Augmentation des décès de 9 % : c’est grave docteur ?
Ce vendredi l’Insee annonce que le nombre de décès 2020 est 9 % supérieur à celui de 2019, soit 54 000 décès supplémentaires. Certains affirment que l’Insee s’attendait en fait à 10 000 décès supplémentaires seulement et que donc, nous avons la preuve irréfutable que l’année 2020 a été une année d’hécatombe historique lié à la maladie de Covid-19.
Ce qu’on va voir dans cette vidéo c’est de quelle manière on peut estimer le nombre de décès d’une année sur l’autre. On verra d’où vient cette estimation de 10 000 décès de plus qu ‘en 2019 et je vais vous montrer que si on regarde juste un tout petit peu plus en arrière, on peut voir que 50 000 décès de plus c’était tout à fait prévisible. Encore une fois, tout cela vient de l’effet du baby-boom, mixé avec les périodes épidémiques de 2020 qui sont au niveau des méchantes années que l’on voit d’habitude.
lien vers la vidéo : https://youtu.be/wyKNiKJMXuM
9 % c’est grave docteur ?
D’après les données de l’Insee, voici le graphique du nombre de décès en France depuis 1982.
Je vous passe la subtilité qu’en 2014, Mayotte est intégré aux chiffres puisque ça ne révolutionne pas les résultats au vu du faible nombre de décès là-bas chaque année par rapport à ceux de France métropolitaine.
Depuis de nombres vidéos maintenant, je vous parle de la hausse de mortalité naturelle que nous voyons en France du fait notamment du vieillissement des baby-boomers. Les baby-boomers sont ces personnes extrêmement nombreuses nées entre 1946 et les années 70.
Ces personnes vieillissent et arrivent dans les âges où la mortalité augmente. Rappelons juste que la principale cause des décès, cela reste l’âge. La vie normale c’est de perdre ses grands-parents puis ses parents, puis que ce soit notre tour. Le vrai drame de la vie c’est quand cela ne se passe pas dans le bon sens et en particulier de perdre un enfant.
Si on revient à notre graphique, on peut voir que le nombre de décès augmente régulièrement depuis le milieu des années 2000, autrement-dit à partir du moment où les baby-boomers ont commencé à rentrer dans la soixantaine.
Pour mémoire, la mortalité commence à augmenter à partir de 50 ans. C’est ce qu’on voit par exemple avec le graphique de mortalité 2019.
D’abord un tout petit peu et puis plus on vieillit, plus ça s’accélère. A 100 ans, ce n’est pas que ça diminue, c’est qu’il n’y a plus assez de monde pour faire des ratios statistiques qui tiennent la route. Pourtant, des personnes qui étaient au moins dans leur 100e année en 2019, il y en avait plus de 30 000, et on regarde juste le fait d’être soit vivant, soit mort. Souvenez-vous en quand vous lirez des résultats de sondages ou de tests de médicaments réalisés sur 1000 personnes avec des dizaines de réponses possibles.
Si on revient à notre graphique des décès, on peut voir aussi que la mortalité n’augmente pas tranquillement régulièrement d’une année sur l’autre, mais qu’il y a de nombreux sauts.
La canicule de 2003 est bien visible d’ailleurs l’année d’après a été un record de sous-mortalité, notamment parce que le phénomène de l’augmentation des décès de baby-boomers n’étaient pas encore à l’œuvre. Ensuite, on voit bien le saut de 2012 qui a été une grippe méchante, le saut de 2015, encore une grippe et enfin 2017, encore une grippe. Cela fait quand même 3 sauts en 10 ans. Cela signifie que c’est quand même assez fréquent. D’ailleurs, en 2020, on dit que cela fait déjà 2 ans qu’on n’en a pas eu, je dis ça, je dis rien. Ceux qui ont vu ma dernière vidéo où je montre que la mortalité liée à la Covid-19 est en fait moins importante que celle liée à la grippe 2017, peuvent constater que si j’avais voulu prendre la pire grippe de ces dernières années, j’aurai plutôt pris 2015 ou 2012. En prenant 2017, j’ai plutôt été gentil et je n’ai pas voulu comparer avec le pire, mais juste avec quelque chose qui arrive régulièrement.
A ce stade, on sait donc qu’il est normal que le nombre de décès augmente chaque année, et qu’il est très fréquent d’avoir un phénomène de saut. On en a eu 3 en 10 ans et on n’a pas eu de saut ni en 2018, ni en 2019. Faut-il en déduire qu’il n’y en aura plus jamais, ou plutôt qu’on s’en rapproche ? Quand vous jouez à la roulette russe, une fois que vous avez tirez deux fois dans vide, vous-vous dites vraiment « c’est bon je ne risque plus rien ! » ?
Dans la vidéo précédente je vous ai montré que les décès d’une année dépendent surtout de l’âge qu’ont les gens. D’ailleurs pour mémoire, les pays les moins touchés par la moralité 2020 sont des pays sans baby-boomers et avec beaucoup de jeunes, les pays les plus touchés sont ceux qui additionnent, vieillesse avec un autre facteur comme la pauvreté ou l’obésité.
La preuve que c’est l’âge qui joue le plus, c’est qu’on peut avoir une maladie une année qui est plus mortelle à tous les âges de la vie et pourtant avoir moins de décès. A l’inverse, on peut tout à fait avoir une maladie moins mortelle et avoir plus de décès.
Voici un exemple avec deux populations de 140 personnes dont une qui attrape un virus plus mortel que l’autre et qui pourtant a moins de décès.
La première population a 40 personnes de moins de 50 ans, et 100 personnes de plus de 50 ans.
La seconde population a 100 personnes de moins de 50 ans et 40 personnes de plus 50 ans.
Nos deux population sont touchées par un virus différent.
