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Amour et passion selon l’Islam

Il est regrettable que, pour des raisons, souvent historiques, il soit fait peu de place aux philosophes et penseurs de l’Islam. Qui connaît, par exemple, Fethullah Gülen, religieux penseur et écrivain turc, adepte du soufisme ? Cet homme qui a consacré sa vie à résoudre la délicate question des relations entre le monde sacré et le monde profane, vient d’être couronné comme l’intellectuel le plus influent du monde par le mensuel britannique Prospect et par la revue américaine Foreign Policy.

Sur Agoravox, et ailleurs, les débats sont vifs voire violents dès qu’il s’agit d’Islam et, la plupart du temps, chacun s’en tient aux présupposés du moment. Je ne me retrouve que rarement dans ces dires. Les seules références faites sont celles que l’actualité nous présente depuis environ 30 ans, or il s’agit d’un avatar insensé de l’Islam fondamental – radicalisme sauvage, interprétations archaïques, violences faites aux femmes, etc. On connaît peu l’Islam des sources, il m’est donc apparu important de retranscrire ce que l’on m’en avait enseigné et qui m’a profondément marqué, au point que ces percepts conduisent toujours mes méditations du moment sous l’égide de la raison. Plus tard, affranchi des indications parentales, j’ai pu explorer les textes fondateurs de l’Islam, dont le Coran, mais pas seulement... mes convictions sont demeurées intactes et je demeure moi-même laïc. Il est regrettable que, pour des raisons, souvent historiques, il soit fait peu de place aux philosophes et penseurs de l’Islam. Qui connaît, par exemple, Fethullah Gülen, religieux penseur et écrivain turc, adepte du soufisme ? Cet homme qui a consacré sa vie à résoudre la délicate question des relations entre le monde sacré et le monde profane, vient d’être couronné comme l’intellectuel le plus influent du monde par le mensuel britannique Prospect et par la revue américaine Foreign Policy. Comme nombre de musulmans, il dénonce la volonté despotique des radicaux de l’Islam car il prêche pour que croyants de toutes religions et profanes puissent vivre au sein des organisations sociales en parfaite harmonie.

Ce texte, aujourd’hui remanié, est paru en 1989 dans la revue Conscience de, éd. Lierre et Coudrier a été réédité en 2000 sur Hommes et faits. Il fait partie d’une série d’articles échangés avec une philosophe marocaine de grande notoriété, adepte soufi, Leïla Zouggari dont vous trouverez les textes ici : « L’amour, Dieu et le soufisme ».

La notion d’amour n’existe pas en Islam, comme elle existe en Occident, fondée, la plupart du temps, sur la passion qui lie deux êtres l’un à l’autre. Néanmoins, si l’on s’en tient à l’idée de la force du désir qui lie les individus entre eux, assurant la pérennité d’une communauté, tant par la sexualité que par le partage à l’intérieur d’un groupe, il est possible de prendre en compte le terme Rahma (prononcer en roulant le r et en aspirant fortement le h comme le j de Jota en espagnol, la ma sera bref avec accent bref sur le m).

Rahma est une combinaison de plusieurs termes renvoyant à des formes différenciées d’affects. Tout d’abord, rahma repose sur l’attention sensible que l’on porte à autrui, ar-riqa. C’est le geste juste, celui qui correspond à l’attente chez l’autre. Etre sensible, c’est être juste dans ses attentions. Ar-riqa n’est pas forcément présence ou effusion de tendresse ou de gestes concrets. C’est l’attention juste, celle qui emplit l’autre à l’endroit où le vide, l’appel, se créent en lui. Ar-riqa traduit une sensibilité aiguisée par l’écoute attentive.

Ainsi, aimer un enfant, c’est d’abord le comprendre pour, ensuite, remplir ses besoins en favorisant le libre développement de ses potentialités. Le besoin serait censé naître d’une libre adaptation des forces de l’entité humaine à son environnement.

