Avril-Mai Brèves sur la sécurité et les forces qui en sont chargées Police et Gendarmerie
Hommage à ceux qui nous ont quitté. Nouveau suicide en Gendarmerie. Le 20 avril, c’est avec son arme de service qu’un sous-officier à choisi de mettre fin à ses jours dans les locaux de la caserne de Metz- Queuleu. Une nouvelle fois c’est l’incompréhension qui règne en voyant cet homme de 51 ans, père de 3 enfants, sportif, sans histoire et en bonne santé se donner la mort. Nouveau suicide dans les forces de l’ordre. Le corps d’un policier d’une trentaine d’années a été retrouvé le 30 avril à son domicile de Cergy-Pontoise (95). Il a mis fin à ses jours avec son arme de service. Ancien CRS il venait d’être muté en Seine-Saint-Denis à la suite d’une sanction disciplinaire selon des sources policières, par permutation volontaire selon la Préfecture. Il semblerait cependant que son geste soit lié à un différend familial. Une fonctionnaire de police se donne la mort. Consternation à l’hôtel de police de Castres (81), le 13 mai, à l’annonce de ce nouveau drame. C’est une jeune policière de 35 ans, divorcée, mère d’une fillette de 5 ans qui a mis fin à ses jours avec son arme de service à son domicile. Il semblerait qu’une situation personnelle difficile soit à l’origine de ce geste. Nous pensons à une fillette qui ne verra plus sa maman. Nouveau suicide d'un policier avec son arme de service. Deux jours après le suicide d’une policière survenu à Castres, c’est le service de police de l’air et des frontières d’Orly (94) qui a été touché le 15 mai : un brigadier-chef s’est donné la mort avec son arme de service. Les raisons de ce drame demeurent inconnues. Nous partageons la douleur des familles, des proches et des camarades de travail de ces disparus. A quand la fin de l’hécatombe ?
24 avril. Un gendarme écope de 5 ans d’interdiction d’exercer son métier, de 6 mois de prison et d’une amende de 2000 euros. Le 10 avril 2010, à Saint-Genest-Malifaux (Loire), il avait menotté un mineur de 17 ans à un arbre pour lui faire avouer le lieu d’un cambriolage qu’il avait commis. Le tribunal de Saint Etienne à suivi à la lettre « les lourdes réquisitions » du parquet (selon un compte rendu de presse). Nous ne connaissons pas les détails de ce dossier et n’avons pas à juger les décisions des magistrats, ce gendarme devrait interjeter appel il a déjà subi quatre mois de suspension et une mutation. En tous cas ce jugement a été rendu dans l’indifférence générale.
Policier en colère. 25 avril. Plusieurs centaines de policiers ont manifesté mercredi soir à Bobigny puis sur les Champs Elysées. Ils voulaient protester contre la mise en examen pour homicide involontaire d’un de leurs collègues de Seine-Saint-Denis qui avait tué un homme recherché. C’est un cortège d’une centaine de voitures qui s’est rendu sur la plus grande avenue de Paris en milieu de soirée. Les policiers, réunis à l’appel de plusieurs syndicats, entendaient protester contre l’incrimination relevée par un juge d’instruction qui a mis le fonctionnaire en examen pour « homicide volontaire » alors que le parquet avait visé des « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Les policiers ont manifesté leur intention de se rendre place Beauvau, au ministère de l’Intérieur ; ils ont été bloqués avenue des Champs-Elysées et ont finalement obtenu qu’une délégation des trois syndicats de gardiens de la paix soient reçue à leur ministère de tutelle.
Il ne nous appartient pas de donner notre avis sur un dossier que nous ne connaissons que partiellement. Nous constatons cependant que grâce à leurs syndicats, les policiers peuvent se mobiliser rapidement afin de manifester leur incompréhension, voire leur révolte lorsque l’un des leurs est concerné par une mesure qu’ils considèrent injuste.
