Commerce inéquitable : quand Max Havelaar tape sur les journalistes...
Christian Jacquiau est journaliste et écrivain (Les coulisses de la grande distribution, 2000 – Les coulisses du commerce équitable, 2006). Il vient d'être condamné pour diffamation (le 21 juin dernier), suite à une plainte portée par l’association Max Havelaar France, à la suite de la parution d'un article intitulé « Commerce équitable : un attrape-bobo ? », publié dans l’Echo des savanes en juin 2008.
Dans cette interview Daniel Audion, qui se révélera être la fausse identité derrière laquelle s’est dissimulé un faux journaliste se présentant lui-même comme imposteur professionnel, prête à Christian Jacquiau des propos (« Max Havelaar fait travailler des quasi esclaves ») qu’il n’a jamais tenus. Ni dans ses livres, ni lors des nombreuses interviews qu’il a accordées sur le sujet, ni lors de ses nombreuses conférences, débats ou forums auxquels il a participé. C'est ce que l'on peut lire sur le site du Comité de soutien à Christian, créé pour qu'il puisse faire face aux énormes frais de justice engagés, puisque l'écrivain a décidé de faire appel de cette décision de justice. L'association Max Havelaar lui réclame en effet 100 000 euros de dommages et intérêts.
On peut légitimement se demander pourquoi une association, qui bénéficie de la part de l'Etat français de confortables subventions, s'acharne à ce point sur ce journaliste militant, qui considère de son devoir d'informer le plus largement possible et bat la campagne depuis des années, en animant des débats et des réunions publiques. Ne serait-ce pas là un acte d'intimidation de plus, lancé en direction de tous les journalistes, à l'image des dérives auxquelles nous assistons en la matière depuis quelques années ?... Les livres de Jacquiau dérangent la grande distribution et tout un tas d'entreprises qui exploitent l'engouement des consom'acteurs pour le commerce équitable.
Sur son site, Christian Jacquiau explique sa motivation à mener ce combat jusqu’au bout : « On sait comment la rumeur, le discrédit, l’intimidation, la pression financière alimentent l’auto-censure, la plus efficace des censures. Les sommes astronomiques qui me sont réclamées, l’exécution provisoire exigée aujourd’hui par Max Havelaar sont autant d’arguments qui auraient pu m’amener à jeter l’éponge.
Je suis prêt à débattre, à répondre de mon livre, de son contenu, à expliquer, à justifier, à commenter, à argumenter, à reconnaître la moindre erreur si quelqu’un me démontre qu’il en contient une, mais je n’accepterai jamais d’être condamné dans un tel contexte, reposant sur une interview totalement bidonnée.
Condamné au moment même où des journalistes sont cloués au pilori et se font traiter de « trotsko-fascistes » pour avoir déplu aux puissants en tentant d’exercer leur métier tout simplement, je mènerai jusqu’au bout ce combat pour la liberté de la presse, la libre expression des individus, contre la censure des puissants et du pouvoir de l’argent, pour le droit à l’information des citoyens et à la critique ».
Alors que peut-on faire ? Si vous avez un compte bien garni, vous pouvez vous rendre sur le site du Comité de soutien et verser un don. Si vos moyens sont plus limités, vous pouvez acheter un des livres de l'auteur, pour le lire, le partager, l'offrir...
Vous pouvez également, au moment d'effectuer vos achats, vous demander pourquoi Max Havelaar ne s'est pas contenté d'une simple condamnation symbolique et demande une si lourde peine... Mais ne parlez surtout pas de boycott, ou alors vraiment tout doucement, il parait que c'est interdit... Alors contentez-vous d'informer !
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