Rahma est aussi bâti sur la capacité au pardon – al-maghfira – pardonner à autrui dans une tension à résoudre toute forme de conflit, dans un souci d’équité – équilibre – et de cohésion de la communauté. Toute la force de l’Islam réside dans la recherche du compromis entre les tendances individuelles et la cohésion du groupe, hors d’une aliénation de soi et dans la perspective d’une sauvegarde de la force créatrice de chacun mise au service d’un ensemble plus vaste.

Enfin at-ta’attuf, représente le dernier versant de rahma, c’est la douceur nourrissante et sécurisante représentée par l’image de la tente familiale, par la cohésion du groupe ou par l’existence de la communauté des croyants – la Umma.

Tout ce qui est nourricier est rahma. Utérus se dit rahm. On peut comprendre rahma comme principe essentiel au fondement de l’humanité, représenté souvent dans le culte des déesses mères et maintenant par la volonté de préservation de la nature.

At-ta’attuf est le principe nourricier, complément de ar-riqa. L’attention portée à autrui est nourricière – généreuse – car elle implique le pardon, une attention sans faute, ni calcul, ni arrière pensée et c’est sur ce nid de confiance que s’édifie ce principe qui favorise toute création.

On perçoit ainsi la dialectique qui s’établit entre le groupe et l’individu, l’image personnelle est consolidée par le respect d’un échange équitable entre soi et les autres.

La communauté, ne constitue pas une masse anonyme mais un ensemble cohérent auquel on donne et dont on reçoit. À l’individu sa part de collaboration et de compassion, au groupe de rendre la sécurité dans un partage équitable.

L’une des qualités essentielles de rahma est de permettre le sacrifice de hawa, ce désir compulsif, passion ravageuse et aveugle, hissant alors chacun dans une lignée d’évolution positive.

Cet aspect sacrificiel gêne souvent des sensibilités forgées aux préceptes modernes de l’Occident qui entendent d’abord par là castration ou négation du désir instinctuel. Et il est dit classiquement, dans ce contexte, que le refoulement est ferment de violence. C’est ignorer l’effort de civilisation fondé sur la connaissance du monde extérieur et du monde intérieur. Or, c’est la juste combinaison de l’un et de l’autre qui conduit à une évolution salvatrice fondée sur le sacrifice de ce qui est inutile et sur l’ouverture au monde par l’usage de la juste force.

Ainsi dans l’Islam, la notion de violence se conceptualise de toute autre manière et paraît – tel est mon avis – tenir compte des manifestations complexes de la personne dans son échange avec le milieu.

Avant de comprendre la notion de sacrifice du hawa, il convient de savoir que le fondement même de l’accès à la raison – ’aql – passe, dans l’Islam, par la gestion libre et consentie des passions irruptives, sécrétions immédiates de l’entité humaine.

Or, tout individu est censé représenter la totalité qui l’environne ; elle est à la fois son patrimoine et son lieu d’épanouissement – générés par rahma. Il y apporte son savoir acquis grâce à la quête de connaissance qui l’anime. Cette quête entraîne différents compromis dont celui d’une gestion mesurée des passions.

La raison – ’aql – est comprise alors comme capacité à gérer tout autant la liberté d’action – hurriya – que le sourd grondement animal des désirs.

Un des grands préceptes donné à leur enfant par les mères musulmanes du Maghreb est : « Agis et mesure-toi ».

L’action est conduite dans un souci constant d’équilibre – principe d’équité – entre les nécessités de la communauté et les besoins individuels, lesquels interviennent en compromis constant entre l’avidité première et le souci de raison.

Gérer le désir, c’est rester dans ces limites – hudud – qui tracent d’une manière abstraite l’espace sacré de la communauté.

Passer au dehors, percer ces barrières, c’est courir le risque du bannissement, encourir la honte d’autrui. Et cette honte, qui le met « hors ban » peut rejaillir sur l’ensemble de la lignée. Ce serait assez dire que l’individu n’est pas seul responsable mais que son histoire participe de la mise en commun d’un savoir faire et d’un expérience qui s’est accumulée au fil des générations.

Le fait gravissime, pour l’Islam, c’est la démesure.

