Un ministre qui fait tout de « Travert »
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L’agriculture de notre pays n’est pas dans de bonnes mains, et pour s’en convaincre, il fallait écouter Stéphane Travert, le nouveau ministre de l’agriculture, interviewé le 19 mai par Ali Badou, sur l’antenne de France Inter.
Il a fait une démonstration éblouissante de ce qu’il est convenu d’appeler « la langue de bois », répondant soit à coté de la question, soit par des banalités qui veulent tout dire, et ne rien dire, même lorsque l’animateur lui reprochait : « vous n’avez pas répondu à la question ».
On peut considérer que le ministre a réalisé une véritable performance en « tenant le crachoir » pendant près d’une heure, sans jamais prendre une position claire, en louvoyant constamment, en alignant des banalités, ou en enfonçant des portes ouvertes, voire en se contredisant.
Extraits.
« L’écologie c’est une priorité... nous sommes dans une transition... mais au sujet du glyphosate, il sera interdit au plus tard dans trois ans »... c’est à dire d’ici juin 2021... alors que le mandat présidentiel se terminera quelques mois après.
D’ailleurs, si on écoute en creux le discours du ministre, rien ne garantit que dans 3 ans, la page des pesticides sera définitivement tournée.
En effet, après avoir assuré que la transition serait effective dans 3 ans, il fait machine arrière, en déclarant que tout sera possible... lorsque les scientifiques auront trouvé une solution de remplacement... alors que l’on sait que la transition est possible tout de suite.
Et puis, le cadeau fait aux plus riches de ce pays a été a effet immédiat,... pourquoi attendre juin 2021, sachant que le glyphosate est considéré comme dangereux ?
Le ministre prétend défendre les agriculteurs, déplorant qu’on les accuse d’empoisonner le sol, et assurant que tout est fait pour réduire l’impact des pesticides... il évoque la « construction de trajectoires »... dans un curieux concept de polluer de moins en moins, sachant pourtant que tous ces pesticides sont dangereux.
Alors qu’Ali Badou lui dit « ça, c’est de la langue de bois »... affirmation que refuse le ministre, alors que c’était evident. lien
Mais la véritable duplicité du ministre a finalement éclaté le 23 mai dernier, lors des débats à l’assemblée nationale sur la loi sur l’agriculture et l’alimentation.
Devant la colère des ONG, François Veillerette en tête, qui attendait en vain et avec impatience que l’interdiction du glyphosate soit inscrite noir sur blanc dans la loi, Travert à tout bonnement déclaré : « l’interdiction ne doit pas s’inscrire dans le cadre législatif »... ajoutant même plus tard : « n’allons pas plus vite que la Commission Européenne qui s’est donné un délai de 5 ans ». lien
On comprend bien en lisant entre les lignes que ce n’est pas demain la veille que ce produit dangereux sera définitivement interdit.
Pour la bonne bouche, ajoutons que le nouveau ministre n’en est pas à un coup d’essai.
En effet, cet ancien frondeur socialiste s’était déjà illustré en déclarant vouloir revenir sur la loi qui interdit les insecticides tueurs d’abeilles, et on en vient à se demander d’où vient cette obstination à vouloir défendre à tout prix cette dangereuse chimie agricole ?
Serait-il manipulé par les lobbys ?
Ce fils d’ouvrier est d’abord diplômé d’une école de commerce, avec dans sa poche un BTS d’action commerciale, bien éloigné donc du monde paysan. lien
Oublions ce triste sire, pauvre image d’une époque que l’on voudrait révolue, et découvrons un jeune réalisateur, Guillaume Thebault, porteur d’espoir, d’autant que son film s’appelle « futur d’espoir », lequel film a obtenu le prix Greenpeace, (lien) ce qui a mis au-devant de la scène ce documentaire en train de faire le tour de France pour le plus grand plaisir du public. lien
J’ai eu l’honneur de rencontrer ce jeune réalisateur, lors d’une projection dans le Nord Isère, et Guillaume Thebault a esbroufé tout le monde, tant par sa modestie, que par sa lucidité et sa jeunesse.
Il n’avait que 17 ans (il en a 20 aujourd’hui) lorsqu’il a réalisé ce film, lequel n’était pas destiné à avoir cette carrière, puisqu’il s’agissait d’un simple travail de fin d’étude.
Il venait en effet de boucler son cycle scolaire dans une école Steiner de la campagne genevoise.
Ecoutons-le : « passionné par le jardinage depuis l’âge de 12 ans, et heurté par le modèle agricole actuel, je me suis nourri de nombreux documentaires qui m’ont laissé avec de nombreuses questions. Pour y répondre, j’ai décidé de prendre mon vélo et de partir à la rencontre de mes voisins pour chercher des réponses (...) celles-ci m’ont insufflé une énergie qui m’a donné envie de la partager à mes amis, mais plus largement à toutes les personnes qui, comme moi, souhaitent agir mais ne savent pas par où commencer ».
Son film tout en dénonçant les dérives d’une agriculture dangereuse et irresponsable, démontre que l’on peut faire autrement, sans abimer le sol, en lui apportant des nutriments naturels, loin des engrais chimiques, loin du programme productiviste, et prouvant que le bio pouvait à terme nourrir la planète entière d’ici à 2050, population que l’ONU estime à près de 10 milliards d’humains. lien
Privilégiant les « circuits courts », voire la vente directe, mettant des produits sains à portée de toutes les bourses, il a donné la parole aux premiers paysans bio, mais aussi aux nouveaux qui s’installent, prouvant aussi que l’on pouvait vivre raisonnablement de ce métier, bien loin des affres que connaissent aujourd’hui les agriculteurs piégés par l’alimentation industrielle et les lobbyistes de tout poil, avec la complicité de la FNSEA, de Monsanto, et des chimistes irresponsables.
Aux critiques qui affirment que le Bio est cher, il faut tout d’abord tout mettre dans la balance car comparaison n’est pas raison.
Le cout réel de la consommation de nourriture industrielle est incalculable, tant il est énorme : le consommateur paye le 1/3 d’un produit industriel, les autres 2/3 sont payés par le contribuable... et par la nature, car la dépollution a un prix, le recyclage aussi, et ne parlons du prix d’un cancer.
Ajoutons que plus le nombre d’adepte du bio augmentera, plus son coût baissera. lien
Finalement le film audacieux et pédagogique de Guillaume Thebault apporte la preuve que la relève est assurée, et que l’espoir est en train de renaître. lien
Preuve supplémentaire qu’un tournant est pris, la croisade menée en ce moment par des « cobayes marcheurs », qui, partant de Fos sur Mer, vont aller jusqu’à Paris, puis à Bruxelles, en multipliant sur leur parcours les conférences, les projections de films, dans tous les domaines concernant notre santé, notre environnement. lien
Récemment, ils étaient dans mon village, à Chimilin, pour évoquer le danger des nitrites dans la charcuterie, pied de nez élégant à l’usine à jambon d’Aoste, à 5 km de là.
Le conférencier était Guillaume Coudray, l’auteur du livre « Cochonneries, comment la charcuterie est devenue un poison », et le film projeté était « les alimenteurs », réalisé par Stéphane Horel.
Dans son livre Guillaume Coudray explique clairement et scientifiquement qu’il est possible de faire du jambon sans pour autant utiliser de nitrites.
C’est l’occasion de comprendre comment agissent les nitrates...au contact des sucs digestifs, ils se transforment en nitrites, empêchant à notre sang de se renouveler.
Bien sûr, l’eau que nous buvons est la plupart du temps « dans la norme »... mais la norme n’empêche pas le danger... et chaque milligramme de nitrate met notre santé en danger.
La marche des cobayes arrivera plus tard à Lyon, pour rencontrer dans un premier temps 2 marches convergentes, (lien) puis dans un second temps au pied de la centrale nucléaire de Bugey, l’une des 3 plus vieilles du pays, régulièrement en panne, et qui, si un accident majeur s’y produisait, provoquerait l’exil de toute la population lyonnaise... et pour longtemps. lien
Sur ce lien, le programme complet de la Marche des Cobayes.
Comme dit mon vieil ami africain : « celui qui t’enseigne vaut mieux que celui qui te donne ».
L’image illustrant l’article vient de https://buzzles.org
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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