Dis moi comment tu traites tes fous...
Analyse et commentaires du discours de Nicolas Sarkozy lors de sa visite dans un hopital psychiatrique suite à un fait divers ayant impliqué un interné dans un meurtre...
Lapsus et annonce de politiques sécuritaires...
Extrait :
Discours de M. le Président de la République l’hospitalisation en milieu psychiatriqueAntony – Mardi 2 décembre 2008
Commentaire :
A la suite d’un fait divers à Grenoble, voici la réaction quasi-immédiate d’un Président qui essaye de prendre de la hauteur avec sa manière inimitable.Extrait :
C’est la première fois, qu’un Président de la République rend visite au personnel d’un hôpital psychiatrique. Je n’en tire aucune fierté personnelle. Je considère que faisant cela, je ne fais que mon devoir.Commentaire :
Phrase incompréhensible, sauf à penser que M. Sarkozy pense qu’il faut du courage à rentrer dans un hopital, lui qui est si sain d’esprit craint peut-être la contagion ou l’agression.Et pense de ce fait avoir fait preuve de courage en rentrant dans la cage aux fauves...
Extrait :
Comme notre société a besoin de vous, nous devons nous engager pour que l’on parle de vos établissements autrement qu’à l’occasion de faits divers qui mettent en cause les patients qui vous sont confiés. A mes yeux, ces faits divers ne remettent nullement en question votre compétence, votre dévouement, et les services que vous rendez à la société. Mais ces faits divers doivent nous interroger tous, moi compris, sur les lacunes que peut révéler notre système d’organisation et de fonctionnement de la prise en charge.Commentaire :
En deux mouvements et en deux phrases, comment dire une chose - engager un débat de fond - et son contraire - réagir à la supposé pression médiatique .Ce qui commence à poindre c’est une ostracisation : notre société d’un côté, vos établissements de l’autre.
Et donc les moyens de maintenir étanche ces "deux mondes" en laissant les "fous" à leur place dans un hopital, voire une chambre sécurisé comme "nous" l’allons voir...
Extrait :
Vous vous souvenez tous du meurtre, dont on me parlait il y a quelques instants, commis il y a quelques jours à Grenoble sur une personne de 26 ans par un malade qui avait fugué de l’hôpital psychiatrique de Saint-Egrève...Et j’ai été choqué de ne pas entendre beaucoup de mots pour la famille de la victime.
Commentaire :
Mise en accusation des personnels soignants de ne pas avoir réagi à l’actualité, ou plutôt de ne pas avoir réagi comme le Président aurait souhaité qu’ils le fassent.En pleurant peut-être, en s’accusant eux-mêmes de négligence, en ne permettant pas de ce fait que le "travail de deuil" requis par les médias puisse commencer...
Extrait :
Il faut trouver un équilibre, que nous n’avons pas trouvé, entre la réinsertion du patient absolument nécessaire et la protection de la société.Dire cela ce n’est bafouer personne. Mon devoir c’est de protéger la société et nos compatriotes, de la même façon que les personnels. Parce que vous êtes les premiers au contact de cette violence éruptive, imprévisible et soudaine.
L’espérance, parfois ténue, d’un retour à la vie normale, - j’ose le dire ici - ne peut pas primer en toutes circonstances sur la protection de nos concitoyens.
Mettez-vous aussi à ma place. Je dois répondre à l’interrogation des familles des victimes que je reçois.
Les malades potentiellement dangereux doivent être soumis à une surveillance particulière afin d’empêcher un éventuel passage à l’acte.
Et vous savez fort bien, mieux que moi, que des patients dont l’état s’est stabilisé pendant un certain temps peuvent soudainement devenir dangereux.
Commentaire :
Il faut trouver un équilibre, le mot est bien choisi.Ce discours est farci de lapsus et surtout de rappel à l’ordre, dont M. Sarkozy est le garant.
Il s’agit de ranger les éléments dans des cases si possible fermées à clé.
C’est son devoir, et il faut que les personnels soignants se mettent à sa place.
C’est que M. Sarkozy ne veut pas prendre de risques pour sa réélection, et pour cela ses décisions ne seront guidées que par l’accusation de "laxisme" dont il pourrait faire l’objet.
Présupposé qui ne va pas permettre de traiter de façon sereine et objective un sujet qui aurait mérité une hauteur de vue dont ce monsieur est bien incapable, lui qui n’a toujours qu’une réponse quel que soit le problème posé : la répression et la mise à l’écart par transformation en prison de tout espace clos fut-il un hopital...
Le mot espérance ressort ici mais pour être disqualifié, M. Sarkozy en 2004 avait commis un livre ou il était question d’espérance, mais à l’époque il s’agissait surement de son "espérance" de remporter les élections.
L’espérance qui sous-tend le travail psychiatrique ne lui sert en rien pour se maintenir au pouvoir, alors "il faut le comprendre"...
Extrait :
Et la Ministre de la santé a dégagé 30 millions d’euros. Ces investissements serviront à mieux contrôler les entrées et les sorties des établissements et à prévenir les fugues. Quand un patient hospitalisé d’office sort du périmètre autorisé par son médecin, l’équipe soignante doit en être informée tout de suite. Certains patients hospitalisés sans leur consentement seront équipés d’un dispositif de géo-localisation qui, si cela se produit, déclenche automatiquement une alerte.Commentaire :
Bizarre, la description faite ressemble bien à une prison.Des problèmes, une solution : le maton ( et matons ces fous... ).
Et par la même occasion ces personnels qui avaient l’espoir de faire un métier humain.
Extrait :
Par ailleurs, au moins une unité fermée va être installée dans chaque établissement qui le nécessite. Ces unités seront équipées de portes et de systèmes de vidéosurveillance pour que les allées et venues y soient contrôlées. Enfin, nous allons aménager 200 chambres d’isolement. Ces chambres à la sécurité renforcée sont destinées aux patients qui peuvent avoir des accès de violence envers le personnel. La création d’unités fermées et de chambres d’isolement supplémentaires est une mesure dont je veux souligner l’importance.Commentaire :
Le délire est décliné, il est détaillé, il est central.Mais je pense que M. Sarkozy ne parle plus aux personnels, mais aux médias, en les engageant à reprendre ces "mesures choc" dans les journaux télévisés.
Extrait :
Nous allons d’abord instaurer une obligation de soins en milieu psychiatrique. 80% de vos patients sont pris en charge en ville. De même qu’il existe l’hospitalisation sans consentement, il faut qu’il y ait des soins ambulatoires sans consentement. C’est l’intérêt même du patient et de sa famille. L’obligation de soins doit être effective même en cas d’absence ou de défaut de la famille. On ne peut pas laisser seul un patient qui a un besoin manifeste de soins et qui peut, parfois, refuser de s’y soumettre.Commentaire :
Comme s’il s’agissait de deux pays, les "fous" en France devront être reconduits à la frontière sans leur consentement.Qui va définir le fou ?
C’est une question qui n’est pas abordée.
Mais il me semble que l’Etat pointe le bout de son nez, comme on va le voir plus loin.
En attendant le corps social "sain" va expulser les éléments potentiellement déviants ( qui menacent la veuve et l’orphelin, la victime - ou l’on voit que le principe de précaution ne sert pas qu’en écologie ).
Extrait :
Les sorties de patients, absolument indispensables, doivent être davantage encadrées... ...Je réfléchis à un système ou le préfet doit prendre ses responsabilités. Pourquoi le préfet ? Parce que c’est le représentant de l’Etat. En cas de sortie d’essai ou définitive, il doit y avoir un avis rendu par un collège de trois soignants : le psychiatre qui suit le patient, le cadre infirmier qui connaît la personne, ses habitudes et un psychiatre qui ne suit pas le patient. Et les psychiatres libéraux doivent pouvoir en faire partie. L’exercice collégial est la clé de la réforme. L’avis des experts est indispensable, mais je veux poser la question les experts. Les experts donnent leur avis mais la décision, ce doit être l’Etat, ou dans certains cas la justice, mais pas l’expert. Je ne suis pas pour une société d’experts : les experts en comptabilité, les experts en bâtiment, les experts en médecine, les experts encore toujours.Commentaire :
Et voila l’Etat qui arrive, expression de la volonté populaire par l’élection de M. Sarkozy qui donne des ordres aux préfets.Et les personnels soignants, ravalés au rôle d’experts, dont la décision semble n’être que consultative et collégiale, devront se soumettre à la seule personne qui décidera : le préfet.
Dans d’autres domaines, ce gouvernement et M. Sarkozy se soumettent bien volontiers à des avis d’experts : en économie, en justice, en sécurité, en informatique, en géopolitique.
Mais pas en psychiatrie, la on ne plaisante pas, il s’agit d’experts de basse extraction, qui pourraient analyser oh insulte suprême, le pourquoi des décisions présidentielles comme la pétition ( appel des 39 ) le souligne.
Le roi est nu mais il ne veut pas le savoir, son délire doit pouvoir continuer à s’étendre...
Extrait :
Enfin, le Gouvernement s’assurera que les informations administratives sur les hospitalisations d’office soient partagées entre tous les départements avec un secret médical respecté de la façon la plus stricte.Commentaire :
Et hop, un fichier supplémentaire, dont les accèdants seront surement les préfets.Société de contrôle ou le problème ne sont pas les sans-papiers, mais l’équivalent informatique des papiers : les fichiers.
Extrait :
Il est enfin important, essentiel, d’accroître l’attractivité de vos métiers et de vos carrières. C’est un problème majeur dans notre pays.Vous avez un pays passionnant mais extrêmement exigeant.
Commentaire :
Une petite cerise sans chiffrage, une sorte d’ajout oratoire passe-partout qui n’engage à rien car, osons le mot : "les promesses rendent les fous joyeux".Je note aussi le plus beau lapsus du discours ou le métier des personnels psychiatriques est remplacé par le pays comme vous pouvez le voir.
Extrait :
Et enfin, je comprends parfaitement que le malade est une personne dans toute sa dignité et que sa maladie ne fait que le rendre plus humain encore, qu’un hôpital ne sera jamais une prison.Mais en même temps, des malades en prison, c’est un scandale.
Mais des gens dangereux dans la rue, c’est un scandale aussi.
Commentaire :
C’est beau un président qui a conscience de tous les aspects d’un problème, qui tente de désamorcer un débat qu’il est censé venir initier, mais qui est déjà clos puisqu’il a parlé.Définition du mot scandale : Terme qui vient du grec "scandalon", signifiant : obstacle placé sur un chemin pour faire tomber celui qui l’empruntera.
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