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Cancer et compagnie

Le cancer est un minotaure qui tue de plus en plus. Sandro avait, le 28 janvier dernier, dans un article intitulé « Le crabe aux pinces d’or », montré avec clarté et colère l’ampleur de l’hécatombe, l’augmentation apparemment irréversible et, en face, gesticulation, arrogance et impuissance. Quelques chiffres : en 1980 160 000 cas, 278 000 en 2000. On en guérit beaucoup, mais on en meurt de plus en plus : 124 000 décès en 1980, 152 500 en 2003. Les statistiques nous disent aussi qu’entre 35 et 64 ans c’est (et de loin) la maladie la plus mortelle.

Le problème est trop grave pour ne pas en parler dès que l’occasion en est donnée. Une étude parue le 26 mars 2008 - la presse en a un peu parlé - mérite d’être commentée. Coordonnée par PAN-Europe (Pesticides Action Network Europe), soutenue par le MDRGF (Mouvement pour le Droit et le Respect des Générations Futures), elle était intitulée « Message dans une bouteille » avec, en sous-titre « Étude sur la présence de résidus de pesticides dans le vin ».

(http://www.mdrgf.org/pdf/Rapport_vin_pesticide_fr.pdf)

40 bouteilles de vin rouge ont été analysées en provenance de France et de 7 autres pays. 34 étaient issues de l’agriculture intensive, 6 d’agriculture biologique. 100 % des vins conventionnels étaient contaminés avec, en moyenne, 4 résidus de pesticides différents, les plus contaminés contenaient jusqu’à 10 pesticides. Le niveau de contamination est résumé par ce chiffre : 5 800 fois plus élevée que pour l’eau potable. Les vins biologiques analysés ne renferment pas de résidus de pesticides à l’exception d’un échantillon de Bourgogne dans lequel on a trouvé des quantités faibles d’un produit. Cela est expliqué par les dérives des pulvérisations en provenance des parcelles voisines. L’échantillon était petit, mais il ne faisait que confirmer d’autres enquêtes.

Cette présence massive de pesticides dans le vin est due à leur utilisation intensive par les viticulteurs : 20 % des pesticides utilisés le sont sur les 3 % de la surface agricole consacrée à la vigne.

L’étude rappelle la publication par la Commission européenne (octobre 2007) d’une analyse qui montrait une contamination globale de la chaîne alimentaire européenne. Sur 62 000 produits alimentaires, plus de 349 pesticides différents ont été détectés : 41 % contenaient des pesticides, 4,7 % en contenaient à des doses supérieures aux limites légales. Les fruits, légumes et céréales représentaient 92 % des échantillons.

Chaque année plus de 220 000 tonnes de pesticides sont épandues en Europe :

- 108 000 tonnes de fongicides,

- 84 000 tonnes d’herbicides,

- 21 000 d’insecticides,

- 7 000 de régulateurs de croissance.

Cela représente 500 grammes de substances actives pour chaque homme, femme et enfant vivant dans l’Union européenne.

La France est le premier utilisateur de pesticides en Europe avec plus de 100 000 tonnes annuelles.

Reprenons les termes de l’équation :

- d’un côté, nous avons une progression des cancers avec de plus en plus de cas, de plus en plus de morts ;

- de l’autre côté nous avons une progression de l’utilisation par l’agriculture classique des pesticides (appelés désormais produits phytosanitaires pour tromper le public car ils ne doivent rien aux plantes - phyto en grec - et leurs effets secondaires redoutables leur enlèvent toute action sanitaire - du latin sanitas : santé).

La quantité utilisée double tous les dix ans depuis 1940. Nous en consommons en buvant du vin, en mangeant des fraises, des pommes, des poires, des légumes, etc.

Les chiffres globaux des uns et des autres ont été donnés. Pour enfoncer le clou, prenons l’exemple du cancer colorectal, une localisation en plein essor.

- en 1970 : 7.000 morts

- en 2006 : 17 000 morts et 38 000 nouveaux cas.

Ces 10 000 morts de plus ne doivent pas faire ignorer qu’en 37 ans le dépistage et le traitement se sont beaucoup améliorés. Beaucoup de polypes colorectaux qui se seraient cancérisés ont été dépistés et éliminés à l’occasion des coloscopies devenues des examens de routine. Tous ces polypes, cancers en puissance, n’entrent pas dans les statistiques des cancers colorectaux et des états précancéreux.