Le premier virus engendre 30 % de mortalité chez les moins de 50 ans et 75 % de mortalité chez les plus de 50 ans.
Le second virus n’engendre que 25 % de mortalité chez les moins de 50 ans et 70 % de mortalité chez les plus de 50 ans.
Nous sommes donc d’accord pour dire que le premier virus est bien plus dangereux que le second. Eh bien pourtant, du fait que la première population est plus jeune, elle ne subira que 60 décès alors que la 2e population en aura 80 avec un virus moins fort.
C’est exactement ce que nous vivons avec la Covid-19, sauf que ça ce joue après la virgule pour les taux de mortalité, mais multiplié par plusieurs centaines de milliers de personnes. Intuitivement, tout le monde sait que quand la grippe arrive dans une école maternelle de 200 gamins, ce qui se passe le plus souvent heureusement c’est que quelques enfants ratent l’école quelques jours. Certaines années, on a des classes vides certaines semaines de décembre, mais heureusement tout le monde revient vivant, ou alors c’est un vrai drame extrêmement rare. A l’inverse quand une grippe méchante arrive dans un EPAHD, tout le monde sait que rythme des décès s’accélère beaucoup, et ça fait à chaque fois une petite hécatombe. Aujourd’hui quand on regarde la pyramide des âges et les naissance, on voit que la France est plutôt en train de se transformer en EPAHD qu’en école maternelle.
On vient de voir toute la théorie, passons maintenant à la pratique et à cette histoire de 9 %. Je vais vous montrer de combien, on pouvait estimer les décès de 2020 selon que l’on considère que ce sera une année sans maladie, ou une année avec une maladie méchante comme celles que l’on voit d’habitude.
Pour cela, je calcule à l’aide des données de l’Insee, le nombre de décès par âge en France métropolitaine pour les années 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019. A ces données de décès je divise par la population de chaque âge de France métropolitaine récupéré aussi sur le site de l’INSEE. Cela me donne pour chacune de ces années, le taux de mortalité de chaque âge.
Voici donc le graphique.
J’ai mis en gras les années 2019 en rouge et 2015 en bleu de façon à bien voir que d’une année sur l’autre, la mortalité est bien différente, surtout selon les épidémies qui passent, et que l’année 2019 est de loin la moins mortelle depuis 5 ans.
Pour prévoir le nombre de décès 2020, l’Insee a très probablement pris le taux de mortalité constaté en 2019 et l’a reporté sur la population estimée au 1er janvier 2020, On simule ainsi que tous les âges vont décéder en 2020 comme en 2019.
En faisant ce calcul, et en rajoutant le fait que l’année 2020 a un jour de plus que 2019, je tombe sur une augmentation des décès en 2020 par rapport à 2019 de 15 000 personnes, soit 2,2 %. Cette augmentation montre l’augmentation théorique juste due au vieillissement.
Seulement, on peut voir que l’année 2019 n’est pas une année de saut, alors cela vaut très certainement le coup de regarder la mortalité des autres années et de regarder les cas extrêmes et la moyenne.
Sur ce graphique, on peut voir ce qu’on estime en termes de huasse de mortalité entre 2019 et 2020, selon que l’on prenne plutôt ce qui s’est passé en 2019, 2018, 2017, 2016 ou 2015, et selon le min, c’est à dire le minimum de mortalité sur les 5 ans pour tous les âges, la moyenne et le Max.
Juste en ayant un regard des 5 dernières années, on peut se dire que si on est en-dessous de la moyenne, c’est plutôt qu’on a vécu une bonne année,, si on est au-dessus, c’est que c’est une mauvaise année. La prévision d’une hausse de 9 % des décès est au-dessus de la moyenne et montre que l’on a eu une année moche. En revanche, elle reste bien au-dessous de la mortalité 2015 de 9,4 % qui nous aurait amené non pas 50 000 décès supplémentaires, mais plus de 56 000.
En 2015, en effet, on a eu une grippe sévère pour laquelle pourtant, je vous le rappelle, quasiment toutes les personnes concernées étaient vaccinées. Les épidémies de 2015 de l’hiver ont juste été bien plus mortelles que les épidémies de 2020, sans pour autant générer une panique mondiale, parce que comme on avait peu de vieux, ça ne se voyait pas et on s’en foutait.
L’année 2020 n’était pas une année pépère comme 2019 sur le plan de la mortalité, cela tout le monde en convient. L’année 2020 est une année de saut comme on en voit régulièrement, ce n’est pas un record de taux de mortalité et ne justifie pas la folie actuelle. Jusqu’ici les hausses bien plus forte sur le plan de la mortalité par âge n’ont jamais suscité le moindre intérêt. Mis à part ceux qui s’amusent à passer leur nuits à triturer les chiffres au lieu de dormir, personne n’en a jamais entendu parler.
D’ailleurs si on pouvait se mettre d’accord pour faire une trêve sur les chiffres catastrophes ça serait pas mal, parce qu’avec un boulot et une vie de famille, je n’ai plus assez de nuits pour suivre le rythme.
Enfin, une dernière chose sur la mortalité. Ce que nous disent ces ratios, par exemple, c’est que si vous êtes une bande de 100 potes qui avez 80 ans. En moyenne l’année dernière, vous en avez au moins perdu 3, car c’est la vie normale. Cette année, vous serez encore 4 de moins, l’année prochaine, encore 4 de moins, puis 4, puis 4, puis 5 et ça s’accélère. Je ne vous parle même pas de ceux qui perdent l’usage de leurs jambes, ou qui ne reconnaissent plus personne. La vraie vie c’est ça. Il est donc urgent d’arrêter de priver nos vieux du seul bonheur qui vaille, qui est celui d’être ensemble. Les vieux sont vivants maintenant, pas dans 10 ans.
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