Corruption à grande échelle en Essonne
Après les départements des Bouches-du-Rhône et du Nord, l'Essonne apparaît, selon une enquête de Mediapart, comme gangréné par la corruption et les multiples entorses à la légalité. La Roumanie, longtemps montrée du doigt, dispose depuis 2007 d'une Agence Nationale d'intégrité (ANI) qui a démontré toute son efficacité. L'exemple est à méditer
SOS, Eliot Ness. La démocratie française est touchée au cœur par une dérive éthique importante de sa classe politique. Faute de contrôles efficients, la décentralisation s'est révélée une arme de corruption massive. Même si les élus fautifs ne sont qu'une infime minorité, ils jettent l'opprobre et le doute sur l'ensemble de la classe politique et contribuent fortement à la crise de la représentation.
Pas encore au cœur des principaux médias d'actualité et notamment les chaînes d'information continue, "L'Essonne connexion" décrite par Mediapart présente pourtant les critères d'un scandale majeur.
"C'est un département entier qui est touché" prévient d'entrée Karl Laske l'enquêteur de Mediapart. Suit un très long article qui revient dans le détail sur la situation de quelques élus. Parmi les épinglés, deux ministres : Manuel Valls et François Lamy.
Le plus surprenant dans le dossier, c'est tout à la fois l'ampleur des dérives et l'absence de réactions judiciaires face à des faits qui semblent connus.
C'est bien ce dernier point qui est problématique. Comme si, désormais, pour que la justice se mette en branle, il fallait que préalablement un organe de presse courageux prenne l'opinion à témoin pour contraindre les autorités publiques à bouger.
Il faut en tirer toutes les conséquences. Nos procédures de contrôle ne sont pas adaptées. Elles sont insuffisantes tout autant que l'arsenal de mesures annoncées en réaction à l'épisode Cahuzac, car essentiellement ciblées sur le gouvernement et les parlementaires. C'est aux dérives de base, les plus nombreuses, qu'il convient de s'attaquer. Or, aujourd'hui, côté collectivités, rien de nouveau n'est prévu alors que l'Acte 3 de la décentralisation est en cours de réécriture.
La force de l'Agence Nationale d'Intégrité Roumaine, c'est d'avoir l'œil sur les affaires de l'appareil d'Etat mais aussi les affaires locales. L'ANI peut ainsi s'appuyer sur une équipe déterminée de spécialistes et d'inspecteurs, mais surtout, un parquet national anticorruption (DNA) qui garantit la mise en œuvre de l'action publique. C'est un dispositif intégré de ce type qu'il faut introduire dans notre droit. Et vite.
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