L’école est morte !
Sur l'épitaphe on peut lire : "morte sans douleur, par suite d'immobilisme".
À force de prétendre enseigner, former et éduquer, pour créer des prétendues élites, mais qui ne sont en réalité qu'un homo compatible avec l'environnement moderne, ces élites justement ont perdu depuis de nombreuses années le sens des réalités scolaires lié aux mutations de la société.
À quoi sert donc l'école ? Que crée-t-elle, si l'élitisme n'est plus en vigueur ? Avant de répondre, ouvrons une brève parenthèse historique. Le système éducatif a pour ambition de remplir au mieux les cerveaux de nos jeunes afin qu'ils deviennent des êtres majeurs au sens kantien du terme, tout en acquérant une autonomie de pensée. Elle sert à doter l'élève d'un esprit critique en mesure de lui apporter les moyens intellectuels minimum pour affronter le monde, la vie, la société, l'interdépendance planétaire, sa jungle complexe. Cette vision éducative devrait être la règle. Or, s'en est fini du rêve émancipateur de la troisième République.
Pourquoi ? Parce que le système s'est fossilisé à cause de l'excellence de son niveau de performance antérieur. Aujourd'hui, les programmes remaniés ne sont que poudre aux yeux. Derrière le fard se cachent de fausses bonnes intentions. Dans la réalité des établissements, les apprentissages demeurent cantonnés dans l'univers clos des connaissances théoriques sanctuarisées, c'est de cela dont il est question. Cependant, dans la réalité de la vie hors les murs des enceintes scolaires, tout comme dans la relation interprofessionnelle et interpersonnelle, il en va autrement. D'ailleurs, la norme académique sécrète forcément un contre savoir, une alternative à la norme. Celui qui, s'abstenant de toute règle, se forge un désespoir sociétal et social, travaille à la création de la partition dissonante, celle-là même qui fabrique les désespérés, précurseurs des révoltes.
Pourquoi ce schéma ?
Le principe de l'enseignement actuel repose sur un corpus d'apprentissages verticaux et cloisonnés. L'étanchéité qui existe, et contre laquelle une poignée d'enseignants s'accorde quelques libertés pédagogiques, est, n'ayons pas peur des mots, doctrinaire. Doctrinaire, parce qu'élitiste, dans sa forme verticale qui contraint à s'élever vers l'expertise ou à rester dans le fond du seau et à en être évacué par le bas. Doctrinaire parce que n'apportant plus à la masse le plaisir d'apprendre. Doctrinaire parce que n'autorisant pas la moindre opposition à son modèle.
Or, il existe une autre voie. Celle des apprentissages transversaux. Les savoirs enseignés dans la forme pédagogique horizontale, relient entre elles les disciplines, mettent en perspectives les notions dispersées par des matières contingentées dans des séquences horaires de cinquante-cinq minutes. Comment peut-on trouver, ici, au travers de cette crispation intellectuelle dont ne subsiste qu'un vide de connaissances une fois le bachotage terminé, la possibilité de fabriquer des personnes émancipés ?
C'est impossible. Et, c'est sur la base de ce postulat que nous pouvons à présent répondre à la question initiale. L'école, aujourd'hui ne crée plus ni élites ni personnes émancipés. Elle crée des individus sans saveur, mais rompus aux arcanes de la consommation, démobilisés de l'aspect social et politique, mais contestataires par principe, et surtout ignorants de la chose économique, naturellement, mais aussi de l'ensemble des savoirs émancipateurs permettant d'appréhender l'ensemble et non le cas particulier.
Aussi ne nous plaignons pas de ne posséder que ce que nous formons, c'est à dire des personnes semblables finissant par penser à l'identique quel que soit le continent. De bon petits soldats alimentant la Babel Économique.
Patrick LOUART
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