Le fanatisme se dit
plusordinairement d’un
zèleoutré, et
souventcruel,
pour une
religion, ou d’un
attachementopiniâtre et
violent à un
parti, à une
opinion, etc. Pour Voltaire, le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère
[1]. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités et ses imaginations pour des prophéties, est un enthousiaste ; celui qui soutient sa folie par le meurtre est un fanatique. Ainsi, quelqu’un qui prend sa religion pour un savoir est un fanatique, car il cherchera à la défendre bec et ongle comme une vérité. D’après Poulet, contrairement au doux illuminé, le fanatique est prêt, pour imposer sa loi, à tuer et à sacrifier sa propre vie. Sa foi dans son dieu, son parti, son chef, sa patrie, sa famille est exclusive ; en même temps qu’elle est quête d’un absolu, elle est corsetée dans la certitude d’avoir raison.
[2]
Il faut reconnaître que la religion a parfois encouragé les fanatismes. Les guerres dites « saintes » ont souvent été sans pitié et l’intolérance religieuse a été cause de graves injustices et de persécutions meurtrières. Le fanatique est une personne animée d’une foi absolue et d’un zèle aveugle. Un zèle qui ne manque peut-être pas d’intelligence (il en fallait pour concevoir et réussir des attentats), mais une intelligence aveugle aux souffrances des victimes et aux droits des autres. Le fanatique ne craint pas de s’attaquer à des innocents. À ses yeux, quiconque n’est pas avec lui est contre lui. Quiconque n’obéit pas aux idées et aux lois qu’il prône est un ennemi à soumettre ou à supprimer. La plus totale intolérance le caractérise.
Voyons maintenant comment se manifeste le fanatisme dans les trois grandes religions monothéistes en commençant par le christianisme.
L’inquisition est un sujet polémique à cause duquel l’Eglise reçoit beaucoup de critiques à la suite des fautes que les chrétiens auraient commises.
Dans une société imprégnée par la foi, ayant le sens de l’unité, mais non de la tolérance, et encore habituée à l’usage de la violence, on comprend que l’hérésie soit apparue comme une atteinte insupportable non seulement à la vérité, mais aux fondements même de la société
[3]. Mais on doit pouvoir trouver d’autres moyens pour le contrecarrer que de répondre par la violence.
Dans les premiers siècles du christianisme, lorsque les baptisés n’acceptaient plus la règle de la foi, ils étaient « excommuniés », c’est-à-dire exclus de la communauté ecclésiale et de la communion eucharistique, mais on les laissait libres de vivre dans la société comme ceux qui n’étaient pas chrétiens. Dès la fin du IVe siècle, cependant, les empereurs chrétiens punirent les hérétiques et les schismatiques par la confiscation des biens, l’exil et même la mort. La société chrétienne est conçue comme « cité de Dieu » et se défend avec vigueur contre les germes de désagrégation interne qui sont les faits d’hérésie, d’apostasie, de sorcellerie et de magie. C’est ainsi que s’instaure dans la chrétienté médiévale l’usage ambigu de l’Inquisition, c’est-à-dire de la recherche et de la répression systématique des « crimes » contre la foi et la société.
Tout d’abord, l’Inquisition était utilisée par les chrétiens pour combattre les Cathares et les Vaudois. En effet, en 1179, face à la multiplication des cathares et des vaudois, le pape Alexandre II et le IIIe concile de Latran, cédant à la pression des rois Louis VII de la France et Henri II d’Angleterre, invitent les princes chrétiens à sévir contre les hérétiques par la confiscation des biens et, si c’est nécessaire, la force des armes. En 1184, au synode de Vérone, en Italie, le pape Lucius III et l’empereur Frédéric Barberousse décrètent l’excommunication et l’exil contre les hérétiques et leurs protecteurs et ordonnent aux évêques de les rechercher (au besoin par des dénonciations secrètes !) et de les livrer au bras séculier, instituant ainsi l’Inquisition. En 1197, le roi Pierre II d’Aragon décrète dans son royaume la peine du bûcher contre les hérétiques. L’empereur Frédéric II fait appliquer la même sentence en Lombardie (1224), en Sicile (1231) et en Allemagne (1232).
La procédure de l’inquisition fut réglementée par le traité de Paris st le synode de Toulouse en 1229, puis par Grégoire IX, en 1231. L’Inquisition en principe dépendait du pape, mais le travail était accompli par les « inquisiteurs », souvent dominicains. L’inquisiteur, chargé d’une région, présidait un tribunal devant lequel étaient conduits les suspects. En 1252, contre toutes les normes de l’Evangile et de la tradition ecclésiastique, le pape Innocent IV autorisa l’emploi de la torture pour extorquer les aveux des suspects. Ceux qui se rétractaient avaient la vie sauve, mais étaient soumis à des pénitences plus ou moins sévères. Ceux qui refusaient d’abjurer étaient confiés au bras séculier qui les condamnait à mourir sur le bûcher. Jeanne d’Arc sera condamnée par un tribunal fantoche et brûlée comme hérétique à Rouen le 30 mai 1431
[4].
Tout cela au nom de la foi en un Dieu miséricordieux lent à la colère plein d’amour et de tendresse, qui pardonne. On dirait que l’Eglise aux XIe et XIIIe siècles avait perdu la raison. Elle se défendait depuis contre le péché et l’erreur par la prédication et les sanctions spirituelles. Cela montre que la foi est devenue un savoir qu’il faut imposer avec force aux gens, peu importe leurs avis.
B- L’islam avec le Djihad
Comme ceci l’indique, le Djihad est « la guerre sainte. » Plus précisément, cela signifie la tentative légale, obligatoire et commune d’étendre les territoires régis par les Musulmans au détriment des territoires régis par les non-Musulmans.
