• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Société > Euthanasie : un refus du temps

Euthanasie : un refus du temps

Relancé par les récentes prises de position des principaux candidats à l’élection présidentielle, le débat sur l’euthanasie a repris de la vigueur avec la publication d’un manifeste de soignants en sa faveur, puis celle d’un appel à pétition de la part de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) contre cette pratique, à l’occasion d’un procès d’un cas d’euthanasie.

 

Sur un sujet aussi délicat, et malgré des opinions et des sensibilités très divergentes, le débat amorcé a déjà engagé nombre d’aspects du sujet (voir en particulier les articles de Koz « La mort compassionnelle » et de moi-même « Euthanasie et présidentielle »), avec une vitalité témoignant à la fois de son importance et de sa difficulté. Au-delà de certaines postures militantes, cette difficulté ne tient pas tant dans une trop grande légèreté ou dans des avis trop théoriques, que dans la violence et la douleur qui s’associent à la mort d’un proche ou à la mort que l’on anticipe pour soi-même. On est ainsi frappé par le rappel régulier d’un deuil difficile pour les uns, d’une maladie évoluée pour les autres, et c’est souvent sur cette douleur que prend racine une émotion honnête et légitime.

 

Mais pour respectable que soit cette souffrance, elle paraît justement trop aisément hâter le jugement et précipiter vers des solutions immédiates sans autoriser un certain recul. De là probablement le fait que certaines réalités semblent méconnues ou négligées.

 

Ainsi, par exemple, les soins palliatifs sont reconnus par certains qui objectent cependant que tous les patients en fin de vie n’y ont pas accès. Il faudrait donc bien une autre solution pour les autres patients, et l’euthanasie fait alors figure de solution de remplacement. Mais une erreur semble résider dans une certaine méconnaissance de ce que sont les soins palliatifs, en particulier dans le sentiment qu’il s’agit d’une branche spécifique de la médecine, disposant d’outils, de techniques, de moyens, de compétences, qui lui sont propres. Bien sûr, il y a une petite part de réalité dans ce sentiment, mais pour l’essentiel, il ne s’agit que d’un changement du regard sur le patient, sur la priorité accordée à son confort, à son vécu, à sa place parmi les siens. Réaliser de multiples contrôles sanguins de la glycémie et imposer un régime strict a un sens chez un patient diabétique « débutant » ; renoncer au contrôle précis des chiffres et favoriser des repas agréables, conviviaux, au prix d’une « gestion » souple des posologies d’insuline, prend un sens tout différent en phase terminale. La technique reste intrinsèquement la même, mais les objectifs sont différents : c’est uniquement le regard du soignant qui change, dans sa volonté de rendre la technique la plus discrète possible afin de laisser le maximum de place à ce que le patient peut vivre sur le plan humain durant le temps qui lui reste. La question des unités de soins, des places disponibles, n’est donc ici que très secondaire : en dehors de situations particulièrement complexes nécessitant effectivement des structures et des moyens particuliers, la plupart des situations d’accompagnement peuvent se réaliser en structure d’hospitalisation classique, voire hors structure d’hospitalisation. Le changement de regard ne dépend que très peu du lieu où le patient est pris en charge. Le problème d’accès n’est ainsi pas un problème d’accès physique mais d’accès à une disponibilité des soignants à une attitude différente.

 

Second exemple. Peu de personnes, à notre époque, ont effectivement eu l’opportunité d’assister réellement à un décès, contrairement à la situation d’il y a encore seulement quelques décennies. L’imaginaire prend dès lors une grande part dans la façon dont les choses peuvent se dérouler en fin de vie : douleurs, cris, pleurs, agitation... sont souvent davantage fantasmés, s’appuyant sur toute une imagerie collective, que fondés sur une expérience réelle. L’anticipation de la phase terminale d’un être cher, voire de soi-même, s’enveloppe alors d’une épaisse couche interprétative génératrice par elle-même d’une angoisse venant compléter l’angoisse naturelle de l’approche de la mort. La perte du contact avec le patient, sa perte de conscience, vient encore ajouter un voile de mystère sur son vécu et laisse les proches livrés à leurs propres interprétations. Un dialogue très fréquent en ces circonstances est typiquement : « Faites quelque chose, Docteur, on ne peut pas le laisser souffrir comme ça ! » « Mais je le trouve plutôt paisible. Vous avez l’impression qu’il souffre de quoi ? » « Non, c’est vrai qu’il est paisible, mais quand même, on ne peut pas le laisser souffrir comme ça ! ». En l’occurrence, la souffrance signalée est alors parfois bien plus révélatrice de la souffrance des proches que de celle du patient. Il serait évidemment réducteur de résumer les demandes d’euthanasie à ce mécanisme de projection, mais il serait également faux d’en négliger l’importance.

