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Accueil du site > Actualités > Société > Apprentissage à 14 ans dans le privé. Et dans le public ?

Apprentissage à 14 ans dans le privé. Et dans le public ?

Le Premier ministre a annoncé, dans ses mesures nouvelles pour combattre le problème des banlieues, la possibilité de réouvrir l’apprentissage à 14 ans, comme il y a trente ans ! Curieux retour de balancier de l’éducation nationale qui, après nous avoir expliqué pendant trente ans qu’il était essentiel pour les jeunes de poursuivre leurs études jusqu’à 16 ans, a changé d’avis en quelques nuits chaudes de banlieues. Tant mieux si elle s’est enfin aperçue que certains enfants préfèrent les tâches manuelles et les activités concrètes aux tâches intellectuelles. Je suis persuadé que les artisans, les restaurateurs, le BTP et toutes sortes de PME/PMI s’en rejouiront lorsqu’ils chercheront à embaucher.

Incidemment, que faut-il faire pour que l’on passe à la trappe la méthode globale d’apprentissage de la lecture ? Brûler la Très Grande Bibliothèque ?

En tous cas, bonne idée, dont j’espère qu’elle sera suivie d’effet car, vu l’instantanéité de l’annonce, en pleine année scolaire, il est possible que le processus ne soit pas opérationnel tout de suite. Espérons donc que ce ne sera pas seulement un effet d’annonce.

Le Premier ministre a assorti son annonce d’un appel au privé pour offrir ces postes d’apprentis aux enfants de banlieues. Je ne suis pas sûr que le privé se soit senti flatté de cette attention soudaine, alors que d’habitude, nos hommes politiques ne s’y intéressent que pour le taxer, réduire ses droits ou le contrôler. Par contre, on peut se demander pourquoi le Premier ministre n’a pas pensé immédiatement à la fonction publique, pour lui offrir des postes, puisque tout le monde sait que 70 000 fonctionnaires vont partir en retraite cette année, et qu’ils seront remplacés à 95% ?

L’INSEE vient en effet de rendre publique une enquête qui montre que, dans la fonction publique, la diversité est très en retard sur le privé. Alors que le privé emploie 8% d’immigrés dans sa population de salariés, ils ne sont que 6% dans la fonction publique.C’est encore plus marqué pour la population maghrébine, qui n’entre qu’à 0,6% de la population des 5,2 millions de fonctionnaires (soit 300 000 seulement) alors qu’elle repré&sente 1% dans le privé. Et ceci alors que le système de recrutement par concours anonyme dans la fonction publique exclut en principe la discrimination.

Pour refléter la structure de la population active, il faudrait monter à 600 000 personnes d’origine maghrébine dans la fonction publique. Il y a pourtant un programme engagé par le gouvernement et appelé "Pacte Junior" pour permettre l’embauche de jeunes faiblement qualifiés sans concours comme fonctionnaires. Mais il ne porte que sur 20 000 postes...


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9 réactions à cet article    


  • Laurent 14 novembre 2005 14:39

    Sans rentrer dans le débat sur la question des effectifs de la fonction publique j’aimerai juste faire une remarque sur l’apprentissage à partir de 14 ans. Doit-on s’en réjouir comme vous le faites ? Je n’en suis pas sûr. Certes il est vrai que beaucoup d’enfants en situation difficile ne gagnent rien à rester à l’école telle qu’elle est. Mais à partir de là, décider de les exclure du système éducatif général pour les faire rentrer dès 14 ans dans un système professionnel me paraît une régression fondamentale. Cela signifie que l’on considère que l’école n’est utile que pour former à un métier, or je pense qu’au contraire cela est la vision rétrograde et ancienne de l’école. Il faut absolument différencier formation et éducation, quelqu’un de bien éduqué se formera toujours plus facilement à un métier quel qu’il soit. Envoyer des enfants dans le monde professionnel dès l’âge de 14 ans c’est les condamner à une sous-citoyenneté. En effet qui peut affirmer que ces personnes seront aptes à comprendre les enjeux politiques et économiques de nos sociétés ? Qui peut garantir qu’ils auront l’esprit suffisamment éveillé pour, par exemple, décrypter les discours populistes et simplistes employés par les tenants de l’extrême droite ? De quelle manière pense-t-on qu’ils seront capables d’exercer leur droit de vote en connaissance de cause après une analyse des programmes des différents candidats ? Comment peut-on croire que nous pourrions appeler notre société une démocratie quand une grande partie des personnes qui la constituent n’auraient quasiment eu aucune formation en Histoire, en Français sans même parler de Philosophie ?

    Oui, le système éducatif d’aujourd’hui est face à des problèmes. Mais si, au lieu d’analyser les causes de ces problèmes pour essayer de réformer le système, nous préférons recourir à des solutions qui nous font repartir en arrière alors c’est qu’on baisse les bras et je ne peux pas me résoudre à cette attitude.

    Par contre si l’apprentissage à 14 ans vous plaît, moi je suggérerais bien de rouvrir les mines pour pouvoir y envoyer les enfants dès dix ans. Comme cela ils pousseraient les wagonnets au fond et ils ne nous embêteraient pas à la surface à nous renvoyer en pleine figure la faillite de notre système socio-économique !


    • Alexandre Santos Alexandre Santos 14 novembre 2005 16:02

      Sans discuter de l’opportunité ou non de l’apprentissage à 14 ans, je trouve que Ça Dérange touche au point fondamental du problème : il faut éviter que certaines couches de la population ne soient sous réprésentées dans la fonction publique, qui est la personnification de l’état.


      • nico 14 novembre 2005 16:41

        J’ai souvent l’impression que ceux qui rejettent l’apprentissage on une bien piêtre image du travail manuel. Et puis, apprentissage n’est pas incompatible avec l’éducation. L’apprentissage à 14 ans permet d’ouvrir l’éventail des formations. Un billet qui va dans ce sens ici.


        • (---.---.84.93) 14 novembre 2005 18:43

          Moi, à 13 ou 14 ans, mes enfants pleuraient pour aller travailler.... Dura Lex, sed Lex. Que dire à des jeunes gens qui s’ennuient à l’école (pas seulement dans les ZEP), dans un contexte où le travail manuel est déconsidéré depuis cinquante ans, comme s’il n’existait pas une intelligence des mains. Je suis donc pour, dix fois pour l’apprentissage dès quatorze ans. L’alternance existe et donne de bons résultats, la formation tout au long de la vie est un droit et une nécessité. Cette mesure de bon sens, dictée sous la pression, scelle l’échec du « mammouth » et de l’idéologie du collège unique. C’est pour cela que cela agace tant.

          Didier Roubinet


          • Roland C (---.---.111.83) 14 novembre 2005 18:46

            Bonsoir, je suis stupéfait des commentaires et déclarations de personnes qui projettent leurs propres valeurs morales et/ou politiques sur l’apprentissage.

            Je travaille dans un CFA(Centre de formation d’apprentis) depuis 1977 : j’ai rencontré, formé (avec mes collègues) et aidé des milliers de jeunes apprentis. J’ai la satisfaction de leur avoir donné à tous plus de chances d’emploi, de voir certains(assez nombreux) réussir dans leurs propres entreprises.

            Avec leurs employeurs, depuis le début nous avons lutté pour faire de l’alternance CFA/entreprise une voie reconnue d’insertion économique, nous avons multiplié les filiéres, les niveaux (au début on ne « faisait » que du CAP, aujourd’hui nos jeunes vont en Bac Pro et même en BTS . Certains métiers se sont sauvés uniquement en acceptant de se « complexifier » (par exemple la Boulangerie).

            Tous ces efforts sont anéantis par des politiques affolés par la révolte de certains jeunes, par des margoulins en attente d’aubaines, par des fachos nostalgiques de « travail,famille,patrie ».

            L’apprentissage moderne n’est pas un filet de rattrapage social,il ne peut pas se substituer à la primo-formation défaillante ; ce n’est pas non plus le« parking des sauvageons »... Déja le plan Borloo (2005) donnait une prime supérieure pour l’emploi de jeunes en difficulté et sans projet : c’est un échec dramatique.

            Diminuer l’age de l’apprentissage à 14 ans c’est amplifier cette erreur et c’est méconnaitre le b-a ba de cette formation : un apprenti est un salarié, combien d’appareils dangereux leur seront-ils interdits ? que va-t-on faire avec les pondéreux ? Et le travail de nuit ? Et les déplacements ? Cette décision relève de la politique de Gribouille qui se jetait à la riviére par crainte de la pluie...

            On contourne le vrai problème : la construction d’un projet (et d’un parcours professionnel) : reconstruisez avec de vrais moyens les 4° technologiques, les CPA (classes préparatoires à l’apprentissage) en milieu scolaire ! redonnez leur place aux CIO (Centres d’information et d’orientation)... Réhabilitez les CFA,leurs personnels, leur pédagogie ! Donnez leur les moyens d’accueillir de plus en plus d’apprentis !Cessezles réformes opaques, la multiplication des contrats d’alternance... Affectez équitablement la taxe d’apprentissage !

