délaissez les dogmatismes archaïques et les vieilles recettes d’échec, diminuez le temps octroyé aux polémiques politiciennes. Sur le plan local et national, organisez enfin un vrai et large débat républicain trans-partis !
Avec vous, sans attendre, ce débat s'ouvre ici et maintenant.
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