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Accueil du site > Actualités > Société > Baccalauréat : la grande braderie en graphique

Baccalauréat : la grande braderie en graphique

C’est un sujet qui me tient à cœur depuis longtemps que le blog Rétroviseurs est parvenu à résumer de manière extrêmement visuel avec un graphique représentant le pourcentage de mentions au baccalauréat de 1967 à 2014. La meilleure illustration de la grande braderie en cours.

Soldes sur les mentions
 
En 1974 comme en 1989, 5% des bacheliers décrochaient une mention bien et 1% une mention très bien. En revanche, seulement 20% des bacheliers décrochaient une mention assez bien en 1989, contre 38% en 1974. Il faut sans doute y voir en partie une conséquence de la forte augmentation de la proportion d’une génération atteignant le bac. Mais depuis 1989, la proportion de mentions a explosé alors même qu’une proportion grandissante de la population atteint le bac. Les mentions très bien, confinées à 1% des lauréats jusque là, ne cesse de grimper, passant à 3% en 2004, 7% en 2010 et même un incroyable 12% en 2014 (deux fois la part de mentions très bien et bien en 1989). Difficile de croire qu’il y aurait quatre fois plus de jeunes bacheliers qui l’auraient décroché avec les standards d’il y a 25 ans.
 
L’envolée concerne également la mention bien, passée de 5 à 18% en un quart de siècle. Alors que 6% des bacheliers décrochaient la mention bien ou très bien en 1989, ils sont la bagatelle de 30% aujourd’hui, 5 fois plus qu’une génération avant ! Même la mention assez bien progresse, plus marginalement, puisqu’elle a été attribuée à 28% des bacheliers en 2014 contre 20% en 1989. Alors, seuls 26% des bacheliers avaient une mention. Ils sont aujourd’hui 58%. Comment ne pas y voir une illustration de cette pensée « pédagogiste » qui consiste à refuser toute source potentielle de tension pour les élèves et qui pousse certains à envisager purement et simplement la suppression des notes ou du baccalauréat pour en finir avec un système qui serait inutilement trop dur et même traumatisant avec les enfants.
 
Une voie sans issue

Tous les professeurs un peu sérieux admettent aujourd’hui que cette envolée de la proportion des mentions n’est eu aucun cas une conséquence d’une amélioration proportionnelle du niveau des élèves. Ouvertement ou non, ils reconnaissent souvent que les programmes ont été allégés, que les exigences ont baissé et que les échelles de notation ont été largement assouplies. Aucune étude ne montre lien entre un certain laxisme dans la notation et le niveau des élèves. Pire, sans pour autant fermer un œil sur les faiblesses de certains systèmes éducatifs asiatiques, le classement PISA (pas sans limite, comme tout classement), semble valider implicitement des systèmes de notation plus exigeants. Et 25 années d’assouplissement des notations en France ne semblent pas avoir produit le moindre bénéfice.

La jeunesse de 2014 ne semble pas mieux dans ses baskets que celle de 1989, malgré les 30% de mention bien ou très-bien contre 6% alors et son niveau scolaire ne semble pas meilleur, ce qui amène à poser la question de l’intérêt d’un tel assouplissement. Car le risque avec cette notation façon « école des fans » a le défaut de risquer de casser le thermomètre et de ne pas permettre d’identifier les matières ou les domaines ou les enfants doivent travailler. Du coup, nous nous retrouvons aujourd’hui avec les inconvénients d’un système de notation de plus en plus généreux, sans en avoir gagné le moindre bénéfice théorique, sachant que ses partisans ne peuvent pas dire que la durée de l’expérience est insuffisante pour en tirer les bénéfices puisqu’elle dure depuis au moins 25 ans…
 
Merci donc au blog Rétroviseurs de montrer qu’une mention très bien aujourd’hui est deux fois plus courante qu’une mention très bien ou bien il y a 25 ans. Et malheureusement, il semble bien qu’elle vaille deux fois moins qu’une mention bien étant donné que le niveau semble stagner, au mieux.

