Jusqu’à quand aurons-nous du chauffage en hiver ?
Véritable marronnier, l’arrivée de la première vague de froid hivernal pose, comme chaque année, la question de l’approvisionnement en énergie. En raison des très nombreux logements équipés de radiateurs électriques, la France est en effet le pays européen le plus sensible aux variations de température, qui créent des pics de consommation électrique.
Chaque année, la question revient : fera-t-il froid cet hiver ? Y aura-t-il assez d’électricité pour nous chauffer ? Le sujet est loin d’être anodin : la Belgique a ainsi connu une situation délicate l’hiver dernier, après l’arrêt de plusieurs de ses centrales nucléaires. Un plan de délestage avait même été prévu au cas où la consommation aurait dépassé la capacité de production et d’importation d’électricité. Heureusement, l’hiver a été relativement doux, évitant ce scénario catastrophe.
Sécurisation de l’approvisionnement électrique
En France, depuis plusieurs années, RTE (le gestionnaire du réseau haute tension) prévient que les marges de manœuvre s’amenuisent. Dans le cas d’un arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim sans que celle de Flamanville prenne le relai, il est possible que l’utilisation massive du chauffage électrique provoque la rupture d’alimentation d’une partie des foyers hexagonaux. Pour l’instant, la première vague de froid qui frappe le pays depuis quelques jours, ne constitue une menace. Pas de risque d’un grand blackout, par contre des coupures localisées sont possibles, notamment en Bretagne et en PACA. Ces deux régions sont en effet des « péninsules électriques », produisant moins de 10% de l’électricité qu’elles consomment.
Pour y faire face, les gestionnaires du réseau électrique ERDF (basse tension) et RTE (haute tension) multiplient les initiatives depuis plusieurs années. En particulier, le plan EcoWatt a été déclenché sur la Côte d’Azur. Fondé sur le volontariat, il invite les usagers à réduire leur consommation d’électricité, notamment en reportant l’utilisation d’appareils gourmands en énergie comme la machine à laver.
La sécurisation de l’approvisionnement en électricité passe aussi par des investissements matériels importants. Un « filet de sécurité » a été mis en service en 2015 pour éviter une panne générale dans le Var et les Alpes-Maritimes. Enfin, le développement des réseaux intelligents devrait rapidement permettre un meilleur usage de l’électricité en période de forte contrainte. A Nice, un quartier a ainsi été déconnecté du réseau pendant cinq heures. Uniquement alimenté grâce aux panneaux photovoltaïques et batteries installées sur place, ce quartier pionnier permet de soulager le réseau local.
Le gaz en complément
Longtemps privilégié, le chauffage électrique est maintenant délaissé au profit du gaz, plus facilement stockable que l’électricité et dont l’utilisation est donc moins contrainte. Il ne faudrait cependant pas tomber dans l’excès inverse, à l’image des pays d’Europe de l’Est, très exposés aux aléas diplomatiques avec la Russie, le principal exportateur de gaz pour cette partie du continent. En outre, le gaz n’est pas une énergie décarbonée.
Le premier pic de consommation de janvier devrait atteindre 86,5 GW, loin du record de 2012 qui avait atteint 102 GW. Cependant, chaque hiver fait prendre un peu plus conscience des limites du modèle actuel du chauffage électrique. Les avancées techniques et les modifications des comportements sont donc essentielles pour s’assurer que tout le monde continuera à avoir du chauffage les jours les plus froids de l’année.
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