Encore un nouveau cas d’esclavage domestique, d’une enfant, en France
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Charlotte, une Ivoirienne de 14 ans s'est présentée au commissariat de Cavaillon mardi matin et le récit qu'elle livre aux policiers est saisissant. Elle leurs explique avoir été achetée à sa famille en Côte d'Ivoire pour 4.500 euros (3 millions de Frazncs CFA) par le mari d'un couple formé par un Ivoirien et une Française, tous deux âgés de 25 ans, parent de deux enfants de 4 ans et 1 mois et qui résident à Cavaillon.
Selon l'adolescente, le mari se serait présenté au début de l'été dernier à Dabou, son village d'origine, tout près d'Abidjan. Interrogé par les policiers il a avoué être "descendu en Côte d'Ivoire pour çà", c'est-à-dire pour faire son "marché". Celui qui s'est présenté comme le "grand-père" de Charlotte lui a proposé une dizaine de filles.
C'est Charlotte qui fut choisie pour faire le ménage et s'occuper des enfants. Elle part donc clandestinement au Maroc par l'intermédiaire de passeurs, puis direction l'Espagne et Barcelone ou elle atterrit courant mai 2012. Selon Europe1.fr ce n'est qu'en septembre dernier que "son propriétaire" est venu la récupéré dans la capitale catalane pour la ramener en France.
Charlotte est sans papier, elle ne touche aucun salaire et n'est pas scolarisée, mais elle ne vit pas recluse dans l'appartement, selon le procureur d'Avignon. Mais lorsqu'elle n'exécute pas bien son travail les coups de ceinturons pleuvent et aussi quand son "maître" le décide !
Et c'est à la suite d'une de ces séances de sévices, cette fois administrée par un "ami" de son "maître", en fait un ressortissant togolais en situation irrégulière en France hébergé chez le couple, que la jeune Ivoirienne a pris la fuite et décidé de porté plainte Selon le procureur c'est peu avant, qu'elle avait été battue assez violemment sur tout le corps avec une ceinture".
Le couple suspect a d'abord été placé en garde à vue pendant 24 heures. La femme a été laissée libre à l'issue de sa garde à vue et mise hors de cause. Elle a avoué avoir été réticente, par "jalousie", à la présence de Charlotte dans son appartement.
L'homme, lui, a été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour y être jugé en comparution immédiate pour traite d'être humain, violences et aide au séjour irrégulier. LeTogolais de 35 ans en situation irrégulière, qui a lui aussi été renvoyé devant la justice pour infraction à la législation sur les étrangers. Les deux hommes ayant demandé un délai afin de préparer leur défense, ils ne seront jugés que le 15 mars et ont été placés en détention provisoire.
Il a expliqué au juge qu'il n'avait pas acheté l'adolescente mais l'avait au contraire sortie de son village pour qu'elle ait une éducation en France (pardi !). Quant aux 4 500 euros ils n'auraient été payés que pour permettre à Charlotte de quitter son pays. Le prévenu a également assuré que c'est la jeune fille qui refusait la scolarisation.
L'escavage est aboli en France depuis 1848 et le travail des enfants est interdit. Pourtant l'esclavage domestique est toujours présent dans notre pays. Il touche des victimes mineures qui sont généralement originaires d'Afrique de l'Ouest et du Nord ainsi que d'Afrique Centrale. Ces très jeunes filles sont traditionnellement, dans leur propres familles, vouées aux tâches domestiques. C'est pourquoi elles n'ont pas conscience de leur état d'esclave quand elles sont en France. C'est souvent sous le couvert d'un mensonge quelles partent : un parent ou un ami d'amis promet de les scolariser en France contre une aide à la maison.
Cela se traduit finalement par :
- La confiscation des papiers d’identité.
- Le travail sans rémunération ou très peu. L’absence de congés, une nourriture insuffisante, un logement insalubre ou inexistant...
- La séquestration ou l’auto-séquestration : la personne est retenue par l’employeur. Il lui fait du "chantage" avec par exemple avec des arguments de ce type : "tu es en situation irrégulière, si la police t’arrête dans la rue, tu iras en prison et seras expulsée...".
- La rupture des liens familiaux, l’isolement culturel : les personnes étrangères sont vulnérables car elles ne connaissent pas les droits, les lois, la langue du pays où elles sont "esclaves", elles ne peuvent donc pas se protéger.
Charlotte est un cas de plus d'esclavage domestique dans notre pays.
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Souvenons-nous également de Rose la petite Malienne qui est arrivée en France quand elle avait 11 ans. Pendant 9 ans, elle n’a connu que le pavillon de Bondy, en région parisienne, où elle était enfermée par un couple franco-malien dont la femme était employée de mairie en Seine-Saint-Denis. La fillette devait faire à manger pour les parents et les quatres fils. Elle devaitt surseoir à toutes les taches ménagères : repassage, vaisselle.... Elle se levait à 7 heures et travaillait jusqu'à 23 heures.
Elle n'a reçu aucune rétribution, pas de loisirs... Pire : elle a été humiliée, insultée et elle a reçu des coups, et cela "sans aucune raison".
Pourtant Rose a continué de travailler sans se rebeller : "Je ne savais pas que c'était anormal" a-t-elle confié. C'est seulement à l'âge de "15 ou 16 ans" que la jeune fille a pris conscience de sa situation. Elle a fini par apprendre la langue en regardant la télévision, pendant ses rares moments de répit. Et c'est à l'âge de 20 ans qu'elle a pu partir, avec l'aide d'une voisine à qui elle avait tout raconté.
Arrêté le couple encourrait jusqu’à sept ans de prison ferme et 300 000 euros de dommages et intérêts. Cependant le mardi 29 juin 2010 la justice a condamné ses tortionnaires a seulement deux ans de prison avec sursis. Ils ont été condamné également à verser 93 000 euros de dommages et intérêts à la victime. Étant donné que l’esclavage a été aboli en France, la qualification pénale n’existe plus. Le couple condamné dans le cas de Rose était ainsi jugé pour "non respect de la vie humaine",d’où cette peine limitée.
Au micro d'Europe 1 Rose avait déclaré : "C’est pour moi une déception que je ne peux même pas expliquer. C’est neuf ans de ma vie que j’ai donnés". (Vidéo)
Je vous invite également à lire sur bladi.net le témoignage de Rania, petite Marocaine arrivée en France à 8 ans et qui a été l'esclave de Aïcha la fille d’un des plus vieux amis de son père.
Outre le cas de l'immunité diplomatique, il n'existe pas de cadre juridique permettant d'appréhender ce phénomène : le crime contre l'humanité ne peut s'appliquer au cas d'esclavage individuel, les traités internationaux n'ont pas d'applicabilité directe. Ces jeunes filles étant en situation irrégulières (donc en infraction), la reconnaissance de leur statut de victime n'est pas facilitée.
En 2011 sur les 42 dossiers de personnes en situation d'esclavage arrivées mineures en France, seuls 2 ont, pour l'instant, débouché sur des condamnations (avec peines d'emprisonnement).
Octobre 2012, la France a été condamnée à verser 30 000 euros à une orpheline devenue esclave de sa tante, pour avoir failli dans sa lutte contre le travail forcé, selon un arrêt rendu jeudi par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). L'État français n'a pas mis en place "un cadre législatif et administratif permettant de lutter efficacement contre la servitude et le travail forcé", a estimé la Cour de Strasbourg, constatant une violation de l'article 4 de la Convention européenne des droits de l'homme interdisant l'esclavage.
Sources : Vaucluse matin, Elle,L'Express,TF1, bladi.net, Métro France,
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