Je n’ai lu, dans aucune publication médicale, dans aucun compte-rendu de congrès de gastro-entérologie, qu’une corrélation mériterait peut-être d’être faite entre cette progression des cancers colorectaux et la consommation des pesticides au travers de nos trois repas quotidiens. Le monde médical feint d’ignorer que :

1.- les pesticides peuvent être neurotoxiques, toxiques pour le développement embryonnaire, perturbateurs endocriniens, mais aussi cancérigènes ;

2.- que ces affirmations ne sont pas des élucubrations de rêveurs écologiques, d’utopistes farfelus, mais des substances classées en tant que telles par l’Union européenne ou le ministère de l’Agriculture : procymidone, iprodione, manèbe, captan, iprovalicarb, oxadixyl, vinclozolin, pyrimethanil, entre autres.

Une question se pose : Comment un produit actif sur une cellule vivante au point d’avoir la capacité de la détruire, pourrait-il être inoffensif sur une autre cellule vivant à ses côtés ? Un globule blanc de notre sang, une cellule de l’épithélium de notre côlon soumis durant des décennies au contact avec le produit qui tue le mildiou, le parasite du maïs, le doryphore, la cochenille, etc. n’auraient aucune raison de s’en plaindre ? Par quel miracle, au nom de la sélectivité, d’une dose-seuil, d’une sensibilité particulière, d’une grâce d’État ? Cela ne peut-il pas induire une souffrance, une transformation, une mutation, une prolifération ? Le risque radioactif lié aux déchets nucléaires est reconnu mais celui des pesticides est refusé par les mêmes instances alors qu’ils sont, eux aussi, rémanents, cumulatifs, actifs à petites doses et que les organes en développement y sont particulièrement sensibles (fœtus, enfant) ?

Fort de ce constat, de ces évidences, on est tenté de dire et même de crier :

- si on veut diminuer la progression des cancers en tout genre, il conviendrait d’arrêter la progression de la production et de l’utilisation des pesticides cancérigènes dans l’agriculture et, en poussant encore plus loin le raisonnement, on pourrait aller jusqu’à proposer :

- d’arrêter de consommer, dès maintenant, les produits cancérigènes que l’on trouve dans nos assiettes, dans nos verres chaque fois que nous nous mettons à table, que nous croquons une pomme, mangeons une fraise, buvons un verre, etc.

Ce raisonnement primaire n’est pourtant pas retenu. Le discours officiel est différent. Il est bien représenté en France par le rapport des Académies des sciences et de médecine rédigé avec le Centre international de recherche sur le cancer (13 septembre 2007). On y apprend que le tabac est la première cause des décès masculins par cancer (33,5 %) en 2000. L’alcool vient en 2e ligne avec 9,4 % des décès par cancer chez l’homme. Le rôle de l’excès de poids et de l’insuffisance de l’exercice physique est aussi quantifié, mais il y a une phrase qui laisse pantois : « Contrairement à certaines allégations, l’étude montre qu’1 % au plus des décès par cancer peuvent être attribués avec certitude à la pollution ». Il relève entre autres que « le lien putatif entre pesticides et cancer ne repose sur aucune donnée solide ».

Avec une logique qui ne peut être que l’apanage d’esprits supérieurs, ces sages disent plus tard que 85 % des cancers chez les non-fumeurs restent inexpliqués.

Ce rapport est étonnant car, si ses conclusions sont péremptoires, il déplore aussi que « les études de qualité sont trop rares.../... Il reste à mettre en œuvre dans beaucoup de domaines des études épidémiologiques de longue haleine, de bonne qualité, mobilisant beaucoup de ressources afin de pouvoir établir clairement les liens de cause à effet et pouvoir les évaluer quantitativement ».

En clair, ces académiciens nous disent : vous pouvez manger ½ kg de poison, même vos bébés, vous n’en souffrirez pas. Les produits cancérigènes que vous mangez ne vous feront aucun mal.

« Nous sommes tous convaincus que l’alimentation a un rôle très important, mais nous ne savons pas trop comment » admet pourtant le Pr Tubiana, coprésident du rapport.

Ce rapport a soulevé un tollé de protestations. Il est qualifié de partiel et de partial puisqu’il nie aussi bien la responsabilité des effets cancérigènes des incinérateurs que celle des pesticides dans l’alimentation issue de l’agriculture intensive.

