Nouveau scandale : Escroquerie au Seroplex
C’est une bombe : Le laboratoire danois Lundbeck a escroqué les systèmes d’assurance maladie du monde entier ! Le Bureau of Investigative Journalism, repris par le journal The Independant révèle, après une longue enquête, que l’unique étude indépendante démontrant que le Seroplex est meilleur que le Seropram avait en fait été truquée par le laboratoire Lundbeck, qui vend les deux produits.
Seroplex, Seropram, séquoi ?
En 1989, Lundbeck découvre un nouveau médicament, le Citalopram, un mélange de deux molécules presque identiques. C’est ce que l’on appelle un racémique, mélange à 50-50 de deux énantiomères (appelés R et S).
Le produit est donné contre la dépression, de l’anxiété, la neuropathie diabétique et l’éjaculation précoce.
Pendant des années, Lundbeck vend ce produit au prix fort sous le nom de Seropram et engrange beaucoup d’argent. Tout a une fin, et arrive bientôt le moment où le brevet tombe dans le domaine publique, moment à partir duquel on trouve des génériques.
Lundbeck décide alors de ne plus vendre que l’un des deux composés, l’énantiomère S ou Escitalopram (S-Citalopram). C’est le Seroplex. Mais c’est pas sûr que la Sécu accepte de rembourser très cher un médicament qui existe déjà et est générique. Pour ça, Lundbeck a forcé le destin.
Une étude truquée
Bien sûr, Lundbeck fait plein de tests cliniques pour montrer que le Seroplex est meilleur que le Seropram. Ca ne suffira pas à convaincre : il faut au moins une étude indépendante. Et voilà que Lundbeck en trouve une : une obscure boîte russe, Arbacom, est arrivée aux mêmes conclusions. Le produit est accepté et commercialisé en 2002, et tous de casquer.
Voilà pour la version officielle. La journaliste Melanie Newman nous montre la face cachée de l’affaire.
Les personnes qui travaillent chez Arbacom sont mariées avec des salariés de Lundbeck.
L’un des cadres d’Arbacom est consultant pour Lundbeck.
Le protocole de l’essai clinique utilisé par Arbacom est un document informatique dont on découvre qu’il a été rédigé par Lundbeck.
Une autre entreprise Russe, Valexpharm, a reçu un juteux contrat de Lundbeck. Or, l’un des cadres de Valexpharm a utilisé une adresse mail d’Arbacom.
...
Une étude isolée
Bien entendu d’autres études, vraiment indépendante, ont été menées depuis sur ce produit. AUCUNE n’a réussit à prouver que l’Escitalopram est meilleur. PERSONNE n’a tenu compte de ces voix discordantes.
Jaloux de ce magnifique coup, les concurrents de Lundbeck ont essayé de faire pareil, sans succès :
Wyeth fait un bide ave son PristiQ (Desvenlafaxine).
Pierre Fabre rame pour montrer que son levomilnacipran est meilleur que l’Ixel (milnacipran).
Sepracor n’a pas réussit à faire gober aux autorités européenne que son Lunesta (eszopiclone) est meilleur que l’Imovane (zopiclone).
…
Censure sur Wikipedia
L’info est sortie sur Wikipedia. Très vite, elle n’est pas effacée, mais mise en balance avec d’autres éléments au contraire positifs sur le produit : Rhproofer insiste pour mentionner 5 études contradictoires, soit-disant indépendantes.
Sur ces 5 études, deux ont été écrites par des salariés de Lundbeck (N Despiegel, P Verpillat et Henning Andersen), une est défavorable au Seroplex, les deux autres sont des compilations qui prennent en compte les études biaisées de Lundbeck.
On va pas dire que Rhproofer est piloté par Lundbeck, mais on va juste le penser très fort. En plus, à part ces quelques modifications, il n’a rien fait d’autre sur Wikipedia.
Des millions en jeu
L’article révèle encore que le Seroplex coûte 14,91£ contre 1,31£ pour du Seropram générique. Chaque année, le système de santé britannique gaspille 3,3 MILLONS de livres qui pourraient être économisées en choisissant le générique. En France, le Seroplex coûte 21,22€ la boîte remboursée à 65%, contre 12,73€ (également remboursé à 65%) pour du générique.
On aurait pu s’attendre à une descente de police chez Lundbeck, au moins pour saisir les dossiers et enquêter, vérifier sur ces accusations… Rien.
On aurait pu s’attendre à une déclaration des parties lésées : assurance maladie, mutuelles… Rien.
On aurait été en droit de voir les autorités, ministères et agences du médicament, prendre la défense du contribuable, du client, pardon, du patient… Rien.
D’où la question : nos dirigeants auraient-il touchés des pots-de-vins sur lesquels ils ne veulent pas qu’on enquête, ou sont-ils trop préoccupés par les prochaines élections présidentielles (en France comme en Amérique) pour faire le travail pour lequel ils sont payés ?
11 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON