Dimanche nous serons 7 milliards, et alors ?
Dimanche nous serons 7 milliards d’humains : pourquoi certains en font tout un monde ?
Nous étions 250 millions de Terriens en l’an 1, 350 millions en l’an 1000 (notez la relative stabilité du premier millénaire…), environ 500 millions en l’an 1500, puis c’est en 1800 que l’on franchit la barre du milliard, pour en atteindre 2 en 1930, puis 3 en 1960, 4 en 1975, 6 en 2000, 7 en 2011. Déduction faite des décès, quelque 220.000 humains supplémentaires apparaissent chaque jour dans un contexte environnemental qui laisse de plus en plus à désirer. Cette soudaine accélération démographique est indubitablement à mettre sur le compte des « bienfaits » du progrès. On prédit 8 milliards pour 2025 et plus de 9 pour 2050. Au-delà, par exemples 17 milliards en 2100, on craint le pire.
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À chacun sa planète
Deux planètes pour deux points de vue divergents : les certitudes du démographe, et celles de l'écologue.
Pour le démographe, il y aurait encore de la place pour les humains et du soleil pour tout le monde, même si un milliard de personnes sont aujourd’hui en état de sous-nutrition. Pour l’écologue, la planète est devenue petite, il n’y aurait plus assez de place pour la Nature, et l’homme a besoin de cette Nature et des ressources pour vivre.
Les vertueux prétendent qu'il serait honteusement malthusien et malvenu de nous réduire, que l’idée même frôle l’eugénisme, qu'il y a de la place et des ressources pour tous. Bien que très hasardeux, un tel postulat demanderait néanmoins que l’on balance par-dessus bord les autres espèces. En occupant chaque jour plus de territoire, nous avons déjà colonisé l’essentiel des habitats naturels, déconstruit presque tous les écosystèmes et contribué au recul et à l’extinction d’un nombre faramineux d’espèces végétales et animales. À tel point que nous avons fondé des institutions chargées d’une comptabilité de plus en plus pingre de plantes et d’animaux que nous avons poussés au bout du rouleau. Ce Vivant à l’état de peau de chagrin ne va pas, non plus, dans le sens de notre survie sur Terre, laquelle ne pourra se faire envers et contre la biodiversité, les sols, les forêts, les mers… Un humanisme suprématiste et focalisé sur l’acceptation d’une surpopulation humaine envahissante et destructrice va à l’encontre de la vraie thèse d’un minimum de considération écologique dont le crédo est qu’aucun végétal, qu’aucun animal ne doit disparaître de la surface du globe par la faute de l’homme. Nous sommes pourtant entrés dans la sixième phase d’extinction massive d’espèces, la première pour cause anthropique.
Le rythme de croissance de la population mondiale est actuellement de presque un milliard de nouveaux individus par décennie. 350 millions de femmes n'ont pas encore obtenu accès à un éventail de moyens contraceptifs efficaces et sans danger, ce qui fait que chaque année 175 millions de grossesses ne sont pas désirées ou interviennent à un moment inopportun. Près de 40 millions d'avortements sont annuellement pratiqués, souvent dans des conditions très aléatoires. 227 femmes en meurent quotidiennement. Environ 4,5 milliards de personnes, soit près de 3 Terriens sur 4, habitent dans les pays en développement, et un milliard d’entre eux subsistent dans des conditions infrahumaines.
Les démographes prétendent qu’après un long ralentissement, la population mondiale devrait se stabiliser autour de 11 milliards en 2200. C’est beaucoup trop, non pas compte tenu de la planète originelle, mais de l’état d’usure du milieu de vie et du tarissement déjà avéré des ressources, Alors dans un ou deux siècle, cette Terre sera notre fosse commune.
La reproduction est un phénomène naturel à toutes les espèces, et notamment chez celles opportunistes qui doivent dominer leur habitat. Cela existe chez les rats, les cafards, les mouches ou les papillons. L’homme, dont l’instinct est fondu à la conscience, primate calculateur par excellence, a conceptualisé cette tendance naturelle afin d’en tirer une stratégie d’avenir tribal, familial, nombriliste, longévif : celle d’assurer sa descendance, et par là même la sécurité de ses vieux jours.
La Terre n’est ni extensible, ni rechargeable. L’avenir ne nous commande plus l’expansion, mais la récession sous forme de décroissance natale et économique. Moins nous serons nombreux, plus nous serons prospères, voire heureux. Quelques générations vouées à seulement un enfant par femme, voire assurer un avantage fiscal aux couples qui n’enfanteraient pas, correspondraient à une mentalité nettement plus écoconsciente et respectueuse que celle d’allocations familiales comme gratification sociale.
Si en Chine et au Vietnam le caractère coercitif du contrôle des naissances, ou en Inde la politique de stérilisation plus ou moins volontaire, ne se font guère ressentir dans la moyenne planétaire, c’est évidemment en raison du nombre effarant d’individus. Mais qu’en serait-il si, à l’instar des habitants des favelas sud-américaines ou des beaux quartiers des capitales européennes, on y faisait cinq ou six enfants par couple ?
Les discours procréateurs sont toujours acclamés, notamment par ceux qui n’y perçoivent pas l’irréalisme, voire le cynisme, bien que la mise en pratique de ces discours soit la cause de leur misère quotidienne. Si elles acceptent de régresser, les sociétés obèses détiennent la clé budgétaire pour assister celles faméliques. L’Occident aura alors moins à redouter des ventres pleins que de ceux vides, et les gens qui sont à l’aise chez eux n’ont aucune envie d’aller chercher des eldorados. Ce n’est pas le cas des Haïtiens, des Cariocas, des Cairotes ou des Bangladais, des Thaïs et des Malais, qui, l’estomac resserré, ne se découragent pas de reproduire pour envoyer leurs enfants chercher des pépites d’or dans les immondices ou proposer leur corps à la transgression morale du tourisme sexuel.
La surpopulation est un crime contre l’humanité
Suggérer de modérer la démographie d’un monde en proie à la surpopulation semble relever de l’outrage, de l’infamie, tant le thème appartient à la langue de bois. Où sont les suggestions dénatalistes dans les pactes et les sermons écologiques ? Une telle frilosité en dit long sur le charlatanisme des auteurs, peu enclins à perdre de l’audience et dont le souci premier est de plaire, quitte à renoncer à l’audace d’une vraie vérité dérangeante et pourtant intrinsèque à tout sauvetage planétaire. Nous feignons d’ignorer la finitude d’un monde dans laquelle notre multitude puise allègrement et sans relâche, nous ne devrions pas avoir le désir d’une descendance qui ne recevra en héritage que des lambeaux et des restes. N’en déplaise à l’ignoble propagande religieuse, il n’y a qu’une raison légitime et écomalthusienne de ne pas avoir d’enfant, c’est de ne pas surpeupler davantage la seule planète dont nous disposons. Si on aime les enfants, il ne faut donc pas en faire, ou prendre le risque de n’en faire qu’un seul, un dernier, et bien aimé.
Il faut quelque chose de plus qu’un couple pour faire un enfant, il faut au moins une planète viable. Posséder une famille nombreuse n’est-il pas un délit environnemental, une grave atteinte à la planète et à l’avenir commun ? Pour un ami de la Terre, toute abstinence à la procréation humaine, toute pénurie des naissances sont reçues comme de bonnes nouvelles. Nous occupons indûment les niches de toutes les autres grandes espèces que nous avons expulsées et cela se poursuit au quotidien, chaque fois que l’abattage d’un arbre de la forêt pluviale fait reculer un discret orang-outan. Imaginons un peu une Terre surpeuplée de 7 milliards d’orangs-outangs ou de rhinocéros. La liberté écologique de notre espèce humaine devrait s’arrêter là où commence celle des autres espèces.
La bourse ou la vie ? Les retraites ou la planète ? Mieux vaux sauver la planète que les retraites ! Le souci des pensions ne se pose pas pour les pays pauvres mais occupe indûment notre conscience de nantis. En ce qui concerne la protection des anciens, il faut tout simplement construire la retraite avec des prélèvements sur les bénéfices, et non sur la masse salariale. C’est aussi plus juste et logique car une entreprise qui fait du gros bénéfice avec une petite masse salariale ne fait que profiter de tous les avantages de la société sans échange.
Il n’est peut-être jamais trop tard et que vienne alors le grand coïtus interruptus planétaire qui permettrait à la Terre de souffler un peu ! Sans peur ni reproche du métissage, le renouvellement des générations des pays développés devra se faire par les immigrants, au grand dam des suprématistes blancs et fanatiques, hélas toujours bien en place aux commandes du destin planétaire.
La survie de l’humanité dépend du possible, et non de l’impossible.
L’impossible, c’est une meilleure gestion et répartition des ressources. On a tout essayé depuis des lustres et même la morale égalitaire, notamment professée par le grand livre n’a pas donné les résultats escomptés, peu s’en faut ! Refuser d’aborder le sujet, c’est accepter une certaine bestialité de l’homme, estimant que la procréation est naturelle, indiscutable et se désintéressant de sa destinée. Continuer à ne rien faire, c’est provoquer la haine l'emportera encore comme les États et leurs polices armées la promeuvent depuis des siècles, avec l'enfantement comme combustible. Le possible pour cultiver les futurs, c’est d’encourager une mondialisation de la dénatalité. Vivre moins nombreux pour que tout le monde puisse tout simplement vivre.
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