Enfin une lueur d’intelligence ! - Zéro Covid
Signez la pétition ! (1) Vingt scientifiques publient une tribune dans The Lancet (2) demandant un tournant radical des politiques sanitaires en Europe. Ils préconisent une stratégie d’éradication du virus, à l’image de ce qui a été pratiqué avec succès en Asie et en Océanie. Ils demandent une synchronisation des politiques européennes pour mettre fin au “ping-pong” actuellement observé entre les différentes régions : l’épidémie ralentit ici et repart là-bas, les régions s’infectant mutuellement dans un sens ou dans l’autre.
Partie 1 - Pourquoi l’éradication ?
On trouve des perles dans les actualités Yahoo ! et notamment dans celles du 19 janvier. Une synthèse de Matthieu Brandely présente les principales caractéristiques d’un plan d’éradication et en résume les avantages. Soyons clairs, il n’y a QUE des avantages à l’éradication : la population vit à peu près normalement, ne souffre plus d’isolement et de dépression et l’économie redémarre. (3)
Deux coups de tonnerre
Le chaos qui règne à Manaus, au Brésil (4), et la diffusion rapide du variant anglais, déjà dans 60 pays (5), ont certainement donné à ces vingt scientifiques le courage de dire tout haut ce qui était évident depuis le début, à savoir que ce type d’épidémie réclame des mesures fortes et rapides. (L’inverse de ce qui a été fait en France, où les autorités ont agi « au pied du mur », selon les termes choisis mais lapidaires de la commission d’enquête parlementaire (6)) Le cas de Manaus a particulièrement interpellé les esprits. La ville subit en ce début d’année une deuxième vague pire que la première, malgré 76 % de séropologie positive à l’automne dans la population, bien au-delà des 70 % nécessaires pour l’immunité collective. La deuxième vague semble due au bien nommé variant brésilien. La presse, unanime, titre sur la fin du mirage de l’immunité collective et on a du mal à lui donner tort puisqu’on observe, effectivement, des cas de ré-infection par le variant après une première contamination au printemps par la souche originelle (7). Que la ré-infection soit due à une mémoire trop courte du système immunitaire ou au variant, ne change pas fondamentalement : le résultat est malheureusement là. Finalement, Bolsonaro aura peut-être servi à quelque chose !
Éradiquer, et après ?
L’éradication en elle-même est assez facile à obtenir : c’est un confinement strict. La difficulté sera, en revanche, d’empêcher le virus de revenir. Une multitude de mesures très fines seront nécessaires, dont un traçage efficace. On en est loin aujourd’hui en France (8) mais certains pays le font très bien (9). C’est cette deuxième phase qui demandera le plus d’intelligence et d’inventivité ! Permettre à la vie de reprendre son cours normal tout en arrêtant le virus s’il réapparaît.
Bien noter que le premier confinement français n’était pas strict. De nombreuses personnes circulaient. Dès mars, un médecin français expatrié en Chine expliquait que la Chine avait d’abord essayé un confinement souple, à la française, et que cela n’avait pas marché. Puis la Chine a basculé sur un confinement strict et cela a marché. (10) (11) La voie à suivre était connue dès le printemps, encore fallait-il vouloir l’entendre !
Nos médias protègent le pouvoir (mais qui en est surpris ?)
Les médias français sont d’une mauvaise foi achevée lorsqu’ils parlent des pays étrangers qui réussissent mieux que nous. Titres et chapeaux alarmants transforment en “catastrophes” les petites embûches que rencontrent les pays bons élèves, même lorsque leurs contaminations sont de plusieurs ordres de grandeur en-dessous des nôtres. Et, surtout, nos médias claironnent fièrement que nous sommes en démocratie et catégorisent volontiers certaines mesures prises en Asie comme dictatoriales, oubliant au passage qu’il n’y a pas que des dictatures en Asie et en Océanie. Cet argument des mesures “dictatoriales” est malheureusement repris par une partie de l’opinion publique. C’est pourquoi, dans la deuxième partie de cet article, nous examinerons l’aspect démocratique de l’éradication.
Partie 2 - L’éradication est-elle possible en démocratie ?
Géolocalisation = dictature ?
Selon certains Français, recourir à la géolocalisation pour rechercher les cas contacts serait un procédé dictatorial. Or, cela existe déjà ! La police, dans le cadre d’une enquête, peut obtenir de l’opérateur téléphonique la géolocalisation d’une personne. La différence ici serait que la demande émanerait, non pas de la police, mais d’un traceur, lorsque vous êtes contact d’une personne contaminée. En somme, rien de nouveau sous le soleil.
Nous savons en France stocker les données sensibles de façon sécurisée. Certes, un piratage est toujours possible mais des techniques et des protocoles réduisent fortement ces risques. Et, à moins de faire partie des 1000 personnes les plus puissantes du pays (cercles dirigeants, grands chefs d’entreprises, etc.), votre géolocalisation n’intéresse probablement personne, et a fortiori pas les services de l’État qui n’ont déjà pas les moyens de surveiller les combattants français rentrés de Syrie…
Précisions enfin que le traçage n’a besoin de conserver les informations que pendant un mois ou deux, grand maximum.
Traçage = intrusion dans la vie privée ?
Certaines personnes vivent le traçage comme une intrusion dans leur vie privée. Or, confier le traçage à un logiciel résout ce problème ! Actuellement, les traceurs sont des humains : des employés de l’Assurance Maladie, ou des Agences Régionales de Santé pour les grands foyers, qui vous posent des questions précises sur votre emploi du temps des jours précédents. Avec un logiciel, inutile de donner certains détails aux humains. Les traceurs reçoivent seulement les noms et coordonnées des cas contacts. Michel a-t-il rencontré Géraldine dans une boulangerie ou à l’hôtel ? Peu importe : le traceur sait seulement ce qu’il doit savoir, c’est-à-dire qu’ils ont été en contact. Le traçage logiciel protège mieux la vie privée !
Peur des pourriels ?
Si, si, j’ai entendu cet argument plusieurs fois ! Des personnes craignent de recevoir du spam si elles installent l’application de traçage sur leur mobile. Sauf que, là non plus, rien ne change : l’État a déjà vos coordonnées, par exemple dans votre compte Améli, les impôts en ligne, etc. Seuls les vendeurs mal élevés vendent leurs fichiers, pas les grandes enseignes ni l’État. Rien de nouveau sous le soleil.
Quand bien même l’État vendrait le fichier "Covid-19", est-ce que les pourriels causent une chute de PIB de 15 %, créent un million de chômeurs et plongent un Français sur cinq en dépression ? Non, évidemment ! Il faut faire la part de choses et ne pas rejeter une solution sur un prétexte aussi futile !
Sanction = dictature ?
Un autre usage de la géolocalisation dans certains pays asiatiques bons élèves, est la vérification de la quarantaine. En France, à écouter certains, utiliser la géolocalisation pour s’assurer que les personnes respectent leur isolement, serait une atteinte intolérable à leur liberté. Mais ces personnes tiendraient-elles le même discours avec la sécurité routière ? Est-il choquant de mettre un chauffard ivre en prison ? Bien sûr que non ! Dans les deux cas, il s’agit de mise en danger d’autrui. Et le cas de la Covid-19 est en fait bien plus dommageable pour la société qu’un chauffard ivre, car les victimes d’un chauffard ivre ne deviennent pas des chauffards ivres à leur tour. Rappelons que la Covid-19 a une progression exponentielle capable de déborder n’importe quel système de santé. Donc, géolocalisation ou bracelet électronique comme à Honk-Kong (14) : rien de nouveau sous le soleil. Il faut s’assurer que les règles soient respectées. Des contrôles sont souhaitables et nécessaires, dès lors que les règles ont été discutées et acceptées.
Confinement strict = liberticide ?
C’est l’argument le plus étrange que j’aie pu entendre mais il est revenu plusieurs fois : le confinement strict “à la chinoise” serait liberticide et inacceptable. Or, un confinement strict signifie seulement qu’il y a moins d’exceptions au confinement. Il n’y a pas de changement de principe, mais de périmètre. Faut-il comprendre que les postiers et les caissières ont davantage le “droit” de tomber malades ?
La défiance, obstacle n° 1 ?
En guise de première conclusion, les “arguments” des personnes hostiles aux méthodes asiatiques sont confus et révèlent surtout une énorme défiance envers le pouvoir. Tout semble prétexte à dire “non”. Et, honnêtement, je m’associe à cette défiance puisque je ne pense pas que l’Amateur de Théâtre puisse mener à bien un plan d’éradication. Il n’est intéressé que par son compte en banque et se tourne les pouces depuis le début. Reste que l’agitation du pouvoir, je veux parler de ces cinquante nuances de restrictions qui nous tombent dessus tous les quinze jours, 18 heure au lieu de 20 heure, 100 km au lieu de 1 km, ah non plutôt 20 km, télétravail obligatoire ou encouragé, ah non seulement un jour par semaine, vélo interdit puis autorisé, masque en intérieur ou aussi en extérieur, écoles fermées puis ouvertes, bref tous ces ajustements sans fin visent à donner l’impression que le pouvoir fait “tout son possible” pour lutter contre l’épidémie. Alors qu’en réalité, il joue la montre. Ma conviction est que le pouvoir a fait le choix, dès le début, d’attendre le vaccin, objectif déjà mentionné par Ferguson dans son fameux article du 16 mars (12). Ce choix de l’attente s’avère dramatique, comme nous le voyons aujourd’hui, et se heurte de plein fouet à la multiplication des variants alors que la campagne de vaccination (contre la souche initiale !) débute à peine. Pour dissimuler son choix, le pouvoir s’agite en permanence, remplit l’espace médiatique avec des mesures d’atténuation, jamais des mesures d’éradication, ce qui aboutit à laisser le public dans une situation confuse, pour ne pas dire schizophrénique, où le pouvoir paraît se creuser la tête tous les jours alors que la réalité quotidienne des Français ressemble à “Un jour sans fin” (13).
France = démocratie ?
Or, justement, d’où vient ce choix d’attendre le vaccin ? Des Français ? Y a-t-il eu un débat public ? Un référendum ? Des négociations ? Hélas non, rien de tel ! Le pouvoir a pris, seul, la décision de laisser l’épidémie frapper le pays et de ne jamais tenter de l’éradiquer par des mesures non pharmaceutiques. Cette politique n’a rien de démocratique. Demandons à la population si elle veut terminer rapidement ou non ce cauchemar, et je crois deviner sa réponse !
Des pays ont adopté immédiatement une bonne stratégie : nous n’avons plus qu’à marcher sur leurs pas.
Et surtout…
Signez la pétition ! https://weact.campact.de/petitions/zerocovid-fur-einen-solidarischen-europaischen-shutdown
Profession de foi du collectif Zéro Covid, ici : https://zero-covid.org/language/fr/
Yves Ducourneau, le 23 janvier 2021
Notes :
(1) https://weact.campact.de/petitions/zerocovid-fur-einen-solidarischen-europaischen-shutdown
(2) "Calling for pan-European commitment for rapid and sustained reduction in SARS-CoV-2 infections", The Lancet, 18/12/2020
(3) "Covid-19 : faut-il passer à une stratégie de suppression du virus ?", par Matthieu Brandely, Yahoo ! Actualités, 19/01/2021
(4) "Brésil : à Manaus, du mirage de l'immunité collective au chaos", par Julien Lecot, Libération, 15/01/2021
(5) "Covid-19 dans le monde : le variant britannique présent dans au moins 60 pays et territoires ; de premiers cas découverts à Pékin", par la Rédaction avec AFP, 20/01/2021
(6) "Covid : un premier rapport d’enquête parlementaire factuel et cruel", par Caroline Coq-Chodorge, Mediapart, 03/12/2020
(7) "Que sait-on du variant brésilien du Covid-19 qui sème le chaos à Manaus ?", par Anissa Boumediene, 20 Minutes, 19/01/2021
(8) "Covid-19 : de moins en moins de contaminés passent entre les mailles du dépistage en France, avance une étude ministérielle", France Télévisions, 24/12/2020
(9) "Contrôle de l’épidémie de Covid-19 : les leçons de la Nouvelle-Zélande", par Marc Gozlan, son blog, 28/10/2020
(10) "« Nous devons faire comme les Chinois, un arrêt complet du pays » : un médecin français expatrié à Wuhan juge insuffisantes les mesures prises en France", Radio France, 22/03/2020
(11) "Wuhan mass screening identifies hundreds of asymptomatic cases", Science Daily, 30/11/2020
(12) "Report 9 - Impact of non-pharmaceutical interventions (NPIs) to reduce COVID-19 mortality and healthcare demand", Imperial College of London, 16/03/2020
(13) https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=8066.html
(14) "Outils numériques, quarantaine individuelle, rôle des masques… Que retenir de l'expérience asiatique pour la lutte contre le Covid-19 ?", Radio France, 16/04/2020
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