Voulez-vous Vallser Macron ?
La mobilisation du 9 mars commence à faire quelques vagues, et Hollande, laissant courir le bruit qu’il pourrait bien ne plus être candidat à sa propre succession, aiguise les appétits de Valls, mais aussi de Macron.
Mais l’électeur devant ce choix plus que limité, ne voudra-t-il pas chercher une autre solution ?
Même si aujourd’hui à la tête du gouvernement, on assure que la loi du travail a été restreinte, on voit bien que la mobilisation de 500 000 manifestants dans les rues de notre pays commence à inquiéter, d’autant que les sujets de mécontentement se multiplient bien au-delà de cette « loi Khomri ».
Hollande essaye de calmer le jeu, craignant que le mouvement ne prenne de l’ampleur le 17 mars prochain, alors il à réétudié ce projet de loi, avec l’intention de le rendre « plus acceptable »... proposant un compromis.
Mais cela peut-il changer quelque chose, puisqu’un récent sondage nous apprenait que 8 français sur 10 sont hostiles à cette loi ? lien
Les « 18/24 » et les milieux populaires sont ceux qui rejettent le plus massivement cette réforme par peur légitime d’une précarité encore plus grande que celle qu’ils subissent déjà…même les cadres sont critiques, et 61% d’entre eux en voulaient une réécriture.
Le 14 mars, cette nouvelle mouture a été proposée, et a reçu l’aval de quelques syndicats, mais la grogne persiste.
Le plafonnement des dommages et intérêts accordés aux prud’hommes en cas de licenciements abusifs est abandonné, tout comme les astreintes et forfait-jour…
Quelques modifications ont été faites sur le licenciement économique, sur la modulation du temps de travail, et quelques autres points mineur, mais cela est-il de nature à faire tomber la mobilisation ? lien
Hollande ne peut pas avoir oublié l’énorme mobilisation qui avait obligé en son temps Juppé de faire machine arrière toute lors de la mobilisation finale de 2 millions de français qui ont dit NON à son plan de réforme de la sécurité sociale. lien
Tout alors avait commencé début novembre, et grèves et manifs s’étaient succédé prenant de plus en plus d’ampleur, d’autant que les étudiants étaient de la partie, protestant contre le manque de moyen des universités… et dans le courant du mois de décembre, Juppé avait fini par jeter l’éponge.
Au-delà de Hollande qui fait planer un doute sur sa candidature en 2017, Valls, qui voit peut-être une occasion de se placer fait savoir, par ministre interposé que sa propre démission du gouvernement ne serait que des bruits de chiottes. lien
Des internautes taquins affirment qu’il n’y aurait alors plus qu’à tirer la chasse…
Mais au-delà de ce désastre, François Hollande qui est en train de faire éclater son parti, après avoir déçu une grande majorité de ses électeurs, alors qu’une voie royale s’ouvrait devant lui, on peut se demander ce qui a bien pu se passer pour qu’il change complètement de direction ?
Qu’avait-il à y gagner ?
On finit par imaginer que s’il se présentait aux primaires des « républicains », il pourrait l’emporter devant Sarközi, Juppé, et les autres, tant son programme est devenu un programme de droite.
Eddy Mitchell ne s’y est pas trompé, assurant dans une interview récente : « si Hollande et Valls sont de gauche, moi, je suis curé ». lien
Hollande qui avait assuré que sa préoccupation majeure était « la jeunesse » a finalement réussi à en dresser la plus grosse majorité contre lui.
« Rose promise chomdu » disaient les étudiants lors des manifs du 9 mars.
Certains affirment que les clivages gauche/droite ont disparu, ceux de 1789 ou s’opposaient finalement Montagnards et Girondins. lien
Ce fut au début la question du véto du roi qui avait divisé l’assemblée, regroupant à droite du roi ceux qui étaient pour ce véto, et à gauche, les autres…
On sait comment tout ça a fini… puisque Robespierre, Danton, et d’autres y ont perdu la tête… et de république en république, le pouvoir quasi monarchique s’est finalement maintenu, jusqu’à aujourd’hui.
Quid alors du clivage gauche/droite aujourd’hui ?
De Gaulle disait : « la France, mais pas la gauche » et ajoutait : « la France mais pas la droite »…et au-delà du discours opportuniste, pour De Gaulle, finalement la France c’était peut être d’abord Lui. lien
On s'interroge aussi sur ces voix qui quittent le camp communiste pour s’en aller vers le FN…
Le FN serait-il devenu un parti de gauche ?
