Saurons-nous enfin s’il faut craindre l’aluminium de l’eau ?
Dans un article d’il y a quelques jours, Consoglobe évoque l’hypothèse selon laquelle une eau du robinet contenant des doses élevées de sels d’aluminium favoriserait la maladie d’Alzheimer. Je l’ai lu attentivement, espérant trouver des éléments nouveaux permettant de trancher dans un sens ou dans l’autre un débat déjà ancien. L’étude Paquid, de l’INSERM, qui avait mis le feu aux poudres sur ce sujet date déjà de plus de 10 ans ! Mais il n’y a rien de nouveau dans l’article. Pourquoi en parler alors ? Pour ne pas manquer une occasion de rappeler les pouvoirs publics à leurs responsabilités.
Quelques heures passées sur Internet m’ont hélas démontré que l’incendie déclenché par l’étude Paquid s’est bien vite éteint. S’il n’y a rien de nouveau dans l’article de Consoglobe, c’est bien parce qu’il n’y a rien de neuf à ce sujet. Il est vrai que l’étude Paquid, comme bien d’autres ayant cherché à établir un lien de cause à effet entre l’ingestion d‘aluminium et la maladie d’Alzheimer, n’ont pas produit de conclusions définitives. On tenait un bon suspect, qu’il n’a pas été possible de transformer en coupable ! Et après un an ou deux de garde à vue, le suspect à été relâché.
Revenons un peu sur les faits. Commençons par ce que nous savons avec certitude :
Premièrement, l’aluminium est un assez puissant neurotoxique, comme l’ont démontré les études réalisées dans les années 70 sur de nombreux cas d’encéphalopathies mortelles. Les victimes étaient contaminées les unes par leur appareil de dialyse et les autres par les médicaments antiacides dont elles faisaient un usage excessif. L’atteinte se manifestait sous la forme d’une démence sénile anormalement précoce et sévère.
Deuxièmement, des injections d’aluminium dans le cerveau d’animaux de laboratoire ont démontré que ce métal provoquait une déficience des capacités intellectuelles et cognitives des animaux. Les atteintes neurologiques constatées ressemblent, sans être tout à fait identiques, aux atteintes constatées sur les cerveaux des sujets humains atteints de la maladie d’Alzheimer.
Troisièmement, les autopsies de personnes décédées de la maladie montrent toujours la présence dans les tissus nerveux de quantités très importantes d’aluminium sous forme d’aluminosilicates. Il y a donc un lien étroit, même si cette coïncidence ne suppose pas automatiquement un lien de causalité.
D’où sans doute l’étude PAQUID, dont les résultats semblaient montrer que les personnes consommant de l’eau du robinet contenant des doses assez fortes d’aluminium avaient deux fois plus de risque de souffrir de la maladie d’Alzheimer. Il est vrai que de nombreux biais étaient susceptibles d’avoir faussé les résultats. Mais nous nous trouvions pourtant devant un faisceaux de présomption de culpabilité qui aurait du pousser les pouvoirs publics à commander d’autres études et à élever, par précaution, le niveau de la dose maximum admise dans l’eau de boisson. Rien de tel ne s’est produit.
A propos, savez vous pourquoi l’eau du robinet, en France, contient autant d’aluminium ? Parce que les producteurs d'eau potable utilisent souvent le sulfate d'aluminium et le chlorure de poly-aluminium, très efficaces pour désinfecter les matières organiques présentes dans l'eau non traitée et pour enrayer la formation de composés organiques cancérogènes.
Voilà donc un autre domaine où les pouvoirs publics auraient pu agir, en incitant, voire en contraignant les exploitants à remplacer les sels d’aluminium par d’autres produits, comme les sels de fer par exemple, tout aussi efficaces bien que plus chers. Certaines communes l’ont fait spontanément, d’autant plus facilement que ses habitants sont bien informés. C’est le cas de Paris, par exemple. Mais dans beaucoup d’autres endroits, non seulement l’aluminium est toujours employé, mais les surdosages sont fréquents, l’exploitant préférant ne pas être pris en défaut sur les paramètres de potabilité que contrôlent régulièrement les autorités sanitaires.
Que faire alors, en attendant que la question qui nous occupe ici connaissent quelques avancées ? Peut-être commencer par vous renseigner si, là où vous résidez, les sels d’aluminium sont utilisés ou pas. Malheureusement, la première hypothèse est la plus probable.
Si votre eau est traitée aux sels d’aluminium, vous pourriez être tenté de boire de l’eau en bouteille. C’est une solution onéreuse (l’eau en bouteille coûte de 600 à 2000 fois plus cher que l’eau du robinet), catastrophique pour l’environnement et, qui, dans certaines conditions de stockage des bouteilles fréquemment rencontrées, ne vous épargnera pas la consommation de substances peu recommandées, comme le bisphénol A ou l’antimoine. Pour ma part, je recours à une carafe filtrante, souvent injustement décriée. Correctement utilisées, équipées de cartouches changées régulièrement, les carafes filtrantes éliminent pourtant une portion non négligeable des polluants chimiques de l’eau et notamment les traces de métaux lourds. Pour en avoir plus à ce sujet, je vous invite à lire sur mon site « Comme Robinson dans la crise » la page que je consacre à cette question…
A lire également l’excellent article d’Henry Moreigne, sur Naturavox.
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