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Accueil du site > Actualités > Société > Cachez cette vérité que je ne saurais voir

Cachez cette vérité que je ne saurais voir

Où notre faculté obstinée à nier le réel trouve-t-elle sa source ?

Notre société souffre de deux grands maux : une vision matérialiste erronée de l'être humain, et une capacité fantastique à occulter la vérité.

Le deuxième mal ne naîtrait-il pas du premier ? Il semble que c'est précisément parce qu'elle est dépourvue de tout substrat spirituel que notre société matérialiste se retrouve désarmée et donc incapable de regarder la vérité en face, de l'accepter.

D'abord remise en question par les philosophes des Lumières, l'existence de Dieu a progressivement été effacée dans nos sociétés européennes, quand elle n’est tout simplement niée.
Cette disparition de Dieu a permis - ou eu pour conséquence - de gommer peu à peu tout recours à une transcendantalité, de part métaphysique de l'être humain, jusqu'à faire abstraction de l'existence éventuelle de l'âme humaine.
Une vision strictement matérialiste de l'être humain s'est imperceptiblement diffusée dans notre société, grandement aidée par la machine capitaliste, au point qu'elle a aujourd'hui imprégné l'inconscient collectif en profondeur et de façon indélébile.

Face à ce vide existentiel, face à cette angoisse qui naît de la conscience d'un néant, notre société n'a pas d'autre choix que celui de se précipiter dans un tourbillon consumériste de plaisirs faciles, dans un enivrement perpétuel des sens. 
On a la tête tournée par ce mirage extatique, on gobe des produits de divertissement, ersatz acidulés du bonheur, afin d'oublier l'absurdité de notre misérable condition.
Car dans ce monde merveilleux, point de place pour la contemplation du réel.
Notre société fait montre d'une faculté exceptionnelle à ne pas regarder la vérité en face, à détourner les yeux lorsque celle-ci est trop crue, trop sombre, pas assez belle.
Confortablement lovée dans un cocon ouaté, telle un nourrisson dont tous les besoins seraient satisfaits, mais dépourvue de tout ressort spirituel, avec pour seule ressource la vacuité des valeurs véhiculées par le marché mondialisé, notre société inoffensive se retrouve désarmée face à la triste réalité de notre sort. Le spectacle de la tragédie humaine lui est parfaitement insupportable. 

Alors on "Photoshope" à tout va, on injecte du Botox, on euthanasie au nom de la dignité, on éloigne les cimetières du regard. 
Alors on chante en chœur l'esprit du 11 janvier, on se prend en selfie sur la scène même de la tragédie à Sousse*, et on se rassure en disant que la décapitation en Isère n'est que l'acte isolé d'un dérangé.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles…

 

* http://www.metronews.fr/info/attentat-en-tunisie-les-britanniques-choques-par-le-selfie-morbide-d-un-compatriote/mofC !DEP1piRWp91M/


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7 réactions à cet article    



    • Victoria de Béhagle Victoria de Béhagle 10 juillet 2015 10:55

      @hunter tout à fait, il faut se faire violence pour se débrancher


    • Le Poilu Le Poilu 9 juillet 2015 20:34

      L’homme et devenu un roitelet, feignant et égocentrique. C’est plié pour sa survie car il a perdu son essence, ses instincts et son intelligence primitive...
      Mais surtout, il vénère Mammon qu’il soit prolo ou milliardaire....

      Merci pour votre article.
      Namasté.


      • Victoria de Béhagle Victoria de Béhagle 10 juillet 2015 10:55

        @Le Poilu tout à fait d’accord, le culte du Veau d’or est assez universel malheureusement


      • lsga lsga 9 juillet 2015 22:58

        Le monde aujourd’hui est bien meilleur que ce qu’il n’était hier, mais demain, ce sera encore mieux.

        Votre consumérisme religieux et spirituel est le plus vil de tous. 

        • Victoria de Béhagle Victoria de Béhagle 10 juillet 2015 10:57

          @lsga j’envie votre optimisme sur l’avenir du monde. Par ailleurs je trouve intéressante votre juxtaposition des mots consumérisme d’une part, et religieux et spirituel d’autre part. J’y réfléchirais !


        • JMBeh 29 août 2015 18:34

          Bonjour, Diane ou Victoria…

           

          Dommage qu’il n’y ait pas une adresse mail qui permette un message, lorsqu’il n’a pas de rapport avec le sujet…

          Je suppose, très très lointaine cousine (notre ancêtre commun vivait au XVe siècle…) que vous descendez d’un des 9 enfants d’Anne-Marie de Béhagle, mariée le 14/4/1879. Vrai ou faux ? 

           

          Mais revenons à votre sujet : nier ou non l’existence de Dieu est-elle un vrai problème ? En effet, comme ce qui dépasse l’humain ne nous est pas accessible, croire ou non en Allah, Bouddha, Jéhovah ou Krishna est-il vraiment si important ? L’âme humaine ? Idem : en tant qu’entité qui survivait au corps, est-ce plus grave d’en faire abstraction, ou au contraire d’y « croire bêtement » ?

          En accord avec Gurdjeff et Krishnamurti, pour lesquels notre plus grand ennemi est « la religion », et pour qui ce qui est le plus important pour l’Homme est « le religieux », il me semble que l’âme de l’humain est d’abord la profondeur de notre vie intérieure, qui nous amène à développer un tout petit peu « l’embryon de conscience » du petit pois qui nous sert de cerveau.

          Pour cela nul besoin de Dieu, ni d’âme éternelle, même si cela peut aider certains à bien remplir leur vie... sur terre, ou simplement à y trouver un sens.

          Le vrai problème de l’humain serait la distorsion entre le matériel et le spirituel ? Sur ce point, nous sommes d’accord. Est-ce un phénomène récent ? Il semblerait que non, mais l’écart entre les deux ne cesse d’augmenter. En effet, la vie matérielle et la technique progressent à la vitesse de la somme des innovations (tout progrès technique « profite » presque immédiatement à toute la planète) alors que la lumière de la vie intérieure a déjà bien du mal à rayonner sur quelques personnes pourtant à sa recherche : notre spiritualité évolue, peu ou prou, à la vitesse de l’évolution de l’espèce.

          Le « chaînon manquant » entre le singe et l’Homme, c’est nous. Il y a donc encore du pain sur la planche pour quelques milliers de siècles… En espérant que, autruche ou pas autruche, l’espèce survive à ses propres « démons » !

          Tashi Delek

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