Une justification extraordinaire de ce parti pris a été donnée par un des membres du CIRC : « ... Le béta-carotène avait été identifié en laboratoire comme un facteur de réduction du cancer. C’est l’effet inverse qui a été observé.../... C’est pour cela qu’il faut être vigilants... ». Ainsi cet expert nous suggère, sans rire, que, parce qu’un anticancéreux supposé s’est avéré cancérigène, finalement un produit cancérigène reconnu doit être anodin !

Le ministère de l’Agriculture gère le problème avec des grands mots et des beaux principes. Sa politique prétend concilier innocuité et efficacité, deux concepts inconciliables car contradictoires. La réalité de son action peut être trouvée dans un rapport du 19 novembre 2003 de la Commission des affaires économiques de l’environnement et du territoire et consacré aux activités agricoles et la protection de l’environnement. On y lit des phrases du genre : « Le problème de fond réside aujourd’hui moins dans l’évaluation des risques que dans les difficultés rencontrées par l’administration pour accéder aux données relatives aux intrants, aucune information n’étant obligatoire sur la consommation des pesticides ».

« On constate que les préconisations aux agriculteurs concernant l’usage des substances notamment en fonction des surfaces et de la nature des cultures sont insuffisantes ». « On peut regretter que les chambres d’agriculture ou les institutions techniques adoptent parfois des stratégies divergentes. On peut regretter le manque de coordination des actions des administrations (agriculture, santé, environnement) qui conduit à un dispositif de surveillance insuffisant et à l’absence de mesures correctes systématiques ».

Mais le plus inquiétant est sans doute la conclusion de cette commission. Elle n’est pas d’accord pour réduire - comme l’a proposé le Parlement européen - de 50 % la consommation de produits phytosanitaires car « Cette industrie s’adapte et propose aujourd’hui des produits actifs à très faibles doses... ». Et, ajoute-t-elle : « fixer un objectif purement quantitatif n’a donc que peu de sens quand il s’agit en réalité de travailler sur la gestion des risques en écartant les substances les plus dangereuses ».

Même avec le plus grand respect pour l’éminence de ces sommités scientifiques et, en ne s’autorisant aucun esprit critique, on peut s’étonner de tant d’impudence et même d’imprudence. Les progrès dont a bénéficié la santé publique ont, depuis toujours, été dus à la capacité qu’ont eu quelques-uns à montrer que des corrélations élémentaires pouvaient tout changer :

- se laver les mains avant d’opérer ;

- stériliser l’eau en la faisant bouillir ;

- éradiquer les puces pour éviter la peste ;

- vacciner contre le tétanos pour éviter de mourir du tétanos ;

- traiter l’hypertension artérielle a permis de réduire les infarctus du cerveau et du cœur ;

- supprimer l’hélicobacter pylori de l’estomac pour supprimer l’ulcère d’estomac ;

- ne pas fumer pour éviter le cancer du poumon ;

- rouler moins vite pour diminuer les accidents de la route.

On pourrait multiplier les exemples. On s’apercevrait que, chaque fois, ceux qui ont préconisé un changement d’habitudes, une rupture dans la tradition, ont trouvé des adversaires.

Et aujourd’hui, ceux qui disent : pour avoir moins de cancers, supprimons les cancérigènes de nos assiettes suscitent le même dédain.

Pourquoi cet aveuglement :

1/ des politiques.

Leurs raisons sont nombreuses et toutes trahissent leurs qualités :

- Supprimer les pesticides c’est heurter de front le lobby paysan et sa fédération qui dirige en fait le ministère de l’Agriculture ;

- Cette agriculture intensive, subventionnée, polluante reste puissante. Elle massacre la nature dans toutes ses composantes : air, terre et eau. Elle sait imposer sa loi à nos politiciens de droite ou de gauche. Conservatrice, traditionnelle même dans ses mauvaises habitudes elle a fait du rendement et donc des traitements, de l’irrigation, des grandes surfaces, d’une mécanisation totale sa règle de prospérité. Elle considère l’agriculture sans engrais issus de la chimie, sans pesticides, sans OGM comme une folie, une rêverie, une utopie. Elle l’obligerait à un examen de conscience, elle qui n’en a plus, à un retour à la terre elle qui ne rêve que de culture hors sol. Elle a donc réussi à la marginaliser tout juste capable d’alimenter quelques marchés, quelques linéaires alibis dans une grande surface. Cette grande surface qui raffole d’une production massive sous pesticide achetée à bas prix, ne veut pas de produits bio plus chers, produits avec plus de travail du sol, moins de rendement, des fruits et légumes un peu moins présentables. Leurs marges ne pourraient plus être les mêmes.

