Et si la laïcité militante favorisait le fanatisme ?
La laïcité d’Etat et l’esprit de dérision à l’égard des croyances sont-ils vraiment les meilleurs remparts contre le fanatisme religieux et le terrorisme associé ? Attentats, islamophobie, antisémitisme... Les événements français récents permettent d'en douter.

Faut-il vraiment se moquer les symboles de nos croyances, que ce soit le visage du Christ, celui de la Vierge Marie, celui de Moïse ou de Mahommet ? N'existe-t-il pas un devoir de respect envers toutes les croyances ? Ce qui n'empêche pas de les critiquer dans leur fondement, d’une manière historique et scientifique. La pente qui conduit de la caricature au mépris de l’autre est dangereuse. Elle s'inscrit dans une désacralisation de la société qui est particulièrement française. On a tort de mettre sur le même plan les attentats qui viennent d’advenir en France et ceux qui se sont déroulés aux Etats-Unis le 11 septembre 2001. Certes, ils se ressemblent dans leur violence et leur mépris de la vie humaine. Cependant, les pays où ils ont eu lieu sont différents : d’une part les Etats-Unis, un pays religieux, protestant « In God we trust » « God bless America » ; d’autre part, la France, une république laïque. Cette nuance est d’une grande importance.
Les États-Unis, mieux armés spirituellement ?
Face à la menace islamiste, c’est-à-dire celle d’un système religieux poussé à ses extrêmes, les Etats-Unis sont en mesure d’opposer une autre foi, un autre dogme, une autre spiritualité. La France n’en a pas les moyens. La République, la laïcité, les Droits de l’Homme issus eux-mêmes de la Révolution française ne sont pas à la mesure du défi. Ils n’ont pu jadis empêcher ni l’affaire Dreyfus, ni Vichy. Ils ne pourront faire face au nouvel extrémisme. La laïcité est un concept négatif. Elle est un déni. Elle ne prend pas en compte l’homme dans son identité pleine et entière. Elle constitue un déficit symbolique.
Seule une « laïcité positive » peut faire face à l'intégrisme religieux.
Comment ? En permettant aux différentes spiritualités qui contribuent à l'identité française, de s'exprimer : le catholicisme,le protestantisme, le judaïsme et la religion musulmane. Des symboles sacrés sont aujourd’hui nécessaires à côté des Lumières. Le terrorisme qui nous frappe n’est que le visage inversé de la perte de nos valeurs. Le choix du gouvernement actuel est d’éroder la spiritualité au profit de la laïcité absolue qui conduit à l’indifférenciation et renforce encore le déni des identités. Un ancien premier ministre a récemment prononcé cette phrase « En France, il ne peut y avoir de spiritualité ». Il voulait dire sans doute, qu’il n’y avait de place que pour la laïcité. Mais ce déni de spiritualité est terriblement dangereux et la réponse vient de lui être apportée, nette, claire, incontournable.
Front National : le faux recours
Il est probable que des mutations politiques importantes vont advenir dans les prochains mois. Le ventre mou, le « neutre » ne pourra pas y résister. Le Front National apparait, au milieu de la confusion des partis, et de leurs bassesses, comme une alternative à l'absence de valeurs. Il propose un retour à la Nation. Ce n’est pas la solution bien sûr. Cependant sur l’échec des partis traditionnels, le nationalisme, comme dans les années 30, peut apparaitre à certains Français comme capable de répondre à l’attente. Pourtant les problèmes ne pourront se résoudre que dans le cadre de l’Europe. L’Italie, l’Espagne, sont des pays catholiques. La Grèce est Orthodoxe. L’Angleterre et l’Allemagne sont des pays protestants. Leur religiosité les rend davantage capables de résistance.
Une Europe spirituelle ?
C’est l’Europe et sa spiritualité qui est la juste réponse à la barbarie. Non pas la France des seuls Droits de l’homme et des Lumières, mais l’Europe des cathédrales, celle de la Renaissance et celle de l’habeas corpus anglais, celle de la Liberté. Il ne s’agit pas de passer outre aux Lumières, mais de les situer aux côtés des spiritualités qui reposent au plus profond de l’âme de l’Europe. Qui ne verra par ailleurs que les terroristes sont issus de nos banlieues, qu’ils viennent de l’exclusion et que la France a été incapable de les intégrer. La République, les Droits de l’Homme, la laïcité, ont été impuissants à répondre à leur désir d’intégration.
On s’étonnera que des jeunes Français aujourd’hui rejoignent le djihad. A quel degré de désespoir faut-il qu’ils soient arrivés, de dégout de leur propre pays, pour ne trouver que dans le fanatisme extrême d’une autre religion, une réponse à leur exigence d’absolu ? La jeunesse a besoin d’idéal. Hier ce fut la Résistance, puis les grandes utopies révolutionnaires. Aujourd’hui il n’y a presque plus rien. La solution réside dans la reprise en compte au sein de l’Europe, de nos différentes forces spirituelles. Seule la définition d’une nouvelle relation au sacré pourra faire face aux défis de notre temps.
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