Pertes blanches de Corfou
Il faut savoir assumer ses pertes !
Avant-propos : que les femmes grecques francophones, et elles sont plus nombreuses qu’on ne le croit, qui pourraient lire cet article soient rassurées. L’auteur ne présume en rien de leur hygiène intime du fait de leur nationalité, mais l’occasion de ce titre était trop belle, surtout en se souvenant de la version interprétée par Nana Mouskouri avec sa candeur rigide d’institutrice dans l’enseignement privé.
Les véritables leucorrhées, blanchâtres et épaisses sont le plus souvent dues à une mycose, le Candida albicans (ce qui veut dire blanc/blanc en latin), qu’il ne faut pas confondre avec « Candidat Unique de la Gauche », qui lui par contre n’est pas toujours très blanc dans ses intentions. Par contre, une femme qui héberge des Candida Albicans, surtout si elle est un peu grassouillette, se gratte le périnée et a l’entrecuisse qui frotte douloureusement devrait faire une recherche de sucre dans les urines plutôt que de se laver de façon itérative avec des produits dont on vante les mérites dans la presse et à la télévision. Une femme qui se gratte la vulve sans avoir de morpions est peut-être diabétique.
Souvent femme varie, la couleur des pertes elle aussi. Quand cela devient verdâtre, il faut penser au Trichomonas Vaginalis, parasite flagellé dont les microscopistes apprécient les mouvements harmonieux sous l’objectif binoculaire. Si cela devient jaunâtre, alors le risque de Gonorrhée est important, surtout si la femme ressent des douleurs en urinant. La gonorrhée est bien plus connue de l’homme car elle s’exprime chez lui plus agressivement. Elle répond à des appellations vernaculaires riches et imagées, comme chaude-pisse, chtouille, chaude lance et en plus désuet, coup de pied de Vénus. Chez la femme, elle peut être asymptomatique, associée seulement à quelques pertes.
Chlamydiae et mycoplasmes sont peu sécrétant et peu odorant et se nichent souvent plus haut dans l’appareil génital féminin et peuvent entrainer salpingites chroniques et stérilité.
Par contre, la Vaginose Bactérienne se révèle par des pertes abondantes et malodorantes et se diagnostique par une goutte de potasse déposée sur un écouvillon recouvert de sécrétions vaginales. On appelle ça le sniff test et devient pathognomonique quand il se dégage une odeur de poisson pourri particulièrement évocatrice. La vaginose bactérienne est souvent la conséquence d’un excès d’hygiène et de produits agressifs et voit proliférer des Gardernerlla Vaginalis, mais aussi d’autres germes.
En revanche, la petite fille qui se gratte et présente un écoulement n’est pas obligatoirement victime d’une pratique perverse d’un concubin, d’un voisin ou d’un oncle, malgré les délires anti pédophiles actuels. Elle peut simplement avoir des oxyures, mais il se peut qu’elle se soit introduit un Bic, un macaroni ou une pièce de Lego dans le vagin.
Les Chancres macéré du col de l’utérus, les cervicites ou infections du col, un herpès surinfecté peuvent entrainer aussi des pertes quelquefois teintées de sang. Quand ça devient rosé en dehors des règles, il faut au moins s’en inquiéter. Enfin, certains cancers peuvent se cacher derrière quelques pertes anodines, mais vu la fréquence des frottis, les tumeurs sont souvent diagnostiquées avant un stade avancé de nos jours. Une femme qui n’a pas de vie sexuelle et qui présente des sécrétions abondantes, surtout teintées de sang devrait aller voir son médecin avant de penser à se récurer avec divers savons.
A ce propos, quand la femme va voir un médecin, elle commet trop souvent une erreur rédhibitoire, celle de se ramoner à fond et de changer de sous-vêtement avant la consultation. Résultat, le médecin ne voit rien, même après un toucher approfondi et doit croire sur parole la patiente. Alors qu’une tache au fond d’un slip et une trainée gluante sur le haut de la cuisse sont plus évocatrices qu’un long discours et peuvent orienter vers un diagnostic précis. Cette pudeur mal placée fait perdre du temps, (surtout préjudiciable à la malade) car si les allégations des femmes se révèlent souvent authentiques, certaines sont tellement obsédées par les odeurs, les écoulements minimes, souvent physiologiques ou dus à la fatigue, la chaleur, la marche ou l’effort qu’elles en arrivent à une fixation pathologique et à des pratiques d’hygiènes excessives.
