Italie, un reporter d’AgoraVox poursuivi pour avoir raconté le NoTav
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Parmi ces actions, il y en a une en particulier qui lui a coûté une plainte pour violation de domicile : l'entrée des manifestants dans les locaux de la societé Geovalsusa, entreprise qui, à ce moment-là, participait aux travaux pour la construction du tunnel pour le Tav.
Davide a suivi les manifestants pendant cette action pour la documenter.
Ce fut une "occupation" symbolique et pacifique, écrit-il :
Racontée par les médias comme une action violente, menée par les "émeutiers" habituels des centres sociaux, en vérité des dizaines et des dizaines de personnes de tous âges participèrent à cette journée. Tout a été fait à visage découvert, et, pour rentrer, les gens ont utilisé la sonnette, et la porte leur a été ouverte. Une fois à l'intérieur, une banderole a été déployée et deux fumigènes allumés. Aucune personne blessée, aucun dommage matériel... et les employés de l'entreprise ont même discuté gentiment avec les manifestants", racontait-il dans son article.
Suite à cette action, 17 personnnes ont été dénoncées pour violation de domicile, dommages informatiques et violence privée. Davide s'est proposé, alors, de témoigner pour la défense.
Vendredì 28 novembre 2014, s'est tenue la première audience du procès. Au moment d'entendre Davide, il eut juste le temps de dire "Ce jour-là l'ambiance était détendue" que le juge, Manuela Pedrotta, bloquait son témoignage pour l'informer que, vu le contenu de son récit, il serait accusé avec les autres personnes.
De témoin, Davide est devenu accusé et son témoignage (le seul existant) a perdu toute sa valeur. Le 4 avril dernier, le tribunal de Turin a confirmé son accusation pour violation de domicile. Le début du procès aura lieu en 2017.
Ce faisant, le tribunal a nié à Davide un droit fondamental, inscrit dans la Constitution italienne, c'est-à-dire le droit de chaque citoyen à informer ("Diritto di Cronaca"). Il s'agit d'un droit qui ne concerne pas que les journalistes professionnels, mais tous les citoyens.
Davide Falcioni est parti pour le Val de Suse pour voir de ses yeux ce qui se passait et pour le raconter, mais, selon le tribunal de Turin, il n'aurait pas dû renter à l'intérieur de l'entreprise, même si c'était là que se passait les faits qu'il fallait raconter aux citoyens.
Le cas échéant, le seul récit sur la journée aurait été celui de la police, vs celui des manifestants. Et avec les grands médias qui ont relayé les faits comme "violents".
Le fait même de rapporter ce qui se passe dans le Val de Suse subit, en ce moment, une attaque : on se rappelle que l'écrivain italien Erri de Luca avait été accusé d'« incitation au sabotage » pour ses mots... pour avoir dit à un journal, en 2013 : « Les sabotages sont nécessaires pour faire comprendre que le TGV est une œuvre nuisible et inutile ».
L'accusation et le procès que vit Davide Falcioni aujourd'hui s'inscrivent dans le même processus, qui touche les libertés de parole et de presse, libertés qui ne sont pas la prérogative des journalistes "officiels", mais concernent l'ensemble des citoyens.
Photo : le mur de l'artiste Blu en Val de Suse et NoTavInfo/Facebook
La Fondation AgoraVox voudrait aider Davide et le soutenir dans ses démarches judiciaires : ainsi vous avez la possibilité de faire un don ICI ( http://www.agoravox.fr/?page=don#don ). Nous vous prions de bien spécifier, dans les commentaires, la raison de votre don. Merci à toute/s.
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