Ces séropositifs qui ne se soignent pas...
L’enquête présentée lundi à la 17e Conférence internationale sur le sida à Mexico démontre que de nombreux porteurs du VIH décident de ne pas se soigner, soit par peur d’être reconnus et discriminés, soit par crainte des effets secondaires… Alors que les traitements disponibles prolongent considérablement leur espérance de vie !
Mexico, 4 août 2008 - Les résultats de l’enquête internationale « AIDS Treatment for Life » (ATLIS[1]), qui couvre près de 3 000 patients dans 18 pays, ont été présentés hier à
Discrimination et stigmatisation
A la lumière des résultats, l’IAPAC (International Association of Physicians in AIDS Care) lance un appel général à la mobilisation de la communauté du sida. Avec, en ligne de mire, un quadruple objectif : améliorer l’information des patients sur leurs traitements ; favoriser le dialogue sur la qualité de vie des patients ; renverser les barrières non cliniques à l’acceptation des traitements, comme la stigmatisation, la discrimination et le coût ; formuler des programmes de prévention culturellement adaptés aux différentes populations. Les résultats d’ATLIS indiquent que la stigmatisation reste un problème pour les patients séropositifs. Plus de la moitié des répondants (54 %) sont « très » ou « assez » préoccupés par le fait que d’autres connaissent leur statut, par crainte d’une discrimination et d’une stigmatisation sociales. Ils redoutent aussi la perte de famille et d’amis (41 %), l’impact sur leur capacité d’établir de futurs contacts (37 %), le risque de perdre leur travail (36 %) et les répercussions sur leur réputation (36 %).
L’impact des effets secondaires
La peur des effets secondaires peut empêcher des patients de demander un traitement. De façon générale, 26 % des répondants (42 % en Europe) ont déclaré avoir choisi de ne pas se faire traiter parce qu’ils pensent que les thérapies antirétrovirales provoquent trop d’effets secondaires.
« Quand le VIH et l’épidémie du sida se sont déclarés au début des années 80, l’objectif premier de l’information était de rendre l’espoir aux personnes concernées et les traitements visaient à prolonger la vie », a affirmé José M. Zuniga, président de l’IAPAC. « Cette étude montre que certains patients rejettent des traitements qui pourraient potentiellement leur sauver la vie, par crainte des effets secondaires. D’autres, déjà sous traitement, se sont inutilement résignés à vivre avec des effets secondaires alors que des options thérapeutiques moins toxiques sont disponibles. Les patients peuvent maintenant attendre plus de la thérapie anti-VIH. »
Curieusement, les gens vivant avec le VIH et le sida se focalisent sur des effets secondaires à court et moyen terme malgré le fait que la puissance et l’efficacité des thérapies anti-VIH ont prouvé qu’elles peuvent prolonger leur vie. 34 % des répondants déjà sous traitement l’ont interrompu à cause des effets indésirables, tout en sachant que cela risquait d’abréger leur existence.
Bientôt de nouveaux traitements ?
De façon générale, 69 % de répondants ont exprimé le souhait d’une information plus complète sur le VIH et ses traitements. Et plus particulièrement, sur la question des résistances qui peuvent intervenir à un certain degré d’adaptation du virus au traitement. Quand les répondants ont été invités à décrire comment se développe la résistance aux médicaments anti-VIH, 17 % seulement ont répondu correctement. Des études précédentes ont montré une forte corrélation entre une bonne compréhension du phénomène de résistance et l’amélioration de l’acceptation du traitement. Cet aspect prend toute son importance dès lors qu’il se murmure, dans les couloirs de la Conférence de Mexico, que de nouveaux traitements reculant le seuil de résistance seraient bientôt présentés…
10 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON