Le pape François et ses successeurs renonceront-ils eux aussi ?
Suite à mon précédent article, celui-ci se propose de questionner le devenir de l'Eglise catholique à l'aulne de la renonciation de Benoît XVI. Cet acte pourrait en effet influencer de manière décisive ses successeurs et donc le sens-même du ministère pontifical : si la renonciation n'est pas forcée, pourrait-elle devenir une obligation ?

La renonciation désormais légitimée
Il ne fait pas de doute que Benoît XVI restera le pape de la renonciation et l'accueil de ce choix par les médias et l'Eglise dans son ensemble, est, me semble-t-il, plus que favorable. Cette décision paraît résumer à elle seule le ministère du pape. De ce pontificat, on en oublie presque le "reste", que je laisse à chacun le soin de peser et d'évaluer.
Ici et là, on salue la renonciation du pape, on la comprend et la respecte : le souverain pontife est un homme âgé et fatigué, et c'est tout à son honneur de céder la place à un nouveau pape. L'attitude de Benoît XVI est emprunte de sagesse, dont auraient donc manqué nombre de ses prédécesseurs.
La modernité du pape semble indéniable (c'est d'ailleurs, peut-être, cette même modernité que beaucoup revendiquent dans les questions relatives à la fin de vie et éthiques de manière plus générale).
Seulement, lorsque la machine est en marche, qui peut l'arrêter ? La compréhension de la décision du pape par l'opinion publique, n'appelle t-elle pas désormais la renonciation systématique d'un pape, lorsque celui-ci sera affaibli par la vie ?
"Il devrait faire comme le dernier pape, il est un peu fatigué et il est temps qu'il s'en aille !" pourrait-t-on entendre à l'avenir, le successeur de Benoît XVI y compris, lorsque ses forces commenceront à manquer.
Quel impact la "sage" renonciation de Benoît XVI aura sur ses doutes : cette influence pourrait désormais bien être décisive, la renonciation ayant été légitimée par le passé. Qu'en sera-t-il, au final, de la liberté de conscience du pape François et de ses successeurs ? La question pourait bien se poser un jour.
La question de la renonciation sera-t-elle contournable ?
Il est probable qu'une pression terrible s' exercera sur les successeurs de Benoît XVI, et pas simplement en fin de pontificat : en effet,la possibilité de la renonciation est désormais présente dès le commencement de règne.
Une éventuelle renonciation pourrait même (pourquoi pas ?) être promise en tout début de pontificat, si l'état de santé du souverain pontife l'exigeait. Cette promesse sonnerait à l'oreille de beaucoup comme un gage de modernité, mais quel serait alors le sens d'un tel pontificat ? Ceci n'est, certes, qu'une simple spéculation, mais cette possibilité n'est plus du tout à exclure.
Cependant, les fidèles de l'Eglise ne sont-ils pas en droit d' attendre du successeur de Pierre un dévouement total, à l'image de celui de Jean-Paul II ? On peut se demander si la notion de don de sa vie ne relève pas aujourd'hui davantage du simple manque de discernement que du choix spirituel.
Si la liberté de concience des futurs papes était remise en cause par la renonciation de Benoît XVI, ne serait-ce pas l'Eglise elle-même qui se soumettrait au diktat de la modernité et perdrait ainsi de vue sa mission spirituelle au profit des préoccupations temporelles ?
Cette question de la renonciation pourrait se poser ainsi pour le pape François et ses successeurs, et nous verrons alors si la décision de Benoît XVI influence ou non François et les futurs papes.
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