Et si on reparlait un peu des minarets...
Pour celles et ceux qui l’ignoreraient, le minaret est une tour de mosquée d’où sont lancés les appels à la prière dans les pays musulmans.
A part ce côté technique, il a surtout un rôle politique : rappeler la prédominance de la religion dans la cité (à l’instar des clochers des églises dans les pays de tradition chrétienne).
Historiquement, un seul minaret a été construit en France métropolitaine depuis le début du 20ème siècle : celui de la mosquée de Paris inaugurée en 1926 afin de commémorer les soldats maghrébins (très majoritairement musulmans) tombés pendant la guerre 14-18 (cet argument ayant permis de contourner la loi de 1905 en utilisant le « faux-nez » d’association cultuRelle - loi de 1901, technique largement utilisée à l’heure actuelle pour faire bénéficier un lieu de culte de tous les avantages que peut offrir la laïcité en matière d’aides et subventions - dixit Dalil Boubakeur).
Par la suite et du fait d’une immigration musulmane de plus en plus importante (dans un premier temps de travail et dans un second temps de peuplement), la question des lieux de culte s’est posée de manière de plus en plus ardue.
Des dirigeants politiques intellectuellement honnêtes auraient pu profiter de cette situation pour réaffirmer les principes de la loi de 1905 qui, dans un souci de compromis (mais en fait plus proche d’une compromission) a été transgressée dès 1907 et régulièrement depuis cette époque... Principalement au bénéfice du culte catholique et avec la bénédiction de toutes les tendances politiques…
Le simple respect intégral de l’article 2 (ni reconnaissance, ni financement) aurait à la fois permis de mettre fin à des pratiques déviantes existantes et d’éviter les revendications de nouveaux arrivants.
Au lieu de cela, les différents pouvoirs en place depuis les années quatre-vingt n’ont rien fait. Et dans ce contexte, il est tout à fait logique que les chefs islamiques demandent que leur idéologie politico-religieuse soit traitée à égalité des autres.
Quelle est la situation actuelle ? Environ 2 000 mosquées avec apparemment peu de minarets jusqu’à présent.
Par contre, si on s’intéresse aux constructions en cours ou aux projets de constructions, on se rend compte que l’adjonction d’un minaret est de plus en plus souvent demandée (et particulièrement au niveau des mosquées dites « cathédrales » dont la symbolique n’est pas neutre…).
Cette évolution n’est pas innocente et indique très clairement comment se positionne la grande majorité des chefs religieux islamiques : ils pourraient tenir un discours d’adaptation au territoire en affirmant clairement qu’il ne saurait y avoir d’appel extérieur à la prière dans un pays laïc comme la France et que, en conséquence, le minaret n’a aucune utilité. Mais ils ne le font pas…
Et dans les faits, l’appel extérieur à la prière (même sans minaret d’ailleurs) est en développement dans toute l’Europe et donc évidemment en France (une simple recherche sur Internet permet de le vérifier).
Bien sûr, et comme nous l’ont rappelé nombre de thuriféraires de l’islam lors du psychodrame relatif à la votation suisse de l’automne 2009, « nous ne pouvons nous opposer aux minarets puisque les églises ont des clochers à l’intérieur desquels on trouve des cloches ».
Sauf que… Ces églises avec clochers font partie de l’Histoire de notre pays car construites au fil des siècles précédents ; à moins de vouloir imiter les talibans (ceux qui ont détruit les bouddhas de Bâmiyân car ils étaient la preuve qu’il a existé autre chose que l’islam dans l’Histoire de l’Afghanistan), il convient de les conserver en souhaitant, qu’à l’instar des temples antiques, elles deviennent les témoins d’une époque révolue.
Et en ce qui concerne l’utilisation des cloches, il faut tout simplement rappeler que l’article 27 de la loi de 1905 prévoit que la sonnerie des cloches sera réglée par arrêté municipal…
Nous en arrivons à la position des pouvoirs publics et particulièrement des collectivités locales dont le laxisme et l’incohérence laissent parfois pantois… Tout cela uniquement en fonction des positions tout à fait personnelles ou des ambitions électorales de certains élus (il est vrai que dans le cadre de la décentralisation telle que déclinée depuis trente ans, nous sommes de plus en plus confrontés à un nouveau concept qu’on pourrait intituler « la République des baronnies », associant un fondement symbolique de notre société à un fonctionnement médiéval).
Sur le plan de l’urbanisme, on ne peut être que surpris des autorisations accordées pour les minarets quand on voit par ailleurs l’attitude tatillonne que subissent de nombreux citoyens par rapport à leur projet de construction ou de rénovation alors que les éventuelles particularités de leurs dossiers ne présentent généralement rien de bien important comparé à la démesure d’un minaret, en terme de visibilité.
On constate également que les pouvoirs publics nationaux ou locaux (tous bords confondus) signent moult chartes de territoire dans lesquelles on peut lire par exemple « L’enjeu majeur est de veiller à préserver l’identité architecturale et paysagère… »
Il faudrait quand même qu’on nous explique comment un minaret s’intègre à l’identité architecturale et paysagère du territoire français ? Schizophrénie électoraliste quand tu nous tiens…
Enfin, se pose la question des personnes.
Qu’en pensent les citoyens français ayant accessoirement opté pour l’islam par choix, par obligation ou par simple habitude mimétique ?
Comme dans tout système religieux, il y a les fondamentalistes et les modérés qui pratiquent de manière plus ou moins folklorique (seuls les fidèles peuvent être modérés dans leur pratique mais pas s’ils suivent à la lettre cette doctrine totalitaire dans ses textes actuels).
Bien sûr, et comme tout intégriste qui se respecte, le fondamentaliste est par nature difficilement récupérable. Pour les autres, il semble qu’ils aient du mal à s’adapter à l’esprit de relativité qui prévaut dans notre pays par rapport aux dogmes religieux.
Il est certain qu’ils y sont fortement encouragés par leurs « bergers » qui, eux-mêmes, n’ont pas fait leur « révolution culturelle » à l’inverse des responsables des autres religions (ces derniers ayant été « aidés » de manière un peu directive, faut-il le rappeler, par les esprits libres de l’époque dont les descendants actuels font figure de pâle copie…).
Et quel est le point de vue de tous ceux dont une partie plus ou moins importante de leur vie a été baignée de culture musulmane mais qui ont pris leur distance avec cette idéologie ?
Il est difficile de se faire une opinion car pour beaucoup de parties prenantes à cette affaire (représentants religieux, pouvoirs publics, partis politiques et associations, population autochtone), on note une fâcheuse habitude à « l’assignation à résidence musulmane » en fonction du patronyme ou de l’apparence physique. Il est pourtant évident que nombre de personnes concernées apprécient justement la France pour cette possibilité d’émancipation rarement présente dans leurs pays d’origine ou celui de leurs parents.
Par contre, la passivité et le mutisme questionnent… On peut quelque part, et même si cela dérange, faire un parallèle avec l’Allemagne des années trente : tout comme les allemands n’étaient évidemment pas tous nazis mais étaient majoritairement bien silencieux vis-à-vis de l’idéologie nazie, les personnes de culture musulmane (ainsi que les pratiquants modérés) ne sont évidemment pas toutes intégristes mais semblent majoritairement bien silencieuses par rapport aux dérives communautaristes et rétrogrades véhiculées par cette idéologie.
Ce point est interpellant car notre pays (et toute la planète d’ailleurs), déjà bien malmené par la poignée d’individus qui pilote le capitalisme spéculatif mondialisé (financier, matières premières) avec la connivence active de la droite et la complicité inconsciente ou résignée de la gauche, n’a absolument pas besoin de division interne. Il a surtout besoin d’union sur les valeurs essentielles qui permettent de vivre ensemble paisiblement.
Si on peut comprendre que des personnes d’un certain âge aient quelques difficultés d’adaptation, il n’en est pas de même pour les jeunes qui, eux, devraient se rendre compte de la chance qu’ils ont (et que nous avons tous) de vivre dans notre pays.
Les raisons de cette attitude sont certainement multiples :
- priorité au sentiment d’appartenance ou peur de représailles au sein de la communauté (comme pour nombre d’allemands en d’autres temps)
- allégeance obligatoire à la doctrine et difficulté à entrer dans un processus d’émancipation qui ne permettent pas de remettre en cause les contenus archaïques ou complétement absurdes quand on regarde un peu autour de soi (comme pour nombre de nos aïeux en d’autres temps)
- réaction à une stigmatisation réelle ou supposée (voire instrumentalisée)
- difficultés du point de vue économique qui favorisent l’enfermement volontaire
Et qu’en pensent tous les autres, ceux qui ne sont pas affectivement concernés par l’islam ?
Les avis sont évidemment très partagés : de l’optimisme béat (qui facilite l’entrisme islamiste) à un pessimisme destructeur (qui conforte d’autres discours extrémistes).
On ne peut toutefois nier que les mosquées sont manifestement autre chose qu’un simple lieu de prière puisque leur multiplication a pour effet la multiplicité et la radicalisation des revendications : nombre de chefs ou prédicateurs islamiques sont plus dans une position de conquête que dans une volonté d’intégration sereine en adaptant les dogmes.
Pour ceux qui auraient encore le moindre doute, on se rend donc compte que cette idéologie est avant tout politique car elle régit tous les compartiments de la vie sociale. Tout esprit libre ne peut qu’être préoccupé et de plus en plus irrité par « l’islamisation » de la société qui prend forme de norme et qui oblige à se positionner par rapport à des pratiques qui ne devraient être que de l’ordre du comportement individuel.
Sans compter que parallèlement, les autres religions et sectes (encouragées par l’exemple de celle-ci qu’on laisse faire…) reprennent du « poil de la bête » sur notre sol.
Sans verser dans l’anachronisme, il faut rappeler que nombre d’êtres humains à travers les millénaires passés et nombre de nos ancêtres dans les siècles précédents ont payé de leur vie pour que nous puissions vivre maintenant libérés de l’emprise religieuse au niveau intellectuel (tout du moins dans notre pays et dans quelques autres).
C’est dans ce contexte qu’il convient d’avoir toujours à l’esprit cette intervention de Sainte-Beuve au Sénat le 19 mai 1868 en parlant du parti clérical : « parti funeste, parti envahissant, dévorant, insatiable, ingrat de nature parce qu’il croit que tout lui est dû ! Tant plus vous lui accordez, tant plus il en prend ; tout ce que vous lui avez donné n’est point une satisfaction pour lui, c’est un point de départ pour exiger davantage ».
Nos politiques disposent d’un formidable outil d’émancipation (mais encore faudrait-il que la médiocrité ne soit pas le dénominateur commun qui les caractérise) : il leur suffirait tout simplement de faire appliquer la loi de 1905 (sans adjectif).
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