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Accueil du site > Actualités > Santé > Gériatrie : la nutrition face au vieillissement physiologique des personnes (...)

Gériatrie : la nutrition face au vieillissement physiologique des personnes âgées - Partie 1

« QUAND ON AVANCE EN ÂGE, MIEUX VIVRE C’EST MIEUX SE NOURIR »

L’équilibre nutritionnel de la personne âgée (PA) est plus précaire car tributaire de modifications physiologiques et de l’émergence de pathologies. Les personnes âgées ont tendance par ailleurs à diminuer leur apport alimentaire sans que leurs besoins énergétiques ne soient réduits : leurs réserves étant amoindries, tout incident rompt un équilibre déjà précaire et la dénutrition fait son apparition.

senior au Maroc

L'IMPACT DU VIELLISSEMENT PHYSIOLOGIQUE SUR LA NUTRITION

Avec l’âge, l’altération des perceptions des odeurs et du goût stimule moins l’appétit : la capacité discriminative s’affaiblit d’où une difficulté à identifier les aliments ; le seuil de détection des 4 saveurs de base augmente (multiplié par 11,6 pour le salé, 7 pour l’amer, 4,3 pour l’acide et 2,7 pour le sucré).

Près de 400 médications (anti-inflammatoires, antidiabétiques oraux, inhibiteurs de l’enzyme de conversion…), des carences en zinc ou en vitamine B3, la cirrhose du foie ou la déshydratation perturbent le goût.

La malnutrition aggrave ces déficiences, ralentissant ainsi le renouvellement cellulaire indispensable à la régénération des acteurs sensoriels.

La perte d’appétit découle aussi d’une sénescence des glandes salivaire. Les aliments n’étant plus correctement imbibés, les molécules porteuses de saveurs appétissantes sont moins actives. De plus, la dégradation dentaire et la prédilection pour des aliments plus liquides diminuent les mouvements masticatoires ce qui va encore réduire cette sécrétion.

La sécheresse buccale (xérostomie) est alors fréquente, exacerbée par de nombreux médicaments (diurétiques, benzodiazépines, antihistaminiques…), elle va favoriser les caries dentaires, les mycoses buccales et œsophagiennes, occasionnant des brûlures lors de l’ingestion et, in fine, gênant l’élocution et la déglutition.

La muqueuse gastrique, en s’atrophiant, sécrète moins d’acide chlorhydrique, d’où une pullulation bactérienne consommatrice de nutriments (folates) et un retard à l’évacuation gastrique de 2 à 3 fois plus long, qui prolonge la phase d’anorexie post-prandiale.

L’accélération plus importante chez la PA du transfert du chyme de la partie supérieure de l’estomac (le fundus) à la partie inférieure (l’antre) avec une distension précoce de cette dernière joue par ailleurs un rôle prépondérant dans le sentiment précoce de satiété.

Un peptide, le CCK sérique (cholecystokime -pancreozymine), produit par le duodénum au cours du repas, stimule la sécrétion par le pancréas de la trypsine qui inhibe en retour la sécrétion de CCK. L’insuffisance pancréatique exocrine, liée à l’âge ou aggravée par une dénutrition, lève ce rétrocontrôle, d’où une production accrue de CCK à l’origine elle aussi d’une satiété précoce.

La survenue plus fréquente chez la PA d’ulcères et de gastrites chroniques, en liaison avec une incidence plus élevée d’infection par Hélicobacter pylori, renforce encore le risque anorexique.

Le vieillissement musculaire et la diminution du capital musculaire (sarcopénie) est un phénomène presque inéluctable qui commence à 40 ans pour l’homme contre 50 ans pour la femme. La perte -de 3 à 8 % tous les dix ans- s’accélère après 60 ans et réduit la musculature à 17% du poids du corps à 70 ans contre 30% à 30 ans.