Soutien aux collègues : pas de parité entre gendarmes et policiers. A la lecture des deux dernières brèves ce constat est évident. Un gendarme est lourdement condamné pour avoir été violent à l’égard d’un mineur. Un policier est inculpé d’homicide volontaire pour avoir tué un voyou. Dans le premier cas c’est l’indifférence générale, dans le second les policiers montrent leur solidarité, manifestent dans la rue et sur tout le territoire. Ils maintiennent une certaine pression pendant plus d’une semaine. Le gendarme doit se dire qu’il n’a pas choisi la bonne porte pour entrer dans les forces de sécurité.
Policier, président d’association loi 1901 en conseil de discipline. Nous avions relaté la dissolution, sous la pression de la hiérarchie, de l’association loi 1901, "police-victimes" le 6 décembre 2011. Cette association avait été créée le 16 mai 2011. Elle voulait défendre les intérêts professionnels et moraux des forces de l’ordre mais aussi créer un comité d’entreprise ouvert à tous, actifs et retraités. La démission des trois membres fondateurs de cette association et sa dissolution n’ont pas suffi puisque les voilà convoqués en conseil de discipline le 30 mai à Paris. Décidément la vie devient difficile pour les associations loi 1901. Après la démission imposée du vice-président de l’Association Gendarmes et Citoyens, nous découvrons que dans d'autres institutions des personnels en activité risquent de se voir sanctionner.
La violence n’est pas à l’ordre du jour. Le 29 avril, à Grenoble, une bande de malfrats de cinq à sept personnes, s’en est pris au personnel hospitalier affecté au service des urgences qui a été dévasté. Plusieurs personnes ont été sérieusement blessées. Le motif de cette violence portait sur des soins jugés insuffisants à l’égard d’un proche. Dans le même temps , le 29 avril à LYON un homme , bien connu des services de police était visé par six coups de feu dont trois l’ont atteint aux jambes. Le 2 mai, à Marseille, un homme qui circulait en voiture a été tué d’une rafale de kalachnikov. Dans cette ville c’est la dixième victime décédée de mort violente depuis le début de l’année. La piste des règlements de compte est privilégiée. Il semblerait que les discours et la valse des préfets ne suffisent pas à juguler la violence. La sécurité et ses acteurs ont d’ailleurs été à peine évoqués lors du débat qui opposait les deux finalistes de la course à l’Elysée. Manque de temps ? Dossier trop chaud ? Attendons de voir ce que nous réserve l’avenir.
La police se rebiffe. Un mouvement de grogne d’une ampleur exceptionnelle se développe dans la police depuis plus d’une semaine. C’est l’inculpation pour « homicide volontaire » d’un policier qui avait fait usage de son arme et tué un délinquant notoire qui a lancé ce mouvement au niveau de la base. Par la suite, en plus du soutien à leur collègue, il apparaît que ce sont les conditions de travail et le manque de reconnaissance et de considération qui provoquent et entretiennent les manifestations revendicatives dans tous le pays. C’est la base qui a lancé ce mouvement et les syndicats essaient de rebondir et de reprendre à leur compte cet élan de solidarité. Si pour l’instant aucun soutien physique ne se manifeste du côté des gendarmes il est évident que nombreux sont ceux qui comprennent et approuvent ce mouvement de « ras le bol » puisqu’ils subissent les mêmes difficultés et le même manque de considération. Il est aussi la preuve qu’avec de la volonté, de la solidarité et un esprit de cohésion il est possible de faire connaître son ressenti de manière ferme et visible.
Un seul fichier police/gendarmerie sur les antécédents judiciaires. Les deux fichiers d’antécédents judiciaires de la police et de la gendarmerie sont mutualisés à partir du 7 mai 2012 dans un seul fichier dénommé “Traitement d’antécédents judiciaires” (TAJ). A échéance du 31.12.2013 ce fichier remplacera totalement les deux fichiers actuels police et gendarmerie qui regroupent huit millions de « mis en cause ». Les fichiers sont toujours des aides précieuses dans les enquêtes judiciaires mais ne doutons pas que le lobby des avocats va s’élever rapidement contre cette « atteinte à la liberté ». Sur un plan purement pratique ce décret ne changera pas grand-chose, sinon un gain de temps. Policiers et gendarmes n’ont pas attendu ce texte pour échanger les renseignements qu’ils détenaient.
Renault rendu responsable d’un suicide en raison des conditions de travail. A quand la Gendarmerie ? Un arrêt rendu par la 5e chambre de la cour d’appel de Versailles le 10 mai 2012 indique que le suicide d’un salarié est « dû à la faute inexcusable » du constructeur automobile. Il est précisé que cet employé était soumis à un stress intolérable ce qui l’avait amené à mettre fin à ses jours comme deux autres cadres de l’entreprise dans la même période. L’arrêt précise que "Renault n'a pas pris les mesures nécessaires pour préserver la victime du danger auquel il était exposé en raison de la pénibilité avérée de ses conditions de travail et de la dégradation continue de celles-ci". Que doit-on penser des conditions de travail de certains gendarmes sur le terrain, et combien ont commis l’irréparable pour avoir été soumis à la pression des conditions de travail qui leur étaient imposées ?
Policiers dans la rue. Tout le monde s'accorde à dire que le Président Sarkosy était très proche des policiers qu'il connaissait bien alors qu'il n'en était pas de même des gendarmes. Sa visite dans 2 brigades du Loir-et-Cher en juin 2010 n'a pas amélioré cette connaissance. Pourtant, aujourd'hui les policiers manifestent leur ras le bol. Çà manque un peu de coordination car un jour ce sont des fonctionnaires de la base hors syndicats, le lendemain c'est le SGP et le surlendemain Alliance. Vous pouvez remarquer que, s'agissant des gendarmes, c'est le calme plat. Pourtant ils ont autant sinon plus à se plaindre du traitement qu'ils ont reçu par la RGPP, moins de moyens, moins d'effectif. La raison est simple, ils font partie de la grande muette, pas de droit d'association pas de droit d'expression. Vous comprendrez aisément que malgré les promesses électorales, le nouveau parti au pouvoir n'est pas près de changer cette disposition. Une façon d'éviter la Chienlit aurait dit le général De Gaulle.
Gendarmerie au dessus de la loi. Mi-avril, l'association gendarmes et citoyens voyait son vice-président (fraîchement élu) sanctionné par une suspension jusqu'à ce qu'il plie au chantage qui lui était imposé et démissionne de son poste. A la même époque c'est un adjudant de la Meuse qui s'est vu appliquer une mutation sanction en Moselle. Notre rôle n'est pas de refaire l'enquête disciplinaire qui a du être diligentée puisque ce sous-officier avait déjà écopé d'une sanction de 20 jours d'arrêt (avec sursis de 2mois) pour des faits remontant à novembre 2011. Ce qui nous semble navrant, c'est qu'une décision du tribunal administratif donne raison au sous-officier contre la mutation-sanction prise à son encontre mais que la Gendarmerie refuse de s'y conformer en ne levant pas la mesure. Nous notons au passage que le dossier comprend un courrier du Procureur de la République de Bar-le-Duc appuyant cet éloignement, une certaine interférence dans la discipline Gendarmerie puisqu’aucune procédure judiciaire n'était engagée pour les faits reprochés. Une nouvelle fois il nous paraît évident que la hiérarchie gendarmerie n'hésite pas à employer une certaine violence à l'égard de ses personnels.
Christian Contini, président Association Gendarmes et Citoyens.
D’autres articles dans notre magazine de juin :
http://issuu.com/agecassociation/docs/agec_magazine_juin_2012_170_mdj
Et sur notre site : www.association-gendarmes-et-citoyens.fr.nf/
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON