Faute et sexe dans les communautés polythéistes et plus largement païennes, mais aussi dans le monde occidental - et Joyeux Noël !
Dans cet article, nous traiterons de choses démentielles, en ce sens qu'elles dépassent de beaucoup le quotidien, et qu'il faut peut-être en prendre la mesure, si possible, pour apprécier sa teneur. « Tout » part d'un constat au sein de la, ou plutôt des, communautés polythéistes, plus largement païennes, qui s'expriment online, mais qui existent aussi IRL (in real life, dans la vie réelle) – les unes recoupant parfois les autres, sans nécessité, et réciproquement. Ce constat, c'est l'observation des dynamiques à l'oeuvre, concernant les moeurs quant à la faute et au sexe.
Mais d'emblée, il faut dire que cette dynamique ne concerne pas que les communautés évoquées : les communautés évoquées en sont, en quelque sorte, un genre de baromètre. En effet, ces communautés, en tant qu'elles se placent doublement « à faux » par rapport à l'héritage monothéiste et par rapport au devenir-laïc de cet héritage, présentent l'avantage d'en être des réceptacles originaux.
Ainsi, tout comme en médecine les phénomènes originaux permettent de comprendre rétroactivement les phénomènes normaux, ces communautés permettent de comprendre rétroactivement la société normale – si seulement elle existe.
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Le conte des mille et une orgies
C'est régulièrement une chose qui vient à l'esprit, quand on parle de sexualité païenne. On envisage aussitôt le group sex, comme disent les sites pornos. D'ailleurs, quand vous ne faîtes rien qu'approcher online le monde du libertinage, vous tombez vite sur des pseudonymes tels que PAIEN ou PAIENNE_DU_31 – en l'occurrence des habitués du Privé, à Toulouse. C'est-à-dire qu'étymologiquement, païen procède de la même racine que paillard.
Pour être précis, il s'agit d'abord du paysan. Païen vient du latin paganus, rustre/local. Les pagi désignaient les contrées, les « pays » (même racine) que nous désignions récemment encore en parlant de terroirs (on en entend de moins en moins parler, ils sont invisibilisés dans les médias). L'époque où l'on disait pagi (singulier pagus) était romaine, mais Rome, bien qu'imposante, a globalement coopéré avec les territoires inclus de gré ou de force à sa Pax (comprendre : sa sécurité avant tout).
Celle qui ne voudra plus coopérer avec les territoires – bien que l'Histoire des rapports de force est toujours plus complexe – c'est l'Eglise romaine/le Vatican (étymologiquement la colline des vates, des devins). Le Vatican généralisa l'usage méprisant du terme paganus contre l'ensemble des Anciennes Coutumes religieuses : culte des Ancêtres familiaux, des Esprits naturels, des Divinités ethniques.
Les choses se sont passées ainsi, parce que dans les contrées soumises à son pouvoir, le Vatican a mis des siècles à imposer sa foi, puisqu'il essaima d'abord à partir des villes, dans un monde dépeuplé par rapport à nos jours, où les ruraux constituaient la majorité de la population, sans média de masse – d'aucuns diraient que c'était un temps béni, qui d'ailleurs existait encore voilà moins d'un siècle, dans son genre ! Toujours est-il que le regard méprisant porté sur la ruralité, par nombre d'urbains aujourd'hui, est un héritier diffus du Vatican.
Ainsi, si c'est le conte des mille et une orgies qui nous vient d'abord à l'esprit, quand on parle de sexualité païenne, c'est parce que nous sommes toujours conditionnés par la mentalité vaticane, ecclésiastique, œcuménique. Un travail de propagande a été réalisé ces derniers siècles, qui a abouti à ce que des gens se croient un peu « rebelles » ou « divergents » en fréquentant par exemple le Privé à Toulouse, en se surnommant PAIEN et PAIENNE_DU_31 (sans parler de Philippe Katherine déguisé en Dionysos bleu, à la cérémonie d'ouverture des JO de Paris 2024).
Le conte des mille et une flagellations doloristes sadomasos pécheresses, dans les monastères et les couvents
Un autre conte existe évidemment. Ce conte vise directement la chrétienté, surtout catholique, quoi que ni les protestants, ni par ailleurs les juifs ou les musulmans, ne soient épargnés. Nous allons voir que s'il s'agit déjà d'un cliché antichrétien, c'est aussi plus complexe avec les juifs et les musulmans.
« Tout » partait du péché originel. Enfin je ne vous apprends rien : le Dieu exclusif a créé Adam qui lui demande de la compagnie, alors est créée Eve à partir d'une de ses côtes. La faute est présente : avant cette faute, Adam et Eve étaient niais ; après cette faute, ils sont honteux [1].