La composition en fibres du muscle se modifie : les fibres de type II, ou fibres blanches, à contraction rapide, mais peu résistantes à la fatigue, s’atrophient ; les fibres de type I ou fibres rouges, à contraction lente, générant peu de force, mais une forte endurance, sont moins affectées et leur densité serait même plus importante. Outre cette réduction de la force musculaire malgré une certaine préservation de l’endurance, le système nerveux contrôle moins bien ces contractions.

Plusieurs facteurs génétiques, médicamenteux, nutritionnels ainsi que l’augmentation des cytokines (état inflammatoire provenant de l’accroissement de la masse grasse) conditionnent l’apparition de cette sarcopénie.

Les hormones sexuelles joueraient aussi un rôle dans le contrôle de l’appétit au cours du vieillissement. La diminution des taux circulants de testostérone observée au moment de l’andropause induirait la perte d’appétit chez l’homme âgé et précipiterait le développement de la sarcopénie. À l’inverse, la réduction de sécrétion des œstrogènes à la ménopause protégerait les femmes de cette perte.

Les répercussions de la sarcopénie sont considérables : risques infectieux par baisse des réserves protéiques nécessaires aux défenses immunitaires, chutes et fractures éventuelles compromettant l’autonomie de la PA…

Un moindre volume musculaire expose aussi la PA aux troubles de la thermorégulation, la baisse de l’intensité du frissonnement qui en découle rendant la PA plus démunie face à l’exposition au froid.

Dr Moussayer khadija specialiste en medecine interne etnen geriatrie Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار, Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie en libéral à Casablanca, .Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc (AMRM) et de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS),

- REFERENCE

MOUSSAYER KHADIJA Doctinews N° 25 Août/Septembre 2010, ACTUALISATION JUIN 2024

- POUR EN SAVOIR PLUS : La plupart des personnes âgees souffrent de maladies chronique le plus souvent d'origine auto-immune

Les maladies auto-immunes résultent d’un dysfonctionnement du système immunitaire, censé nous protéger des agressions extérieures, qui va le conduire à s’attaquer à notre propre organisme. Elles constituent un important problème de santé publique du fait de leur poids économique et humain : 3ème cause de morbidité dans le monde après les maladies cardiovasculaires et les cancers, elles touchent en effet près de 10 % de la population mondiale et occupent le deuxième ou le troisième poste du budget de la santé dans beaucoup de pays. Enfin, dernier point méconnu mais pas le moindre, ces maladies concernent les femmes dans plus de 75 % des cas : une femme sur six en est atteinte au cours de sa vie !

Passons donc en revue ce que sont ces pathologies et les actions de l’associations AMMAIS

UN PROCESSUS D'AUTODESTRUCTION DE L'ORGANISME

Notre système immunitaire est composé notamment de cellules spécialisées comme les lymphocytes et de substances (les anticorps) chargées normalement de nous défendre contre toute attaque extérieure provenant de différents virus, bactéries, champignons et autres produits délétères.

Lors d’une maladie auto-immune (MAI) ou à manifestations auto-immunes, des éléments de ce système se trompent d’ennemi et s’en prennent à nos tissus et cellules. Certains anticorps devenus nos adversaires s’appellent alors « auto-anticorps ». Au total, il existe près d’une centaine de ces troubles.

 

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10 réactions à cet article    


  • Giordano Bruno - Non vacciné Giordano Bruno - Non vacciné 19 juillet 13:41

    La présentation des problèmes est intéressante, mais on reste sur sa faim. On salivait à l’idée de découvrir des propositions pour lutter contre la sarcopénie (activité physique, apports nutritionnels, l-citrulline, etc.). Mais l’article semble n’être qu’un hors-d’œuvre , sans doute le plat de résistance suivra-t-il bientôt.