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11 réactions à cet article    


  • titi titi 24 juillet 2014 14:19

    Tiens. Je fais partie de 1%...

    Ceci étant dit à l’époque on parlait déjà d’une baisse de niveau.

    Baisse de niveau que j’avais pu constater lors de la préparation dudit examen : certains exercices tirés des annales m’étaient totalement inaccessibles.


    • ben_voyons_ ! ben_voyons_ ! 24 juillet 2014 21:07

      Une « marche blanche » pour le baccalauréat.


      • 65beve 65beve 24 juillet 2014 21:38

        Honneur aux mentions « passable » qui ne sont pas représentées dans ce graphique !


        • mmbbb 24 juillet 2014 22:16

          L’auteur parle de la masse des eleves de l’education nationale Quoi qu’il en soit ces eleves n accederont jamais aux ecoles preparatoires des grandes ecoles L’elite sait se preserver et il est evident que le milieu social et la selection des ecoles au depart font la difference La medaille Field Villani n’a pas perdu son temps et rentre dans le cadre precite Ces parents sont profs accessoirement ca aide beaucoup L’ecole nationale nivelle par le bas depuis longtemps je me suis accroche avec Simperio qui par ailleurs fit une remarque tres conne, en lui faisant remarquer que lors d un changement d’ ecole le prof en math remplaçant etait nul aleas de parcours qui me fit perdre mon annee scolaire Sans parleur des profs depressifs ET les profs croyez pas que le niveau soient d’un tres haut niveau ? Selection par l’argent c’est tout En 1967 la selection et l’accession aux etudes etaient tres fortes 


          • Plus robert que Redford 24 juillet 2014 22:41

            58% de « mentionnés » en 2014 alors que nous n’étions que 44% en 1974 (je fus bachelier en 1971) On était vraiment des buses à l’époque !

            Sachant que, en plus, on avait perdu pas mal de camarades sortis du système avant 16 ans, ou passés à l’apprentissage dès l’âge légal atteint, nous qui étions censés être le surnageant de la masse des ados, ceux ayant « réussi » selon les critères de scolarité en vigueur à l’époque, quelle déconvenue de constater à quel point nous fûmes des blaireaux à côté des bacheliers d’aujourd’hui.

            D’autant que, comme l’auteur parle en pourcentage, et que le nombre de bacheliers a considérablement augmenté, ça nous attribue rétrospectivement un niveau de bobosses !!

            Youpi, la prochaine génération sera donc tout à fait à même d’apporter des solutions pertinentissimes à tous les problèmes que nous, les vieux saligauds de baby-boomers nous leur laissons dans les pattes !

            Je respire ! 

            J’ai failli culpabiliser...


            • béatrice 25 juillet 2014 11:53

              Plus de mentions et alors ? Vous faites parler les chiffres, il y en aurait d’autres à exploiter comme ceux-ci http://www.data.gouv.fr/dataset/la-proportion-de-bacheliers-dans-une-generation-00000000.
              Je vois dans votre « analyse » la catastrophe de la massification. Que souhaitez-vous clairement, que proposez-vous ?
              Un peu moins de diplômés pour un peu plus de chômeurs ?....


              • Julien Julien 25 juillet 2014 13:03

                La première cause de l’accélération de la baisse du niveau *monstrueuse* en 20 ans (mais la baisse du niveau n’a pas commencé il y a 20 ans) est que le nombre de loisirs possibles a explosé :
                * plus de chaînes TV
                * consoles de jeu accessibles au plus grand nombre, chaque jeu étant un autre monde à lui seul.
                * le téléphone portable, ou « comment ruiner sa concentration toutes les cinq minutes ».
                * le web.

                Ce sont les évolutions scientifiques et technologiques qui en découlent qui façonnent avant tout la société.

