Approche scientifique du mode de garde parental après séparation
Une approche épistémologique particulièrement rigoureuse, avec des références fouillées, contradictoires et exhaustives. Pour éviter tout parti pris et prendre de la distance par rapport aux dogmes divers sur ce sujet qui mériterait mieux que les faux débats sous forme de diabolisation ou de sacralisation... La vraie question n’est pas « pour ou contre la résidence alternée », mais la pacification parentale lors des séparations et un mode de garde qui autorise la place effective et significative des deux parents en fonction des possibilités.
La résidence altérnée : un mode de garde co-parentale sur mesure qui prend en compte la qualité relationnelle de l’enfant avec chacun de ses parents.
Une vidéo de qualité amateur pour cette intervention + un diaporama reprenant celui exposé par le conférencier, à voir en bas de page.
En résumé :
Les études françaises
portent la plupart sur des enfants qui sont vus en consultations
pédo-psychiatriques, ce qui constitue un biais notable.
Les études anglo-saxonnes sont beaucoup plus pragmatiques et nombreuses.
Gérard Poussin insite sur le fait que, pour parler de danger, il faut disposer de preuves scientifiques s’appuyant sur des recherches utilisant des outils objectifs et non pas des études de cas, ce qui représente un biais notable
La résidence alternée, comme tout mode garde de l’enfant après séparation, n’est qu’un des aspects pouvant affecter le comportement.
Il est essentiel de prendre en compte tous les facteurs sous peine de sombrer dans le biais (en clair : « le faux »... NDLR).
Gérard Poussin précise que la préselection de cas "qui conviennent ou pas" s’associe souvent à un petit nombre de cas et à la sélection d’une seule variable d’étude au lieu de prendre en compte un ensemble de facteurs significatifs.
Les méta-analyses (Amato et Keith 1991 ou Bausermann 2002) permettent de comparer et homogénéiser l’ensemble des études sur un sujet donné au moment de l’article tout en offrant la possibilité de rendre compte à partir d’un très grand nombre de cas cumulés de l’impact respectif des différents facteurs pouvant être mis en cause.
Toutes les études multifactorielles ont démontré de manière irréfutablement convergente que c’est le conflit parental qui est le premier facteur de souffrance ou de troubles chez l’enfant lors des séparations. Ceci ne connaît aucune détraction malgré le recul de ce type d’études. Le deuxième facteur étant la qualité de relation parent/enfant.
Les études comparatives sur la résidence alternée à l’âge scolaire démontrent irréfutablement que les facteurs d’estime de soi (prédicteurs d’une bonne intégration scolaire et sociale) sont particulièrement élevés et même souvent supérieurs aux enfants vivant dans des familles non séparées. Notamment la méta-analyse de Bausermann (2002). A noter que la résidence alternée s’y entend à partir de 30 % du temps passé chez un parent, contrairement à la notion caricaturalement paritaire que l’on connaît en France (type une semaine/une semaine).
L’étude de Haddad démontre sur une population de + de 18 000 enfants de 2 à 11 ans que "la probabilité pour les enfants d’éprouver au moins un problème est la même en résidence principale ou en résidence alternée.
La question qu’un enfant jeune passe ou non des nuits chez son père au motif d’une protection due à des notions historiques de la théorie de l’attachement a fait l’objet d’un débat passionnel entre Solomon/Georges (une seule étude portant sur la qualité d’attachement sur des enfants de 12 à 20 mois, soit à une période dite sensible de l’attachement et donc fort discutable, NDLR) et Michael Lamb avec de nombreuses études encadrant très largement le sujet. Par ailleurs, les résultats de Solomon ne démontrent pas une différence significative de problèmes chez l’enfant dormant chez son père par rapport à ceux qui n’y dorment pas, mais la différence est très nette par rapport aux enfants de couple non séparé.
Michael Lamb préconise un fractionnement du temps passé chez chacun des parents pour le bébé, ne dépassant pas 3/4 jours de séparation respective.
Gérard Poussin rappelle que la résidence alternée est lourde à mettre en oeuvre et nécessite de gros efforts de la part des parents.
56 % des enfants jeunes ne dormant pas chez leur père perdent tout contact avec lui.
Il est rappelé qu’un quart des enfants ne voient plus leur père en France après séparation (source Ined) et que la position de parent secondaire est en cause. Van Pevenage démontre sur le fond que les enfants en situation monoparentale souffrent particulièrement souvent d’une emprise à la mère (avec donc des difficultés à leur construction d’adulte autonome, NDLR ), beaucoup plus si la mère est restée seule (NDLR : les femmes refont 45 % moins souvent leur vie après séparations que les hommes).
Gérard Poussin rappelle les grands principes de la théorie de l’attachement en notant que ce ne peut être le seul facteur prédictif de développement de l’enfant, même si c’est important. Il rappelle également que les troubles d’attachement de l’enfant sont souvent le fait de difficultés de la mère (notamment une enfance difficile dont maltraitance... voire inceste).
En conclusion, Gérard Poussin invite à sortir des préjugés et à vérifier la méthodologie des études sur le mode de garde après séparation à la recherche de biais et en rappelant que l’attachement ou les nuits chez le père sont des biais si ces variables sont prises isolemment dans une étude.
LANCER LA VIDEO DE L’INTERVENTION DE Gérard POUSSIN EN CLIQUANT SUR LA FLECHE AU MILIEU DE L’IMAGE CI-DESSUS (un peu de patience on passe par un serveur externe...)
Vous pouvez aussi télécharger le diaporama de la conférence de Gérard Poussin (au format PDF).
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