Aujourd’hui la France : un pays perclus de rhumatismes
D’énormes écarts se sont creusés entre les générations. On peut les chiffrer.... il y a de quoi bouder.
Comment en sommes nous arrivés là ?
Une chose en tout cas est certaine : d’énormes écarts se sont creusés entre les générations, notamment à partir de la fin des "Trente Glorieuses", vers les années 1970-80.
On peut le dire autrement. Ainsi, par exemple : "Contrairement à ce qui était la règle sous les « Trente Glorieuses », des individus occupent de plus en plus fréquemment un statut social inférieur à celui de leurs parents : dans la France des années 2000, un fils de cadre supérieur sur quatre et une fille sur trois sont employés ou exercent des emplois ouvriers."
Et ceux qui ne sont pas fils ou filles de cadres supérieurs, ils bossent où ?
De plus, aujourd’hui "il faut attendre en moyenne l’âge de trente ans pour décrocher son premier CDI."
Côté logement
A l’achat : "Savez-vous qu’en 1958 un logement valait en moyenne 70 loyers et que 40 ans plus tard, en 1998, il fallait dépenser en moyenne 133 loyers pour devenir propriétaire ? Savez-vous qu’en 2008, au plus haut de la bulle, un logement coûtait en moyenne 262 loyers ?
A la location : "Représentant en moyenne 12 % du budget en 1979 pour toutes les catégories sociales, en 2006 le loyer est resté à 12 % pour les ménages les plus aisés mais est passé à 24,8 % pour les ménages les plus modestes. La hausse continue des loyers a atteint essentiellement les moins fortunés qui sont bien plus souvent locataires que les plus aisés. Pesant massivement sur le pouvoir d’achat des catégories les plus modestes, le logement apparaît dorénavant, selon l’étude de l’INSEE, comme le marqueur principal des inégalités." http://www.vie-publique.fr/actualite/alaune/pouvoir-achat-logement-creuse-inegalites.html?xtor=EPR-56#
En février 2009, l’Adil, chiffre la part du loyer moyen (à Paris) à près de 37% du revenu des ménages (parfois 50%) les personnes vivant seules étant les plus impactées.
Conséquences : de plus en plus de gens vivent en colocation pour le plus grand profit des bailleurs privés. Elle est pas belle la vie ?
En résumé : chute libre du niveau de vie
"Si l’on regarde l’évolution de la pyramide des âges de l’Assemblée nationale, on constate qu’il existe des biais générationnels évidents. La pyramide des âges de 1981 était authentiquement intergénérationnelle et allait de très jeunes – Bertrand Delanoë, député à 30 ans – jusqu’à de très vieux – Marcel Dassault, 95 ans –, avec entre les deux un étalement important de la pyramide des âges.(…) Vingt ans plus tard, on constate une grande homogénéité de l’Assemblée nationale. (…) La crête des plus âgés disparaît progressivement et vous avez une variance qui diminue lentement, pour faire de l’Assemblée nationale avant tout un lieu de représentation des cohortes nées de 1939 à 1955 : depuis vingt ans, le pouvoir est de plus en plus « gris »."
Bref nous nous sommes habitués à toujours voir les mêmes têtes. Si ce n’est pas de l’immobilisme, ça ?! Percer dans le troupeau de ces vieux dynosaures politiques inamovibles qui s’accaparent le devant de la scène ? Même pas la peine d’essayer…
Conséquences morales
Franchement, il y a de quoi bouder, non ?
Pourquoi ces nouvelles générations ne reflèteraient-elles pas au quotidien le blocage que leurs aînés opposent à leurs ambitions politiques, économiques ou sociales ?
Je vous le demande.
Les résultats (2008) d’une étude comparative réalisée par l’observatoire Ipsos/ Mondiale assistance sur les jeunes actifs (25-39 ans) dans 7 pays européens (France, Allemagne, Pays bas, Royaume Uni, Italie, Espagne, Portugal), prouvent le contraire.
Inédit aussi le fait que, Hongrie mise à part, la France est le pays de l’OCDE où le taux de chômage des jeunes est le plus élevé ? Qu’en France 45% des précaires ont moins de 25 ans ?
En subventionnant les entreprises sans exiger de contrepartie à long terme, la foule de "plans jeunes" qui se succèdent depuis 30 ans (contrat de qualification, stage, contrat emploi solidarité, emploi jeune, CPE, CAE et j’en passe) auraient-ils plus contribué à "précariser" qu’à "insérer" ?
Simple question de coût ? Ou, plus grave, de nivellement par le bas ?
Dîtes-moi : on vit comment avec 380,00 euros par mois ?
Et ce pays qui, par le biais très silencieux de la paupérisation s’attaque à tout ce qui pense, ose encore se présenter comme le fleuron de la rationalité mondiale ?
Désolée pour ceux qui croient encore que c’est un "grand pays", envié par tous les autres. Il a eu son heure de gloire, certes. Mais deux siècles et des poussières plus tard, il est perclus de rhumatisme, et n’avance qu’à grand peine.
On peut d’ailleurs chiffrer le taux de son inactivité : 4.472.400 chômeurs en décembre 2008, auxquels il faut depuis rajouter quelques centaines de milliers de plus.
Quoi d’étonnant à ce que pour compenser ces désagréments du grand âge ce Pays ne cesse, comme les vieux, de radoter sur sa glorieuse et fort lointaine jeunesse, faute de pouvoir (ou vouloir) œuvrer ici et maintenant à la vivacité de ses valeurs fondatrices : la liberté, l’égalité et la fraternité ?
Dernièrement, à propos des nouvelles générations, mon amie a rajouté : "Ils claquent du fric à tout va. Ils s’endettent. Ils ne prévoient rien. À croire qu’ils savaient qu’il y aurait une crise majeure et qu’il valait mieux en profiter avant que tout s’écroule…"
Car, oui, quelque chose s’écroule. Mais quoi au juste ? Et pour aller vers où ? Au profit de qui ? Des dinosaures oligarchiques qui s’accrochent comme des arapèdes à leur cercle fermé ?
A part des gesticulations sur les paradis fiscaux, les parachutes dorées, les actifs toxiques et compagnie, j’ai l’impression qu’un vide intellectuel sidéral plane sur le monde.
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