L’agriculture traditionnelle dicte sa loi, mais les politiques ont d’autres raisons : le cancer a été proclamé grande cause nationale par l’ancien président. Quelle sollicitude pour notre santé, quel grand homme. Cela permet des beaux discours, d’émouvantes homélies et de mettre en branle un plan de reconquête du territoire afin que chaque cancéreux puisse se faire soigner partout au mieux. Couvrir le paysage de centres anticancéreux, irriguer la recherche de crédits sont des signes qui traduisent une volonté qui impressionne.

2/ Les médecins.

Ce sont les fantassins de la guerre contre le cancer. Ils traquent l’ennemi partout où il se cache. Leur technologie avance : l’imagerie, l’arsenal chimique, ionique, radioactif, atomique, thermique, cryogénique, génétique et j’en passe, est servie par une armée attentionnée, affairée, débordée.

Le recrutement ne pose pas de problème. L’hécatombe est telle, le mailing si bien fait, les spots si efficaces qu’il est difficile d’échapper aux dépistages en tout genre. On a même raison de s’y soumettre compte tenu du risque. La médecine a donc un terrain de manœuvre et un champ d’action quasiment illimités, en croissance continue. Quel commerce, quelle industrie en ces temps de marasme affiche de telles performances ?

Tellement occupée à bien faire, il est normal que les médecins en charge du cancer, aient peu de temps à consacrer à la recherche clinique, à l’établissement d’une corrélation. Cela suppose des années d’observation, des recueils fastidieux de données. Tout cela est long, demande de la persévérance, de la volonté. M. Boffetta du CIRC qui connaît bien le sujet a raison de se lamenter de l’indigence de ce type d’études. Elles ne permettent pas d’effets d’annonce, de déclarations fracassantes à tous les médias sur la découverte d’une molécule qui a eu des effets miraculeux sur une mouche génétiquement modifiée et qui présage certainement la découverte du médicament miracle d’après-demain.

Donc, pour certains de ces médecins-là des cancérigènes dans notre assiette, cela ne porte pas à conséquence et ne saurait les motiver pour les étudier. Les confrères - il y en a, oncologues comme eux - qui s’inquiètent, protestent, refusent ce consensus. Ils sont considérés par ces savants, ces académiciens avec la même désinvolture, le même mépris qu’un gros producteur de maïs, un maraîcher industriel considèrent leur confrère bio qui s’échine à ne pas travailler main dans la main avec Monsanto.

Il faut dire aussi que ces médecins-là ont une responsabilité aggravée car ce sont eux qui conseillent les politiciens qui nous gouvernent. Ils leur cachent une réalité qu’ils se refusent eux-mêmes à considérer. Les scandales de l’amiante, du sang pollué, des hypophyses vecteurs de prions et conditionnés en hormone de croissance n’ont jamais été dénoncés par ces élites-là. Elles sont trop respectueuses, ont trop d’avantages acquis, émargent à trop de commissions, fréquentent trop les pouvoirs pour n’en être pas prisonnières. Elles ont trop à perdre pour se permettre de penser et d’agir librement.

Les mêmes et d’autres s’exonèrent d’une façon classique de leur responsabilité en accusant le cancéreux potentiel d’être seul responsable de son futur malheur. Cela est vrai pour l’addict au tabac, à l’alcool. Mais faire croire qu’un peu de sport, quelques fruits chaque jour ou un peu plus de fibres - ou quelques autres idées qui ne manqueront pas de les remplacer ou de s’y ajouter - sont suffisants pour l’éviter est une infamie. Demander des frottis, des examens radiologiques, des recherches de sang dans les selles, des coloscopies, des tests pour faire du dépistage précoce et à des rythmes qui, s’ils étaient appliqués feraient exploser tous les services concernés est également la tentation actuelle et la politique appliquée. Elle est utile, mais n’est qu’un pis aller. Pour éviter que la grenade explose il faut ne pas jouer avec elle.

Le discours est inaudible quand le monde agro-alimentaire, l’industrie chimique lourde et la grande distribution ont toutes les cartes en main.

3/ L’industrie.

Elle se porte bien. Les anticancéreux sont le présent et l’avenir des laboratoires. Ils y trouvent leurs meilleures ventes. Les industriels de l’armement anticancéreux sont aussi actifs, prospères. Le marché est porteur. Il faut espérer qu’ils travaillent à la victoire et ne feront pas durer la guerre.

Conclusion : Au nom du principe de précaution, il faut faire disparaître les pesticides de nos assiettes. C’est une obligation qui devrait ne faire l’objet d’aucun moratoire ou d’étapes s’étageant sur des décennies. C’est une mesure à prendre avec effet immédiat. Il revient à chacun de s’y efforcer. Ce n’est pas facile. Je ne prétends pas non plus que cela suffisse, qu’il n’y ait pas d’autres causes, qu’il faille se contenter de cette prévention, mais au moins arrêtons de jouer avec le feu.

C’est en y pensant que j’ai écrit une lettre à M. Michel-Édouard Leclerc le 30 avril dernier. Sur le ton du respect et de la déférence je m’adressais au chevalier blanc de la grande distribution qui a la défense du consommateur comme unique souci, dit-il :

 

Cher Monsieur,

Vous avez sans doute pris connaissance de façon directe ou indirecte des résultats d’une enquête récente sur la présence de pesticides en quantité importante dans le vin. 100 % des vins issus de la viticulture traditionnelle étaient contaminés avec des niveaux de pollution effrayants (5 800 fois plus élevés que l’eau potable). Le taux est la conséquence de l’utilisation intensive des pesticides puisque 20 % des 200 000 tonnes sont utilisés en viticulture qui ne représente que 3 % de la surface agricole (dans l’Union européenne). La France est le plus gros client de cette industrie chimique.

La consommation correspond à ½ kg de substances actives par an, par habitant.

Ces produits sont cancérigènes, provoquent des anomalies chromosomiques et favoriseraient le développement des maladies neuro-dégéneratives.

L’agriculture classique dans sa course au rendement se moque des conséquences de son recours grandissant à ce type de produits. Une production sans pesticides, respectueuse de la nature, de la santé est possible. Elle existe, mais reste marginale.

Vos interventions sont axées sur la défense du pouvoir d’achat des consommateurs. Devenez aussi le défenseur de leur santé en annonçant que les centres Leclerc se battront pour donner une nourriture sans pesticide à leurs clients. Commencez par le vin en prévenant vos fournisseurs que d’ici 4 ou 5 ans seuls les vins issus d’une viticulture biologique seront admis sur vos linéaires.

Le retentissement de cet avertissement sera énorme. Il mettra le gouvernement dans l’embarras.

Vous aurez été celui qui, plus courageux que l’État, aurez réussi ce que la réglementation, sous la pression de Bruxelles, n’arrivera à obtenir que dans un futur lointain. Cette démarche volontariste, responsable, citoyenne, devra être entreprise aussi – mais dans un second temps – pour les fruits, les légumes, les céréales, tout aussi pollués.

Vous pouvez, vous devez avoir ce courage. Vous acquerrez en le faisant un statut, une aura, un prestige que l’on ne peut imaginer. Je vous crois le seul en situation d’entreprendre cette croisade, capable d’en saisir l’opportunité, l’urgence, l’intérêt.

Je vous prie de croire, Cher Monsieur…

A ma grande surprise, à ma consternation, cette lettre est restée sans réponse. Michel-Édouard m’a déçu. Je n’ai heureusement jamais cru à ses discours comme à ceux des politiques, ses pareils. Ce ne sont pas eux qui nous apporteront le bonheur ni la santé. Qu’on se le dise !

___________

 


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12 réactions à cet article    


  • Sandro Ferretti SANDRO 26 juin 2008 12:27

    Très bon constat, d’autant plus crédible qu’il émane d’un ex-médecin.

    Ce qui me frappe le plus, c’est la récurence de la "bien-pensance" actuelle, dans divers domaines, relayée au bon peuple par la dame pipi de TF1, et devenat aussitot la vérité révélée.

    Cancer : c’est la faute au tabac età l’alcool, ma bonne dame. Oui, mais, 70% des victimes du mal n’ont jamais gouté à ces fleurs du mal. Faut trouver autre chose. Le temps que cela remonte aux cerveaux , que la parc Diesel, les colrants, les portables et les pesticides n’y sont pas pour rien, on sera morts.

    Sécurité routière : la méchant, le diable, c’est la vitesse. Tout le reste ne compte pas, on le sait bien .