C’est en elle que se génère la violence destructrice car il n’existe plus alors ni terre nourricière – Umma – ni principe de cohérence – rahma –, livré à lui-même, l’individu perd toute mesure et n’a plus de raison – ’aql.

Le hawa qui n’est pas géré par un principe de raison et de mesure est source de chaos ; il est fissure à l’intérieur des limites, laquelle peut entraîner toute la communauté – Umma – et l’effet d’un seul peut amener un retour au chaos – shirk – des premiers âges. Si en chacun sommeille une propension au désordre – jahili – la raison et la mesure, rahma et le pardon sont sources d’équilibre et d’action prospère – al khayr.

L’Islam est équilibre entre deux pôles, hawa et rahma. Le pacte social se place donc sous le signe du double lien entre la quête de connaissance enrichissante pour chacun et la recherche de la tendresse familiale ou ethnique qui se manifeste le plus souvent avec effusion lors des fêtes rituelles.

La violence est considérée comme provenant de l’absence d’un tel principe de cohérence, représenté par Allah, l’Unique, Unité et Totalité. Autour de cette unité à laquelle l’individu se soumet – Islam – en toute conscience, toute action trouve une place juste.

C’est la multiplication des idoles, par confusion entre la réalité physique et la réalité psychique – l’au-delà, l’inconscient, l’imaginaire, etc. –, qui conduit à une perte de la cohérence première et génère la violence. L’individualisme est compris, dans ce cas comme perte de rahma sans laquelle la personne retourne à l’avidité première des instincts non domestiqués et au chaos, même si, en soi, il nous apparaît un ordre dans la soumission à des argumentations rationnelles. Le recours unique à l’aspect individuel n’est ni action, ni mesure. Il est manifestation d’une emprise par un principe personnel, le plus souvent impartageable, par une idole – un mauvais génie – en quelque sorte, son but n’est pas forcément cohérent avec celui de la communauté. Dans l’assouvissement des contraintes que ce lien génère, il n’existe aucune possibilité de connaissance et d’épanouissement intérieur. Quand les idoles se battent, refusant d’obéir à un principe unique, la communauté des vivants sombre dans le chaos. L’individu lui-même perd le sens du monde, il perd le fil de son implication dans la collectivité. Il vit mais il est vide !

Ce texte ne se veut pas l’apologie du monothéisme selon l’Islam, il est méditation sur la présence du sacré dans le champ social. Quant à savoir ce qui se passe aux limbes de l’espace sacré, c’est d’autre chose qu’il s’agit. Il apparaît bien là qu’en franchissant les limites de la communauté, chacun risque de sombrer dans la folie des passions, en présumant de ses forces. L’Islam se fonde en permanence sur la mesure et, par suite, sur la négociation, l’échange. Et si Muhammad lui-même demeure un modèle de banni il fut aussi fondateur d’une très puissante civilisation. Ce fait paradoxal reste à méditer, modèle d’une singulière négociation entre la conscience individuelle et les impératifs de la collectivité.

 


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23 réactions à cet article    


  • Stephanesh 14 juillet 2008 13:56

     Par acquis de conscience j’ai été voir sur le site de Fethullah Gülen

    J’ai lu ses trois derniers articles. La réincarnation, il ne connaît rien au sujet.

    http://fr.fgulen.com/content/view/232/19/

    Dans sont article sur l’athéisme on y découvre que la théorie de l’évolution est contestée par de nombreuses pointures de la science, sais pas si il faut rire ou pleurer, mais on aimerait connaître qui seraient ces pointures de la science qui remettent en cause l’évolution des espèces. Si aujourd’hui la théorie de darwin est au contraire plus que d’actualité avec les découvertes du génomes humains et leurs parallèles avec le génomes du chimpanzé par exemple. La seule erreur de darwin a été de croire que l’homme descendait du singe alors qu’en réalité le singe actuel et l’homme sont de proches parents ayant des ancêtres communs...

    http://fr.fgulen.com/content/view/228/19/


    son article sur l’impérialisme et l’islam, pure propagande. Ainsi je suppose que la mosquée el aqsa qui vole la place du temple ce n’est pas de l’impérrialisme, je suppose enfin que les tenants du paganisme arabe vont enfin pouvoir retourner à la Mecque rendre leur culte aux 360 divinités de la kaaba, à oui mais que dis-je mahomet fit égorger les paiens, je suppose que l’égorgement des non musulmans ce n’est pas de l’impérialisme, à oui de la purification religieuse.

    http://fr.fgulen.com/content/view/231/19/



    Petite perle de votre 
    http://fr.fgulen.com/content/view/193/19/
    Tout d’abord, il n’y a aucun décret ou déclaration générale en islam stipulant que ceux qui résident dans des pays non islamiques iraient en Enfer. Le décret est plutôt comme suit : Si ceux qui ont entendu le message et l’invitation du Prophète et ont attesté la vérité et la lumière de l’islam, les rejettent et s’en écartent, ils iront en Enfer. Que ceux qui ont entendu le Message Divin habitent dans des pays islamiques ou non est un autre sujet ; ce qui importe ici est qu’ils écoutent ce Message et s’y conforment. Ceux qui ne le font pas iront en Enfer, et ce même s’ils sont nés et vivent dans des pays islamiques.



    L’islam est tellement impérialiste (extermination des tribus polythéiste africaines, des hindouistes, mais tellement imbus de lui -même qu’il ne se rend même pas compte de son impérialisme

    Ah oui demander à un non musulman de se convertir pour épouser une musulmane, je suppose que vous me direz encore que ce n’est pas de l’impérialisme...

    L’islam est occupé de devenir un objet d’exécration pour l’humanité, on a compris ce qu’il tente de faire, faire des enfants pour prendre le pouvoir sur terre... mais on ne se laissera pas génocider...

    Vous me faites penser aux palestiniens qui demandent le droit au retour, comme cela israel étant une démocratie il pourrant se rendre maître de cet état en moins de dix ans, le génocide par la natalité... voilà l’impérialisme musulman en action.




    • Kieser 14 juillet 2008 19:07

      Bonjour Stephanesh,

      J’ai cité Fethullah Gülen comme penseur musulman élu par un panel de journalistes occidentaux... Fait assez rare pour être remarqué. Et je me suis arrêté là. Ce faisant, parlant d’impérialisme, vous pouvez /nous pouvons encore donner des leçons, pas seulement aux musulmans, aux autre nations et religions du monde – hors "Occident".
      S’agissant de philosophie, dit-on de Lao-Tseu, qu’il est philosophe ? Mais on étudie Pascal. Question ethnocentrisme, nous – les cultures ou sociétés dites occidentales – n’avons de leçon à recevoir de personne et nous avons quelques siècles d’avance.
      Que sait-on des philosophes russes et indiens qui inspirèrent Gandhi ? Allez, question pour la Bac !

      Nul ne conteste que l’Islam soit la seule religion au monde qui se veuille également politique et cette volonté s’est affirmée au cours des siècles. Cela ne veut pas dire que la pensée des musulmans soit demeurée archaïque et monolitihique au point d’ignorer le reste du monde et de lui faire face dans un "choc de civilisation". Ne confondons pas les valeurs fondamentales et l’exercice contemporain du politique. Nous ne voyons de l’Islam que ce que l’on veut bien en dire, partant de faits avérés mais, il y a au sein même des sociétés les plus archaïques, l’Arabie Saoudite, par exemple – alliée des USA –, des mouvements de contestation qui mine lentement le pouvoir absolu des ministres des moeurs et de la vertu. En Algérie, le mouvement laïc, bien que persécuté et étroitement surveillé, est très actif... Or, laïc, ne veut pas dire sans foi, c’est aussi une manière d’affirmer que le profane et le sacré peuvent et doovent cohabiter pour fonder une société porteuse d’inventivité et soucieuse du lien qui unit ses membres. J’ai voulu montré que la lecture du Coran pouvait aussi ouvrir d’autres horizons que ceux que l’on prête habituellement à l’Islam.

      Vous vous êtes emporté dès l’entête de l’article, je vous laisse lire la suite... Nous en reparlerons.
      Bien à vous
       


    • Stephanesh 14 juillet 2008 14:04

       ah oui le tpi vient d’inculper omar el bechir pour génocide, crime contre l’humanité et crimes de guerre au darfour...

      Je suppose que son comportement n’a rien à voir avec un l’impérialisme islamique...



      • masuyer masuyer 14 juillet 2008 22:20

        Stephanesh,

        le TPI a également inculpé des orthodoxes, des catholiques. Omar el Bechir est certainement impérialiste, mais l’explication se trouve-t-elle dans sa religion (quid alors d’un Napoléon, d’un Hitler, d’un Sharon, d’un Mao).

        Que l’on puisse débattre de l’Islam est une chose, en faire la cause de tous les maux une autre.

        Le simplisme de nombreux commentateurs est usant à la fin.


      • perditadeblanc perditadeblanc 14 juillet 2008 14:58

        " l’islam est une religion qui présupose des hommes" ....F.Nietsche


        • Stephanesh 14 juillet 2008 17:28

           Nietsche ne faisait pas de différences entre les mille et une nuits et l’islam... L’islam était plutôt vu comme le paradis de la lubricité... même idée chez Crowley qui considérait que la femme avait plus de droits sexuels en monde musulman. Mais en réalité nietsche et crowley croyaient que le lesbianisme et la large débauche des harems étaient la norme. Il est évident que dans le salafisme actuel deux épouses occupées de s’embrasser risquent la lapidation alors qu’il y a un siècle...


        • Antoine Diederick 14 juillet 2008 23:22

          dites - moi Stephanesh, vous promenez avec le lion des Flandres....en laisse..... ? Cela va, ronronne-t-il comme un gros matou ?


        • Antoine Diederick 14 juillet 2008 23:25

          je ne vois pas de religions qui ne presupposeraient pas les hommes .... smiley

          a moins qu’elles ne presupposeraient les extra-terrrestres ...dans ce cas....c’est hors du champs de la terre...et donc, elles n’existeraient pas smiley


        • Stephanesh 15 juillet 2008 01:21

           Diederick vous ne reconnaissez pas le lion du brabant ou leo belgica...


          ah là là la belgique s’effondre...

          le lion flamand est noir sur fond jaune 


        • Antoine Diederick 15 juillet 2008 09:15

          Bonjour Stephanesh,

          Honte à moi, je ne l’avais pas reconnu ce lion là.

          Oui, cela toujours pas mieux en Belgique , c’est plutôt désamour et déraison , pour rester dans le ton de l’article ci dessus.

          Bonne journée à vous....le 21 sera une des pires fête nationale belge.


        • del Toro Kabyle d’Espagne 14 juillet 2008 17:25

          L’islam de Nietzsche, c’est comme la Perse de Montesquieu : un prétexte critique pour parler d’Europe et de Christianisme.


          • armand armand 14 juillet 2008 21:19

            Comme nombre d’intellectuels occidentaux, séduits par l’"orientalisme" (j’utilise ce terme dans le sens que lui donne Edward Saïd - sans pour autant être d’accord à 100% avec ce grand penseur, trop tôt disparu) l’Orient pour Nietszche c’est tout bonnement... là où on peut faire ce qui est interdit ou déconseillé en Occident. D’où l’importance de la motivation sexuelle, mais le plus souvent tournée exclusivement vers l’homme, soit homosexuel, soit bisexuel, soit mâle dominant du harem.

            Ceci dit je trouve bon qu’on attire l’attention sur des penseurs musulmans comme Gülen - critiquables certes, comme tout penseur - mais aux antipodes du wahhabisme qui tient lieu d’Islam dans la tête de beaucoup de gens. Pour ma part, parmi les "modernes" j’ai une grande admiration pour Muhammad Iqbal.

            Mais là encore, il ne s’agit pas de se tailler un Islam sur mesure, en acclamant un vague ’soufisme’ qui pourrait prendre place aux côtés de nombreux et sympathiques fatras "New Age". Le soufi tentait d’aller au-delà de la religion formelle - mais celle-ci restait une étape nécessaire.


            • Stephanesh 15 juillet 2008 01:28

              @ Armand

              J’ai pas lu Iqbal, mais un jour pourquoi pas...

              Concernant les soufis ils sont actuellement noyauté des pieds à la tête par les wahabites d’Arabie saoudite, et les choses n’iront pas en s’arrangeant... 



            • Gazi BORAT 15 juillet 2008 07:49

              @ stepanesh

              • Concernant les soufis ils sont actuellement noyauté des pieds à la tête par les wahabites d’Arabie saoudite
              Et allons-y ! Encore une affirmation assénée, sans argumentation ni liens...

              D’où sortez-vous une énormité pareille ? Les Wahabites tonnent contre tout ce qui pour eux est hétérodoxe et le soufisme y jouit de la même faveur que les courants hérétiques chrétiens pour l’Eglise du moyen âge européen.

              Parallèle révélateur : les Soufis ont souvent été accusé par les rigoristes saoudiens d’avoir introduit dans leur pratique des éléments d’origine chrétienne, tout comme les Templiers lors de leurs procès étaient accusés d’être des crypto-Musulmans.

              Sous le vocable "soufisme" on trouve des confréries aux pratiques et philosophies extrèmement variées. Documentez-vous sur ce sujet, vous serez surpris.

              gAZi bORAt

            • Sahtellil Sahtellil 15 juillet 2008 08:40

              "Concernant les soufis ils sont actuellement noyauté des pieds à la tête par les wahabites".

              Des sources svp ?

              J’ai suivi vos interventions sur les deux fils mitoyens consacrés à l’islam. Vos arguments, s’ils sont assez cohérents en valeur absolue, leur orientation dénote du verrouillage de votre vision exclusivement sur une certaine lecture occidentale des txetes, post-11/09, très télégénique, qui étrangement rejoint globalement l’optique, via son prisme intégriste, d’une phalange infime unanimement excommuniée par la communauté des musulmans.

              Votre discours sur l’islam qui dénie à celui-ci toute capacité de vision éclairée d’un monde multicultuel, loin de prétendre à le vider de sa substance spirituelle (l’accès facilité au modèle consumériste occidental aurait peut-être plus de succès) participe seulement au raidissement des musulmans les plus fragiles identitairement sur la posture extrêmiste, porte ouverte à leur cooptation par les thuriféraires du "crime halal".

              BMD


            • armand armand 15 juillet 2008 09:54

              stepanesh :

              Si je m’appuie sur le sort réservé aus soufis (et à leurs lieux saints) au Pakistan par les barbus wahhabis, votre affirmation me semble un peu péremptoire. A moins que, pour vous, ’noyauter’ veuille dire ’supprimer et remplacer’.
              Evidemment, c’est plus compliqué que cela - les paysans locaux qui déplorent que des rigoristes venus d’Arabie viennent occuper les mausolées des saints locaux, y interdisent les ’ars’ et la récitation de chants qawwali, sont capables d’élever ces mêmes militants au rang de saints lorsqu’ils sont écrasés par une bombe américaine ; L’être humain est complexe !
              De même, on a constaté que des travailleurs indiens du sud, musulmans hétérodoxes et tolérants du Kerala, reviennent de leurs long séjour dans le Golfe (où ils ont été exploités quasiment comme esclaves) et imposent à leurs familles des usages wahhabis.

              Gazi :

              Les wahhabis, sur le plan docrinaire, n’avaient pas tort sur un point : les soufis n’ont pas hésité à incorporer des éléments d’autres religions, dont chrétiens. Voir les derviches bektachis. Le tout c’est de savoir si le syncrétisme est un bien ou un mal. Pour moi, les tenants d’une religion ’pure’ ont la même démarche dangereuse que les partisans de races ’pures’.

              Ceci dit, une hérésie n’est pas par définition plus valable que la religion établie. Et je comprends l’agacement de certains musulmans sunnites, pas wahhabis pour deux sous (ou dirhems...) devant l’enthousiasme que suscitent en Occident les ’hérésies’ islamiques, jugées plus tolérantes que les formes traditionnelles.

