Google c’est la guerre ; pourquoi il faut lire Assange
Connectivité généralisée, transparence illimitée et gouvernance compassionnelle seront les barreaux de notre cage postmoderne.
Google n’est pas notre ami.
La multinationale californienne « cool » au logo « gai et coloré » est un fauteur de guerre et Julian Assange est pacifiste.
Le 23 juin 2011, en résidence surveillée, Julian Assange reçoit une délégation de Google emmenée par Eric Schmidt.
C’est le verbatim de cet improbable entretien avec l’état-major de Google qui est publié aux Editions Ring sous le titre « Google contre Wikileaks ».
L’enfant chéri de l’establishment US
Ce 23 juin 2011, Julian Assange se retrouve en bonne compagnie :
Eric Schmidt est accompagné de la vice-présidente du Council on Foreign Relations (CFR) et de Jared Cohen, « courtisan du monde des think tanks et instituts politiques », homme des réseaux de l’ombre de la diplomatie US.
Le quatrième mousquetaire est Scott Malcolmson, qui dirigera bientôt la communication de l’International Crisis Group, think tank associé à l’OTAN.
Tous membres du CFR, ils incarnent la fine fleur de l’establishment atlantiste.
Eric Shmidt et Jared Cohen se sont rencontrés en 2009 dans les ruines de Bagdad. Fin 2010, ils publient dans Foreign Affairs un article sur la « disruption digitale ».
Associée au « devoir de protéger », autre terme de novlangue libérale, la « disruption digitale » sera la contribution de la Silicon Valley aux interventions armées de l’Empire du Bien.
Google cultive une image philanthropique. Mais Google est devenue le volet hightech du « poing invisible » américain : en coordonnant son action avec le Département d’Etat américain, elle impose aux pays récalcitrants l’ouverture de leurs sociétés aux valeurs et aux produits américains.
Google fabrique des robots militaires et gère une flotte de drones.
Google est l’interface par laquelle le gouvernement US s’interpose dans les communications de tout être humain (chinois exclus).
Google a vendu les données personnelles de ses utilisateurs à la communauté du renseignement. L’entreprise branchée, ouverte et compassionnelle travaille main dans la main avec les structures les plus sombres du pouvoir américain. Avec une bonne conscience en béton armé. « Don’t be evil ! »
La NSA du monde marchand
L’espionnage à but lucratif est le véritable business model de Google.
Google est la Compagnie des Indes Orientales du 21ème siècle animée par une idéologie libérale-libertaire en mouvement perpétuel.
L’hybridation par le big data du monde commercial et du monde du renseignement n’a d’autre horizon que la post-démocratie.
La classe politique - sous surveillance permanente - est réduite au silence, le citoyen s’efface derrière le consommateur producteur de données.
L’onéreuse fable d’une « société civile » est mise en scène pour faire avancer, sous couvert de bienfaisance, le calendrier d’une oligarchie.
Des conférences TED au Bilderberg, Google se tient « au point où les tendances libérales et impérialistes convergent dans la vie politique américaine »
Les derniers hommes et la promesse de l’adolescence éternelle
Google acte la fin de l’histoire et s’attelle à son grand œuvre : la destruction du sujet par la promotion de l’adulescent (soit un adolescent en capacité de consommer)
Si Google détruit l’espoir de toute vie privée, c’est pour permettre aux gouvernements des sociétés ouvertes de « mieux répondre aux préoccupations des citoyens et des consommateurs » !
Connectivité généralisée, transparence illimitée et gouvernance compassionnelle seront les barreaux de notre cage postmoderne.
Enfin, Google écrit la grammaire de notre accès au savoir et standardise ainsi le comportement humain : c’est par l’algorithme que les firmes gouverneront les hommes.
Les derniers hommes accepteront la digitalisation illimitée de leurs vies et Google construira bientôt des villes à leur image.
Le grain de sable Wikileaks
S’attaquant aux puissants, Julian Assange vit cloîtré depuis plus de 6 ans. Un blocus des services bancaires Visa, Mastercard et Paypal vise à le ruiner.
Wikileaks est visé par des attaques informatiques et ses employés sont persécutés.
Julian Assange peut-il être le grain de sable dans l’engrenage du pacte big data – renseignement ?
« Google contre Wikileaks » : de l’issue de ce combat dépend l’avenir de nos enfants.
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