                Alors il y a des choses positives dans tout ça : comme le web : on a accès à une somme de connaissances énorme en un clic, le logiciel libre, etc. Ou encore : je suis convaincu qu’une guerre par exemple Allemagne-France n’est plus possible grâce aux médias et l’information qui circule très vite.

                Ce qu’on pourrait faire, c’est :
                * avoir un socle de connaissances général jusqu’à 13 ans. Ensuite, spécialisation (avec néanmoins des passerelles fréquentes), et enseignement à la carte.
                * comprendre que nous sommes maintenant dans un monde ou le « keyword thinking » règne, du fait de sa complexité. Comme Auguste Comte le pensait déjà il y a deux siècles, il faut que ce point soit plus intégré au cursus scolaire (et pour ça j’ai plein d’idées trop longues à donner ici). Pour comprendre le « keyword thinking », lire J. Harthong :

                http://moire4.u-strasbg.fr/JHideas.htm

                Le fait est qu’aujourd’hui les enfants gâchent leur cerveau à l’école.


              • Mowgli 25 juillet 2014 15:28

                Le baccalauréat est un tas de merde. Et il semble qu’il l’a toujours été si j’en juge de par mon expérience.

                Souvenir.

                Nous étions 45 en terminale.

                Bac.

                Nous avions un ancien médecin comme prof de sciences-nat. Il a couvert tout le programme et plus, alors qu’aucun des autres profs n’avait été capable de terminer le programme.

                Au bac, on se chope le système nerveux de la grenouille.

                Chouettos ! Le père Rousseau, comme on l’appelait affectueusement, nous avait tout appris sur la grenouille et fait faire toutes les expériences au programme, et d’autres en rab’. La grenouille, je connaissais sur le bout des doigts, merci père Rousseau.

                J’ai eu 8 sur 20. Oui, vous avez bien lu. HUIT sur vingt. Je m’attendais à DIX-HUIT.

                Nous étions 45, ai-je déjà dit. Nous avons comparé nos notes.

                Certains avaient eu 8/20, d’autres 11/20. Il n’y avait que deux notes, soit 8, soit 11. Comme foutage de gueule on fait difficilement mieux.

                Recalé. Je l’avais d’autant plus mauvaise que j’étais aisément le meilleur de la classe, ayant raflé tous les prix d’excellence de la sixième à la terminale. Recalé ? Oui, recalé.

                Oral de rattrapage. L’examinatrice de sciences-nat était beurrée comme un petit Lu. Elle avait du mal à garder les yeux ouverts. Ça embaumait la gueule de bois maison et le réveil à l’Alka-Selzer. Elle avait dû passer la nuit à faire la bringue. Mais je me suis chopé un 17/20 en philo, ce qui a sauvé les meubles de justesse (mention : passable).

                Le bac ? Que des bons souvenirs et du respect !

                C’était quand ? Il y a un bout de temps... en 1961 ou 62, par là.


                • Julien Julien 25 juillet 2014 20:26

                  Sauf que votre bac mention passable de 61 ou 62 (et avec les conditions de notation que vous décrivez) correspond probablement à des capacités d’analyse et de synthèse dépassant celle d’une mention très bien d’aujourd’hui. Vos capacités de rédaction en langage naturel étaient également probablement aussi élevées qu’une mention TB d’aujourd’hui.


                • franc 26 juillet 2014 00:41

                   En France dans les années 50-60 (1900) il n’ y avait que 10 % de bacheliers et la France était le pays admiré dans tous les domaines ,scientifique ,technologique ,littéraire ,en musique , en cinéma ,en haute gastronomie et haute couture , inventait presque tout , dont le prestige retentit dans le monde entier

                   la France d’aujourd’huis avec ses 90% de bacheliers ,n’invente plus rien ,perd toutes industries , dont les élèves se classent parmi les derniers des pays de l’OCDE dans le classement PISA et m^me dernier en musique à l’Eurovision ,la honte ,la France est aujourdhuis méprisée et la risée du monde entier
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