Spermatozoïde en danger, fertilité de l’homme en danger
Une vaste étude menée entre 1989 et 2006 par l’Institut national de veille sanitaire) a montré une baisse de la qualité du sperme des Français. Une baisse due à des facteurs environnementaux ou nutritionnels.
S’il est un sujet rarement traité en prospective, c’est celui de la fertilité masculine. Et dans ce scénario dynamique, allons jusqu’au bout de la crainte amplifiée par l'étude mentionnée… La fertilité masculine est menacée. Pour le professeur danois Niels Skakkebaek (Le Monde, 20 novembre 2008) : « Les problèmes de l'appareil reproducteur masculin sont aujourd'hui potentiellement aussi graves que le réchauffement climatique ». En France, selon une étude de l’Inserm (21 février 2012 dans le Bulletin hebdomadaire) l’infertilité des couples concerne un couple sur dix. 15 à 25% des couples mettent au moins un an pour avoir un enfant après l’arrêt de la contraception. Chez les femmes, l’âge, le surpoids ou le tabagisme sont des facteurs de risque d’infertilité.
Restons-en à l’homme. En France, la qualité du sperme des donneurs baisse dans certaines régions comme Paris. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a fixé de nouvelles normes d’échantillons fertiles tolérant moins de spermatozoïdes typiques (normaux), à savoir 15% contre 60% dans le ‘passé’, de quelques dizaines d’années seulement. Il y a donc des faits objectifs mais toutes les études demeurent prudentes.
En mai 2012, une étude associant trois universités écossaises et l’INRA soulignent que non seulement les individus, mais également les animaux sont constamment exposés à tout un ensemble de produits chimiques, incluant des produits cosmétiques, des détergents et des polluants. L’étude ‘suggère’ que l’augmentation des demandes de fécondation in vitro, qui résultent particulièrement d’une faible numération des spermatozoïdes, est due à l’exposition aux produits chimiques présents dans notre environnement. Clairement, la fertilité masculine est menacée. En septembre aux entretiens de Bichat une publication confirme. « Les organes de la reproduction sont affectés in utero par différents polluants (insecticides, dioxines, PCB, bisphénol A ou pesticides) qui se comportent comme des perturbateurs endocriniens, aux effets transgénérationnels. Des études toujours plus nombreuses le confirment. À la clé, des malformations urogénitales comme le micropénis, l’hypospadias, l’ectopie testiculaire, etc. (d’après Le Quotidien du Médecin, 20 juin 2012).
Et puis les moins de 40 ans sont largement concernés par le téléphone portable près des testicules (en général dans la poche) qui émet des ondes nuisibles, ou l’ordinateur posé sur les testicules qui les chauffe plus que de raison, ou encore le fait de fumer du cannabis qui augmente les risques de cancer du testicule et a une incidence sur la prostate, etc.
Allons donc jusqu’au bout de cette crainte que l’on ne veut pas exprimer : d’ici ‘quelques’ dizaines d’années, quatre ?, trois ? deux ? une ?, l’homme ne sera plus fertile. Il ne se reproduira plus. Et les causes sont connues. Imaginons que rien ou trop peu ou trop tard ne soit décidé. Exemple : la France a deux ans de retard (2010) sur le Canada (2008) pour interdire le biberon contenant du bisphénol A (application 2014).
L’humour voudrait que l’on investisse rapidement dans des banques … de sperme.
Ce qu’il convient de jauger à travers ce scénario ce sont les conséquences psychologiques puis sociétales de l’évolution possible des hommes. Car la perte non de l’organe reproducteur de l’homme mais de son pouvoir individuel de reproduction et de sa continuité génétique auront sans aucun doute des répercussions considérables sur leur psychisme et sur la perception qu’ils auront du rôle de la femme. Je laisse ici les psychologues et psychiatres, les sociologues et ethnologues, prendre toute la place qui est la leur pour mesurer l’impact d’un tel constat.
Quand bien même l’affirmation de la fin de la fertilité de l’homme est inconfortable, il faut imaginer que de larges territoires comme l’Europe, les États-Unis, la Chine, verront monter comme une épidémie les troubles de la fertilité masculine. Ceci peut aussi suggérer comme situation intermédiaire des migrations vers des zones peu cultivées à ce jour et utilisant peu de pesticides comme … la Sibérie.
P.S. : Wendie Robbins et coll. (UCLA à Los Angeles), août 2012, concluent que si on mange des noix la vitalité et la morphologie des spermatozoïdes sont affectées positivement. Ouf.
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