Le baclofène bouleverse tous les concepts admis sur la maladie alcoolique
De façon certaine, j'étais alcoolo-dépendante depuis un grand nombre d’années.
De façon tout aussi certaine, je ne le suis plus…
J’ai commencé à boire à l’âge de 16 ans, j’en ai 54. J'étais une adolescente timide, l'alcool me désinhibait, chaque déception, chaque conflit, chaque fête aussi m'incitait à recommencer.
D’année en année, ma consommation a augmenté. Je buvais le week-end, puis les week-ends se sont prolongés durant la semaine tant et si bien qu’en 2008, les seuls jours où j’arrivais, à force de volonté, à ne pas boire étaient le lundi et parfois le mardi à condition qu’aucune turbulence ne traverse la journée.
Chaque fois, je me disais, tu feras mieux la semaine prochaine et chaque fois, la même chose se reproduisait.
A partir de ce moment, j’ai compris que mon problème devenait sérieux et qu’il fallait que je trouve une solution. Mais je savais qu'un alcoologue me demanderait de rester abstinente, j'en étais bien incapable...
Je tergiversais donc, repoussant le jour de prendre un rendez vous.
Par hasard, j’ai lu, en avril 2009, un article sur le baclofène, puis dévoré le livre d’Olivier Ameisen "Le dernier verre" où il expliquait sa démarche scientifique. J'ai eu confiance en ce qu'il évoquait. J’ai consulté les publications scientifiques disponibles sur internet dont le livre m’avait fourni la piste : les expériences sur les rats rendus dépendants, les études de l’équipe d’Addolorato, les « case report » d’Olivier Ameisen et de William Buckman, les témoignages du forum d’e-santé...
Début 2009, il n’y avait pas de prescripteurs, le médicament n’était pas connu pour cet usage, les médecins pas informés ou sceptiques. Habitant Toulouse, je suis donc allée en Espagne me procurer du liorésal en vente quasi libre là-bas. Forte de mon expérience et de ma guérison en cours, je me suis ensuite décidée quelques mois plus tard à en parler à mon généraliste qui a accepté de me suivre.
J’ai augmenté peu à peu les doses de baclofène pour atteindre en six mois la dose de 110 mg/jour. A cette dose, je me suis aperçue que je ne pensais plus à l’alcool, j’étais guérie, la dépendance n’existait plus. Je suis ensuite redescendue à 40mg/jour en quelques mois et m’y suis maintenue.
Mon rapport à l’alcool a changé du tout au tout. Je bois encore de temps en temps parce que j’aime le goût du vin de qualité ou de la bière fraîche en été mais sans que cela soit au centre de ma vie. Je ne bois plus d’alcool fort que je n’aimais pas et oublie régulièrement d’acheter un apéritif.
Je ne suis plus obsédée par l’idée de devoir me priver de boire de peur de boire trop. Ni par celle de devoir trouver un prétexte quelconque pour pouvoir boire. Je suis libre de boire ou de ne pas boire, quand cela me fait plaisir et en n’ayant aucun effort à faire pour arrêter d’enchaîner verre sur verre.
Alors pour moi et de façon claire, la dépendance est une maladie neurobiologique qui peut être guérie par la prise de baclofène.
Olivier Ameisen a émis l'hypothèse d'un déficit en GHB dans le cerveau des personnes dépendantes. Le baclofène est comme le GHB un agoniste du Gaba-B, sa prise pourrait compenser le manque en GHB
Cette hypothèse j’y crois car elle explique ma guérison.
Olivier Ameisen en voulant vivre a, de mon point de vue, fait une découverte majeure.
Le baclofène peut, en supprimant le craving, supprimer la dépendance, c’est à la fois si simple et si énorme que cela bouleverse toutes les idées reçues depuis longtemps.
Je savais que l'alcoolisme n'était pas une tare ni un vice, ce n’est plus un fléau mais une simple maladie que l'on peut soigner efficacement et durablement.
Parce que j’ai retrouvé ma liberté, j’ai créé avec d’autres, guéris de la même façon que moi ou conjoints d’ex-malades, l’association BACLOFENE afin que soit reconnu le baclofène dans le traitement de l’alcoolisme, afin que d’autres que nous aient la même opportunité, celle de guérir.
Sylvie – Association BACLOFENE
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