Darwin, je te vois !
Théorie de l’Evolution et progrès social. Incompatibilité ?
Posons-nous la question suivante : A quoi mène le ressentiment dû aux inégalités sociales ?
A des révoltes, à des manifestations de haine qui ont pour but de détruire les biens de ceux qui sont supposés par les casseurs être les causes de leurs troubles. Voitures brûlées, bus vandalisés, maisons tagées, biens publics détruits, etc. Tout ce qui représente le pouvoir oppresseur (financier ou politique) y passe.
Le résultat est le suivant : ces actes ralentissent l’économie et donc l’évolution et le cours normal de la vie sociétale.
C’est donc par la lutte contre ces inégalités qui trouvent leur fonds de commerce dans les rancoeurs et injustices que l’on arrive à évoluer ensemble vers une société toujours plus calme et respectueuse de l’autre.
Voir dans la lutte pour l’évolution une application de la loi du plus fort, une méthode utilisée par les puissants de rejeter tout ce qui est plus faible en le détruisant est une vision biaisée.
Le paradoxe est que les puissants évolueront d’autant plus vite qu’ils combattent les inégalités plutôt qu’en créant du ressentiment parmi les plus faibles.
Rejeter ou détruire tout ce qui paraît contrevenir à leur propre évolution est peut-être efficace à court terme du point de vue des puissants.
Mais à long terme, les inégalités et ressentiments ainsi créés viennent contrebalancer les progrès effectués dans un premier temps par le rejet des faibles. Comme un retour de boomerang, la révolte vient détruire les efforts consentis de sorte que le résultat est en fin de compte nul. Il n’y a pas eu de réelle avancée. A vouloir aller trop vite on s’emmêle les pinceaux.
Finalement, cette situation est l’illustration de la théorie des vases communicants. La révolte occasionnée par les progrès forgés sur base de l’injustice réduit en cendres ce qui avait été accompli. Pour se retrouver au point de départ.
Une sorte d’équilibre. On est bien avancés.
Pour prendre un exemple concret : les déportations massives en camps de concentration effectuées par les régimes dictatoriaux au cours du 20ème siècle avaient pour but de conformer les sujets déviants du système. Ceux qui le critiquaient y étaient envoyés sans autre forme de procès afin de canaliser leurs comportements déviants. C’était très efficace dans un premier temps. Mais sur le long terme, c’était suicidaire. La vérité, telle l’eau qui coule, se faufile par tous les chemins possibles pour jaillir à nouveau et se muter en révolte venant annihiler les efforts consentis pour l’éviter. Tout étant lié, les proches (familles, amis,...) des victimes du système concentrationnaire prennent à leur compte les souffrances de ces dernières pour consacrer leur vie à obtenir justice, au mieux, à avoir vengeance, au pire. A moins d’éliminer toute la population, la révolte était inévitable.
La véritable évolution et avancée viendra de la prise de conscience de cet équilibre vers lequel tend l’univers. Une harmonie dans laquelle tout est lié.
Je vois dans la théorie de l’évolution une application du Contrat social de Rousseau.
Pour rappel, cet ouvrage écrit en 1762 expose "qu’une bonne organisation sociale repose sur un pacte garantissant l’égalité et la liberté entre les citoyens. Ce pacte est contracté entre tous les participants, c’est-à-dire l’ensemble exhaustif des citoyens. Dans le pacte social, chacun renonce à sa liberté naturelle pour gagner une liberté civile. La souveraineté populaire est le principe fondamental du contrat social. L’indivisibilité de cette souveraineté est un autre principe fondamental, par lequel il faut comprendre que le pouvoir du Souverain ne saurait être divisé (Rousseau emploie ce terme pour désigner le peuple souverain) et ne peut s’en séparer par intérêt personnel, car l’intérêt personnel est contraire à la recherche de l’intérêt général, seul objectif du contrat social. Ce contrat social, Rousseau le voit comme faisant suite à l’état de nature dans lequel règne la loi du plus fort. Pour lui, la loi du plus fort ne peut être un principe directeur d’une société car il est incompatible avec l’intérêt général, et donc avec le contrat social : « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir. »
La perte du contrat social, c’est le retour à l’état de nature, primitif, animal, « tyrannique et vain ». Une société qui rompt son contrat social ne serait plus une société libre..."(1°) (source wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Du_Contrat_social)
En termes concrets, si certains forgent leur succès sur le dos d’autres, ils peuvent être certains que ce succès leur pètera à la face tôt ou tard.
La véritable évolution viendra donc d’un effort commun vers un but unique en étant conscients que personne ne doit être laissé sur le carreau.
L’évolution passe donc par la réduction des inégalités tout en tendant à leur suppression.
Soit on avance ensemble soit on stagne, au mieux, soit on retourne en arrière, au pire.
Je vois également dans le film récent de Yann-Arthus Bertrand une contre-application de la théorie de l’évolution. En oubliant qu’il y a une regénération naturelle des matières premières, l’empreinte écologique de l’homme est exagérée. Il en résulte une culpabilisation du citoyen lambda nocive pour l’économie en général puisqu’elle pousse à l’inaction. Tout en proposant des solutions intéressantes (comme utiliser l’énergie solaire) il encourage un retour à l’âge des cavernes (c’est quasiment le cas quand on voit Arthus-Bertrand interviewé dans sa cabane en bois). Ce film donc, en partant de bonnes intentions, prône en fin de compte un retour à l’état de nature, primitif, animal qui aurait pour effet - non désiré par leurs auteurs évidemment - de (ré)instaurer la loi du plus fort.
Ce que j’ai exposé ci-dessus, c’est évidemment de la théorie. La question cruciale à laquelle il faut répondre est de savoir si, en pratique, il est réellement possible que les gens se sentent un jour égaux et considèrent que leur liberté s’arrête là où commence la liberté de l’autre.
Léo Ferré a répondu à cette question dans une interview.
Lien vers la video (c’est entre 3:00 et 4:00) : http://www.youtube.com/watch?v=EFa1_Un1An4
Bien sûr, ce n’était que son avis personnel. Bien sûr, ce n’était qu’un chanteur. Mais nul ne peut nier la lucidité implacable qui émane de son oeuvre.
A nous de prouver, à l’avenir, qu’il avait tort en montrant qu’il est possible de vivre ensemble en société.
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