Les produits pour l’hygiène intime, tant vantés par la publicité mais qui malgré le label hypoallergénique ne sont pas une garantie contre l’irritation, et ces produits détruisent quelquefois la flore bactérienne saprophyte, donc inoffensive, si ce n’est utile à la femme et peuvent favoriser des infections qui ne sont même pas d’origine sexuelle.
Le meilleur produit d’hygiène est finalement le savon de Marseille ou d’Alep pour celles qui n’ont rien contre les Arabes. Car ces savons ne provoquent quasiment pas d’allergie, ne détruisent pas la flore vaginale et surtout ne coute pas très cher.
Les douches vaginales sont utiles après une infection importante ou un acte chirurgical, mais se révèlent à la longue très irritantes. Quant aux ovules, il s’agit d’un traitement médical spécifique et elles ne devraient jamais être utilisées en préventif.
Bref, ce n’est que rarement une grosse perte et les femmes désormais obsédées par l’idée de masquer la moindre odeur corporelle en sont arrivées à vouloir effacer toute l’animalité qui est en elles. .Il n’est pas question de prôner l’odeur forte, de négliger l’hygiène et de revenir à des senteurs putrides, mais il faut rester raisonnable. Une véritable odeur de femme qui se lave normalement n’a jamais rebuté un homme, bien au contraire. Pourquoi une vulve devrait-elle sentir en permanence le jojoba, le chèvrefeuille à défaut de la chèvre, ou le niaouli ? Car au niveau des odeurs corporelles, il existe des stéréotypes olfactifs ; pas question de sentir le coq au vin, le petit salé aux lentilles ou le Sauternes qui en d’autres circonstances sont des senteurs agréables.
Quand l’hygiène devient obsession et vire à la monomanie, la femme entre dans un cercle vicieux et au pire en arrive à perdre confiance en elle. D’ailleurs, la publicité joue à fond sur la confiance en soi retrouvée en utilisant le gel, la lotion du Docteur C, le savon X ou Y, ce qui tend à prouver que l’objectif des marques est de déstabiliser les femmes pour en faire des clientes attitrées. Il existe une analogie entre les publicités pour les détergents WC et les produits d’hygiène féminine, une sorte de culpabilisation de la femme présentée comme un réceptacle impur qu’il faut absolument récurer, non pas « du sol au plafond », mais de l’anus au vagin. Nous sommes passé en quelques siècles de la chemise de nuit d’Isabelle la Catholique, qui d’initialement blanche devint bistre de crasse au point d’en donner le nom à une couleur, à une ère où l’hygiène corporelle est devenue dogme. La tache originelle de la Bible est désormais celle du fond des slips en dentelles ou en coton et le moindre écoulement qu’il soit menstruel ou vénérien, ou tout simplement physiologique est désormais considéré comme une faute, voire un péché par chaque femme. Une sorte de onzième commandement « Tu ne tacheras pas ton slip » remplaçant, « Femme, tu accoucheras dans la douleur » depuis l’avènement de la péridurale.
Enfin, s’il était possible d’annihiler toute sécrétion vaginale odorante, les renifleurs de culotte du monde entier en seraient dépités et tout un pan du fétichisme japonais en serait atteint. Petite anecdote pour conclure ; à Gand, la ville qui pisse dans les deux langues selon Brel, le patron d’un bar de nuit où tout le monde parlait flamand, avait appris « pertes blanches » comme l’un des premières expressions de français non conventionnel, et il le claironnait fièrement au grand étonnement des francophones de passage. Il est vrai que dans ce bar, une jeune Burundaise arrivée bébé en Flandre disait les pires obscénités en patois gantois entre deux pintes. Ce qui étonnait d’ailleurs plus d’un Flamand.
PS : Certains hommes, surtout parmi les non circoncis, font une fixation sur le petit enduit blanchâtre qui se niche durant la nuit sous le prépuce. Cela n’est pas pathologique, il s’agit d’une sécrétion naturelle, le smegma qui sert à lubrifier le gland et s’en va au premier nettoyage matinal. Mais heureusement, très peu d’hommes vont s’acheter une lotion au supermarché du coin pour se polir l’appendice.
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