 

Troisième exemple. Il y a dans le vécu d’une souffrance dont on n’imagine pas d’issue, ou dans l’observation de la souffrance de l’autre sans qu’on se sente les moyens de l’apaiser, quelque chose de l’urgence qui ne tolère aucun obstacle. Il faut qu’elle cesse immédiatement quelle qu’en soit la cause et quel qu’en soit le prix. Autant pour nous épargner, nous qui y assistons de l’extérieur (ou qui anticipons le moment où nous-mêmes souffrirons), que pour le libérer lui, celui qui souffre. Si la seule échappatoire qu’on imagine est la mort pour sortir de la souffrance, peu importe qu’il existe d’autres issues, le fait est qu’on n’en imagine aucune et la mort s’impose comme une évidence. Si cela était vrai, s’il n’y avait aucune autre issue envisageable, la question pourrait peut-être s’arrêter là. Mais l’expérience montre que rien ne permet de l’affirmer. Toute souffrance peut être soulagée pour peu qu’on y mette le prix, et pour mettre les choses à l’extrême, qu’on accepte de considérer la mort comme un éventuel effet secondaire acceptable devant l’enjeu. Il n’existe, à ma connaissance, pas de patient non anesthésiable, c’est-à-dire chez qui il serait impossible d’obtenir une anesthésie ; il n’existe que des patients pour lesquels on n’est pas suffisamment certain de pouvoir les « réveiller » de l’anesthésie (ou dont on n’est pas certain qu’ils puissent survivre au geste chirurgical prévu pendant l’anesthésie si elle est pratiquée dans ce but). C’est justement l’objectif de la loi Léonetti que de mettre comme une priorité le soulagement du patient quitte à ce que la mort survienne du fait de ou durant l’emploi des mesures permettant ce soulagement. Qui songerait à réclamer la mort d’un patient qu’un chirurgien proposerait d’opérer sans anesthésie ? On exigerait par contre du chirurgien qu’il mette à disposition les ressources anesthésiques adaptées pour pratiquer son geste dans des conditions de confort raisonnables. Pourquoi devrait-on réclamer l’euthanasie d’un patient présentant des souffrances inacceptables plutôt que de réclamer que tous les risques soient pris, même au prix de son décès éventuel, pour atteindre son soulagement ?

 

Quatrième exemple. Dans ces conditions, les demandes d’euthanasie qui demeurent concernent la situation de patients ou de proches qui ne voient plus d’utilité à vivre le temps qui reste, et cela indépendamment de l’état de confort physique ou psychologique, éventuellement en le formulant comme une atteinte à la dignité. On en revient à une problématique d’un autre ordre, à un questionnement qu’il est d’usage de qualifier de « spirituel » : quel est le sens de ce que je vis ? La vraie question, si elle est bien celle-là, relève donc moins de la médecine ou de toute pratique soignante que de ce qui fait qu’une société puisse produire les conditions pour que ses membres soient conduits à s’interroger sur leur utilité ou celle de leur vie. La souffrance à l’origine de cette question n’en demeure pas moins présente et aiguë, mais elle concerne essentiellement une réflexion sociale ou philosophique. Et la liste est longue des souffrances, des peines, des maux qui, pour être résolus, n’ont rien à faire d’une pratique soignante

 

La réelle question que soulève l’euthanasie est ainsi bien différente de ce qu’elle paraissait être : soulager, oui, mais pour quoi faire ?

 

Le but du soin, qu’il soit palliatif, de confort, de support, est-il simplement de ramener à zéro les compteurs de la souffrance physique, psychologique, ou sociale, et de laisser l’individu suspendu dans cet état de « non-inconfort » ? La vie qui reste peut-elle se résumer à cela ? La vie n’est-elle pas faite de désirs, de plaisirs, de peines, de joies, d’engagements, d’apprentissages, de partages... de toutes ces petites ou ces grandes choses qui font zigzaguer le quotidien entre la banalité et l’indispensable ? Aider un patient à la dernière étape de sa vie, n’est-ce pas l’aider à préserver ou à retrouver cette capacité à mettre de la vie dans ses jours ? Avec toutes leurs insuffisances, leurs limites, leur humilité, c’est ce que les soins palliatifs ont entrevu et ont au moins tenté de soutenir. C’est tout le sens de la pratique de l’accompagnement.

 

Formulée d’une façon très concrète, la question est finalement celle de ces patients dont le soulagement seul, sans autre effort « réanimatoire », fait reculer l’échéance et les installe dans une forme de durée qui échappe à la compréhension et dès lors peut sembler vide de sens. C’est à cela que s’affronte l’accompagnement des personnes en fin de vie : une problématique du temps, de la durée et c’est cela que l’euthanasie la mieux intentionnée se refuse à regarder autrement que par la mise en œuvre d’une solution immédiate.


Moyenne des avis sur cet article :  4.45/5   (51 votes)




Réagissez à l'article

11 réactions à cet article    


  • Bill Bill 14 mars 2007 11:30

    Je suis toujours un peu ému de vous lire, ce que vous dites est toujours juste sur ce sujet, et surtout très humain. Votre expérience, et la description que vous en faites, toujours très enrichissante, je vous admire même un peu, car vous faites, à vous lire, votre métier avec une certaine grandeur, et je suis sincère.

    Et quel métier ! Quels drames vous devez voir chaque jour, des familles endeuillées et surement désorientées, des malades jeunes et qui souffrent, et qui peut-être ne survivront pas, mais vous devez les rassurer, ou leur annoncer l’éventuelle fatalité.

    Pas facile ! Mais un travail noble, dans lequel vous cherchez à soulager et à guérir, pas effectivement à « tuer » les malades.

    Merci de votre témoignage, j’ai toujours plaisir à les lire.

    Et j’aimerai savoir ce que vous pensez de l’usage qui se fait de l’hypnose pour les maladies de longue durée ? Cela se pratique en Belgique particulièrement, et ce serait un véritable atout dans la gestion de la souffrance. Cela se pratique-t-il en France ? Croyez vous que cela puisse aider les malades en fin de vie, concernant la douleur ?

    Bien cordialement

    Bill


    • La mouche du coche La mouche du coche 14 mars 2007 14:35

      ça y est ! smiley

      J’ai enfin trouvé ce qui cloche dans vos articles. Cela fait un moment que je cherchais sans trouver mais cela m’a sauté aux yeux sur celui-ci. smiley

      Bien que le titre de l’article mentionne l’euthanasie dans son titre, VOUS VOUS FICHEZ COMPLETEMENT DE L’EUTHANASIE car vous ne parlez que des soins palliatifs.

      Les SOINS PALLIATIFS sont le vrai sujet de cet article. Comme ces soins s’appliquent pour des malades qui ne sont pas à l’article de la mort, il n’est donc pas très honnête de parler d’euthanasie mais je vous pardonne : si vous aviez nommé cet article comme il aurait fallu : LES SOINS PALLIATIFS : UN REFUS DU TEMPS. Personne ne l’aurait lu. smiley


    • Sylvain Etiret 15 mars 2007 21:36

      BonjourBill,

      J’ai une très modeste expérience de l’hypnose. Les domaines d’application que vous évoquez sont relativement différents : maladie de longue durée, fin de vie, douleur. Je sais que certains en ont la pratique dans le cadre de la fin de vie, sans vraiment en savoir davantage. Por ce qui est de son application à la douleur, elle est très utile et performante sur des situations douloureuses ponctuelles. Sur la maladie chronique, en particulier la douleur chronique, sa maitrise est bien plus complexe. Certains en vantent l’utilité, mais je n’en ai pas l’expérience.


    • Sylvain Etiret 16 mars 2007 08:18

      Bonjour La Mouche,

      Votre ton provocateur a le mérite de stimuler la discussion. Je note quand même que vous me pardonnez, ce qui est tout de même réconfortant.

      Cependant, je ne vois pas bien en quoi vous trouvez que mon propos sur les SP le disqualifie du sujet de l’euthanasie. Il s’agit au contraire d’une tentative de réponse différente à la souffrance qui en fait naître la demande. Les deux sujets sont donc bien liés, même s’il est vrai que les SP ne s’y limitent pas.

      Vous pensez que les SP ne s’adressent pas aux patients « à l’article de la mort ». C’est à la fois vrai et faux. Il est exact que la prise en charge de patients à un délai suffisant du jour de leur mort rend la situation moins complexe et moins aiguë, avec davantage de possibilités pour que s’installe un accompagnement jusqu’au décès dans les meilleures conditions. Il arrive néanmoins qu’il faille faire face à des situations beaucoup plus tardives. Mais paradoxalement, et comme je l’ai indiqué dans mon article, la plus grande difficulté à l’origine des demandes d’euthanasie naît de la durée dans laquelle s’installe une situation qui ne prend plus sens pour le patient ou ses proches. C’est exceptionnellement qu’une demande d’euthanasie ait lieu dans l’urgence, à l’article de la mort. Et dans ce cas, le contrôle efficace des symptômes permet à lui seul d’atteindre confortablement le moment imminent du décès.


    • (---.---.12.18) 14 mars 2007 14:22

      je l’avais déjà écrit mais fin 1994, mon papa (46 ans) a été atteint d’un cancer foudroyant (poumon... en gros généralisé). Il a hospitalisé début 1995 et le diagnostic a été sans appel (mon papa ne l’a jamais connu). Le médecin a demandé a ce qu’il sorte de l’hopital pour qu’il soit chez lui « alité ». Nous avons accepté dans la mesure ou on savait qu’il avait peu de chance de voir le printemps. Nous nous sommes occupés des branchements d’oxygène (les bonbones) et notre médecin de campagne accompagné de l’infirmière du village nous aidaient. Quelques jours après son retour, de nombreuses phases d’endormissement et de gémissements de plaintes de sa part malgré la morphine administrée... Le médecin de campagne nous demande : « vous voulez qu’on l’aide tranquillement à partir » ’Bien entendu cela reste entre nous’. Nous n’avons pas hésité même si cela nous « coûtait » de ne plus le voir. L’infirmière a administré une dose de ?? (je n’ai plus le nom), il s’est apaisé tranquillement (il était endormi) et vers 19h40 quelques heures après, le souffle de mon papa s’espaçait et enfin la délivrance pour lui et pour nous, il n’a plus respiré. Nous avons pu l’accompagner tranquillement. Ce n’est jamais très facile à vivre mais pour avoir vu nombre de membres de ma familes souffrir, il était déjà possible en 1995 de pouvoir abréger les souffrances d’un malade et de sa famille. Alors légaliser l’euthanasie, sincèrement je ne pense pas qu’une autre loi soit nécessaire

      Ps : pour ceux qui sont contre l’accompagnement, ne cherchez pas avec mon IP je suis à l’extérieur smiley


      • kookaburra (---.---.151.91) 14 mars 2007 19:50

        Nous sommes ici dans un forum contre l’aide à mourir, avec tous les arguments classiques. Je ne dis pas « l’euthanasie », parce que depuis Hitler le mot est associé au meutre et il n’est donc plus utilisable. Mais pensez au cas comme Vincent Hubert, ou sa mère à finalement l’aider à mourir elle-même, et de tels cas ne sont pas rares. Je suis moi-même atteint d’une maladie incurable, et je pourrais affronter les années de déchéance et de souffrance devant moi avec beaucoup plus de sérenité si je savais qu’à la limite je pourrais demander une aide à mourir. Bien entendu je devrais respecter les exigences de toutes les organisations qui sont en faveur d’une aide à mourir : réitérer ma demande pendant plusières semaines ou mois, avoir l’avis favorable d’un deuxième médecin, avertir les autorités judiciaires etc. Tous ça pour éviter le danger des abus bien sûr. Nous ne sommes pas contre les soins palliatifs, au contraire, ils sont le plus souvent suffisants, mais pas toujours, et pourquoi pas laisser le choix au mourant ? Je comprends difficilement pourquoi vous êtes tellement, presque viscéralement, contre l’aide à mourir. C’est pas nécessaire, dites vous. Je ne suis pas d’accord, mais de toute façon pourquoi ne pas me laisser cette liberté, ce libre choix ?


        • chmoll chmoll 15 mars 2007 16:31

          pour ceux qui sont contre l’euthanasie je voudrais savoir la logique,en l’occurence un personne atteinte d’une maladie grave en phase terminale,dans d’atroces souffrances qu’elle est la logique de la maintenir en vie ? d’autant plus que souvent c’est la famille et la personne malade avec le l’approbation du service médical qui demande a mettre fin à ses souffrances,partir dans la dignité dite moi où est la logique


          • sandro (---.---.121.100) 19 mars 2007 18:30

            Comme je l’ai déjà écrit plus loin dans un autre article d’un de vos confrères consacré au méme sujet, c’est à croire que nous avons vu les mémes choses ( cancéreux en occlusion vomissant leurs selles, pneumos-thorax en train de « gasper », dyspnéiques, motards hurlant à la mort sous un camion), mais que nous n’arrivons pas aux mémes conclusions.

            Il n’est certes pas question d’euthanasie directe et offensive ( coktail ou IV d’air pour provoquer une embolie), mais de TRAITER LA DOULEUR, ce que la médecine ne (veut : sait) toujours pas faire. Vos confrères sont toujours crispés sur l’amoire à tableau B, comme s’il s’agissait d’or en barres. Votre analyse semble participer d’un angélisme exagéré sur la prise en compte de la douleur en milieu hospitalier, à moins que vous n’exerciez dans un établissement pilote. C’est toujours culturellement pas ancré dans les esprits, pour rester dans la litote. Il ne s’agit pas de vertu redemptrices judéo-chrétienne de la douleur, la plupart des médecins ne croient ni à Dieu ni à Diable : il s’agit d’un simple « je m’en foutisme ». Tout le monde sait (vous l’indiquez justement) que sur un tableau très délabré , l’adminsitration de morphiniques puissants ou de valium va soulager la douleur.. et plus si affinités. Mais on ne le fait pas, ou si peu. Que de mains tordues sur le triangle des potences de lit, dans la lumière bleue blafarde des veilleuses. Tout cela pour rien : la souffrance est toujours inutile. Au delà de la technique, lorsque la médecine ne peut plus ni soigner ni guérir, lorsque nous parlons en jour ou en semaine, ce serait son honneur de faire ce que tout étre humain est en droit d’attendre d’un semblable. Le fait- elle ? J’ai vu. Merci bien.


            • Sylvain Etiret 21 mars 2007 03:27

              Comment ne pas être d’accord avec votre description des faits ? Il n’y a cependant aucun angélisme à prétendre que la solution relève de la mise en pratique de moyens de soulagement qui sont connus mais non / mal / sous- utilisés et non pas d’une bascule vers une attitude extrème que serait l’euthanasie. Toutes choses égales par ailleurs, pour supprimer les violences sur les stades de foot, on peut mettre en place toute une ribambelle de solutions imaginatives, ou on peut interdire les matchs de foot. Les efforts de formations des soignants, la réassurance des médecins sur les ennuis qu’ils pensent risquer en prescrivant des stupéfiants, la simplification de la législation sur ces produits, la valorisation du temps passé à l’accompagnement autant que celui passé à la technique dans le soin, celle de la relation humaine plutôt que des contraintes administrativo-gestionnaires de la médecine en particulier hospitalières, ... sont autant de ces solutions. S’il faut continuer à militer pour quelque chose dans ce domaine, c’est surement là que doit se porter l’action plutôt que sur des solutions expéditives. On peut reprocher bien des choses aux soins palliatifs, mais surement pas de ne pas avoir commencé la tâche même s’il s’agit d’un travail de grande ampleur.