            Voila une vraie politique d’avenir ! Trés loin de la politique du tapis (celle qui planque dessous ceux-ci la « poussière » des banlieues)..et de la démagogie .


            • michel lerma (---.---.59.247) 14 novembre 2005 19:41

              Je crois,qu’il serait préférable de proposer que la création et le développement de l’entreprise dans notre environnement économique français soit proposé à l’école de la République car il existe énormément de jeunes qui seront peut etre en échec scolaire mais qui auront la fibre du « bizness » ,pour faire du commerce ,ce que l’on constate avec "une partie de l’économie parallèle de produits légaux" mais dont l’argent ne rentre pas avec la TVA dans les caisses de l’état

              En France plus de 80% de chef d’entreprise sont autodidactes,une bonne partie ont quitté l’école assez jeune sur des échecs scolaires.

              Alors,intégrons cette culture de la création et du développement d’une activité d’entreprise à l’école de manière que le jeune aura un bagage meme si il se trouve en echec scolaire

              Dans les programmes éducatifs de l’éducation nationale,lls existent bien des choses à supprimer et d’autres à rajouter

              Cette proposition s’incrit dans une logique économique de notre époque et c’est une réalité

              Intérroger des jeunes ou moins jeunes ils expliqueront ,que leur rêve c’est de monter un bizness légal et de gagner de l’argent

              N’est-ce pas le role de l’Etat de former sa jeunesse à ce qui traverse les barrières culturelles sur cette planete

              Voila ma contribution,car ,je crois que si vous demandez à un jeune de choisir entre l’apprentissage d’esclave moderne de nouveau pauvre « DE VILLEPIN » sans avenir réel et la liberté de gagner de l’argent par une culture de la connaissance du développement d’une activité ,il vous répondra et vous mettrez ici la réponse cela sera notre contribution au débat démocratique qui manque aujourd’hui.


              • Colette (---.---.142.201) 14 novembre 2005 22:06

                Le faible nombre d’étrangers dans la fonction publique s’explique simplement : pour accéder aux emplois titulaires (sur concours) il faut être de nationalité française cela n’a donc rien à voir avec une discrimination raciste comme vous pouvez le laisser entendre (« Et ceci alors que le système de recrutement par concours anonyme dans la fonction publique exclut en principe la discrimination »).

                Par ailleurs comment pouvez-vous affirmer « Pour refléter la structure de la population active, il faudrait monter à 600 000 personnes d’origine maghrébine dans la fonction publique » ce type de décompte (par origine nationale, culturelle, etc...) est dans l’état de notre législation parfaitement illégal.


                • Jean-Pierre Hirsch (---.---.11.5) 14 novembre 2005 22:20

                  J’aimerais savoir à partir de quelles données on obtient le pourcentage de 0,6% de « population maghrébine » dans la fonction publique.


                  • jga53931 (---.---.30.43) 19 novembre 2005 12:37

                    J’ai lu dans l’article cité « Curieux retour de balancier de l’éducation nationale qui, après nous avoir expliqué pendant trente ans qu’il était essentiel pour les jeunes de poursuivre leurs études jusqu’à 16 ans, a changé d’avis en quelques nuits chaudes de banlieues. »

                    De qui parle l’auteur en mentionnant l’Education Nationale ? Sait-il que ceux qui font réellemnt l’Education Nationale tous les jours c’est à dire surtout les enseignants (qui cotoient les jeunes de banlieues)sont très majoritairement contre cette proposition ?

                    Plus loin je lis encore : « Tant mieux si elle s’est enfin aperçue que certains enfants préfèrent les tâches manuelles et les activités concrètes aux tâches intellectuelles. » Vous semblez ignorer que depuis longtemps l’enseignement a évolué (au fil de nombreuses réformes...) et qu’aujourd’hui « tâches manuelles » n’empêchent pas un certain niveau intellectuel. Avez-vous déjà mis les pieds dans un lycée professionnel moderne ?

                    Et quand vous affirmez : « Je suis persuadé que les artisans, les restaurateurs, le BTP et toutes sortes de PME/PMI s’en rejouiront lorsqu’ils chercheront à embaucher. » permettez moi d’en douter fortement : les entreprises sont là pour réaliser des profits (cf l’article sur GDF) et il n’y a rien de honteux à cela mais croire que l’entreprise, ou le marché, à elle seule va résoudre tous les problèmes il y a un pas que beaucoup n’ont pas envie de franchir.

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