Le conte des flagellations doloristes sadomasos pécheresses, dans les monastères et les couvents, a la vie dure puisqu'il est mis et remis en scène dans les films simili-historiques, les films d'horreur, les clips de musique et... les salles dédiées des clubs libertins – pour le plaisir singulier. Singulier est ce plaisir en effet, dont il fit une contrition chrétienne au point qu'on invente pour lui, la notion de dolorisme : cette manière de se faire souffrir non pour le plaisir, mais en sacrifice pour rejouer la Passion du Christ – non dénué de prétention à sa manière [2].
Le fait est que la Révolution française fit plus de morts en trois ans, que l'Inquisition en trois siècles, selon les estimations des historiens. Les sorcières, qui comptaient 30% de sorciers en moyenne – jusqu'à 50% en Scandinavie et 90% en Islande ! [3] – ont avant tout été condamnées par des tribunaux publics, pendant que l'Inquisition cherchait à réhabiliter « les brebis égarées » plutôt qu'à les rôtir. Les monastères et les couvents furent quelques fois des lieux de certaines paillardises, avant que les règles ne s'instaurent.
Les mauvaises langues diront « pas étonnant qu'advint la pédophilie » mais statistiquement, la probabilité de tomber sur un ecclésiastique pédophile reste moindre que celle de tomber sur un laïc pédophile : en vouloir aux ecclésiastiques est surfait, quoi qu'ils soient pris en flagrant délit de contradiction catéchistique – mais les « néopaïens » qui leur adresse ce reproche sont plus évangélistes que les Evangiles. L'époque féodale fut une époque rude mais aussi joyeuse à sa manière, encore que « la joie de Dieu » se veuille austère.
En fait, si nous rabâchons tellement le conte des flagellations doloristes sadomasos pécheresses, dans les monastères et les couvents, c'est que nous avons été conditionnés par le monde bourgeois et ses médias, qui sécularisa la contrition dans « la valeur travail » et « la fructification du capital », au moment même où la bourgeoisie s'émancipait du christianisme, en s'émancipant du féodalisme avec la révolution industrielle, qui règne encore.
N'idéalisons rien mais ne dénigrons rien, non plus.
Quid des communautés polythéistes, et plus largement païennes ?
Nous distinguons les communautés polythéistes et païennes, en ce sens que les communautés polythéistes peuvent certes être jugées païennes par les monothéistes ou les laïcs (qui reprennent ce vocable de païen hérité) que ces communautés polythéistes gardent un caractère plus traditionnel que les communautés païennes au sens large. Communautés païennes qui dérivent souvent vers des formes de New Age et autres fallaces voire politicardises – même quand elles contiennent, facultativement, du polythéisme [4].
Mais enfin ces communautés, quelles qu'elles soient, ont permis de quintessencier la dynamique de la faute et du sexe, car elles sont traversées par ces attitudes. D'une part, par héritage monothéiste subconscient ; d'autre part, par revendication antimonothéiste-propolythéiste-propaïenne consciente... cette revendication serait-elle caricaturalement sommaire (or, elle l'est, caricaturalement sommaire) car elle agit dans le sens monothéiste de sa diabolisation.
Du vague panthéisme physicaliste pré-libertin
Le burlesque (c'est le cas de le dire...) vient de ce que les païens lambda, sans avoir à être adeptes du libertinage – mais en incluant ses adeptes – sont les premiers à affirmer un vague « panthéisme », par lequel ils ressentent des frissons jusqu'aux afflux sanguins dans leurs organes génitaux.
En fin de comptes, ces « panthéistes » correspondent à n'importe lequel de nos concitoyens, la revendication simili-païenne en plus, mais ne se distinguent absolument pas des incroyants lambda, qui sans « panthéisme » vivent d'un physicalisme impensé... jusqu'aux fadaises « bouddhiquantiques » du New Age en forme de « transpersonnalisme anges-et-démonologique extraterrestre » parfois.
La mode de « l'éso complo »
Vous avez l'arcane numéro XV du tarot de Marseille qui vous représente le Diable en androgyne dominant sado un homme et une femme soumis masos. En-deçà de tout hermétisme, mais aussi de tout occultisme, et surtout de tout symbolisme... cette représentation est la sempiternelle caricature chrétienne des passions, par laquelle tous les complotistes s'imaginent que l'économie occidentale est régentée. Les fables « templières » ne sont plus loin [5].
Enfin à ce stade, les sorciers pointent le bout de leur nez, qui jubilent en songeant à la contournable figure d'Aleister Crowley et ses petits jeux en magie sexuelle. Pourtant, tous les sorciers (« quand je parle des hommes, j'embrasse toutes les femmes » disait Victor Hugo) ne sont pas adeptes du Baphomet, ni ne recherchent la transcendance sexuelle, ni même la sexualité tout court [6].