            • SANDRO (---.---.121.100) 21 mars 2007 16:44

              Alors, au vu de cette réponse, nous sommes presque d’accord. Je conviens que, selon le mot de Senghor, « il ne faut pas se tromper de colère ». Les débats sur l’euthanasie ( quasiment ingérables et insolubles, du reste) seraient mis en veilleuse si un traitement approprié , facile, accessible et dépassioné contre la douleur était enseigné dès la fac, si les protocoles le concernant ne dataient pas de 10 ans ou plus, s’il ne fallait pas « voir l’homme qui connait la femme qui a vu l’homme qui va peut étre signer le bon de sortie du produit, s’il n’est pas occupé ou à la caféteria ». Vous savez bien qu’il y a des jours où mettre un Temgésic en lyoc sous la langue d’un mourrant , lui passer la main sur le front et lui dire « ca va aller, Monsieur, ca va aller maintenant », ca parait si lourd, si compliqué , presque plus compliqué qu’une trépanation ou une opération à coeur ouvert avec circulation extra-coprorelle. Est-ce que ce n’est pas fou ? Qui sommes nous devenus, nous qui avons les produits ad hoc, à défaut de savoir guérir... ? Qui continuons à donner du Pro-Dafalgan ou du Spasfon Lyoc à des cancéreux.. Pourquoi pas de la vitamine C ?

              Vous avez raison, ne nous trompons pas de colère , mais restons cependant toujours en colère quand des gens souffrent inutilement, et cela arrive encore tous les jours, pour rien, pour des protocoles poussiéreux.

              Espérons que pour vous et moi, quand sera venu le moment de voir la veilleuse d’en dessous et d’empoigner le triangle de la potence, nous trouvions des confrères qui s’en fouterons des protocoles et sauront « envoyer le produit ». Votre article est cependant interessant et tranche avec bien des sujets futiles abordés en ce forum. Il parle de la mort, et, comme disait je ne sais qui ( Céline, je crois) « je parle de la mort, car il n’y a pas d’autre sujet... ».


              • karpediem karpediem 4 avril 2007 10:37

                Pas simple, pas simple .... L’éthique de l’individuel, du particulier, de l’exception, de l’instant, et de l’émotionnel ayant dévorée la morale qui s’était consolidée sur les piliers du temps et de la durée, des moeurs partagés et de la tradition civilisatrice voire religieuse, du bien commun et de la raison discutée, enfin de la prudence et du collectif.

                Je ne suis que conjoint et gendre de soignants + tétraplégique depuis une quinzaine d’années + administrateur d’une association nationale d’handicapés moteurs et donc référent pour 10 départements en PACA avec des dizaines d’établissements et foyers où la vie se poursuit pour des centaines d’enfants, de jeunes, d’adultes et de jeunes aînés (< 65 ans désormais) mille fois plus « malchanceux » et « accidentés de la vie » que moi-même. Et cependant, existe cette vie et une certaine joie de vivre — avec un fond d’espoir et d’humanité — que nos équipes s’attachent à promouvoir.

                Me voilà nettement plus inquiet du sort de ceux de nos aînés qui quittent leurs domiciles et nos établisements pour s’en aller vers des services parfois desespérants et dangereux que dénonce notamment un ami Professeur en Gérontologie à Marseille. Permettez-moi de vous proposer ce lien : http://www.ontuelesvieux.com/presentation_livre.htm

                Quelques échanges « de fond » pourraient se programmer entre vous directement sur Email ; en réservant leur résumé sur ce forum. Toutefois un grand merci tant à l’auteur qu’aux intervenants !  smiley

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès