Adieu la Classe Moyenne ?
« On achève bien les classes moyennes, et on n’en finit pas d’enrichir les élites ». Jean-Michel Quatrepoint, spécialiste de l’économie, constate que la classe moyenne est à la dérive (pour reprendre l’intitulé d’un autre ouvrage). En effet l’écart se creuse entre les classes dites aisées et la classe moyenne, alors qu’il se réduit et s’efface entre la classe moyenne et les classes dites populaires. Est-ce que pour autant celle-ci est amenée à disparaître ? Tout d’abord il est préférable de savoir de quoi on parle et de déterminer ce qui défini la classe moyenne ainsi que son rôle dans notre société française. Et ensuite d’analyser les origines, les conséquences et les risques de son évolution.
La classe moyenne est une classe sociale (segmentation de la population définie par le niveau de vie). Il n’y a pas si longtemps c’était même la plus représentative de la population française, située entre "les riches" et "les pauvres". On distingue donc trois types de classes : les classes dites aisées, les classes moyennes et les classes populaires, tout ceci au pluriel ! En effet on remarque tellement de distinctions parmi elles qu’on ne peut pas décrire une seule catégorie de personnes par classe sociale.
Aujourd’hui on définit un individu appartenant à la classe moyenne, un citoyen percevant entre 1200 euros et 1900 euros net par mois mais ceci est une moyenne. Car on peut distinguer classes moyennes inférieures et classes moyennes supérieures. Sachant que les individus, appartenant à la classe moyenne inférieure, perçoivent des revenus modestes (entre 800 et 1200 euros net par mois) et sont, pour la majeure partie, des ouvriers (qui, "habituellement", sont plutôt intégré dans "la catégorie inférieure" : les classes populaires, le prolétariat…) et des employés (de la fonction publique ou privée). Alors que les individus reconnus comme appartenant à la classe moyenne supérieure bénéficient de revenus beaucoup plus aisés dépassant largement les 1900 euros (supérieurs à 8000 euros net par mois), il s’agit de cadres, cadres supérieurs, médecins etc.…
Les classes moyennes servent de transition entre les autres classes sociales. Elles ont un rôle important dans le maintien de la paix sociale et politique. Pour les personnes issues des classes les plus défavorisées elles peuvent constituer un aboutissement ou un symbole d’ascension sociale.
Il apparaît que 80 % de la population française se situe dans les classes moyennes or cette affirmation correspond à la réalité de 1950 à 1980 ! A cette époque les classes moyennes étaient majoritaires, le reste de la population représentant 10 % des classes populaires et 10 % des classes aisées. A cette époque "l’ascenseur social" et "le prestige" de certaines classes moyennes était prospère. A cette époque, payer des études à son enfant lui garantissait un avenir certain…A cette époque on pouvait différencier les classes sociales par l’attribution ou non des allocations sociales et familiales.
Or actuellement les limites entre les classes sociales sont plutôt floues. De ce fait les classes moyennes réunissent, depuis une dizaine d’années (et le constat est encore plus flagrant avec la crise économique), des catégories sociales anciennement opposées (le paysan, le docteur et le chômeur par exemple). Les classes moyennes sont confondues entre classes populaires, qui représentent dorénavant la part la plus importante de la population (puisqu’une partie des classes moyennes est assimilée par celles-ci), et les classes aisées. Même si aujourd’hui certains "français moyens" accèdent encore aux classes dites supérieures, dans la majorité des cas ils sont plutôt "tirés vers le bas".
La perception des français de leur appartenance à une catégorie est erronée cela dénote une fracture sociale importante aggravée par le système social de notre société, par un manque de discernement de la part des dirigeants politiques et bien sûr amplifiée par la crise qui est tant cause que conséquence de cette aggravation.
La baisse du pouvoir d’achat, coût de l’enseignement, élitiste, salarisation de la population active, chômage, les causes de cette fracture sont nombreuses mais ne découlent pas du hasard. Les inégalités se creusent, la pauvreté envahie notre pays : "Les pauvres sont de plus en plus pauvres et les riches de plus en plus riches". Cela explique certainement les réactions excessives d’une couche de la population (émeutes, abstention électorale ou vote extrême…).
Ce sont les risques de l’évolution des classes sociales vers deux classes bien distinctes "les dominants" et les "dominés", seulement l’Histoire nous a prouvée que les "dominés" refusaient ce statut… Désaccords, désobéissances, disputes, mutineries, émeutes, révoltes, soulèvements, Révolution nous attendent si les classes moyennes disparaissent, c’est ce qui nous attend si le gouvernement n’a pas, tout d’abord, une prise de conscience puis une réaction appropriée à la gravité du problème.
"L’ascenseur social est en panne", les inégalités se creusent, la crise n’arrangeant rien : la lutte des classes redevient un sujet plus que d’actualité quand les classes moyennes ne remplissent plus leurs fonctions. Elles ne font plus le lien entre les diverses couches de population, elles ne sont plus synonymes de paix et d’avenir, le clash social est inévitable si elles continuent de s’effacer peu à peu. Leur préservation devient un enjeu politique.
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