              Et on pourrait dire que le wahhabisme, depuis ses origines, est lui-même une secte.


            • Gazi BORAT 15 juillet 2008 10:30

              @ ARMAND

              Vous avez raison sur la question du syncrétisme et sur le caractère sectaire du wahabbisme.

              Concernant ce dernier point, les apports chrétiens sont à imputer, je pense, à l’institution du devsirme et au recrutement préférentiel des Janissaires au sein des populations albanaises.

              On trouve aussi des éléments bouddhistes, indouistes dans nombre de confréries originaires, elles, d’Asie Centrale.

              gAZi bORAt


            • frédéric lyon 15 juillet 2008 08:55

              Omar al Bachir a été inculpé de génocide au Darfour, le temps de l’impunité est révolu (peut-être).

              A quand l’inculpation des responsables Indonésiens (musulmans "modérés" ???) qui ont envahi le Timor Oriental en 1999 pour y massacrer 200,000 chrétiens, au point que l’ONU a été obligé d’intervenir pour chasser les tueurs musulmans ?


              • Gazi BORAT 15 juillet 2008 10:36

                Et pendant ce temps, Jean Marie Le Pen est obligé de vendre des voitures d’occasion pour suivivre.

                Sic Transit Gloria Mundi...

                gAZi bORAt


              • rocla (haddock) rocla (haddock) 15 juillet 2008 09:01

                Omar il a fait ça en themidor  ?


                • Sahtellil Sahtellil 15 juillet 2008 10:52

                  Et pourtant, dès qu’il s’agit de lui tomber dessus à bras raccourcis, à l’occasion notamment d’un certain mariage ch’ti (exemple non exhaustif), on vous découvre brusquement plus loquace... Et très savant !!!

                  BMD


                • franc 17 juillet 2008 17:20

                  l’auteur a tord d’exposer ses propres pensées ou celui d’un intellectuel aussi éminent soit il comme étant des principes islamiques ou représentant l’Islam en général

                  Comme il n’y a pas d’Eglise en Islam ,chacun peut concevoir et interpréter sa vision personnelle et particulière de l’Islam,la meilleure comme la pire


                  • Kieser 17 juillet 2008 19:54

                    @franc,
                    bonjour et merci de votre commentaire...
                    J’ai pris soin de préciser ceci en tout début d’article :

                    "il m’est donc apparu important de retranscrire ce que l’on m’en avait enseigné et qui m’a profondément marqué, au point que ces percepts conduisent toujours mes méditations du moment sous l’égide de la raison. Plus tard, affranchi des indications parentales, j’ai pu explorer les textes fondateurs de l’Islam, dont le Coran, mais pas seulement... "

                    Je n’ai jamais prétendu parler au nom de l’Islam en général. C’est aussi une manière de sortir de la vision monolithique de l’Islam ou d’une quelconque religion ce qui, d’ailleurs, renvoie le plus souvent, à nos propres préjugés...

                    Le propos est vrai pour n’importe quelle religion. La soumission à un clergé ou à un dogme est une aliénation et je veux aussi dire que les religions, de quelque ordre qu’elles soient, appartiennent à tous, nul n’a le droit de s’en arroger le contenu. Il serait temps de sortir des aliénations, des dogmes et autres vérité absolues.

                    C’est dans cet ordre d’idées que j’ai évoqué l’interprétation de deux autes penseurs, pour bien souligner que les visions peuvent et doivent être multiples. Je n’ai pas cité leur propos, j’ai renvoyé le lecteur à leurs écrits, pour ceux qui voulaient en savoir plus.

                    Vous dites aussi que j’ai eu tort de parler au nom de l’Islam... Mais pourquoi donc ne le pourrais-je pas ? Au nom de quoi ne pourrais-je pas me servir des paroles d’un Livre pour témoigner de mon vécu ? C’est bien cela qui fait hurler les intégristes et autres fondamentalistes. Ils s’en octroient le contenu et l’exégèse qu’ils cherchent à imposer à tous.

                    Les livres sacrés appartiennent à tous !
                    Cordialement

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