Pour les spécialistes de notre civilisation d'origine judéo-chrétienne, il coule de source que le Christ est "né" dans les évangiles, ou si l'on préfère, qu'il est né, qu'il a vécu et qu'il a été crucifié comme le disent les évangiles. Et pourtant, je pense avoir montré, documents à l'appui, que l'affaire n'est pas aussi simple qu'on veut bien le dire http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-christianisme-est-il-ne-en-108280.
Pour la clarté de ma démonstration, je reprends l'affaire en présentant ici un résumé de mon argumentation en deux parties. Une première partie traitant d'un christianisme "né" dans la diaspora juive installée en Gaule. J'y explique que cette diaspora ne croyait que dans un Christ du ciel dont elle espérait la venue, et cela jusqu'au concile de Nicée, et même après. Ma deuxième partie traite d'un christianisme "né" en Palestine, qui a cru dans un Christ venu du nom de Jésus de Nazareth.
I Documents et arguments en faveur d'une naissance du christianisme dans la diaspora juive de la Gaule.

1. Vers l'an - 88, après la féroce répression d'Alexandre Jannée qui s'illustra par la crucifixion de 800 Esséniens galiléens de Bethsaïde, Flavius Josèphe écrit que 8 000 Juifs s'exilèrent.

Comme l'indique l'agneau peint sur la voûte de son église, une autre partie d'entre eux s'est installée à Gourdon, sous la protection de Mont-Saint-Vincent/Bibracte. Cet agneau est l'agneau souffrant d'Isaïe. Il évoque, là aussi, les 800 crucifiés. Il est peint au plafond comme s'il cheminait sur une représentation également peinte suggérant un chemin étoilé. Ce chemin étoilé peint sur la voûte, dans sa longueur, est l'image de la voie lactée, la voie du salut qui mène au sanctuaire de Dieu. Voyez ma reconstitution du ciel astrologique antique des Esséniens
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/avant-le-christianisme-le-107999
2. Les autres fresques de Gourdon confirment la prochaine venue du nouveau David espéré. Le tombeau du roi hébreu se trouve toujours dans l'église, sur la gauche en entrant. Une fresque rappelle sa décoration. Dans son sommeil éternel, on y voit le roi bien aimé en train de jouer de la harpe. On le voit ensuite mettre un pied dehors comme pour en sortir alors que Marie enfante le nouveau David sur le tombeau même.
La mule va chercher le nouveau roi au cénacle de Jérusalem. Joseph annonce qu'un enfant va naître du ventre d'une Marie enceinte, entre le boeuf et l'âne, mais le corps de l'enfant n'est qu'ébauché par quelques traits. Nous sommes toujours dans l'espérance http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/cleopas-le-christ-oublie-des-31893

3. Ce sauveur qui va naître, fils de Joseph et de Marie, s'appellera Cléopas, un nom qui n'est probablement pas sans rapport avec Alexandrie où la communauté juive était nombreuse (cf. Cléopatre). Il se fera reconnaître, quand il viendra, en faisant le geste d'offrande des prépuces. L'inscription IHS qui est écrite au-dessus de sa tête - in hoc signo - signifie en effet que c'est par ce signe qu'on le reconnaîtra.
4. Le messie attendu descend du ciel en armes. Nous sommes toujours vers l'an - 88, bien avant la guerre des Gaules. Dans un mouvement accéléré de l'univers, il s'est avancé entre l'ange Gabriel et Marie. Il porte l'armure et le carquois de flèches d'Apollon. Ce qu'on voit de son aile montre qu'il est encore volant dans le ciel. Sur la banderolle sont inscrits ces mots : AVE MARIA... Je te salue, Marie !

Importante précision : il n'est pas dit que ce messie est déjà arrivé sur terre. Il ne s'agit que d'une prophétie que l'auteur de la fresque a "lue et écrite" dans le ciel. Autre précision : ma photo n'est pas de très bonne qualité d'autant plus qu'elle a jauni. Je n'ai pas eu le temps d'en prendre une meilleure car, peu de temps après, le restaurateur de la fresque a fait disparaître le chevalier. Il pensait qu'il s'agissait d'un repeint. Hélas ! Derrière, il ne trouva que du blanc.
5. Vingt-huit ans après les fresques de Gourdon, les Helvètes émigrent en direction du pays éduen. La fille d'Orgétorix porte le carquois d'Apollon comme le messie prophétisé. Je fais l'hypothèse logique qu'en mariant l'Éduen Dumnorix avec la fille d'Orgétorix, chef des Helvètes, Bibracte avait l'intention d'accomplir la prophétie en donnant naissance à un sauveur qui aurait été appelé à régner sur toute la Gaule. Nous sommes vers l'an - 60, vingt-huit ans après la prophétie de ces fresques, deux ans avant la guerre des Gaules. La migration helvète commence en - 58. Il faut se la représenter comme une longue procession accompagnant la fille d'Orgétorix portée sur un baldaquin.

6. Toujours dans ce contexte, la médaille de Dumnorix ne représenterait-elle pas un messie qui descend du ciel revêtu de son armure ? Le sanglier qu'il tient dans sa main droite ne correspondrait-il pas à la constellation de la Grande Ourse et son âme/tête à un autre groupe d'étoiles ?


6. Les temples de Mont-Saint-Vincent et de Gourdon sont des édifices très anciens qui ne montrent que des chapiteaux archaïques que je considère comme cananéens. Au III ème siècle après J.C., une plaque décorative de cheminée nous annonce la construction du grand temple de Chalon-sur-Saône, toujours existant, actuellement cathédrale. Nous sommes vers l'an + 260. L'empereur représenté est Salonin. Postumus est son général. Remarquez sur la médaille la couronne et le jeune âge de cet empereur. La ressemblance saute aux yeux. La couronne est identique. La vue est prise depuis la colline de Taisey. La tour antique, toujours existante, est représentée à droite. En fond de tableau, les futures murailles de la ville sont à l'image des murailles de Jérusalem, à moins que cela soit plutôt Jérusalem que l'on aperçoit au loin.
7. Autre preuve, un chapiteau de la nef nous montre les deux empereurs Victorinus, père et fils, à l'étonnante ressemblance. Fondateurs de la cathédrale, successeurs de Postumus, ils furent tous deux massacrés par les soldats vers 270.

8. Autre preuve, un médaillon sculpté nous révèle, ô surprise, que le contrôle de virginité était pratiqué dans la cathédrale au temps des empereurs précités.

9. Autre preuve, la population de Chalon est aux pieds de son christ dans un chapiteau du ciel. Dans un autre chapiteau, à droite de l'autel, le messie essénien fait le signe que les documents de Qumrân disent qu'il fera quand il viendra. Nous sommes toujours dans l'espérance.
11. Au IV ème siècle, ou plus tôt, mais avant l'intervention de 294 des tétrarques romains en Gaule, le tympan de Sainte-Foy de Combes nous "fait voir" un christ, rex judeorum, roi des Juifs, qui est dans le ciel, né du sang des martyrs comme le dit l'Apocalypse de Jean et qu'accompagne le symbole de la croix
http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=110755
13. Vers l'an 312, le rhéteur Eumène évoque la cathédrale de Chalon en la qualifiant de plus beau temple de l'univers. Il lui donne le nom de temple d'Apollon. Le bâtiment figure sur la carte de Peutinger à l'époque de l'empereur Julien. Dans ce temple qui fut peut-être, et même probablement, construit à l'image du temple d'Hérode, il ne s'y trouve que du biblique et un judaïsme messianique d'origine essénienne ; aucune évocation de Jésus de Nazareth.

14. Au Vème siècle, vers l'an 440, de même, il n'y a dans la basilique/église de Notre-Dame-du-Port que l'accomplissement de la prophétie de Zacharie qui avait annoncé Jean, celle qu'a également évoquée l'évangile de Luc. Le personnage important est Marie/Gergovie dont on attend qu'elle enfante un sauveur. Ce sauveur espéré n'est pas Jésus de Nazareth mais un futur empereur gaulois, si possible arverne.
II. Documents et arguments en faveur d'une naissance du christianisme en Palestine.
1. VIII ème siècle av.J.C.. Isaïe est considéré comme l'un des quatre grands prophètes, avec Jérémie, Ézéchiel et Daniel (non pas du fait de la longueur de leurs livres mais à cause de la précision de leurs prophéties sur la venue du Messie) d'après Wikipédia.
2. Vers - 597, vision céleste d'Ézéchiel.
3. Vers - 195. Mort du grand prêtre Simon, maître de justice, fondateur du mouvement messianique dit essénien (cf mon Histoire du Christ, tome I, publié en 1996 sous le pseudonyme de Jean).
4. Vers - 167. Règlement de la guerre de Qumrân et prophétie de Daniel. Problématique des deux messies, sacerdotal et royal.
5. Vers - 7. Pseudo-Zacharie appelant les Juifs au soulèvement contre Hérode.
7. Vers + 30. Évangile de Jean. Prophétie en cours d'accomplissement dans le sein de la communauté éssénienne ? L'esprit de Jésus qui est descendu dans le corps des martyrs crucifiés est appelé à ressusciter dans la ville cosmopolite de Tibériade (immigrants éduens ?). La colonie juive de Bibracte/Gourdon, Marie ...... de Cléopas - mère du Cléopas de la fresque de Gourdon - soeur de la Marie galiléenne, est invitée au pied de la croix (Jn 19, 25). C'est un appel au ralliement lancé à la diaspora gauloise de Bibracte et une récupération du mouvement.
8. Vers + 34. L'évangile de Marc confirme l'appel au ralliement. Marie est au pied de la croix. Elle est mère de Jacob (Israël) mais aussi de Joset - du Joseph de la fresque de Gourdon. Les femmes regardaient de loin (Mc 15, 40).

9. Vers + 38. Sur le chemin d'Emmaüs, l'évangile de Luc invite Cléophas - le Cléopas de Gourdon - à reconnaître le Christ Jésus qui est descendu dans les évangiles précédents. Celui-ci fait le signe essénien de la fraction du pain, et aussitôt, Cléopas, qui se rappelle ses textes de Qumrân, reconnaît le signe (Lc 24, 18).
10. Vers + 48. Évangile de Mathieu. Citations. En vérité, je vous le dis, vous n'aurez pas fini de porter la Parole aux villes d'Israël que le fils de l'homme viendra (Mt 10, 23). En vérité, je vous le dis, il y en a parmi vous qui ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu venir le fils de l'homme avec son royaume (Mt 16, 28). Lorsque vous verrez l'Abomination et la Désolation annoncée par le prophète Daniel (Mt 24, 15). Si quelqu'un vous dit : “Voici le Christ”, n'y allez pas, car il s'élèvera de faux Christs ( Mt 24, 24). Comme l'éclair qui traverse le ciel du Levant jusqu'au Couchant, ainsi viendra le fils de l'homme (Mt 24, 27). Soyez vigilants, car c'est au moment que vous n'y penserez plus que le fils de l'homme viendra (Mt 24, 44). Veillez ! (Mt 25, 13). Lorsque le fils de l'homme viendra en gloire, avec son cortège d'anges, il s'asseoira sur son trône et il jugera les nations (Mt 25, 31)
Dans son évangile, Mathieu affirme que Jésus est descendu dans le corps et dans l'esprit de la communauté dite essénienne, mais il laisse au lecteur la possibilité de croire, soit que le mystère a pu s'accomplir jusque dans un membre de la communauté, soit qu'il va s'accomplir par l'apparition apocalyptique d'un Jésus glorieux à forme humaine. N'oublions pas que cet évangile est le fruit d'un concile, donc le résultat d'un compromis. Et l'épître aux Hébreux semble aller dans ce sens. Hélas, l'évangéliste s'est trompé dans son estimation du temps. Cet événement extraordinaire qui devait se produire avant que sa génération ne meure s'est trouvé en effet précédé par tous les signes auxquels on pouvait s'attendre - les premiers troubles, puis la guerre de Jérusalem de 70 - mais il ne s'est pas produit. Jésus n'est pas venu ou revenu “en gloire”. Mais attention ! Tant que le monde est monde, qui peut dire aujourd'hui qu'il ne viendra pas. (extrait de mon Histoire du Christ, tome 2, chapitre 15, publié en 1996 sous le pseudonyme de Jean).
Emile Mourey, écrit au château de Taisey, le 2 octobre 2013
Bas relief et médailles : photos Wikipédia