De l’utilité des travaux publics
Des travaux partout dans les villes. Ces innombrables travaux publics, financés par les deniers des contribuables, sont-ils toujours nécessaires ? Qui prend les décisions ? Comment sont attribués les marchés ?
Et ils refont l'avenue. On ne sait même pas exactement pourquoi.
Et ils refont le trottoir. Pour que les piétons se sentent plus à l'aise sûrement...
Et ils refont le rond-point. Pour une question d'esthétique a priori...
Et ils font fleurir les pistes cyclables. Bah oui le vélo c'est écolo donc tendance.
Et ils refont la place. Pour qu'elle soit plus jolie qu'avant.
Et ils ajoutent un énième ralentisseur. Cela donne une bonne image en sécurité...
Et ils construisent un nouveau parking. Parce que les gens n'ont pas encore pris l'habitude de covoiturer sûrement.
Mais est-ce que tout cela sert vraiment à quelque chose ? Je veux dire, à part pour l'équipe municipale en place à tenter de se faire réélire ?
Est-ce que ça sert d'avoir une plus jolie place ? Est-ce que ça influence vraiment le bien-être des habitants ? Est-ce que cette variation de bien-être doit coûter autant d'argent et être ainsi placée dans la liste des priorités ?
A la limite, qu'ils mettent un trottoir là où il n'y en a pas, si ça correspond à un réel besoin au niveau du passage des piétons, je dis pourquoi pas. Mais refaire un trottoir existant pour qu'il fasse 20cm de plus et qu'il ait l'air plus moderne, cela me laisse sceptique...
Qu'ils aménagent une partie de route parce que la chaussée est pleine de trous ou totalement difforme, là encore ça peut se justifier. Mais refaire une avenue entière de quelques kilomètres, pour un coût forcément astronomique, et alors que la chaussée était raisonnable, quelque chose doit m'échapper...
Parce qu'au delà des nuisances engendrées, souvent longues et pénibles, ces travaux publics sont quand même financés par les recettes publiques. Est-ce vraiment ce que veulent les riverains ? En théorie ils sont représentés au conseil municipal. Mais ces décisions relèvent-elles vraiment du conseil municipal ? Et si oui les membres de ce dernier s'ennuient-ils à ce point pour décider de faire tant de travaux qui ne servent pas à grand chose ? Ont-ils quelque chose à y gagner ? Et ce faisant se font-ils vraiment l'écho des préoccupations de leurs concitoyens ?
A-t-on vraiment rien trouvé de mieux pour dépenser l'argent public que de refaire et embellir les routes, places et autres trottoirs ? Avec ces sommes astronomiques, n'y a-t-il rien de plus constructif à réaliser ?
Au moins cela a le mérite de générer de l'emploi, ou tout du moins du travail et donc d'éviter des suppressions d'emplois en quelque sorte. Mais à mon humble avis, placer cet élément en priorité c'est prendre le problème à l'envers. Parce qu'à ce compte, autant dépenser l'argent public de manière totalement extravagante en créant des emplois totalement inutiles et embaucher à tout va des gens qui ne serviront strictement à rien, ça leur fera un emploi...
Mais de réelles questions de fond surviennent quant à l'attribution de ces nombreux et juteux marchés publics, et sur le rôle de ceux qui les décident.
Annexe
La question spécifique des rond-points a été évoqué dans cet article de 2006.
Quelques extraits :
La construction du giratoire seul coûte en moyenne de 600 000 à 800 000 euros. Il faut y ajouter le coût facultatif de la « décoration ».
(...)
Nous avons tous observé des constructions de giratoires dans des carrefours qui ne connaissaient pourtant aucun problème d’encombrement. C’est que les industriels du BTP ont trouvé un nouvel argument pour imposer des giratoires aux collectivités. Un sésame imparable : la sécurité routière.
(...)
La France s’est couverte de dizaines de milliers de giratoires, et il s’en construit encore tous les jours à un rythme soutenu. Alors que chacun sait que des problèmes de sécurité routière sur certaines routes mettent des années à être résolus par les collectivités, la construction de giratoires, elle, semble ne jamais poser le moindre problème, même lorsqu’elle n’est aucunement justifiée. Pourquoi ? Mystère...
Une sélection d'extraits des réactions des lecteurs :
Il n’y a qu’en France - ou presque (en Europe) - qu’on laisse faire ces "marchés publics". Si les citoyens se responsabilisaient un peu plus en demandant des comptes et surtout en s’y intéressant (il s’agit quand même de leurs impôts directs et indirects, TVA par exemple sur n’importe quel produit acheté) , les affaires seraient bien mieux gérées et les impôts ... moindres !
En Suisse, un simple citoyen (grâce à une pétition d’initiative locale, pétition immédiatement entendue) peut bloquer tout un chantier s’il le juge incohérent ou trop cher.
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Tous les menus aménagements BTP sont une mine de profits corrupteurs-corrompus où s’engouffrent par petits filets discrets plus difficiles à sommer et contrôler, des milliards d’argent public, asséchant d’autant les secteurs prioritaires et obérant ainsi l’avenir.
(..)
On supprime, on remet des bordures, des panneaux, des loupiottes, des chaussées, des feux, inutiles, incongrus, arbitraires, des bancs contondant, des statues diformes, pour justifier de la conservation d’un budget de dépenses annuel, qui empêche les grands projets d’un côté, favorise l’incohérence et la disparité de l’autre (états successifs ubuesques d’une voie traversant plusieurs communes)
(...)
Le monstre s’auto-entretient, plus personne ne veut l’arrêter, surtout pas les parasites qui en croquent, le contribuable microbe continuant de payer les yeux fermés...
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Sous ces aménagements extrêmement dispendieux, sous prétexte de sécurité et de fluidité du traffic, se cacheraient les primes de fin année pour des fonctionnaires territoriaux chargés de leur implantation.
Il paraitrait qu'à chaque fois qu un rond-point de ce type est aménagé (entre 120 000 euros pour le plus petit à 800 000 euros pour les plus grands), 2% de sa valeur part en prime partagée entre les instigateurs, ce qui arrondit très sérieusement les fins de mois de certains !!! Voici pourquoi les aménagements urbains fleurissent tant !!!
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Je ne crois pas du tout à l’histoire du lobby du BTP même s’il est certain qu’ils poussent à la roue.
C’est plutôt le lobby des petites vieilles et des élus démagogues qui est en cause. La circulation en France est devenue impossible à cause de tous les ralentisseurs placés sur la voie publique. Lorsqu’il y a une réunion publique dans une municipalité, les gens actifs qui ont un boulot et qui circulent n’y vont jamais. Les mères de famille non plus. On y trouve 80% de femmes ayant passé la cinquantaine, qui recherchent dans le milieu associatif un frein à leur inéluctable dégénérescence. C’est le type même de la bien-pensante qui s’inscrit dans n’importe quel "collectif" qui passe par là. Elles ne sont absolument pas représentatives de la population mais ce sont elles que rencontrent les élus. Chacune y va de son petit point de vue égoïste - plus de bus, un feu rouge ici, un dos d’âne par là, une piste cyclable pour les jeunes etc. Elles savent mieux que les autres ce qu’il leur faut.
Le deuxième problème est la régionalisation qui a recréé un système féodal. Le patron du Conseil Général a le pouvoir de lever l’impôt et d’acheter ses sujets. Il a l’impression que s’il ne passe pas son temps à changer le paysage urbain, ses sujets penseront qu’il ne fait rien et ne voteront plus pour lui. De là découle une dérive haussière des impôts. On sombre dans le népotisme et le clientélisme, toutes orientations politiques confondues. C’est le système administratif de la régionalisation qui le veut. A l’heure de l’informatique il faut supprimer les conseils régionaux et généraux ou ne leur laisser qu’un simple rôle consultatif.
12 réactions à cet article
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