    Sauf qu’à présent, on commence à se rendre compte qu’en roulant à 130 sur l’autoroute par beau soleil et circulation nulle, avec des voitures et de infrastructures concues pour 200, eh bien on s’endort ( trajets qui prennent à présent 7heurs au lieu de 5 il y a 10/15 ans), et qu’on fait tout sauf conduire ( téléphone, jeux vidéos, routiers roulant le pied sur la portière.), car il n’y plus de sensation de vitesse et de danger.

    On commence seulement à dire que la première cause d’accidents sur autoroute est l’endormissement, puis la baisse de vigilance liée aux comportements extérieurs à la conduite ( portables, etc.)

    Tabac, alcool , vitesse, 3 fléaux brandis depuis 10 ans au bout d’une pique. Pendant ce tempslà, le bon peuple dort... Bouffonerie que cette bien pensance du jour....


    • ZEN ZEN 26 juin 2008 13:40

      Meric pour cet article assez complet sur les questions qui tuent...

      "Vos interventions sont axées sur la défense du pouvoir d’achat des consommateurs. Devenez aussi le défenseur de leur santé en annonçant que les centres Leclerc se battront pour donner une nourriture sans pesticide à leurs clients."

      Michel Edouard me déçoit !


      • foufouille foufouille 26 juin 2008 15:46

        s’il n’y avait pas de maladies, les gens seraient plus heureux. toute une classe de bourgeois gagneraient moins. le pauvre malade cherche moins a se revolter

        et vu qu’il y a eut des surirradiation a cause du materiel en "anglais", on peut se demander si la detection est bien regle................apres tout ca rapporte plus


        • Jordan Jordan 26 juin 2008 19:31
          Monsieur comme vous je passe une belle retraite (76)ans, lecture, musique, chat...etc. J’en suis a prés de 500.000 cigarettes et continu,si je doit mourir d’un cancer ca me parait normal, je refuserais bien sur l’acharnement thérapeutique, N’empêche que j’ai eu la vie que je voulait contrairement a ceux qui meurent beaucoup plus jeunes sur les routes ou autres. Il faut partir du principe que vivre c’est déjà être condamné a mourir, la seule vraie justice sur cette terre. Oui je suis cynique, et alors ?

          • Dancharr 29 juin 2008 16:13

             

            Vous avez bien raison de vivre la vie que vous avez choisie et de fumer en sachant le risque pris. Je parlais, moi, de ceux qui, en faisant leurs courses au supermarché, n’ont pas choisi de boire et manger aussi des adjuvants issus des cuisines de Bayer, Monsanto, d’ICI and Co. Ils font courir des risques qui ne sont pas ceux d’une simple indigestion.

          • timiota 27 juin 2008 00:20

            Relativisons, car les études épidémiologiques réservent des surprises dans les deux sens.

            Malgré l’immense nocivité des innovations, eh bien l’espérance de vie croit toujours de qqs mois par an. Sur les 28 ans entre 1980 et aujourd’hui, ça fait 7 ou 8 ans d’espérance de vie.

            Si on rapporte l’incidence des cancers à la pyramide des ages, il y en a EVIDEMMENT plus aujourd’hui, parce qu’il y a vieillissement, A "CAUSES" CONSTANTES. Bien sur les causes ont pu changer un peu, mais pas énormément. On est donc dans ce paradoxe qu’à age et diagnostic égal, on a un meilleur pronostic aujourd’hui, mais qu’on en a pas moins davantage de mortalité, c’est facile de crier au loup.

            Je conseille au lecteur de lire quand même Jean de Kervasdoué (les precheurs de l’apocalypse), pour des sujets comme le DDT, quasiment pas létal pour l’homme et que je croyais moi aussi, avant d’avoir vérifié, que c’avait été la sale vilennie organochlorée redoutable qu’on pourrait penser. Eh bien non, faut pas en manger matin midi et soir, certes, mais l’homme n’en souffrait pas plus que , au hasard, de la connerie de TF1 aujourd’hui. Et en en privant les pays pauvres de DDT (les substituts du DDT sont bcp + chers) , on a laissé la malaria persister, et des millions de gens en souffrir et en mourir.

             

            Tout n’est pas rose dans la chimie, il y a bien, notamment dans l’industrie, des cas hautement douteux (le chloral, je crois, Marianne y a consacré un dossier récemment), mais nous ne sommes pas sous un déluge de cochonnerie, du moins si vous gardez un régime à la francaise, et ne vous gavez pas de Haribo à l’atrazine.