D'ailleurs la contrition, la pénitence, la chasteté, le célibat, le recueillement, l'oraison, etc. sont bels et bien des techniques magiques afin de canaliser la volonté (le vœu, la prière). C'est le principe de toute ascèse, et les culs-bénis anosognosiques (qui ignorent ce qu'ils font) n'ont pas été des prétextes à films d'horreur pour rien, car ils charrient... au point que l'on doive parler, à ce sujet monothéiste, de magie sexuelle aussi !
#DélationPriape
Epoque oblige, le désir masculin maître de soi terrorise et énerve de plus en plus, les personnes susceptibles et tordues. Surtout des femmes, au prétexte des viols et autres violences... qui existent tristement, qu'il faut certes pouvoir condamner comme tout viol et violence. Hélas, on ne parle jamais de sa relativité statistique dans l'ensemble de la population : on généralise militamment à tout l'univers, en occultant la réalité des viols et violences subis par des hommes, ainsi qu'entre partenaires homosexuel·le·s : c'est qu'il ne faut pas compromettre l'activisme et ses bonnes moeurs, vous comprenez ?
C'est-à-dire que l'enfer est pavé de bonnes intentions, et que les prudes – comme toujours quand il s'agit de moralisation publique – ont imposé leurs propres formes de dominations et d'hypocrisies. Parfois, rarement, ce sont des victimes qui ont osé s'exprimer et militer ; la majorité du temps, ce ne sont que des rapporteur·se·s, qui se donnent bonne conscience... en donnant mauvaise conscience. Nouveaux tabous et omertas à l'époque du porno, au prétexte de libération sexuelle ?
La moyenne d'âge du premier rapport sexuel était de 17 ans et demi ces cinquante dernières décennies ; depuis les années (20)10, elle est passée à 18 ans et demi. Seuls les puritains y trouvent du bon. Il est vrai que, de nos jours, l'émancipation de la jeunesse est attardée par le phénomène Tanguy (études supérieures), lui-même dépendant du déclassement économique généralisé (tout le monde vit plus longtemps chez papa-maman, c'est la débandade). Pourtant, le porno excitait tous les fantasmes, sachant qu'on a toujours fantasmé une activité sexuelle décuplée chez les jeunes...
Il en est pour qui la moindre manifestation de désir masculin, s'apparente à du priapisme, et on pratique la délation. Des étudiantes vont se plaindre à la police, qu'un étudiant leur a proposé... de les raccompagner ; de respectables étudiants préfèrent nager dans la nature sans étudiante... par crainte de fabulations idoines ; aucun·e d'entre ell·eux ne sont des homosexuel·le·s, pas même refoulé·e·s, car iels n'ont rien d'homophobes (au contraire).
Alors, dans les milieux polythéistes et plus largement païens, la méfiance s'immisce aussi. On s'ébaubit volontiers, wiccans communs, à propos de « la Déesse » (dite Triple) sans plus de qualification, dominant « le Dieu » (dit Cornu). C'est à se demander s'il ne porte pas des cornes, parce qu'on le trompe ?
Voilà comment, en 2024, les stats donnent en tête la formation des couples, au prisme des sites de rencontre, bien après les lieux de travail, d'études ou de loisirs – et évidemment encore plus après les familles. C'est tout bénef pour la bourgeoisie matrimoniale. C'est que, inscrit·e·s sur ces réseaux, les personnes sont bêtement rassurées par écrans interposés : elles se disent que, au moins, ici, les objectifs sont clairs, où chacun·e peut next autrui sans vergogne... Un vrai plan marketing ! auquel il ne manque qu'un chief officer en forme de life coach personnel...
Et pourtant – je ne veux foutre les boules à personne – on ne voit pas comment ça pourrait ne pas tourner aussi mal qu'ailleurs ! C'est-à-dire qu'ailleurs, ça a toujours tourné majoritairement bien. Aucune raison qu'un site de rencontres fasse une différence, à ce niveau. (Et ce seraient les néopaïens, les supersitieux ?)
Puritanisme, prostitution
Les Etats-Unis sont souvent pris pour cible. Leur mentalité WASP (White Anglo-Saxon Protestant) est taxée de puritaine. Mais que la France remette un peu les yeux en face des trous : en 1946, elle ferma les maisons closes, au prétexte que leurs tenanciers furent collabos... En 2016, une loi pénalise les clients de prostitué·e·s (ce qui est foutrement alambiqué)... Or, paradoxalement, la France avait été réglementariste un siècle plus tôt, c'est-à-dire qu'elle avait permis une relative sécurisation du métier. Tout est à l'envers, tandis que nos voisins européens sont réglementaristes.
C'est donc la France, son aire culturelle francophone, mais aussi son rayonnement étranger... qui est devenue particulièrement chaste, prude, pudibonde, moralisatrice, puritaine. Rien à voir avec l'époque ancienne, qui certes n'a jamais été rose avec les prostitué·e·s. Tous les philosophes et psychologues du développement, savent que le sexe & la mort vont de paire. Le dépucelage est une expérience de l'autre au plus près de soi, en soi, par soi. Le dépucelage nous révèle limités dans le désir. Ça promet une potentielle reproduction : c'est-à-dire une responsabilité intergénérationnelle, impliquant notre propre finitude, notre vieillissement, notre extinction.On ne peut s'étonner que la Déesse romaine de la libido, Libitina, soit aussi associée aux... cadavres ! anglais corpses, comme notre français corps... Où donc, le puritanisme est d'héritage monothéiste – avant tout – et l'aire d'influence française perpétue sa mentalité de « fille aînée de l'Eglise » – soit d'une gouvernante, d'une mégère, sexuellement frustrée, qui retourne ses angoisses sexuelles contre le monde.
Focus animiste [7] – au centre : le préjugé anti-romain – nature de l'orgiasme
Comme on commence à le comprendre, les traditions polythéistes/animistes n'ont jamais été sans faute, c'est-à-dire sans délimitations du désir. Ce n'est pas parce qu'a priori la sexualité n'y semble pas condamnée, qu'elle était libertine. Pour reprendre l'exemple le plus supposé trash – celui de l'orgie – il est à noter plusieurs choses :
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L'orgiasme (avec le I de orgie, comme glissé là pour l'orgasme – jeu de mot qui fonctionne en français) concerne un ensemble de pratiques extatiques : ivresse, danse, transe... dont le sexe est régulièrement absent ;
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L'orgiasme (toujours lui) était une pratique rituelle, c'est-à-dire qu'il relevait d'un temps sacré – celui des fêtes et des mystères divins, – n'appartenant pas au quotidien. En fait, sa pratique la plus explicite concernait l'Ibérie (comme la Gaule, un collectif culturel de clans, mais inspirés et colonisés par les Puniques ou Phéniciens occidentaux et les Hellènes) de sorte que leur mal nommée « prostitution sacrée » (car il s'agit avant tout de hiérogamie, d'union avec une représentante humaine de la Déesse Tanit, en souvenir de son accouplement avec Eshmoun) était elle-même exceptionnelle – voire réservée aux prêtres et rois, en rite de fécondité ;
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Jamais l'orgiasme ne fut dénué de sacralité, ni ne s'est donc réduit à des partouzes. Si nous bavassons tant au sujet des partouzes romaines, plus ou moins pour les envier ou les épingler, c'est avant tout que Rome fut une civilisation opulente, avec ses excès – qui paradoxalement interdit les Bacchanales dès l'an 128, fête hellénique pouvant donner lieu à des licences sexuelles en l'honneur de Dionysos (romain Bacchus) surtout de la part des Ménades (ses prêtresses).
C'est-à-dire qu'il s'agissait, avant tout, de contrôle social, et que les partouzes romaines valaient le clubbing libertin, en plus occasionnelles... sachant que même les libertins actuels, ont une pratique occasionnelle (en dehors des fantasmes richissimes faisant bavasser les complotistes, à la Squid Game x Eyes Wide Shut – quoi que les trafics prostitutionnels et pédophiles internationaux existent terriblement bien).
Comprenez que la chair se lasse, où même l'antique école cyrénaïque – école de l'hédonisme ce qui s'appelle l'hédonisme [8] – préférait logiquement éviter la lassitude de la chair.
Culte de la fertilité, pour la maisonnée
Il faut vraiment se remettre dans le contexte de sociétés agraires. Nous vivons aujourd'hui à 75% urbains, du fait de l'économie agroindustrielle.
Cette économie n'est pas à caricaturer : elle nous évite bien des famines et épidémies... encore qu'elle soit inégalement répartie sur la planète – comme toute l'économie – et que – comme tout complexe mégacorporatif – elle génère des déséquilibres sociaux, politiques et écologiques, dont elle cherche à étouffer les enquêtes, les affaires et surtout les scandales : c'est la logique bourgeoise, privative, du monde contemporain.
Nos Ancêtres, même et surtout Romains – du fait de leur rayonnement culturel jusqu'à nos jours – vivaient dans un monde agraire, dont Saturne était le Premier Dieu. Tout ce que nous nommons leur civilisation, reposait sur l'exploitation de maisonnées supportant la richesse des lignées.
Comme en Hellas (monde hellénique) il n'y a pas de citoyenneté sans maisonnée (d'ailleurs, la racine du mot économie désigne, en grec, la maisonnée : οἰκονομία, oïkonomia – il n'y a pas de hasard à ce niveau-là ; nous ne parlons plus désormais que des ménages, déprivés par la bourgeoisie et modélisés sur la famille bourgeoise).
Joyeux Noël ! – Saturnalia, et autres Lupercalia
Les Saturnalia étaient la romaine « période de Noël » (ça tombe bien !) conclues par la célébration du Sol Invictus – Soleil Invaincu – au 25 décembre ; Noël provient du latin Dies Natalis, Jour de Naissance dudit soleil et jour ayant connu un succès certain, lorsque les chrétiens décidèrent d'y célébrer « le petit Jésus ». Or, les Saturnalia étaient l'occasion de débordements, parmi lesquels des licences sexuelles.
Les prudes qui dominent aujourd'hui l'espace public, crieraient aisément à l'attouchement et à la violence sexuels pour cela. Rien ne nous dit que personne n'abusa de ces licences, c'est certain. Ainsi, nous pourrions imaginer – pour les prudes, largement héritiers de la vision chrétienne – les Saturnalia comme une période effrayante, digne des films d'horreur à la American Nightmares (c'est que Hollywood cultive les pruderies bourgeoises, tandis que des bourgeois ne sont certes pas dénués de salacité).
Quoi qu'il en soit, comme pour les Lupercalia – devenues chastement Saint Valentin sous le coup des chrétiens – il s'agissait d'exhausser la fertilité. Saturne est le Dieu des sarments, on l'entend toujours dans la racine des mots en français. Les Lupercalia toutefois, étaient doublement dédiées à la Louve romaine nourricière de Remus et Romulus, et à Faunus – hellénique Pan. Les Lupercalia s'enracinent donc dans la génération sauvage et naturelle, et les femmes désireuses d'enfanter se laissaient volontairement, cultuellement, flageller les cuisses par les Luperques (prêtres idoines).
Caricatures monothéistes
Bref, comme avec tous les polythéistes/animistes, les chrétiens ont essentiellement caricaturé les Romains qui étaient avant tout centré sur la fertilité... Cette caricature était d'autant plus facile pour les chrétiens à l'époque, que les plus rigoristes parmi eux – Romains – condamnaient déjà les dérives, moralisateurs, en parlant d'une « décadence » – décadence, qui n'adviendrait vraiment... qu'avec la domination chrétienne !
Les chrétiens, en termes de rigorisme, n'eurent plus qu'à s'inspirer de tels réactionnaires entre les Romains (en plus de l'idéalisme néoplatonicien) pour qu'advienne la morale antisexuelle du péché originel, saint Augustin en chef (un grand libertin qui finit par se haïr soi-même) [9].
Vraiment, il est très difficile pour un Moderne, de se remettre dans l'optique de cet univers magique, au sein duquel les actes religieux prennent un sens non-pragmatique spirituel – surtout à propos de sexualité. Notre salacité est aux aguets, là où il s'agissait globalement de piété cosmique.
À propos de... l'homme aux sexualités – le pédéraste
Je dois balancer une énormité : « l'homosexualité n'existait pas ». Mais je ne balance pas cela, pour rejoindre les rangs de ces néopaïens – généralement d'extrême-droite – qui prétendent que toutes les notions employées par les Anciens, référaient avant tout à des formes, de ce qu'on qualifierait aujourd'hui de bromances (de l'anglais pour frère et romance, implication émotionnelle forte dans une amitié sans attirance).
Il est vrai qu'à force de ne vouloir offenser aucune minorité, on finit par oublier que les bromances sont la norme (ou, surtout, plus connues, pour faire bonne mesure : les « sismances », sisters/sœurs et romances, sensibles derrière ce qu'on qualifie aussi les sororités). Oubliant que les bromances sont la norme, on fabule salaces de l'homosexualité partout : même des gays, trouvent salace une telle fabulation.
Néanmoins, des plaisirs infertiles existaient d'homme à homme, au corps à corps, encadrés par une morale du pouvoir – un peu comme le cliché de nos prisons, sans emprisonnement, et dans des contextes éphébophiliques : la maturité se penchait sur la juvénilité, ce qui s'appelle proprement pédérastie. De nos jours, les gays ne sont pas pédérastes, ou alors ils veulent rejouer cette dynamique, pour le plaisir : ce vieux bougre qui initie un jeunot (André Gide y connaissait quelque chose d'Immoraliste, mais Emmanuel Macron a préféré un autre ouvrage de Gide sur sa photo présidentielle).
Enfin au sens pédéraste que l'homosexualité n'existait pas : le plaisir interfémoral (friction du pénis entre les cuisses) était tout aussi, voire plus, prisé que le plaisir anucoïtal et, quoi qu'il en soit, le partenaire mature devait toujours être en posture dominante sur le partenaire juvénile. Au reste un esclave sexuel, en position soumise toujours, ne gênait personne. Mais on est bien loin de nos modernes « couples gays ».
D'autres amours viriles
Quittons un peu la Méditerranée pour les Anciens Danes : chez eux était jugée argr, ergi (lopette) certaine attitude. Un tel jugement était infâmant, et engageait l'honneur jusqu'au sang et la mort. L'extrême-droite, en ce sens, croit pouvoir se revendiquer du monde germano-scandinave sans vergogne – il faut dire que le polythéisme dane a surtout été porté par l'extrême-droite, courant XXe siècle.
Sinon que dans le mythe, le Jötunn Loki juge ainsi le Dieu Odin parfois, qui accueille même Loki entre les Dieux, sachant que le Jötunn est tout à fait argr, ergi dans la démarche : on devine que les choses n'étaient pas aussi claires que cela, au quotidien, et que c'était avant tout d'être jugé tel publiquement, à l'occasion d'une volonté d'esclandre, qui affectait. Exactement comme chez les Méditerranéens... de la part des moralisateurs !
Mais, plus encore, rappelons ce que nous évoquions plus haut : la majorité des sorciers (hommes) étaient islandais et scandinaves, condamnés durant la féodalité. La conclusion logique qui s'impose [3] est que c'est le christianisme (étant donné que même Odin apprend la magie de la sensuelle Déesse Freya) qui généralisa l'idée que la magie était argr, ergi. En plus des völur (singulier völva, devineresse) il y avait bel et bien des gandrmenn (singulier gandrmaðr, homme loup au bâton) qui d'ailleurs furent, dommageablement, amalgamés aux druides celtes, durant la féodalité britannique.
Les Celtes furent dénoncés par le Romain Diodore de Sicile, pour être des hommes faciles : « Ils dorment à même le sol sur des peaux de bêtes et se couchent parfois avec des hommes, en choisissant des jeunes d'une beauté remarquable comme partenaires. Ils ne considèrent pas cela comme honteux, mais comme un signe de leur amitié. » Mais c'est curieux comme cette ethnologie relative, ne frappe pas Diodore quant aux Hellènes – desquels pourtant Rome s'inspirait. Le voisin est toujours plus crotté que soi...
Obscures blagues à part, l'antique finalité fut toujours la reproduction – comme si cela avait changé de nos jours, pour que l'espèce ne s'éteigne pas !... Hommes et femmes devaient s'accoupler, voire se marier, du moins « concubiner » – encore qu'ils avaient l'aide de toute la communauté pour l'éducation des enfants, à commencer par leurs proches parents, solidaires, proximaux, souvent liés à la même maisonnée ou au même clan. La mortalité infantile était grande, un quart des femmes mouraient en accouchant, mais ces caps franchis on n'avait pas une espérance de vie si dégueulasse, dans des conditions stables (60-80 ans).
La condition féminine, justement
Cette apparence de liberté, n'empêcha jamais qu'on restreigne les femmes, par risque d'enfantement sans ressource. Mariées, elles étaient gardiennes du lignage. Mais au-delà des mondes gréco-romains, elles pouvaient parfois divorcer sur leur initiative. Inversement, l'homme celte et germain entretenait parfois une concubine en plus de son épouse... s'il en avait les moyens – souvent aristocrate : c'est donc que des femmes acceptaient cette place au sein du foyer. Mais c'est que ça n'engage pas la lignée de l'homme. Les enfants, répétons-le, étaient élevés par la communauté avec leurs parents pour référents, ou confiés à un parrain – pratique du forsetage – pour l'éducation aristocratique (et druidique, qui ressortait de l'aristocratie).
Ne fabulons pas sur les facultés abortives ou contraceptives tirées de sorcières pratiques... si l'avortement ou la contraception étaient choses simples, sans risque sanitaire, leurs pratiques auraient été aisées et sûrement aussi généralisées qu'aujourd'hui. Mais ça n'a pas été le cas.
Et gare à ne pas subir un viol, ce malheur était considéré comme une souillure : on vous a déjà dit que l'assurance du lignage était importante, et de toutes façons aucune femme ne sort heureuse du viol (bien qu'il soit tragique de redoubler ce malheur d'un délaissement...).
Pour autant, le concubinage et le batifolage étaient la norme dans les couches populaires, c'est-à-dire la majorité : le mariage est une institution généralisée depuis la Renaissance féodale seulement ! La période des menstrues était, par ailleurs, sacralement disqualifiante.
Ne féministons pas (trop)
Un certain féminisme croit bon de plaindre Méduse, car après avoir été violée par Poséidon dans le temple de la chaste Athéna, la Déesse a maudit Méduse en la transformant en Gorgone (le monstre pétrifiant du regard, à tête de serpents). Athéna fit cela, non par antiféminisme : par sacrilège de la chasteté dans son temple. Oh bien sûr, Poséidon était responsable – mais Poséidon est un Dieu. Ce n'est donc pas une affaire d'antiféminisme, mais d'ordre hiérarchique.
Au lieu d'y voir de l'antiféminisme, trouvons-y une métaphore : les femmes violées – que leur agresseur soit ou non puni (surtout s'il n'est pas puni, évidemment) – vivent dans l'horreur, et voudraient pétrifier quiconque s'approche d'elles, par défiance bien compréhensible.
Dans le mythe, la venue du héros Persée qui parvint à l'occire, peut être considérée comme un second temps, délié du premier : bien que ce soit tragique pour Méduse, en tant que Gorgone (que ne sont évidemment pas les femmes violées – des Gorgones) il fallait mettre un terme à ses monstrueuses nuisances. Qu'on croie devoir défendre la Gorgone par féminisme aujourd'hui, n'est que le signe qu'on se veut monstrueusement nuisible.
D'autres mythes, mais en vitesse
Dans un autre registre – évoqué en note de bas de page 1 – le Dieu Pan chercha à violer des nymphes : elles cherchèrent refuge en bon lieu, et obtinrent protection. Plus encore, au sujet de Tanit et de son amant Eshmun – évoqués plus haut – avec une quasi, mal nommée, « prostitution sacrée ». Héphaïstos est le cocu d'Aphrodite, etc.
Chez les Danes la Déesse Sif, très populaire en tant qu'épouse du plus populaire des Dieux, Thor, a eu un enfant d'un premier accouplement (potentiellement avec Odin) : Ullr.
Chez les Celtes, on peut supposer – grâce au mabinogi de Pwyll – que la Déesse Rhiannon/Epona prit les devant, afin d'attirer le Dieu souverain Pwyll/Naudons à elle, et monter un stratagème pour l'épouser, afin de ne pas être liée au Fomoire tyrannique Gwawl/Breisillos.
L'innocence des sens
Il y avait antiquement, et ce jusqu'à la Renaissance chrétienne toujours, ce que Nietzsche appela dans Ainsi parlait Zarathoustra : l'innocence des sens. Nietzsche, toujours lui, écrivit que : « Le christianisme a donné du poison à boire à Eros. Il n'en est pas mort, mais en est devenu vicieux. »
Cela dit, plusieurs de ces mythes du désir ont quelque chose de moderne. Prenez même les prêtresses celtes de l'île de Sein, ou bien les Amazones : leurs sororités, simili-PMA et simili-collocatrices ou entrepreneuses indépendantes, est parfaitement légitime. La reine celte Mebd est réputée pour ses fornications incroyables, à passer pour nymphomane.
En ce sens, les Modernes ont renoué avec les Anciens, du moins imaginairement (car les réalités varient toujours d'une personne et d'une situation à l'autre). Les Modernes veulent renouer avec l'Ancien Eros, si on peut seulement dénouer quelque chose comme le désir – même en contexte religieux réprobateur, tel que le chrétien, et monothéiste en général. Néanmoins, nos angoisses trop modernes ne sont que des resucées monothéistes contre-désirantes.
Les amours de Zeus ne changeront rien au fait que l'Antiquité n'était pas libertine. Être un coureur ne signifie pas être libertin. Il y a eu et il y aura toujours des fautes à ne pas commettre, pour ne pas en payer le prix : Héra était là pour casser les couilles à son époux !
Bon. Je vous laisse évoquer tous les mythes qui vous intéressent, en commentaire, sans parler des joies et des horreurs sexuelles, ni des avantages et des inconvénients de chaque condition, masculine ou féminine (avec leurs altersexualités)... à commencer par les Déesses de la sensualité, ou bien les Dieux & Déesses des organes génitaux eux-mêmes – tels que Priape – qui nous fascinent toujours, et nous font péter de rire, par Crepitus !
Que le Liber Pater nous vienne en aide !
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[1] C'est-à-dire que le monothéisme problématise aussitôt l'angoisse sexuelle, véritable terreau freudien : Sigmund Freud, le juif non-pratiquant dans une société bientôt antichrétienne, qui exposa « la chose » tout en ouvrant la porte à un Carl G. Jung, hénothéiste en sa psychologie avec le Soi-Dieu principal et les archétypes-dieux, avant le polythéisme de l'âme de James Hillman dépourvu de Soi-Dieu et exhaussant les Archétypes-Dieux...
De Hillman, prenez emblématiquement l'ouvrage Pan et le cauchemar : ce queutard de Pan, qui violerait des nymphes si elles n'imploraient l'aide d'autres Dieux... Certains – surtout certaines – ne sont aujourd'hui pas loin de caricaturer Freud en Pan – même parmi les polythéistes, surtout d'extrême-droite et singulièrement pour le honnir ! Car selon eux, « il n'y aurait qu'un obsédé sexuel, pour faire de la sexualité quelque chose de névrotique »... À travers leur antisémitisme, nous sommes toujours au XIXe siècle, ère victorienne, faisant « détraqué » qui ose évoquer « la chose ».
Une ère, donc, toute de contrition encore, d'esprit de pénitence, d'une grande inspiration pour le conte des flagellations doloristes sadomasos pécheresses, dans les monastères et les couvents... sur la base de la féodalité dont on venait pour ainsi dire de sortir, avec la révolution industrielle.
Les mœurs bourgeoises étaient toujours pétries de contrition, quoi que Friedrich Nietzsche y annonça sans hésiter « la mort de Dieu ». Le Dieu exclusif y serait mort, quoi que son cadavre palpiterait encore longtemps selon le même auteur, et l'on est certes en droit de faire l'observation d'une telle palpitation.
L'existence de l'Etat d'Israël, la frénésie autour de la destruction/restauration de Notre Dame de Paris et le fanatisme islamique, indiquent-ils que ce Dieu vit toujours ? Ou bien est-ce son corps secoué de spasmes avant la fin ? Les laïcs le souhaitent parfois...
… les fidèles disent sardoniquement que « Nietzsche est mort – signé Dieu ». Ou bien, plus bêtement que « Dieu n'a pas de corps (et qu'à ce titre aucun cadavre ne peut palpiter » comme s'il ne s'agissait pas d'une métaphore, pour ne serait-ce que désigner cela, que le Dieu exclusif n'est plus la pierre angulaire les sociétés occidentales...
L'actualité est brûlante, on s'y égare, mais cela indique pourtant que nous souffrons toujours de la mentalité monothéiste. Nous disions pour ainsi dire dès le début, que la mentalité monothéiste perdurait dans la notion de païen...
[2] Bien que le judaïsme inventa la notion de « péché originel », il le laisse à Adam et Eve sans le généraliser irrémédiablement à toute la condition humaine, n'était la figure d'un Messie divinement engendré au prisme duquel ladite condition serait Sauvée. Dans le judaïsme, l'homme peut se perfectionner sans le béni hasard de la grâce, par sa droiture, eut égard à la loi biblique.
Quant à l'islamisme, la question du péché originel est absente, et compte seulement la droiture de l'homme devant le Dieu exclusif, aussi. Mais l'islamisme n'insiste pas sur le perfectionnement. Pour lui, être conforme suffit, quoi que le plus grand des djihads soit celui que l'on mène en soi-même. C'est dire que ce djihad mène à la communauté, avant tout, tandis que le perfectionnement juif en distingue – c'est le modeste Ayyub contre le méditatif Job.
[3] De quoi contester ce présupposé, que les Anciens Danes (Nordiques, Germains, Scandinaves) auraient réservé la sorcellerie aux femmes. Ce fut plus sûrement une propagande chrétienne, pour humilier.
[4] Des détails dans cet article.
[5] Encore que dans le néopaganisme, les Templiers soient surtout connus au travers des fadaises d'un pseudo-viking, qui en fait les auteurs crypto-vikings des cathédrales, grâce à l'El Dorado précolombianisé...
[6] Au contraire, ils sont nombreux à être pétris de mœurs juives, chrétiennes ou musulmanes, la sorcellerie n'étant qu'une technique sortilège, pouvant faire feu de tout bois, encore que son enracinement traditionnel soit censé attirer des faveurs culturelles auprès des entités idoines – de même que toute religion.
On peut être sorcier et cul-béni, ce n'est pas incompatible, et je mettrais volontiers les monothéistes en garde contre leurs propres magies rituelles (essentiellement théurgiques) car la Bible, en condamnant la sorcellerie, n'a jamais fait que dédier les puissances au Dieu exclusif – pour le meilleur et pour le pire.
[7] Préférons le terme d'animisme encore à celui de polythéisme, puisqu'animisme recoupe le culte des Ancêtres familiaux, des Esprits naturels et des Divinités ethniques, sans cette symétrie bizarre et réductrice que porte polythéisme avec monothéisme, tout en étant – animisme – un vocable contemporain du monothéisme, monothéisme qui se sert avant tout de la notion de paganisme, pour refouler le polythéisme européen au passé...
[8] D'ailleurs, Epicure n'a jamais été hédoniste, et fut caricaturé pour hédoniste déréglé comme toute l'école cyrénaïque.
[9] Cet alliage monothéiste chrétien est très curieux, les juifs et les musulmans ont certes de quoi s'étonner dans leurs genres, mais ils encadrent sévèrement la sexualité dans leurs genres par réaction devant leurs propres passifs phéniciens et assimilés (la hiérogamie évoquée en 2. ci-dessus) c'est-à-dire en condamnant, comme les chrétiens, « le paganisme ».
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