Récemment, Marion Maréchal a déclaré soutenir le milliardaire raciste américain, Donald Trump, lequel veut chasser tous les musulmans de son pays, quitte à l’entourer de miradors et barbelés pour les empêcher de revenir, et l’exclusion, le racisme, n’ont jamais été des valeurs défendues par la gauche. lien
Le FN est donc lui aussi une solution illusoire, d’autant que chacun sait qu’il y a loin entre le discours et la réalité, lorsque le prétendant(e) est finalement élu.
Mais revenons à la « loi Khomri ».
Devant le fiasco à venir, Valls et Macron sont en train de se demander si finalement, ils ne devraient pas postuler pour 2017 ?
Mais s’il est vrai qu’au début de son mandat, Valls était populaire, sa cote a largement baissé depuis…lien
Et puis il s’est mis à dos le mouvement des MJS (mouvement des jeunes socialistes), allant jusqu’à réclamer la dissolution de leur groupe, les traitant de petits cons, et a décidé de les affronter. lien
Quand à Macron, réel instigateur du projet de la loi sur le travail, transformant les Khomeries en Macroneries, même s’il fait porter le chapeau à sa ministre, il aura beaucoup à faire pour redorer son blason, même si un groupe de jeunes socialistes, appelé « la gauche libre » s’est crée pour le soutenir. lien
Sa cote n’est pas des meilleures, elle ne faisait que 33% en décembre 2015, et elle va probablement baisser encore suite aux effets de la loi Khomri. lien
Derrière tout ça, les sociologues pensent aujourd’hui que cet échec politique, tant de la gauche que de la droite, vient d’une totale incompréhension du monde tel qu’il est devenu aujourd’hui.
C’est en tout cas ce que l’on pouvait découvrir en écoutant France inter, le 12 mars dernier.
Le monde a changé, sauf nos politiques, ils sont largués, largement déconnectés de la réalité.
Monique Dagnaux, chercheuse à l’EHESS, (école des hautes études en sciences sociales) spécialiste des cyber-cultures jeunes, ne dit pas autre chose et a clairement décrypté la situation. lien
Rappelant que « la jeunesse capte souvent l’esprit du temps » elle affirme : « alors que les gouvernements désiraient que la jeunesse s’insère dans la société, mais cette société n’est pas celle que veulent les jeunes dans leur grande majorité », puis elle continue sur la question de l’identité numérique : « les jeunes savent mieux capter ce nouveau monde dans lequel nous entrons, utilisant le pouvoir que nous donne Internet et les outils numériques, et dans une situation qui leur est plutôt défavorable, ils ont su utiliser au mieux ces nouveaux outils ».
La dernière pétition sur la loi Khomri en est la preuve éclatante en réunissant plus d’un million de pétitionnaires en 15 jours, d'autant qu'elle va récolter sous peu les 1,5 millions de signatures. lien
Il s’agirait donc moins, pour les jeunes, de s’insérer dans cette société dont ils ont tourné la page, que pour nos élus de tourner la page à leur tour.
Rappelant que les indignés sont des jeunes qui se veulent en dehors des partis, d’autant qu’ils ont été exclus pour leur grande majorité du marché du travail, évoquant le gout qu’ils ont pour l’économie du gratuit, pour le vivre ensemble, pour des modes de consommation qui sont très différents de ceux que notre génération a pu connaitre, Monique Dagnaux rappelle que le monde numérique est plutôt en prolongement de la vie réelle, et que les jeunes ne sont jamais autant sortis, jamais autant fréquentés lien
L’une des preuves de cette rupture entre l’ancien monde et celui-ci, est l’émergence de « l’appel de mongo », lequel se veut « un porte-voix collectif de la Révolution du 3ème millénaire exhortant à l’essor du nouveau paradigme par un activisme citoyen humaniste ». lien
Si l’on ajoute à la colère actuelle des étudiants, celle des autres, qu’ils soient ouvriers, agriculteurs, cadres… on peut difficilement imaginer comment ce gouvernement pourrait sortir de cette crise…et surtout quel autre parti pourrait résoudre l’équation posée par ce peuple en rupture.
Le 17 mars prochain, malgré les changements du projet de loi, ils remettent ça, en en réclamant le retrait pur et simple. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « si perçante que soit la vue, on ne se voit jamais de dos ».
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Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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