            Il se trouve que la nature aussi fabrique moultes cochonneries, l’ergot de seigle, les aflatoxines des cacahouètes, etc. et que les toxines bactériennes et virales que voient votre intestin ne sont surement pas rassurantes. Il y a bien là néanmoins, dans les tripes, une forme d’écosystème, solide et qui a "de l’estomac" .

            J’ai appris par exemple que l’on sait aujourd’hui faire des greffes de TOUT le système digestif d’un coup (de l’oesophage à l’anus ou quasi !), et que après qqs années, les chirurgiens se sont rendus compte qu’il ne fallait pas laver aux antibiotiques les tripes du donneur, il fallait y laisser "la merde", dans une certaine mesure, au moins celle qui se niche au contact des cellules humaines, car seule leur interaction fait écosystème, on ne peut pas supprimer la flore intestinale comme ça, et ça produit une quantité de protéines qu’on ne sait pas encore décoder, il y a mille fois plus de gènes en cause que ceux du patrimoine de l’homme !

             

            Je ne dis pas pour autant que ça nous rend immune, et que rien ne nous menace, mais je crois qu’il faut sérier les menaces.

            Les plus grosses sont au début d’allure les plus innocentes : les graisses hydrogénées "trans", espèce d’effet prion sur les graisses me font plus peur à long terme.

            Ensuite, eh bien j’accuserais le fait de bouffer n’importe comment en terme d’horaires et de vitesse, c’est pas bien, faut laisser chauffer le moteur avant de le faire carburer. L’indicateur social le plus corrélé à la réussite (disons au non déjanteage) d’un enfant par rapport aux particularités sociocu de sa famille, ce n’est pas, par exemple, qui travaille parmi ses parents, qui fume ou qui a quel revenu, c’est simplement le fait que les repas soient pris en famille ! Ca assoie le lien social, ça fait circuler l’info, et ça calme les tensions.

            Alors moi, j’assume l’état actuel de l’AFFSA et de notre académie, etc. (j’accepte cela aussi parce qu’on peut aller voir ailleurs, notamment au Canada, quand ça déconne en France, c’est notamment le cas pour l’autisme), et je préfèrerais qu’on garde de la vigilance sur ces sujets (sujets auquel la technique ajoute une sensiblité de détection tuojours croissante, presque trop forte pour les radiations nucléaires : les plus hauts taux de cancers de la thyroide en France sont anti-corrélés avec le nuage de Tchernobyl, c’est Toulouse et Paris, polémique pour polémique), mais qu’on se demande ausis comment et pourquoi on agit sur les sujets où la technique retire vraiment le savoir-faire aux 60 millions de français, celui qui donne du vrai grain à moudre au cerveau (pour les 300 000 agriculteurs, c’est important de garder des savoir-faire at autres AOC , mais la perte pour les principaux millions d’agriculteurs d’il y a trois génération, elle est faite).

            Autre aspect : la pollution de l’air : c’est chez vous que c’est le pire, rarement dehors, sauf si vous habitez au 1er étage Bd Magenta à Paris ou sur l’A86. Du temps qu’on se chauffait au poele, c’était pas brillant du tout du tout. Le lichen avait fuit le parc du Luxembourg Paris à cause du soufre dans le charbon, il est revenu vers 1990 je crois. La poussière d’acarien, elle est ’top’ chez vous, pas tant dehors, on pourrait aligner les exemples (boiseries, produit d’entretien, y compris les cires). Les traditions ancestrales de ci ou de la sont aussi fort cancérigènes : salaisons, fumaisons, machouillage de trucs pas toujours clairs.

             

            A l’inverse, je suis d’accord qu’il existe un mystere du cancer. La compréhension moléculaire a beau avancer, on est tombé avec l’ADN/ARN et les protéines, sur des choses vraiment compliquées. Le prion, c’était dur à croire, et pourtant. L’ADN interférent, découvert il y a à peine douze ans, sur le pétunia, indique comment un espèce de "bruit moléculaire de l’ARN" a été détourné par les machineries cellulaires pour faire passer des effets et des méacnismes in fine très importants, et souvent typiques des cas compliqués : l’acquisition de l’immunité, etc.

            Il faudra sans doute encore trois ou quatre décennies et des esprits remarquables pour comprendre tout cela, et ce ne sera pas facile pour autant à prévenir. Eh bien , ça ne vous rappelle pas la situation en physique vers 1870 ? les choses importantes pour la vision du monde à la Jules Vernes étaient comprises, mais il faudrait attendre 35 ans pour Einstein, et 55 ans pour la physique quantique.

            Patience.


            • Dancharr 29 juin 2008 16:14

               

              Vos considérations sont étrangères à mon propos mais intéressantes. Votre discipline républicaine est admirable, tout comme votre respect des instances autorisées à dire le bien et le mal. Je mangerai maintenant de bon appétit tout ce que messieurs Naouri, Mulliez, Leclerc and Co. me vendront avec la caution du gouvernement, cette entité de sages entourés de conseillers vertueux.

            • aml 27 juin 2008 00:35

              Sans compter que cette maladie fait vivre beaucoup de chercheurss... Si leur motivation est pure et sera un jour , espèrons le, récompensée par le fruit de leur investissement dans cette recherche de "curation" d’autruit, entre temps, l’état encaisse par le biais des taxes sur le tabac qui ne vont pas forcément aux patients qui ont payé cette taxe et les pdg des associations dérapent en se croyant à la tête de multinationales privées.


              • omar omar 27 juin 2008 21:21

                J’ai jamais compris pourquoi les facteurs psychologiques n’ont jamais été pris au sérieux quand il s’agit du cancer.

                Je suis d’accord avec l’auteur de l’article pour le principe de précaution en attendant que la "science’ prouve son efficacité sur ses questions, mais tout de même il y a encore beaucoup trop de questions sans réponses.

                Le déclenchement de cette maladie, le cancer, est-il forcément du à une cause physique, comme c’est forcément le cas avec les substances qui provoquent une partie des cancers (au hasard amiante et autres substances dont il est question dans cet article).

                Est-il possible que certains cancers ne soient pas une maladie mais une réaction naturelle de notre corps pour prendre le dessus après un choc psychologique majeur ou compenser une perte.

                Autre question, comment se fait-il que les médecins et les scientifiques aient tant de morgue et d’assurance quand concrètement ils ne savent pas soigner ni ne comprennent les "mécanismes" de nombre de "maladies".

                Enfin, ne pensez-vous pas qu’en annonçant à une personne qu’elle a le cancer on la tue à moitié et qu’on l’achève ensuite avec les rayons et autres douceurs.

                Ce que j’en pense n’a pas de valeur, je suis juste un pauvre chomeur qui traine ses guêtres sur AgoraVox.

                Merci de m’avoir lu...


                • Dancharr 29 juin 2008 16:16

                   

                  à Omar,
                  Merci pour vos réflexions.
                  Il y aurait beaucoup de cancers qui guérissent tous seuls, dès lors que les défenses immunitaires sont capables d’en venir à bout. Or, on sait que la dépression déprime les défenses immunitaires avec la conséquence que vous imaginez. C’est un facteur psychologique qui est reconnu dans le développement du cancer.
                  Donc tout ce qui diminue le système immunitaire est nocif. A moins de croire au surnaturel, tout ce qui nous arrive est naturel mais parfois ce « naturel » est anormal et le cancer est une transformation anormale de cellules selon un processus que l’on ne connaît pas mais sous l’influence de facteurs chimiques, infectieux, physiques, psychologiques que l’on connaît un peu mieux.
                  Enfin, votre dernière question est une interrogation négative dont vous donnez la réponse. Dire la vérité ou pas c’est selon la capacité : il y en a qui s’effondrent et d’autres qui affrontent debout. Dire que le traitement achève ce n’est pas vrai. Souvent, heureusement, le traitement chimio ou radiothérapique guérit. Quand j’ai commencé ma médecine, Hodgkin, cancer du testicule par exemple tuaient rapidement. Maintenant on en guérit et définitivement.


                  • Lisa SION 2 Lisa SION 29 juin 2008 02:57

                    Patrick de Funès,

                    le fils aîné de Louis, retrace son parcours de radiologue clans cet ouvrage unique en son genre, offrant une vision iconoclaste et irrévérencieuse de la médecine et de ses travers. Des médecins médiatiques aux enquêtes alarmistes, en passant par les maladies à la mode, Patrick de Funès observe, avec une ironie décapante, un univers bien malade. Le sens inné de l’image et l’humour salvateur de l’auteur, digne héritier de son père, font de ce livre ( Médecin malgré lui ) un document exceptionnel. Il a préventivement résilié son inscription au tableau de l’ordre des médecins afin de pouvoir livrer ce témoignage en toute liberté.

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