    • Dr Khadija Moussayer Dr Khadija Moussayer 19 juillet 14:14

      @Giordano Bruno - Non vacciné
      Bonjour, 
      l’article complet a été publié déjà dans une revue médicale en 2010, Comme il est tres long, j’ai préféré le découper en 5 parties apres que j’en ai fait son actualisation
      J’espère que les « plats de résistance », comme vous le dites si bien, répondront à votre attente !


    • ZenZoe ZenZoe 20 juillet 09:37

      Je ne sais pas au Maroc, mais en France, avec la nourriture servie dans les EHPAD, on voit mal les vieux dévorer avec appétit et ainsi se requinquer (pareil pour les hôpitaux d’ailleurs, c’est quand les gens ont besoin de mieux se nourrir qu’on leur sert de la bouillie dégueulasse.


      • chantecler chantecler 20 juillet 09:46

        Je revois mon père dans un Ehpad (privé)...

        Il y avait un agent en blouse avec une toque de cuisinier sur la tête , qui poussait le chariot des plats réchauffés vers le réfectoire .

        Puis les vieux assis , placés devant leurs assiettes, livrés seuls à eux mêmes , avec personne pour veiller et les aider à s’alimenter ....

        Et 10 minutes après tout partait à la poubelle ....

        Et vlan passe moi l’éponge !


        • ZenZoe ZenZoe 20 juillet 09:58

          @chantecler
          Tellement vrai, et tellement bien écrit je dois dire ! Ça serre le coeur.


        • ZenZoe ZenZoe 20 juillet 10:02

          @chantecler
          La toque de cuisinier sur la tête, c’est comme le pompon sur le chapeau si je puis dire, il n’y a pas de cuisiner en EHPAD, juste des gens qui déballent du Sodexo et réchauffent au micro-ondes. Même pas un brin de persil pour égayer la purée, c’est trop cher.


        • chantecler chantecler 20 juillet 10:11

          @ZenZoe
          Naturellement !
          Ce sont des « traiteurs »comme dans les hôpitaux , la majorité des cantines scolaires , qui « préparent » les repas .
          D’où les chariots réchauffants qui transportent la nourriture ...
          Mon commentaire était trop bref ou il manquait un smiley


        • Dr Khadija Moussayer Dr Khadija Moussayer 20 juillet 17:24

          @chantecler
           Bonjour, oui malheureusement votre description est conforme parfois à la rélité.
          Quant au Maroc n’en parlons pas ; : les EHPAD sont souvent de véritables mouroirs
          BONNE JOURNEE A VOUS


        • Enki Enki 21 juillet 14:49

          Content de votre retour.

          J’ai l’impression, avec l’âge venant, qu’on cherche moins de quantité et que les graisses, huiles, crèmes et sauces fatiguent. Je suis de plus en plus sensible aux assaisonnements et épices, par contre. Avec l’inévitable trio oignons, ail, échalotte, il y a tous les persils et herbes, les curry et ses éléments, les clous de girofles, le gingembre, le citron, etc... J’ai découvert la sauce soja ces dernières années. Bien sûr, on peut élargir la panoplie avec le temps, en variant, testant, diversifiant les saveurs... J’ai la chance de vivre en pays qui mélange le sucré et salé. De plus, le mélange des plats est plus digeste que la succession.

          Bref, j’ai l’impression de repas toujours aussi riches, mais évoluant de chargés à « fleuris ». Et surtout, tout le monde dans mon corps a l’air content. Je ne suis pas le seul à constater ça.

          Une sensibilisation/éducation aux assaisonnements des plats n’est-elle pas une garantie à une bonne santé tout au long de la vie ?


          • Dr Khadija Moussayer Dr Khadija Moussayer 21 juillet 22:49

            @Enki
            Bonsoir,
            Oui, vous avez entièrement raison quans vous dites :« Une sensibilisation/éducation aux assaisonnements des plats n’est-elle pas une garantie à une bonne santé tout au long de la vie ? »
            De plus en s’inspirant des cuisines étrangères, on peut varier à l’infini le goût des plats
            Bonne soirée

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