Le but du Djihad n’est donc pas la propagation de la foi islamique mais l’extension du règne souverain de l’islam (bien sûr, la foi suit souvent de près le drapeau.) Le Djihad est donc intrinsèquement offensif de par sa nature, son but ultime étant la domination des Musulmans sur la terre entière. Dans la sourate 9:5, le Coran affirme qu’une révélation reçue par Muhammad l’enjoignit de livrer la guerre aux idolâtres de l’Arabie pour les forcer à se soumettre et à accepter l’Islam. Aussitôt, il se livra à ce qui est désormais connu comme étant le " djihad " ou " jihad ". A sa suite, ses disciples usèrent de la force de l’épée pour étendre leur empire dans tout le Proche-Orient et en Afrique du Nord, et même jusqu’en Espagne
[5]. Nous voyons que c’est le Coran même qui autorise le Djihad, autrement dit, Dieu par l’intermédiaire de son prophète Mahomet.
Au cours des siècles, le concept du Djihad a oscillé entre deux pôles plus ou moins radicaux. La première version considère que les Musulmans qui ont une interprétation différente de leur foi sont des infidèles et deviennent donc des cibles légitimes du Djihad.
Ceci explique pourquoi les Algériens, les Egyptiens et les Afghans ont souvent été victimes du Djihad tout comme les Américains et les Israéliens. La deuxième conception, la plus mystique, réfute la définition militaire du Djihad et demande aux Musulmans de se retirer du monde pour atteindre une profonde spiritualité. Cette conception n’est pas observée.
A l’heure actuelle, le Djihad est la principale cause du terrorisme, inspirant une campagne de violence dans le monde entier par des organisations qui se réclament du Djihad :
- Le front international du Djihad contre les Juifs et les Croisés, le groupe d’Ousmane Ben Laden ;
- Le Djihad Laskar : responsable du meurtre de plus de 10 000 Chrétiens en Indonésie ;
- Harakat el Djihad el Islami : une des principales causes de la violence au Cachemire ;
- Le Djihad islamique palestinien : le groupe terroriste anti-israélien le plus vicieux ;
- Le Djihad islamique égyptien : qui a tué le président Anouar el Sadate en 1981 et de nombreux autres depuis lors ;
Le Djihad ainsi établi au nom de Dieu est une stratégie pour propager la foi en Mahomet. Le problème qui se pose consiste en un paradoxe : comment au nom d’un Dieu miséricordieux on peut se mettre à tuer son prochain ? Ce Dieu ne nous a-t-il pas donné la liberté ? Ne nous veut-il pas sincère dans notre adoration ? Si je ne suis pas d’accord avec mon prochain concernant sa religion, n’ai je pas l’autorisation de le lui dire ? Tant de questions qui se posent au sujet du Djihad islamique.
Le Judaïsme est une religion dont l’histoire est inséparable des guerres. Il s’est constitué au cours de guerres contre les Philistins, les Egyptiens, les Babyloniens, les Grecs, les Romains : l’arche d’alliance était promenée au milieu des armées d’Israël pour leur donner du courage. Sans la guerre, le judaïsme n’aurait pu se développer.
Le peuple juif est, en effet, porteur d’un projet pour l’humanité ; un projet grandiose qu’il poursuit depuis des siècles envers et contre tout : l’instauration sur terre d’une paix universelle. La notion de « paix » est, en effet, au cœur du judaïsme, et ce n’est pas un hasard si ce mot shalom, en hébreu, se retrouve fréquemment dans tous les discours des juifs du monde entier.
Dans ce monde parfait qu’ils construisent, tous les conflits auront disparu de la surface de la terre, et en premier lieu, les conflits entre les nations. C’est la raison pour laquelle les juifs militent inlassablement pour la suppression des frontières et la dissolution des identités nationales. Les nations étant censées être génératrices de guerres et de désordres, il faut donc les affaiblir et, à terme, les supprimer en faveur d’un gouvernement mondial, seul à même de faire régner sur terre le bonheur et la prospérité.
Voilà comment se présente l’idée de paix dans le Judaïsme. Nous pouvons dire qu’elle est trop idéale. Ne pas accepter l’autre tel qu’il est c’est ne pas lui vouloir du bien. Faire du monde un pays est une illusion. Tout le monde ne peut pas devenir juif. A cet effet, le problème de liberté se pose encore. A quoi bon adorer un Dieu qui parle de la paix mais dont le cœur fait la guerre ? Il serait mieux de ne plus faire partie d’une religion et de vivre en paix selon ce que son cœur dit.
De tout ce qui précède, nous pouvons conclure avec Odon Vallet, juriste et spécialiste des religions, que tous les monothéismes ont connu leur dérive fanatique. Mais l’islam reste marqué du sceau guerrier de ses origines et de ses textes fondateurs
[6]. Ne serait-il pas mieux de se tourner vers une religion, s’il y en a, qui ne veut pas croire en un être suprême quelconque qui ne lui donnerait pas la paix que de continuer à supporter les intolérances et les crimes au risque de devenir soi-même un criminel assermenté avec une conscience émoussée ?
[1] Voltaire, Dictionnaire Philosophique, article « Fanatisme », 1764.
[2] Poulet B., L’événement du jeudi, 12/01/1989.
[3] Michel Lemonnier, histoire de l’Eglise, Italie, Institut St-Gaétan-Vicence, 1983.
[4] Michel Lemonnier, histoire de l’Eglise, cf. pp279-283.
[5]Cf.
Les pratiques de l’Islam, http://pages.ifrance.com/livres/co-islam/chap8.htm#p6. (24/05/10/à 7h38).
[6] Odon Vallet, juriste et spécialiste de la religion.